Item 308 (Item 158) Cancer du rein Collège Universitaire des Urologues



Documents pareils
Référentiel régional Prise en charge des cancers du rein Version 1 Mars 2013

Les traitements du cancer du rein

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

Quels sont les facteurs qui font augmenter les risques de cancer du rein?

IRM du Cancer du Rectum

Le cancer du rein. Carcinome des cellules rénales. Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches

Qu est-ce qu un sarcome?

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

Recommandations Prise en charge des patients adultes atteints d un mélanome cutané MO

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge du cancer du rein

Cancers de l hypopharynx

Cancer du sein in situ

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

De la chirurgie du nodule aux ganglions

TUMEURS DU BAS APPAREIL URINAIRE

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

Les différents types de cancers et leurs stades. Dr Richard V Oncologie MédicaleM RHMS Baudour et Erasme La Hulpe 1/12/07

GUIDE - AFFECTION LONGUE DURÉE. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancer du rein de l adulte

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

Coordinateur scientifique: Prof. Univ. Dr. Emil PLEŞEA. Doctorant: Camelia MICU (DEMETRIAN)

Quel apport de l imagerie dans les traitements anti-angiogéniques?

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

La nouvelle classification TNM en pratique

Lymphome non hodgkinien

Apport de l IRM dans la

Marchés des groupes à affinités

Qu est-ce que le cancer du sein?

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

ANEMIE ET THROMBOPENIE CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS D UN CANCER

CORRELATION RADIO-ANATOMIQUE DANS LE CARCINOME HEPATOCELLULAIRE TRAITE PAR TRANSPLANTATION HEPATIQUE : IMPACT SUR LA RECIDIVE

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

G U I D E P A T I E N T - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge du cancer du foie

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

Définitions. PrioritéVie Enfant MC. Assurance contre le risque de maladie grave

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Actualités s cancérologiques : pneumologie

Charte régionale des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire de PACA, Corse et Monaco

LE SYNDROME DE BUDD CHIARI

Essai Inter-groupe : FFCD UNICANCER FRENCH - GERCOR

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

Assurance maladie grave

Définitions. MALADIES GRAVES Protection de base Protection de luxe. PROTECTION MULTIPLE pour enfant

Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques

TRAITEMENT DES TUMEURS DU REIN PAR RADIOFRÉQUENCE

À PROPOS DU. cancer colorectal. Les choix de traitement du cancer colorectal : guide du patient

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

Qu est-ce que le cancer de l œsophage?

Les sciences de l ingénieur appliquées à la prise en charge du

Cancer du sein in situ

1 of 5 02/11/ :03

GUIDE - AFFECTION LONGUE DURÉE. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancer du sein

Les traitements du cancer invasif du col de l utérus

Cancer du sein. Du CA15-3 à la tomographie à émission de positons.

Évaluation de la prise en charge du cancer du rein métastatique à l ère des thérapies ciblées. Étude clinique rétrospective sur six ans

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

Le cancer dans le canton de Fribourg

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

Informations sur le cancer de l intestin

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Patho Med Cours 5. Maladie Pulmonaires Obstructives BPCO Asthme

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

Les cancers de la prostate

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 23 mai 2007

F-FLUORODÉOXYGLUCOSE EN ONCOLOGIE Expérience en Ile de France

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Le cancer du foie. Carcinome hépatocellulaire. Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches

Accidents des anticoagulants

INFORMATION & PRÉVENTION. Le cancer de la vessie

Cancer de l œsophage. Comprendre le diagnostic

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

Cancer du rein métastatique Nouvelles approches thérapeutiques. Sophie Abadie-Lacourtoisie 20 mai 2006

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Cancer de l'œsophage. Comprendre le diagnostic. Le cancer : une lutte à finir

Qu est-ce que le cancer du pancréas?

Les soins infirmiers en oncologie : une carrière faite pour vous! Nom de la Présentatrice et section de l'acio

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

L'œsophage L'œsophage est un tube musculaire qui traverse de la bouche à l'estomac. Causes

Le traitement conservateur des tumeurs malignes des membres a largement remplacé les amputations

F JABNOUN, H BERMENT, R KHAYAT, M MOHALLEM, Y BARUKH, P CHEREL Institut Curie Hôpital René Huguenin, Saint Cloud JFR 2010

Comprendre les lymphomes non hodgkiniens

Cancers du larynx : diagnostic, principes de traitement (145a) Professeur Emile REYT Novembre 2003 (Mise à jour Mars 2005)

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

.( /.*!0) %1 2"+ %#(3004) 05' 203 .(.*0"+ ) '!2"+ %#(30+ 0!"%) 4!%2) 3 '!%2"+ %#(30! &' 4!!% .+.*0%!!'!(!%2" !

Comprendre. le Cancer du sein. Mise à jour. Guide d information et de dialogue à l usage des personnes malades et de leurs proches

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

Moyens d étude de la peau

Item 182 : Accidents des anticoagulants

L INSUFFISANCE CARDIAQUE

Dossier thématique de la. Fondation de l'avenir. Chirurgie du futur SOMMAIRE

DOSSIER DE PRÉSENTATION

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Métastase unique d un NPC: Une question singulière? Jean Louis Pujol - Xavier Quantin Mohammad Chakra Fabrice Barlési

Bulletin n Cher adhérent, cher donateur,

nfocancer Le cancer de l'ovaire Une initiative bénévole universitaire

Définitions. PrioritéVie MC. Votre assurance contre le risque de maladie grave

HEL de Des maladies dépistées grâce aux examens préventifs

Transcription:

Item 308 (Item 158) Cancer du rein Collège Universitaire des Urologues 2014 1

Table des matières 1. Pour Comprendre... 3 2. Épidémiologie... 3 2.1. Quelques chiffres... 3 2.2. Les facteurs de risque... 3 3. Anatomopathologie... 4 3.1. Tumeurs malignes... 4 3.2. Tumeurs bénignes... 4 3.3. Lésions kystiques... 5 4. Diagnostic... 6 4.1. Présentation clinique... 6 4.2. Examens complémentaires... 7 5. Classification TNM... 8 6. Facteurs pronostiques et histoire naturelle...9 6.1. Trois facteurs pronostiques reconnus pour le cancer du rein...9 6.2. Histoire naturelle... 9 7. Prise en charge thérapeutique...10 7.1. Moyens thérapeutiques... 10 7.2. Indications... 11 8. Surveillance... 11 Annexes... 13 2

Objectifs ENC Connaître les stratégies de prévention, de dépistage, de diagnostic et de traitement des tumeurs du rein. Participer à la décision thérapeutique multidisciplinaire et à la prise en charge du malade à tous les stades de sa maladie. Rappels des items ECN : 138 : Cancer : épidémiologie, cancérogénèse, développement tumoral, classification 139 : Facteurs de risque, prévention et dépistage des cancers 140 : Diagnostic des cancers : signes d appel et investigations paracliniques ; stadification ; pronostic 141 : Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie. La décision thérapeutique multidisciplinaire et l information du malade 158 : Tumeurs du rein 1. Pour Comprendre La découverte d une tumeur du rein doit toujours faire évoquer en premier lieu l existence d un carcinome à cellules rénales. Les tumeurs bénignes sont beaucoup plus rares et constituent un diagnostic d élimination à évoquer secondairement. Le cancer du rein se caractérise par une évolution lente et longtemps non infiltrante. C est une tumeur qui se manifeste rarement cliniquement et qui est le plus souvent de découverte fortuite. Le cancer du rein peut être multifocal (5 % des cas) et/ou bilatéral (2 3 % des cas). Son traitement de référence demeure la chirurgie. 2. Épidémiologie 2.1. Quelques chiffres En France, le cancer du rein est le 9 e cancer de l adulte. C est le 3 e cancer urologique en termes d incidence (après les cancers de la prostate et de la vessie), mais c est le plus meurtrier. L incidence du cancer du rein augmente constamment depuis 30 ans. Il touche plus l homme que la femme (sex-ratio 1,5). Son pic d incidence se situe entre 60 et 70 ans. 2.2. Les facteurs de risque Le principal facteur de risque de cancer du rein est l insuffisance rénale chronique (petits reins atrophiques et kystiques) qui multiplie par 7 le risque de tumeur papillaire (voir «III. Anatomopathologie»). Il y a trois autres facteurs de risque dont l importance est plus limitée : le tabagisme, l obésité et l hypertension artérielle. Certaines maladies héréditaires familiales prédisposent aux tumeurs rénales : la plus connue est la maladie de von Hippel-Lindau qui s accompagne de carcinomes à cellules claires 3

multiples, précoces et récidivants qui font toute la gravité de la maladie ; d autres sont plus rares : carcinome papillaire héréditaire, syndrome de Birt-Hogg-Dubé. 3. Anatomopathologie La plupart des tumeurs rénales sont malignes. Cependant, les tumeurs bénignes sont fréquentes notamment pour les lésions < 4 cm où elles représentent 20 à 30 % des cas (tableau 1). Tableau 1: Types histologiques les plus fréquents Tumeurs malignes Carcinome à cellules rénales 90 % Cellules claires 75 % Tubulo-papillaire 10 15 % Chromophobe < 5 % Carcinome de Bellini 1 % Autres 10 % Tumeurs bénignes Oncocytome 5 % Angiomyolipome 3.1. Tumeurs malignes 1) Carcinome à cellules rénales Il représente 90 % des tumeurs rénales malignes et comprend 4 types histologiques principaux : carcinome à cellules claires (75 %) : tumeur hétérogène, classiquement jaune chamois et constituée de cellules optiquement vides car riches en lipides et en glycogène ; carcinome tubulo-papillaire (10 15 %) : il en existe deux sous-types (I et II). Le sous-type II serait de moins bon pronostic que le sous-type I ; carcinome chromophobe (< 5 %) : type histologique rare mais de bon pronostic ; carcinome de Bellini ou carcinome des tubes collecteurs (1 %). 2) Autres types histologiques Ils sont nombreux (une quarantaine) et rares. Il s agit des tumeurs métanéphriques, néphroblastiques, mésenchymateuses, neuroendocriniennes 3) Le grade de Fuhrman C est un facteur pronostic majeur du cancer du rein. En fonction de la morphologie nucléaire (aspect du noyau, taille des nucléoles), on distingue les tumeurs de bas grade (Fuhrman 1 et 2) et de haut grade dont le pronostic est plus péjoratif (Fuhrman 3 et 4). 3.2. Tumeurs bénignes Il s agit principalement de l oncocytome et de l angiomyolipome : L oncocytome ou adénome oncocytaire : c est une tumeur bénigne d origine épithéliale représentant 5 % des tumeurs rénales. On peut parfois le confondre avec le carcinome chromophobe. 4

L angiomyolipome : tumeur mésenchymateuse constituée en proportion variable de tissus adipeux, de fibres musculaires lisses et de vaisseaux sanguins. Il touche surtout la femme. On peut en faire le diagnostic sur les clichés de scanner non injecté (densité négative qui signe la présence de graisse intratumorale). Son principal risque évolutif est le saignement (hémorragie dans le rétropéritoine ou dans la voie excrétrice) lorsque son diamètre dépasse 4 cm. Les patients atteints de sclérose tubéreuse de Bourneville ont fréquemment de volumineux angiomyolipomes bilatéraux. 3.3. Lésions kystiques Les lésions kystiques du rein sont classées selon des critères d imagerie (scanner) d après la classification de Bosniak (tableau 2). Tableau 2 : Classification de Bosniak Type I : kyste simple Densité hydrique Homogène Limites régulières sans paroi visible Pas de rehaussement après injection de PDC* Type II : kyste atypique Cloisons fines Fines calcifications pariétales Kystes hyperdenses Pas de rehaussement après injection de PDC* Type IIF Cloisons nombreuses et fines Paroi légèrement épaissie Calcifications pariétales et cloisons régulières Kyste hyperdense Type III : kyste suspect Cloisons nombreuses et épaisses Paroi épaisse Limites irrégulières Calcifications épaisses et irrégulières Contenu dense Rehaussement de la paroi ou des cloisons après injection de PDC* Type IV : cancer à forme kystique Paroi épaisse et irrégulière Végétations ou nodule mural Rehaussement de la paroi ou des végétations après injection de PDC* * PDC : produit de contraste Source : CC AFU REIN [Recommendations Onco-Urology 2010 : Kidney cancer]. Patard JJ, Baumert H, Corréas JM, Escudier B, Lang H, Long JA, Neuzillet Y, Paparel P, Poissonnier L, Rioux-Leclercq N, Soulié M ; Oncology Committee of the French Association of Urology (CCAFU). Prog Urol. 2010 Nov ; 20 Suppl 4 : S319 39 5

Les kystes de type I et II sont considérés comme bénins et ne nécessitent pas de surveillance. Les kystes de type III et IV sont à haut risque de malignité (45 % pour les types III et 95 % dans les types IV), et il est recommandé d en faire l exérèse chirurgicale. 4. Diagnostic 4.1. Présentation clinique 1) Formes asymptomatiques La grande majorité des tumeurs du rein (65 %) est diagnostiquée de façon fortuite (on parle de tumeurs incidentales) le plus souvent du fait d examens d imagerie abdominale (échographie, scanner) faits pour l exploration de symptômes non urologiques. Ces tumeurs incidentales sont en général de petite taille et localisées au rein (figure 1). Figure 1: Petite tumeur rénale droite 2) Formes symptomatiques Symptômes locaux : c est la triade classique : hématurie macroscopique ; lombalgie ; masse du flanc pour les tumeurs volumineuses (figure 2). Figure 2 : Volumineuse tumeur rénale droite Signes généraux : fièvre et altération de l état général ; symptômes liés à d éventuelles métastases osseuses (douleurs essentiellement). 3) Examen clinique Il n y a aucun signe spécifique du cancer du rein. Il peut y avoir une pâleur en présence d une anémie. Classiquement, l apparition récente d une varicocèle, notamment du côté droit, doit faire suspecter un thrombus tumoral dans la veine rénale ou dans la veine cave. 6

4.2. Examens complémentaires UMVF - Université Médicale Virtuelle Francophone 1) Examens d imagerie Échographie abdominale C est un examen de dépistage qui est peu précis pour analyser une tumeur du rein. Classiquement les tumeurs du rein sont hyperéchogènes. Elle est utile pour le suivi des patients après traitement. Scanner abdominal Il doit être fait en l absence d insuffisance rénale. C est l examen de référence pour l évaluation des tumeurs rénales : il doit comprendre trois temps (uroscanner) : sans injection, temps vasculaire (30 secondes après injection) et temps excrétoire tardif ; il fait le diagnostic de tumeur : lésion irrégulière, hétérogène, avec d éventuelles plages de nécrose centrales, qui se rehausse après injection de produit de contraste ; il apprécie l extension locorégionale : taille de la tumeur, atteinte de la graisse péri-rénale, envahissement de la surrénale ; il recherche un envahissement veineux : thrombus dans la veine rénale (figure 3) ou dans la veine cave (qui peut remonter jusqu à l oreillette gauche) (figure 4) ; le cancer du rein est une des rares tumeurs solides capable d envahir le système veineux ; il fait le bilan d extension : adénopathies lombo-aortiques (figure 5), métastases hépatiques ; il apprécie le rein controlatéral : tumeur controlatérale dans 5 % des cas (figure 6), trophicité. Figure 3 : Tumeur rénale droite avec thrombus de la veine rénale Figure 4 :Tumeur rénale droite avec thrombus de la veine cave inférieure Figure 5 :Tumeur rénale droite avec adénopathies au niveau du pédicule rénal Figure 6 : Tumeurs rénales bilatérales 7

Le scanner thoracique est systématiquement réalisé à la recherche de métastases pulmonaires. IRM Elle n est pas systématique. Elle peut être demandée dans les cas suivants : pour mieux évaluer le niveau supérieur d un thrombus de la veine cave (mais les scanners sont de plus en plus performants) ; pour mieux analyser une petite tumeur du rein (< 4 cm) ; en cas d insuffisance rénale. 2) Examens biologiques Évaluation précise de la fonction rénale : créatininémie avec calcul de la clairance de la créatinine (MDRD). Les patients qui ont une tumeur du rein ont souvent une fonction rénale altérée et les traitements des tumeurs du rein peuvent retentir sur la fonction rénale. NFS : le cancer du rein s accompagne parfois d une anémie ou au contraire d une polyglobulie (qui est alors considérée comme un syndrome paranéoplasique). En cas de maladie métastatique : plaquettes, calcémie et dosage des LDH (qui sont dans ce contexte des facteurs pronostiques). 3) Place de la biopsie tumorale La biopsie d une tumeur du rein peut être faite sous anesthésie locale avec un guidage échographique ou scannographique. Son intérêt est discuté car il y a environ 10 % de faux négatifs. Globalement, elle peut être faite dans les cas suivants : en cas de doute diagnostique : lorsque la tumeur sur le scanner n a pas un aspect typique de carcinome (diagnostic différentiel avec un lymphome ou un sarcome) ; petite tumeur localisée chez un patient âgé et/ou avec de nombreuses comorbidités ; chez un patient avec des antécédents de tumeur extra-rénale (pour écarter une métastase rénale du cancer primitif) ; chez les patients qui ont une tumeur du rein métastatique pour avoir une preuve histologique avant de débuter un traitement anti-angiogénique. 5. Classification TNM La classification actuellement recommandée est la classification TNM 2009 (tableau 3). Tableau 3 : Classification TNM 2009 des carcinomes rénaux T Tumeur primitive Tx La tumeur primitive ne peut être évaluée T0 Aucune preuve de tumeur primitive T1 Tumeur limitée au rein 7 cm de grand axe T1a Tumeur limitée au rein 4 cm de grand axe T1b Tumeur limitée au rein > 4 cm mais 7 cm de grand axe T2 Tumeur limitée au rein > 7 cm de grand axe T2a Tumeur limitée au rein > 7 cm mais 10 cm de grand axe 8

T2b Tumeur limitée au rein > 10 cm de grand axe T3 Tumeur intéressant les veines principales ou envahissant la graisse péri-rénale ou du sinus rénal mais sans atteinte du fascia de Gérota T3a Tumeur envahissant la veine rénale ou ses branches de division segmentaires, la graisse du sinus rénal ou péri-rénale mais n atteignant pas la surrénale et ne dépassant pas le fascia de Gérota T3b Tumeur envahissant la veine cave sous forme d un thrombus sous-diaphragmatique T3c Tumeur envahissant la paroi de la veine cave inférieure ou thrombus s étendant au-dessus du diaphragme T4 Tumeur s étendant au-delà du fascia de Gérota, incluant l envahissement de contiguïté de la surrénale homolatérale N Envahissement des ganglions régionaux Nx les adénopathies ne peuvent être évaluées N0 Pas de métastase ganglionnaire N1 Métastase ganglionnaire unique N2 Plus de 1 métastase ganglionnaire M Métastase à distance Mx les métastases à distance ne peuvent être évaluées M0 Métastase ganglionnaire unique M1 Métastase à distance Source : CLASSIFICATION TNM, http://www.uicc.org/ 6. Facteurs pronostiques et histoire naturelle 6.1. Trois facteurs pronostiques reconnus pour le cancer du rein Le stade tumoral. Le grade de Fuhrman. L altération de l état général. D autres facteurs cliniques (présence de symptômes), biologiques (anémie, hypercalcémie, thrombopénie, augmentation des LDH), histologiques (composante sarcomatoïde, nécrose tumorale, invasion microvasculaire) sont mis en avant par certaines études et sont repris dans des systèmes pronostiques prédictifs (nomogrammes) mais ne sont pas utilisés dans la pratique de tous les jours. 6.2. Histoire naturelle La majorité des cancers du rein sont localisés au moment du diagnostic, mais 30 % d entre eux deviendront métastatiques au cours du suivi. Les petites tumeurs (< 4 cm) ont un très bon pronostic (95 % de survie spécifique à 5 ans). Les tumeurs métastatiques ont un pronostic très péjoratif (5 10 % de survie spécifique à 5 ans). 9

7. Prise en charge thérapeutique UMVF - Université Médicale Virtuelle Francophone Toute décision thérapeutique doit être discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). 7.1. Moyens thérapeutiques 1) La chirurgie C est le traitement de référence des cancers du rein. Selon la taille, le stade et la localisation de la tumeur, on peut proposer : une chirurgie rénale conservatrice (néphrectomie partielle) : elle consiste à retirer uniquement la tumeur en épargnant le maximum de parenchyme rénal sain, de façon à préserver la fonction rénale ; une néphrectomie élargie : on retire en bloc le rein tumoral, la graisse péri-rénale et éventuellement la surrénale. Toutes ces chirurgies peuvent se faire par voie ouverte ou par laparoscopie avec éventuelle assistance robotique. En cas de thrombus cave, celui-ci est retiré (cavotomie pour thrombectomie) en même temps que la tumeur rénale. Pour cela, il faut contrôler la veine cave en aval du thrombus ce qui peut nécessiter un abord thoracique et une circulation extracorporelle quand le thrombus est intracardiaque. 2) Traitements ablatifs Le principe est de détruire la tumeur avec une énergie thermique. Il y a deux techniques principales : la radiofréquence : on insère dans la tumeur par voie percutanée et sous contrôle scannographique une sonde de radiofréquence qui génère une zone d hyperthermie ; la cryothérapie : on met en place dans la tumeur par voie percutanée ou laparoscopique une sonde qui génère par l intermédiaire d un gaz réfrigérant une boule de glace qui détruit la tumeur. Il est nécessaire d avoir fait une biopsie auparavant pour confirmer que la tumeur est maligne. Ce sont des traitements qui sont réservés aux petites tumeurs (< 4 cm) chez des patients âgés avec des comorbidités importantes, chez qui la chirurgie est contre-indiquée. Ce sont des techniques moins invasives que la chirurgie. 3) Surveillance active On peut, chez des patients âgés, choisir de surveiller régulièrement une petite tumeur du rein (< 4 cm) car la plupart d entre elles évoluent lentement (3 mm/an). La surveillance se fait par échographie ou scanner tous les six mois. 4) Traitement anti-angiogénique (ou thérapies ciblées) C est le traitement des patients avec un cancer du rein métastatique. Le principe est de bloquer de façon ciblée les médiateurs ou récepteurs de l angiogenèse. Plusieurs molécules sont disponibles : anticorps monoclonal dirigé contre le VEGF : bevacizumab (Avastin ) ; inhibiteurs des récepteurs du VEGF : sunitibib, pazopanib ; inhibiteurs de la voie mtor : temsirolimus. 10

Ces traitements augmentent la survie sans progression et la survie globale pour certains d entre eux. Leur administration séquentielle permet d obtenir des réponses prolongées. Ils ont de nombreux effets indésirables (asthénie, diarrhée, syndrome main-pied, rashs, hypertension) et coûtent très cher. 7.2. Indications 1) Tumeurs localisées au rein = T1-2, NX-N0, M0 Le traitement est chirurgical : néphrectomie partielle si techniquement possible, néphrectomie élargie sinon. En cas de risque chirurgical élevé (âge > 70 ans, comorbidités, altération de la fonction rénale, espérance de vie limitée), et chez les patients avec une petite tumeur, on peut proposer la surveillance active ou la thermoablation. 2) Tumeurs du rein localement avancées = T3-4, N0, M0 Le traitement recommandé est la NTE éventuellement associée à un geste complémentaire (surrénalectomie, curage ganglionnaire, thrombectomie cave). L intérêt des traitements anti-angiogéniques en néoadjuvant ou adjuvant est en cours d évaluation. 3) Tumeurs du rein métastatiques = M + Traitement médical recommandé par les anti-angiogéniques. La chirurgie des métastases peut être proposée chez certains patients. La place de la néphrectomie chez les patients porteurs d un cancer du rein métastatique est débattue et en cours d évaluation. 8. Surveillance La surveillance a deux objectifs : dépister une récidive locale ou métastatique ; surveiller la fonction rénale. Il n existe pas de véritable consensus sur les modalités de suivi après traitement des cancers du rein. Modalités de surveillance : examen clinique, échographie rénale, TDM thoraco-abdomino-pelvienne, créatininémie. Points essentiels Épidémiologie : 3e cancer urologique mais le plus meurtrier ; facteurs de risque : insuffisance rénale chronique, tabac/obésité/hta/maladies héréditaires familiales. Anatomopathologie : tumeurs malignes : carcinome à cellules rénales (cellules claires/papillaire/chromophobe) ; 11

tumeurs bénignes : oncocytome et angiomyolipome ; lésions kystiques : simple, atypique, suspect ou cancer à forme kystique (classification de Bosniak). Diagnostic : clinique : asymptomatique de découverte fortuite le plus souvent, sinon triade hématurie/lombalgie/masse du flanc ; examens complémentaires : scanner abdominal+++/fonction rénale/biopsie tumorale dans certaines situations. Classification TNM 2009 Facteurs pronostiques : stade tumoral/grade de Furhman/altération de l état général. Histoire naturelle : 30 % d évolution métastatique pour les tumeurs localisées. Prise en charge thérapeutique : après réunion de concertation multidisciplinaire : tumeurs localisées au rein (T1-2) : néphrectomie partielle si techniquement possible, sinon néphrectomie élargie. Traitements ablatifs ou surveillance active si haut risque chirurgical et petite tumeur ; tumeurs du rein localement avancées (T3-4) : néphrectomie totale élargie ; tumeurs du rein métastatiques : traitement médical par anti-angiogéniques. Surveillance : récidive et fonction rénale par examen clinique, imagerie et créatininémie. 12

Annexes Recommandation Recommandations de l Association française d urologie (AFU)-CCAFU 2010 2013 Recommandations de l Association française d urologie (AFU)-CCAFU 2010 2013 Site de l InCa 13