OFFICE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL DE CORSE Mesure 3.1 : Installation et formation Action unique : Installation et formation Mesure 3.3 : Modernisation de l outil Action unique : modernisation des exploitations agricoles Mesure 3.6 : Accompagnement technique Action 2 : Action technique à la structuration des filières engagées dans une démarche de qualité GUIDE DES AIDES : PLANTES A PARFUM AROMATIQUES ET MEDICINALES 86
PREAMBULE Dès le milieu des années 70 quelques professionnels ont compris l intérêt qui pouvait résider dans l exploitation de la flore Corse. Il faut rappeler que cette flore se compose de plus de deux cent endémiques et que les conditions pédologiques, climatiques et environnementales particulières de l île permettent de valoriser des caractéristiques particulières de certaines espèces végétales. Les différentes exploitations ayant choisi cette filière ont rencontré une demande sur le marché international, en effet les firmes internationales de la cosmétique et de la pharmacologie ont reconnu l intérêt de produits conçus dans un environnement préservé et présentant souvent des caractéristiques intéressantes et très particulières en termes de composition. Les exploitations se sont donc orientées très majoritairement vers la production d huiles essentielles destinées à entrer dans la composition de produits cosmétiques, homéopathiques ou pharmacologiques. Ces exploitations n ont pas eu à faire face à des problèmes de marché au sens classique du terme qui est celui d écouler des quantités sur un marché connaissant des problèmes de saturation. En revanche les exploitants insulaires doivent affronter en termes de marché les problématiques suivantes : - gérer une production qui reste faible en regard de l importance de la demande, ce qui implique une rupture quasi continue au niveau de l offre - gérer un marché international étroit sur lequel une variation faible des quantités offertes peut entraîner une variabilité importante des cours - assumer les frais de prospection de nouvelles espèces pour mettre en évidence des composés qui pourraient être porteurs sur le marché international et faire connaître les qualités des huiles essentielles correspondant à ces espèces Pour autant la situation des productions insulaires sur le marché international se traduit par un déficit de production en regard d une demande très importante avec des niveaux de prix valorisants. Ces prix sont consécutifs à l intérêt de la flore insulaire mais également à la qualité des productions qui bénéficient toutes du label agriculture biologique. Ce label résulte de la volonté des producteurs et des choix techniques que ceux-ci ont opéré. La situation en termes de marché se traduit par un déficit chronique de l offre face à une demande en croissance continue. Ce constat interpelle les professionnels et les a amenés à réfléchir sur le développement de leur filière. Aujourd hui six exploitations s inscrivent dans la filière PPAM en Corse, elles sont productrices d huiles essentielles et conduisent donc des distillations à partir de matériel végétal. Ce matériel végétal provient souvent de cueillettes réalisées sur des peuplements existants à l état spontané dans différents sites identifiés et répertoriés sur l ensemble du territoire insulaire. Sur ces sites s exerce l activité des exploitants insulaires mais également une 87
concurrence de cueilleurs venus de l extérieur de l île et approvisionnant des distilleries d autres régions. Cette activité extérieure s explique par l intérêt de la flore corse et il existe donc un risque réel de pillage voir de destruction contre lequel la profession entend mener les actions de préservation nécessaires. Pour autant le seul approvisionnement sur la flore spontanée ne peut suffire à répondre à la demande, c est pourquoi les professionnels constitués en un Syndicat de producteurs ont souhaité travailler sur la mise en culture de certaines espèces. La mise en place de ces cultures permet un approvisionnement plus régulier en quantité des distilleries, elle permet également à terme de minorer les coûts de cueillette et d affecter les ressources humaines de l exploitation aux opérations de distillation proprement dites. La politique de mise en culture sera donc un élément fondamental de la politique de soutien au développement de la filière.il doit être souligné qu il peut exister des exploitants dont l activité se limite à la culture et à la récolte de plantes, la valorisation étant assurée auprès d une distillerie sur la base d un contrat. Par ailleurs la filière étant relativement récente dans l île, elle n a pas jusqu à aujourd hui disposé d un soutien particulier, ceci signifie qu une partie du matériel des distilleries n a pas fait l objet de financements et donc que les structures se sont souvent montées sur la base de matériel d occasion acquis dans d autres régions. Dans ce contexte et compte tenu des nouveaux besoins il sera nécessaire de poursuivre une politique d accompagnement à la modernisation des distilleries. Enfin il est important de pouvoir préparer la production future en expérimentant la culture de nouvelles espèces et en menant avec différents partenaires des programmes expérimentaux de distillation visant à mettre en évidence les composés intéressants de certaines huiles. La politique d accompagnement de la filière résultant du présent guide des aides s organise donc autour de quatre axes fondamentaux : mise en culture, développement des distilleries, programmes collectifs, politique d installation. Le guide des aides est complété par une définition des conditions d éligibilité des exploitations déposant des dossiers au titre des actions de développement de la filière PPAM. I DEVELOPPEMENT DES CULTURES DE PLANTES AROMATIQUES Le développement des cultures suppose à la fois que l exploitation soit équipée des matériels adéquats mais également qu elle puisse réaliser les mises en culture dans des densités de plantation conformes aux possibilités agronomiques et aux conditions de rentabilité. Les cultures de plantes aromatiques sont en général des cultures pérennes qui ne demandent qu un entretien et une cueillette après l année de plantation. Par ailleurs la rigueur observée au niveau de la mise en place de ces cultures conditionne leur rentabilité future. C est pourquoi les opérations de mise en culture doivent être définies de façon très précise. L objectif affiché par la profession est la mise en culture de 80 ha sur les années 2003 à 2006. 88
I.1 L EQUIPEMENT DES EXPLOITATIONS (MESURE A DU RDR) Le matériel de culture doit permettre une mise en place des cultures, un entretien et une récolte dans des conditions optimales afin de rationaliser l emploi des unités de main d œuvre dans l objectif que l atelier culture soit rentable. L équipement requis est donc le suivant : - matériel de débroussaillage à main ou autotracté - Tracteur pouvant être 4x4, de puissance moyenne avec chargeur - Bineuses et motoculteurs - Faucheuses, cultivateurs, herses, charrues, broyeurs, chargeurs, épareuse et ensileuse attelés, épandeur, pulvérisateur - Récolteuse attelée ou autoportée - Aménagement de véhicule de transport de végétal et remorque de transport à ridelles - Dérouleur d irrigation, et de films plastiques - Serres chauffées, conteneurs et revêtement de sol (toile hors sol) - Matériel d irrigation localisé Parmi ces différents matériels, certains sont complémentaires et les choix opérés par les exploitations doivent être en cohérence avec les objectifs affichés à court et moyen terme. C est pourquoi l intervention des professionnels en tant que conseils sur les opérations d équipement est déterminante. Les modalités de cette intervention sont définies dans la suite de ce document. Les matériels de mise en culture pourront faire l objet d une aide au taux de 50 % pour les agriculteurs aînés et de 55 % pour les jeunes agriculteurs (60% si JA et date de dossier complet postérieure au 27/10/2003) conformément aux règles prévues aux conditions générales et transversales du guide des aides, du guide investissements serristes et du guide développement de l hydraulique agricole. I.2 LA MISE EN CULTURE (mesure a du RDR) Pour être cohérente d un point de vue technico économique les plantations doivent être conçues afin d optimiser les procédures d entretien et de récolte. Les opérations de mise en culture comprennent le débroussaillage du terrain, la mise en place de clôtures, le travail des sols, la mise en place des butes, la mise en place du plastique, des réseaux d irrigation, l acquisition ou l auto production des plants et la plantation proprement dite. Les tarifs indicatifs de mise en culture sont définis en annexe. Ces tarifs sont liés à l espèce mise en culture, en effet les densités de plantation et le coût des plants varient d une espèce à l autre. Compte tenu de l espèce ce sont l ensemble des travaux préparatoires qui varient également. Il importe donc d associer étroitement le Syndicat à la définition des projets afin de situer les coûts de mise en culture dans chaque cas. Les coûts de mise en culture font l objet d un accompagnement au taux de 50 % pour les agriculteurs aînés et 55 % pour les jeunes agriculteurs (60% si JA et date de dossier complet postérieure au 27/10/2003). 89
II DEVELOPPEMENT DES STRUCTURES DE TRANSFORMATION La structure de transformation inclut à la fois le bâtiment et l ensemble des équipements nécessaires à la conduite d une distillation générant des produits de haute qualité et permettant de travailler sur des produits nouveaux. II.1 LE BATIMENT D EXPLOITATION (MESURES A ET P DU RDR) Il comprend un auvent, une salle de distillation, une salle de stockage-conditionnement, un laboratoire, un local de stockage, un point d accueil du public, un bureau, des sanitaires. Les sols sont revêtus des matériaux adéquats en fonction de la destination de la salle concernée. Les matériaux doivent dans tous les cas être lisse et lavables et respecter le cahier des charges bio. Les végétaux sont réceptionnés sous le auvent-portique de réception où il font l objet d un premier traitement. Ils sont ensuite acheminés en salle de distillation. Les huiles sont filtrées, décantées puis conditionnées dans la salle de conditionnement. Le laboratoire permet un travail sur des micro-distillations visant à tester de nouvelles espèces. Le point d accueil du public est nécessaire compte tenu de la nécessité de recevoir de façon quasi systématique les acheteurs. Les autres pièces ont un caractère d utilité générale. Les bâtiments doivent être conçus ou rénovés afin de permettre le respect du principe de marche en avant. Les installations achevées doivent recevoir un avis de conformité de la part d un organisme agréé. II.2 LE MATERIEL D EXPLOITATION (MESURE A DU RDR) Le matériel d exploitation a prévoir est le suivant : - Matériel de broyage, d ensilage de séchage - Matériel de manutention (chargeurs, élévateurs) - Palan de chargement et déchargement. - Pesage (matière premières et huiles essentielles) - Chaudière vapeur ou chaudière fluide thermique - Traitement eau - Distribution vapeur - Débimètre vapeur - Alambic (fixe ou mobile) - Condenseur à eau ou évaporatif - Régulation d alimentation en eau de refroidissement - Récupérateur de calories sur condenseur - Essenciers - Nettoyeur haute pression à eau chaude - Circuit de cohobage - Traitement des eaux de refroidissements - Conditionnement des huiles essentielles (filtration, décantation, matériels de remplissage) - Zesteuse d agrumes et centrifugeurs 90
Ce matériel peut être neuf ou d occasion sous réserve de remplir les conditions réglementaires à savoir prix inférieur au prix du neuf, matériel conforme aux normes de sécurité et enfin matériel bénéficiant d une garantie.. III LA POLITIQUE D INSTALLATION (MESURE B DU RDR) L orientation retenue par la profession jusqu en 2006 est celle de la consolidation des unités existantes par la modernisation et la mise en culture. Les installations devront donc plutôt se concevoir autour de la mise en culture avec livraison des végétaux auprès des unités existantes. Eu égard au potentiel végétal existant et compte tenu des délais de mise en œuvre des cultures une politique plus ambitieuse d installation pourrait être envisagée à l horizon de cinq années. Par ailleurs il paraît vital que l installation débute par un projet de mise en culture, l unité de distillation pouvant se greffer par la suite en fonction des résultats obtenus. Les projets d installation liés à une reprise où à une extension d exploitation existante feront l objet d un conseil et d une expertise de la part du Syndicat des producteurs de la filière PPAM de Corse dans les conditions définies ci-après. IV LES ACTIONS DE FILIERE Les actions de filière devront principalement être orientées autour des axes suivants : - accompagnement technique sur les mises en culture - production de plants - caractérisation des composés d huiles issues des distillations de nouvelles espèces - animation de filière Accompagnement technique sur les mises en culture Les cultures s effectuent uniquement en bio afin de préserver la qualité des huiles qui entraîne une valorisation optimale sur le marché. L accompagnement technique peut donc concerner un conseil sur les sols avec notamment l analyse de ceux-ci, un conseil à la mise en place des plantations, à la fertilisation et à l irrigation. Production de plants Les producteurs peuvent être amenés à s organiser dans le cadre du Syndicat pour produire des plants dans l éventualité où la disponibilité de ceux-ci n existerait pas sur le marché régional. Dans un tel cas le Syndicat organise la production sur chaque exploitation et redistribue les plants auprès des demandeurs. Caractérisation des huiles Il s agit de faire poursuivre des programmes d analyse des huiles jugées intéressantes par le Syndicat afin d arriver à caractériser complètement la composition de celles-ci sachant qu il s agit là d un facteur déterminant de valorisation sur le marché international. Ces caractérisations sont obtenues au travers de procédés analytiques complexes (CPG, RMN, activités micro-biologiques des huiles essentielles.) Animation de filière 91
La diffusion d informations, le travail commun sur la politique de mise en marché, la résolution des différents problèmes techniques, le travail sur la gestion des ressources spontanées, l implication dans les processus de formation sont autant d action qui seront conduites par le Syndicat. V ROLE DE LA PROFESSION DANS LES PROJETS DE MODERNISATION, MISE EN CULTURE ET INSTALLATION La profession est organisée au sein du Syndicat des Producteurs de la Filière PPAM de Corse. Les professionnels membres de ce syndicat ont accumulé une somme d expériences et de références qui résulte du travail mené depuis leur installation. Compte tenu du caractère récent du développement de la filière dans l île, du particularisme des espèces valorisées ces références n ont pas fait l objet de travaux particuliers ou de publications, c est pourquoi les professionnels restent seuls en mesure d apporter un conseil susceptible de maximiser les chances de réussite des différents projets. Le Syndicat sera donc consulté pour valider les différents projets sollicitant un accompagnement au travers du CPER-DOCUP. Cette consultation sera réalisée par les services de l ODARC en amont, dès le dépôt de demande au travers d une fiche synthétique mentionnant les principaux axes du projet. Une rencontre avec les porteurs de projet sera organisée afin de leur faire connaître à la fois l activité du Syndicat mais également les éventuels conseils ou observations du Syndicat. Ces conseils devront être pris en compte au niveau de la définition finale du projet qui fera l objet d un avis formel de la part du Syndicat. Cet avis sera joint à l instruction de l ODARC. 92