HORUS. Entreprises ÉTUDE D ÉVALUATION DES BESOINS EN MATIÈRE D INFRASTRUCTURES DE MARCHÉS DÉCENTRALISÉS AU CAMEROUN -----------------



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HORUS Entreprises ÉTUDE D ÉVALUATION DES BESOINS EN MATIÈRE D INFRASTRUCTURES DE MARCHÉS DÉCENTRALISÉS AU CAMEROUN ----------------- RAPPORT DE SYNTHÈSE Septembre 2009 39, rue La Fayette - 75009 PARIS - Tél. +33 1 53 32 75 75 - Fax +33 1 53 32 75 76 contact@horus-entreprises.com www.horus-entreprises.com

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse S O M M A I R E INTRODUCTION... 1 1. PRÉSENTATION RAPIDE DES RÉGIONS ENQUÊTÉES... 5 1.1. STATISTIQUES DE PRODUCTION AGRICOLE...5 1.2. SITUATION DE L ORGANISATION DES PRODUCTEURS...8 2. PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE LA PREMIÈRE MISE EN MARCHÉ... 12 2.1. PLANTAIN...12 2.1.1. Principaux bassins de production commercialisée et flux «longue distance»... 12 2.1.2. Principales caractéristiques de la première mise en marché... 14 2.2. MAÏS...25 2.2.1. Principaux bassins de production commercialisée et flux «longue distance»... 25 2.2.2. Principales caractéristiques de la première mise en marché... 27 2.3. MANIOC...35 2.3.1. Principaux bassins de production commercialisée et flux «longue distance»... 35 2.3.2. Principales caractéristiques de la première mise en marché... 37 2.4. SYNTHÈSE...41 3. DIAGNOSTIC DES INFRASTRUCTURES DE COMMERCIALISATION... 42 4. PROPOSITIONS D AXES D INTERVENTION POUR LE PROJET PACA... 47 4.1. RAPPEL SUR LE PROJET PACA...47 4.2. AXE D INTERVENTION 1 : RÉHABILITATION DES ROUTES RURALES...48 4.3. AXE D INTERVENTION 2 : COFINANCEMENT DE PROJETS PORTÉS PAR DES OP ET ASSISTANCE TECHNIQUE ASSOCIÉE...53 4.4. INTERVENTIONS POSSIBLES SUR DES INFRASTRUCTURES DE COMMERCIALISATION...63

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse ANNEXES... 66 ANNEXE 1 : QUELQUES DISPOSITIONS RÉGLEMENTAIRES SUR LES GIC ET LES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES...67 ANNEXE 2 : LE PNDRT : PHILOSOPHIE GÉNÉRALE ET MODE D INTERVENTION SUR LE MANIOC...69 ANNEXE 3 : LE MANIOC ET SES PRODUITS DÉRIVÉS...71 ANNEXE 4 : COÛT ESTIMATIF POUR QUELQUES ÉQUIPEMENTS ET MATÉRIELS DE TRANSFORMATION...74 ANNEXE 5 : RÉGION CENTRE - PRINCIPAUX CONSTATS RELEVÉS EN MATIÈRE D ACTIVITÉS POST RÉCOLTE SUR LE PLANTAIN, LE MAÏS ET LE MANIOC...75 ANNEXE 6 : RÉGION SUD - PRINCIPAUX CONSTATS RELEVÉS EN MATIÈRE D ACTIVITÉS POST RÉCOLTE SUR LE PLANTAIN, LE MAÏS ET LE MANIOC...109 ANNEXE 7 : RÉGION EST - PRINCIPAUX CONSTATS RELEVÉS EN MATIÈRE D ACTIVITÉS POST RÉCOLTE SUR LE PLANTAIN, LE MAÏS ET LE MANIOC...132

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 1 ABRÉVIATIONS AAACP : All ACP Agricultural Commodities Programme BAD : Banque Africaine de Développement CNOPCAM : Concertation Nationale des Organisations Paysannes du Cameroun GIC : Groupement d Initiative Commune IMF : Institution de microfinance MINADER : Ministère de l Agriculture et du Développement Rural OIF : Organisation Internationale de la Francophonie OP : Organisation de Producteurs PACA : Projet d Amélioration de la Compétitivité Agricole PNDP : Programme National de Développement Participatif PNDRT : Programme National de Développement des Racines et Tubercules PNVRA : Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 2 INTRODUCTION (1) Le développement de l agriculture est un axe stratégique majeur au Cameroun, avec un accent particulier placé sur l agriculture familiale. La Stratégie de Développement du Milieu Rural, préparée en 2006 avec l appui des acteurs et des partenaires au développement, a fixé un objectif de doublement de la production agricole à l horizon 2015. Une attention particulière est placée sur la modernisation du secteur agricole, et notamment l agriculture familiale. (2) Les filières plantain, maïs et manioc ont été identifiées comme des filières prioritaires de par leur importance dans le pays et la compétitivité de la production camerounaise, qui pourrait approvisionner les pays d Afrique Centrale où la demande pour ces produits est importante. Des actions ciblées dans ces filières pourraient donc avoir des effets bénéfiques sur les populations rurales dans les régions productrices. Un atelier, organisé en mai 2008 dans le cadre du programme AAACP financé par l Union Européenne et mis en œuvre par plusieurs organisations dont la Banque Mondiale, a identifié le développement des productions vivrières, dont le plantain et le manioc, comme une priorité pour le Cameroun. Une étude réalisée par la Banque Mondiale en 2008 sur la chaîne de valeur de 6 filières camerounaises, dont le plantain, le manioc et le maïs, a notamment conclu que le Cameroun dispose d un avantage compétitif lui permettant de devenir un fournisseur majeur des pays d Afrique Centrale (Gabon, Congo, Tchad, voire Nigeria) pour ces produits. (3) L étude objet du présent rapport rentre dans le cadre de la préparation du projet PACA. Elle a comme objectifs de proposer des actions visant à moderniser les modalités de la première mise en marché du plantain, maïs et manioc, de manière à contribuer à l amélioration des revenus des paysans. L étude de la Banque Mondiale mentionnée ci-avant traite également de la première mise en marché des produits concernés et y pointe de nombreux handicaps (forte atomisation, coût élevé du transport, ) qui aboutissent à limiter le revenu des paysans. La présente étude vise à compléter le diagnostic de l étude de la Banque Mondiale et à proposer au projet PACA en cours de préparation, des actions permettant de moderniser la première mise en marché de certains produits vivriers de manière à améliorer le revenu des petits exploitants agricoles.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 3 Le champ d investigation de la présente étude est le suivant : Produits couverts : plantain, maïs et manioc. Régions couvertes : Centre, Est et Sud. (4) Le présent rapport constitue le rapport de synthèse de l étude. Il présente les principaux constats des missions de terrain et les recommandations d axes d intervention pour le projet PACA. Les travaux ont été effectués en plusieurs missions de terrain : Une première mission, effectuée en mai 2009, a permis d identifier les zones à enquêter de manière approfondie, grâce notamment à des entretiens avec : les principaux responsables des programmes sectoriels en cours sur le plantain, le maïs et le manioc ; quelques opérateurs de la commercialisation (commerçants, transporteurs, producteurs) rencontrés sur les marchés de détail de Yaoundé, Bertoua, Batouri et Ebolowa. Cinq missions de terrain ont été menées par des binômes constitués de consultants d Horus Entreprises et de Phoebus : En juin 2009, deux missions ont effectué les enquêtes de terrain dans le Centre et dans l Est. A la fin juin 2009, une mission courte a été effectuée dans le département de l Océan. En juillet 2009, deux missions de terrain ont été organisées pour compléter les investigations dans le Centre et réaliser les enquêtes dans la région Sud. Les missions de terrain de juillet se sont conclues par une réunion de restitution/discussion avec le Bureau de la Banque Mondiale à Yaoundé et les membres de l équipe PACA du Minader. Le présent document constitue le rapport de synthèse de l ensemble de la prestation : il reprend les principaux constats des missions de terrain et présente les recommandations d axes d intervention pour le projet PACA. Sept annexes sont placées en fin de document : Annexe 1 : Quelques dispositions réglementaires en vigueur sur les GIC et les sociétés coopératives. Annexe 2 : Le PNDRT : philosophie générale et modes d intervention sur le manioc. Annexe 3 : Le manioc et ses produits dérivés : généralités sur le manioc et transformation des tubercules (utilisations possibles, process de transformation et contraintes de périssabilité.)

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 4 Annexe 4 : Coût estimatif de certains équipements ou matériels pouvant faire l objet d un cofinancement de la part du PACA. Annexe 5 : Principaux constats relevés dans la région Centre en matière d activités post-récolte sur le plantain, le maïs et le manioc. Annexe 6 : Principaux constats relevés dans la région Sud en matière d activités post-récolte sur le plantain, le maïs et le manioc. Annexe 7 : Principaux constats relevés dans la région Est en matière d activités post-récolte sur le plantain, le maïs et le manioc.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 5 1. PRÉSENTATION RAPIDE DES RÉGIONS ENQUÊTÉES 1.1. STATISTIQUES DE PRODUCTION AGRICOLE (1) Les statistiques du Minader présentent un certain nombre d incohérences, mais elles sont néanmoins intéressantes à prendre en compte car : elles donnent des indications sur le poids relatif des départements dans la production de maïs, manioc et plantain ; elles permettent d apprécier les informations recueillies sur le terrain. Les statistiques de production du Minader concernent plusieurs produits, dont le manioc, le maïs et le plantain. Elles indiquent les superficies et les rendements par département, et sont publiées tous les 2 ans dans le bulletin Agristat : le bulletin de février 2009 présente les données pour 2005 et 2006, le précédent bulletin date de février 2007, et présentait les données pour la période allant de 2000 à 2005. La comparaison entre les deux bulletins montre un certain nombre d incohérences telles que, à titre d exemples : multiplication par 3, entre 2004 et 2005, de la production de plantain dans l Est, de celle de manioc dans le Sud et de celle de maïs dans les départements du Nyong et So o (Région Centre), du Haut Nyong et de la Boumba et Ngoko (Région Est), et du Dja et Lobo (Région Sud) ; production parfois identique pour 2004 et 2005 : cas du manioc dans les départements du Mbam et Kim (Région Centre), du Haut Nyong et de la Kadei (Région Est), et celui du Dja et Lobo (Région Sud). Elles ont cependant été prises en considération car : ce sont les seules que le Minader publie ; en partant de l hypothèse que les incohérences sont également réparties sur l ensemble des départements, elles donnent une indication sur le poids relatif des départements dans la production agricole, et permettent ainsi d apprécier les informations communiquées par les opérateurs sur les bassins de production et leurs lieux d approvisionnement.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 6 (2) Les statistiques du Minader montrent que, en 2006, les principaux départements producteurs de plantain, maïs et manioc sont les suivants : Plantain : Haute Sanaga dans la région Centre ; Haut Nyong, et Lom et Djerem dans la région Est ; Dja et Lobo, et Vallée du Ntem dans la région Sud. Maïs : Mbam et Inoubou, et Lekié dans le Centre ; Haut Nyong, et Lom et Djerem dans l Est ; Dja et Lobo dans le Sud. Manioc : Mbam et Kim, et Lekié dans le Centre ; Lom et Djerem dans l Est ; Vallée du Ntem dans le Sud. Les statistiques 2006 du Minader montrent que : la région Centre est la principale région du Cameroun productrice de manioc (775 000 t, soit 30% de la production nationale), la seconde en ce qui concerne la production de plantain (500 000 t, 23%) et la sixième pour celle de maïs (120 000 t, 10%) ; la région Est est la principale région du Cameroun productrice de plantain (640 000 t, 30%), la seconde en ce qui concerne la production de manioc (660 000 t, 25%) et la neuvième pour celle de maïs (80 000 t, 6%) ; la région Sud est la troisième région du Cameroun productrice de plantain (400 000 t, 19%) et de manioc (420 000 t, 16%) ; elle se situe par contre au dernier rang pour la production de maïs (50 000 t, 4%). Il apparaît donc que : les trois régions étudiées sont les principales régions productrices de plantain et de manioc : pour le plantain, leur production cumulée représentait 52% de la production nationale en 2006 avec, par ordre d importance, l Est, le Centre et le Sud ; pour le manioc, leur production cumulée représentait 70% de la production nationale en 2006 avec, par ordre d importance, le Centre, l Est et le Sud ; elles sont par contre faiblement productrices de maïs : leur production cumulée ne représentait que 20% de la production nationale en 2006 avec, par ordre d importance, le Centre, l Est et le Sud. Pour le maïs, l analyse de la répartition par département montre toutefois que certains départements des régions étudiées sont importants à l échelle nationale : avec environ 40 000 t produites en 2006, le Haut Nyong et le Dja et Lobo se situent parmi les dix principaux départements producteurs de maïs du Cameroun ; dans le Centre, la production cumulée du Mbam et Inoubou et de la Lekié (près de 50 000 t) fait de ce bassin une zone maïssicole importante.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 7 1 000 t 300 REGIONS CENTRE, EST ET SUD : PRODUCTION DE PLANTAIN EN 2006 Source : MINADER (Agristat 2009) CENTRE EST SUD 250 200 150 100 50 0 Haute Sanaga Lekié Mbam et Inoubou Mbam et Kim Mefou et Afamba Mefou et Akono Mfoundi Nyong et Kellé Nyong et Mfoumo Nyong et So'o Boumba et Ngoko Haut Nyong Kadey Lom et Djérem Dja et Lobo Mvila Océan Vallée du Ntem 1 000 t 50 REGIONS CENTRE, EST ET SUD : PRODUCTION DE MAÏS EN 2006 Source : MINADER (Agristat 2009) CENTRE EST SUD 40 30 20 10 0 Haute Sanaga Lekié Mbam et Inoubou Mbam et Kim Mefou et Afamba Mefou et Akono Mfoundi Nyong et Kellé Nyong et Mfoumo Nyong et So'o Boumba et Ngoko Haut Nyong Kadey Lom et Djérem Dja et Lobo Mvila Océan Vallée du Ntem

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 8 1 000 t 400 REGIONS CENTRE, EST ET SUD : PRODUCTION DE MANIOC EN 2006 Source : MINADER (Agristat 2009) CENTRE EST SUD 350 300 250 200 150 100 50 0 Haute Sanaga Lekié Mbam et Inoubou Mbam et Kim Mefou et Afamba Mefou et Akono Mfoundi Nyong et Kellé Nyong et Mfoumo Nyong et So'o Boumba et Ngoko Haut Nyong Kadey Lom et Djérem Dja et Lobo Mvila Océan Vallée du Ntem 1.2. SITUATION DE L ORGANISATION DES PRODUCTEURS (1) Il est estimé que 25% au maximum des OP déclarées au registre COOP-GIC ont une activité réelle, malgré la volonté des Autorités camerounaises de les promouvoir en tant qu instrument central du développement rural. La promotion des OP apparaît au centre des préoccupations des Autorités camerounaises en matière de développement rural. Il existe une réelle volonté de les promouvoir en tant : qu agent de développement économique favorisant l accès aux intrants, menant des activités de transformation et de commercialisation que partenaires de l État dans la cogestion des politiques, programmes et projets de développement.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 9 De fait, les OP inscrites au registre COOP-GIC, sous la forme de GIC (Groupements d Initiative Commune), Unions de GIC, Fédérations, Coopératives, sont très nombreuses 1. Il y en aurait environ 93 000, dont : 90% seraient dans le secteur agricole ; une très grande majorité (70% au minimum) sont des GIC ; les GIC, composés en général de 5 à 10 personnes appartenant souvent à une même famille, sont la formalisation des groupes d entraide informels qui existent depuis longtemps dans le secteur agricole camerounais, et dont les activités consistent à effectuer en rotation et de manière collective les travaux dans les champs de chacun des membres. Toutefois, une grande majorité de ces OP ont été créées par opportunisme, afin de bénéficier de subventions ou de l appui de tel ou tel programme, et ne mènent aucune activité économique : sur les 1 800 coopératives du secteur agricole, un diagnostic rapide mené par le Minader a montré que seules 15% sont fonctionnelles ; dans le cadre de la procédure d assainissement du COOP-GIC en cours, il estimé que 25 000 OP au maximum ont répondu à l enquête menée par le Minader. Le dépouillement des fiches va débuter en juillet/août pour évaluer le niveau d activité de ces OP. Le Minader estime qu il aura une bonne vision de l importance et de l activité des diverses OP du Cameroun d ici à la fin 2009. (2) Des trois régions étudiées, la région Centre est celle où l organisation des producteurs est la plus développée. Dans l Est, l activité des nombreuses OP déclarées est très réduite. Dans le Sud, la situation semble être intermédiaire. Les contacts auprès des responsables nationaux et locaux de CNOPCAM ont permis d identifier un certain nombre d OP dans le Centre et, dans une moindre mesure, dans le Sud. Les missions de terrain réalisées dans le cadre de la présente étude ont permis d apprécier les activités économiques menées par ces OP, en particulier en matière de commercialisation groupée de maïs séché, plus rarement sur le manioc transformé 1 Cf. Annexe 1 sur les dispositions réglementaires s appliquant aux GIC et aux sociétés coopératives. Il en ressort que les GIC sont nettement moins contraignants en termes de tenue de documents, contrôle des comptes, surveillance et publicité. Ceci amène à s interroger sur la pertinence de cette forme juridique dans l optique de l octroi de crédit ou de mise en place d accords de partenariats.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 10 (et de cacao pour celles situées en zone cacayoère) et, moins fréquemment, d approvisionnement en intrants. Les OP rencontrées ont été les suivantes : Région Centre : La Fédération des Unions de GIC de l ODEFCOM (Organisation pour le Développement des Femmes et des Communautés) à Mbalmayo (département du Nyong et So o), ainsi que les représentants des 6 Unions et des 24 GIC qui la composent. Les 4 Unions membres de la Fédération des Unions des Éleveurs de l arrondissement de Bot Makak (département du Nyong et Kellé), qui regroupent 47 GIC. La Coopérative Musemproc, dont le Siège se situe à Awae (département du Mefou et Afamba), mais dont les 47 membres effectifs sont répartis sur l ensemble de la région. Les GIC appartenant à l Union des GIC des planteurs modernes de l Arrondissement de Ntui (département du Mbam et Kim). Les GIC appartenant à l Union des GIC d agriculteurs et d éleveurs de Ntui (département du Mbam et Kim). L Union des GIC des Agriculteurs et Éleveurs de Bokito (département du Mbam et Inoubou), qui regroupe 10 GIC et 101 membres. Les GIC appartenant à la Fédération des Unions des GIC de Femmes d Essé (département du Mefou et Afamba). Le GIC PAB, basé à Bogso (département du Nyong et Kellé). Les GIC Frebael et Vah, basés à Makak et Messondo (département du Nyong et Kellé). Le GIC des Agriculteurs et Éleveurs de Nkosso, à Olanguina (département du Mefou et Afamba). Le GIC Jaas et le GIC des femmes militaires, à Assala (département du Mbam et Inoubou). Région Sud : La Fédération REFEHZO (Réseau des Femmes et des Hommes de Zoetele), basée à Zoetele (département du Dja et Lobo), qui regroupe 42 GIC et une association. Les GIC Espérance et Ansik, basés respectivement à Nsimi et Meyila (département du Dja et Lobo), ainsi que leur Union en cours de création (5 GIC prévus). L Union de GIC LiBéFAT (5 GIC) et l Union des GIC N Di Lem (9 GIC) situées autour de Mvangan (département de la Mvila). La Fédération le Reveil, basée à Efoulan (département de la Mvila), qui comprend 6 Unions de GIC.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 11 L association CEDER (CErcle de Développement des Entrepreneurs ruraux), basée à Ebolowa, regroupant plusieurs Unions de GIC. L Union de GIC UGICO (Union des GIC des Cultivateurs d Olamzé), qui regroupe 4 GIC dans le département de la Vallée du Ntem. L Union des GIC La Transfrontalière, qui regroupe 8 GIC autour d Ambam (département de la Vallée du Ntem). L Union des GIC de Femmes Agricultrices de l Océan, basée à Kribi (département de l Océan), qui regroupe 8 GIC de 8 membres en moyenne chacun. L Union des GIC Producteurs de Maïs d Akom II (département de l Océan), qui regroupe 12 GIC situés aux alentours d Akom II. Le présent rapport ainsi que les annexes régionales Centre et Est précisent, en les illustrant, les activités post-récolte (commercialisation groupée, transformation, approvisionnement en intrants, ) menées par ces OP. Le niveau d avancement est différent selon les cas, mais ces OP sont toutes caractérisées par l intérêt bien compris de l organisation collective et une volonté d aller au-delà de la «simple» organisation des travaux des champs. Dans la région Est, la situation est différente : il existe certes de très nombreux GIC, mais leur activité est, dans la grande majorité des cas, limitée aux travaux des champs. Beaucoup d entre eux ont été créés par opportunisme ou parce que les Autorités locales ont demandé aux villageois de former un GIC. Faute d une activité économique réelle, très peu de délégués ou membres de GIC perçoivent l intérêt de cette forme d organisation. De fait, les GIC apparaissent comme un simple habillage juridique de la pratique traditionnelle de l entraide mutuelle pour les travaux des champs. Il arrive parfois que des délégués de GIC de l Est servent de point de contact pour un acheteur, dans le cadre de sa collecte itinérante. Dans ce cas, le délégué réunit les membres du GIC afin de fixer un prix de vente et, parfois, de répartir les volumes recherchés. Toutefois, les négociations et les transactions demeurent systématiquement individuelles si bien qu il n est pas certain que les règles fixées en commun soient réellement respectées. Il existe donc un certain nombre de bénéficiaires potentiels pour les appuis envisagés par le PACA en matière de cofinancement de projets dans le Centre. Dans le Sud, le nombre semble être plus réduit. Il est très faible dans l Est, dans la mesure où les nombreux GIC existants n ont pas d activité économique réelle. La CNOPCAM apparaît comme un bon moyen pour la pré-identification des OP structurées et fonctionnelles.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 12 2. PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE LA PREMIÈRE MISE EN MARCHÉ 2.1. PLANTAIN 2.1.1. PRINCIPAUX BASSINS DE PRODUCTION COMMERCIALISÉE ET FLUX «LONGUE DISTANCE» (1) Les principaux bassins de production commercialisée de plantain dans les régions couvertes par l étude sont les suivants : Centre : Axe Ntui Yoko, arrondissement d Essé et arrondissement de Bot Makak. Est : Axes Dimako Mbang, Bertoua Deng Deng Goyoum et Abong Mbang Lomié. Sud : le Sud d une ligne imaginaire entre Sangmelima et Ebolowa, et le Nord Ouest du Dja et Lobo. La géographie de la production commercialisée de plantain est souvent différente de celle de la production sous l effet de deux facteurs : L état des pistes, qui limite, voire empêche l évacuation des plantains en saison pluvieuse. Le rapport entre la consommation locale et la production : certaines zones productrices sont également fortement consommatrices de plantain, si bien que la production disponible pour la commercialisation peut dans certains cas être limitée. Dans les trois régions couvertes par l étude, il est possible de distinguer des bassins principaux de production commercialisée et des bassins secondaires : Les zones principales de production commercialisée sont les suivantes : Région Centre : Villages situés le long de l axe Ntui Yoko, comme Bivouna et Essombe (département du Mbam et Kim). Villages situés le long de la piste entre Essé et Nkoteng, notamment Afanloum, Mengossa, Ekoumoudouma, Bana et le Carrefour Zoa (département du Mefou et Afamba). Arrondissement de Bot Makak et villages situés le long de la piste entre Bot Makak et Bokito.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 13 Région Est : Ouest du département de la Kadeï, avec notamment les axes Dimako- Mbang et Mbang Batouri. Département du Haut Nyong, et notamment l axe Abong Mbang Lomié. Sud-Ouest du département du Lom et Djerem, en particulier l axe Bertoua Deng Deng Goyoum. Région Sud : Le Sud d une ligne imaginaire entre Ebolowa et Sangmelima, en particulier dans la Vallée du Ntem et la zone de Mvangan, au Sud-Est de la Mvila. Le Nord-Ouest du Dja et Lobo, notamment les zones de Sangmelima, Zoetele et Meyomessala. Les zones secondaires de production commercialisée sont les suivantes : Région Centre : Arrondissements de Bokito et Ombessa (département du Mbam et Inoubou). Zone de Nanga Eboko (département de la Haute Sanaga). Zone allant de Mbalmayo à Nkolmetet (département du Nyong et So o). Région Est : Axes Doumé Atok (avec des points de vente informels le long de la RN 10) et Abong Mbang Angossas (département du Haut Nyong). Zone de Gbakonbo dans la périphérie de Bertoua et axe Ndoumbi-Diang le long de la RN 1 (département du Lom et Djerem). Département de la Boumba et Ngoko, en particulier l axe Yokadouma Gari Gombo. Région Sud : L axe Fifinda Elogbatindi, sur la RN 7 reliant Edéa et Kribi. Le Nord Ouest d Ebolowa, en particulier le bassin Efoulan/Lolodorf/Bipindi qui pâtit fortement du mauvais état des pistes limitant fortement, dans le cas d Efoulan, l évacuation vers Kribi et Douala. (2) L essentiel de la production commercialisée de plantain fait l objet de flux «longue distance», dont les principales destinations sont Yaoundé, le Septentrion, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la RCA et le Congo. Les flux «longue distance», qui concernent la très grande majorité des flux de plantain, sont les suivants, pour les principaux d entre eux : Région Centre : Des bassins de Ntui et d Essé vers : Yaoundé et, moins fréquemment, Douala.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 14 le Gabon/la Guinée Équatoriale à travers les marchés d Abang Minko o ou de Kye Ossi. Du bassin de Bot Makak vers le Gabon/la Guinée Équatoriale à travers Boumnyebel et Abang Minko o ou Kye Ossi. Région Est : des bassins de Dimako Mbang et Bertoua Deng Deng Goyoum vers : Yaoundé et, moins fréquemment, Douala. Le Septentrion, à travers les gares de Belabo et Goyoum. La RCA et le Congo : ceci est surtout le fait de transporteurs centrafricains ou congolais de retour vers leur pays. Région Sud : Du Nord d une ligne imaginaire Ebolowa/Sangmelima vers Yaoundé. Du Sud de cette ligne vers le Gabon et la Guinée Équatoriale. Les flux «courte distance» portent sur une faible proportion de la production commercialisée : la consommation locale de plantain autre que celle des agriculteurs et de leur famille est essentiellement le fait des habitants des communes urbaines et des quelques fonctionnaires des communes rurales. 2.1.2. PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE LA PREMIÈRE MISE EN MARCHÉ (1) La collecte itinérante par des acheteurs venus des villes de destination constitue le principal mode de commercialisation du plantain dans les bassins principaux de production commercialisée du Centre et de l Est. La négociation est individuelle entre le producteur et son acheteur. Le mode de commercialisation du plantain, dans le cadre des flux «longue distance», est similaire dans chacun des bassins principaux de production commercialisée du Centre et de l Est : Les acheteuses, venues le plus souvent de Yaoundé ou, dans l Est, du Septentrion, se rendent dans les zones productrices et négocient individuellement avec les producteurs ; certaines acheteuses sont connues des villageois et passent de manière régulière. En cas d accord sur le prix, les quantités, le jour et le lieu de livraison, l acheteuse laisse en général une avance au producteur, comprise entre 20 et 50% de la valeur de la commande ; celui-ci va alors couper les régimes.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 15 Lorsque l acheteuse a réuni suffisamment de régimes pour remplir un camion, elle fait venir un camion de Bertoua ou de Yaoundé. Celui-ci charge les régimes et, accompagné de l acheteuse, retourne à Yaoundé, se rend à la gare de Belabo, pour les plantains à destination du Septentrion ou à Abang Minko o/kye Ossi, pour ceux à destination du Gabon ou de la Guinée Équatoriale. Lorsque les volumes collectés ne permettent pas de remplir un camion, l acheteuse complète par des achats sur les marchés ruraux de détail. (2) Les autres modes de première mise en marché rencontrés sont : Regroupement de l offre à Boumnyebel, pour le plantain produit dans le Nyong et Kellé, puis enlèvement pour le compte d acheteurs gabonais ou équato-guinéens. Apports de régimes sur les marchés hebdomadaires par les producteurs avoisinants. Acheminement de l offre jusqu au marché des communes urbaines. Exportations «informelles», dans une zone comprise entre le Ntem et la frontière avec le Gabon et la Guinée Équatoriale. Dans des cas très isolés : organisation de «marchés» par les producteurs à proximité de leur champ. Regroupement à Boumnyebel de l offre de plantains produits dans le Nyong et Kellé, puis expédition vers le Gabon ou la Guinée Équatoriale. Boumnyebel est une importante place commerciale située sur l axe lourd, entre Douala et Yaoundé. Outre le marché de détail qui se tient tous les 15 jours le long de cet axe, il existe, légèrement en retrait de l axe, un centre de regroupement de plantains, constitué d une dizaine de boxes répartis autour d une aire de chargement pour les camions, et dont la capacité est d environ 1 000 régimes chacun. Un des boxes est à la disposition des producteurs, et les neuf autres sont gérés par des commerçants qui ne pratiquent que cette activité, et qui sont regroupés dans l ARVIB (Association des Revendeurs de Vivres Frais de Boumnyebel). Les opérations se déroulent de la manière suivante : Les plantains sont acheminés depuis les zones de production par les producteurs ou des collecteurs locaux ; la principale zone qui approvisionne Boumnyebel est l axe Boumnyebel Bokito, et notamment l arrondissement de Bot Makak. Les gérants des 9 boxes réservés aux commerçants achètent les plantains et les stockent jusqu à atteindre de quoi remplir un camion, soit 800 à 1 000 régimes. Ils contactent alors leurs acheteurs gabonais ou équato-guinéens qui envoient un camion. Ce camion, immatriculé au Cameroun, amène les plantains sur les marchés frontaliers d Abang Minko o ou Kye Ossi, où ils sont

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 16 transbordés sur des camions gabonais ou équato-guinéens. Les paiements s effectuent par des agences du type Western Union ou Express Union. Certains gérants indiquent se faire financer par leurs acheteurs. Les producteurs stockant leurs plantains dans le box qui leur est dédié attendent qu un acheteur se présente. Les plantains sont généralement expédiés sur Douala ou Yaoundé. Selon le percepteur de cette place commerciale, les volumes traités seraient de l ordre de 10 000 régimes par semaine, soit 7 500 à 10 000 t par an. Les principales difficultés ressenties sur ce centre de regroupement de l offre sont les suivantes : Le nombre limité de boxes : les producteurs auraient fait une demande pour pouvoir disposer d un second box. Cette demande aurait été refusée faute de boxes disponibles. L ensemble des vendeurs de cette place déplore les conditions médiocres dans lesquelles ils travaillent. En particulier, l aire de déchargement/chargement est en terre, qui se transforme en boue en cas de pluie, et les boxes ne sont pas fermés, ce qui oblige à maintenir une surveillance permanente. Apport de régimes sur les marchés hebdomadaires par les producteurs avoisinants. Pour ce type de mise en marché, il convient de distinguer selon les régions : Dans la région Centre et le Nord Ouest du Dja et Lobo (zone Zoetele/Sangmelima/Meyomessala), les marchés hebdomadaires sont utilisés par des acheteurs spécialisés qui acheminent les plantains vers Yaoundé. Les quantités de régimes apportées par les producteurs sont en général faibles, de l ordre de quelques régimes par producteur : elles dépendent de l éloignement du champ par rapport au marché, de l intensité de leurs besoins de trésorerie et des modalités de transport à leur disposition. Plusieurs acheteurs ont été rencontrés sur les marchés de Bokito, Ombessa, Balamba, Betamba, Nkolmetet et Zoetele. Ces derniers parviennent à réunir des quantités non négligeables de régimes sur ces marchés, puis affrètent localement un camion pour les acheminer vers Yaoundé. Dans l Est, les marchés des communes rurales sont essentiellement des marchés de détail fréquentés par les consommateurs locaux ou des acheteuses de Yaoundé ou du Septentrion cherchant à compléter leur chargement. Les quantités apportées par les producteurs sont faibles. Ces derniers indiquent limiter volontairement les coupes de régimes pour ce type de vente car ils sont dans l incertitude des volumes qu ils pourront écouler sur ces marchés. Ils préfèrent laisser les plantains «pourrir» sur les arbres plutôt que de les couper et les transporter, avec le risque de ne pas les vendre.

Besoins en infrastructures de marchés décentralisés au Cameroun Rapport de synthèse / 17 Dans le Sud, la situation est similaire à celle de l Est à l exception des marchés du Nord Ouest du Dja et Lobo (Cf. ci-avant) et d une bande située entre le Ntem et la frontière avec le Gabon et la Guinée Équatoriale (Cf. ci-après). Acheminement de l offre par les producteurs jusqu aux marchés des communes urbaines. Ceci concerne les producteurs disposant de quantités importantes de plantain et situés dans un rayon de 80 à 100 km de Yaoundé et Bertoua, voire Batouri. Certains producteurs rencontrés à Zoetele ont indiqué aller parfois vendre leurs plantains à Yaoundé. La grande majorité des champs n étant pas situés à proximité immédiate des routes goudronnées, ce mode de commercialisation ne peut avoir lieu que lorsque les pistes permettant d atteindre les routes sont praticables. Dans certains cas, il arrive que des producteurs se regroupent de manière informelle ou achètent des quantités complémentaires afin de compléter le chargement. Les regroupements informels se font sur la base des affinités entre personnes : la confiance est indispensable car tous les producteurs n accompagnent pas nécessairement les régimes. Certains producteurs rencontrés à Zoetele ont indiqué se regrouper parfois dans le cadre de GIC pour acheminer leurs régimes à Yaoundé, lorsque la commercialisation sur place est trop difficile. Certains producteurs du Sud acheminent leur production vers les marchés frontaliers de Abang Minko o et Kye Ossi. Ces mouvements sont cependant limités par les mauvaises conditions de déplacement entre Mvangan et Abang Minko o, et entre Meyo Biboulou et Kye Ossi (Cf. ci-après). Exportations «informelles» des plantains vers le Gabon et la Guinée Équatoriale, en particulier ceux produits dans une bande comprise entre le Ntem et la frontière. Note : ces exportations sont dites «informelles» en ce sens qu elles ne franchissent pas un poste frontière ; les plantains étant un produit du cru, ils ne sont en théorie pas soumis à un quelconque droit de douane dans le cadre des échanges intra- CEMAC. Les régions frontalières sont généralement le lieu d intenses échanges informels, et la zone frontalière entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Équatoriale n y échappe pas, en particulier la zone au Sud du Ntem où la mission s est rendue. Les marchés hebdomadaires de Meyo Biboulou, Olamzé, Mengui Kom et Ebengon sont fréquentés par des acheteurs gabonais ou équato-guinéens, qui y enlèvent les quantités commandées la semaine précédente. Ces régimes sont transportés à dos d homme ou avec des brouettes par de jeunes camerounais qui franchissent perpendiculairement la frontière par des chemins tracés dans la forêt jusqu au camion de l acheteur stationné sur une route bitumée située à 3 km côté équatoguinéen ou gabonais.