Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1982, 1 (2), 323-336. Bilan de deux années de production de vaccin de la fièvre aphteuse au Botswana Vaccine Institute J.J. GUINET*, J. FALCONER*, D. FARGEAUD**, M. DUPASQUIER** et M. MANNATHOKO*** Résumé : Cet article décrit la création au Botswana d'une Unité de production de vaccin anti-aphteux à utiliser en cas d'urgence. Aucun problème majeur ne s'est présenté pour la production de vaccins efficaces contre les types SAT 1, SAT 2 et SAT 3 du virus aphteux. Les vaccins produits ont été contrôlés sur bovins; d'une manière générale, les valeurs de la Puissance bovine étaient élevées. Sur le terrain, la qualité des vaccins a fait ses preuves : des foyers de la maladie ont été éliminés au Botswana et dans certains pays limitrophes. Mention est faite de la construction d'un Institut vaccinal permanent d'une capacité de production de 21 millions de doses par an. INTRODUCTION Au Botswana, pays exportateur de viande bovine, la situation sanitaire du cheptel constitue une des préoccupations les plus importantes de la Direction des Services Vétérinaires du pays. L'organisation de la lutte contre la fièvre aphteuse remonte au début des années 1950 et fait appel, entre autres mesures, à la vaccination depuis 1964. En 1977, les vaccins disponibles sur le marché ayant été inefficaces pour contrôler les foyers de fièvre aphteuse alors apparus, le Gouvernement de la République du Botswana décida de construire et d'exploiter son propre Institut de production de vaccins antiaphteux, en collaboration avec la firme IFFA-Mérieux. Afin de faire face à la situation d'urgence et de mettre à la disposition du Botswana des vaccins efficaces dans les meilleurs délais, l'accord de coopération prévoyait de procéder en deux étapes successives : la phase I : phase d'urgence destinée à étudier les différentes souches de virus aphteux et à produire des quantités limitées de vaccin; la phase II : construction d'un Institut permanent ayant une capacité initiale de production de 21 millions de doses monovalentes par an. * Botswana Vaccine Institute (PTY) Ltd., P.B. 0031, Gaborone (Botswana). ** IFFA-Mérieux, 254, rue Marcel-Mérieux, 69007 Lyon (France). *** Department of Veterinary Services and Tsetse Control, P.B. 0032, Gaborone (Botswana).
324 Grâce à l'excellente collaboration entre les autorités du Botswana et l'équipe technique française, ainsi qu'à la mise à disposition rapide de moyens financiers issus de la C.E.E., moins de cinq mois après la signature de l'accord du 12 mai 1978, le premier vaccin expérimental était mis au point et, six mois plus tard, une production semi-industrielle était lancée. Entre avril 1979 et début 1981, la capacité de production fut progressivement augmentée de 100.000 doses monovalentes par semaine à près de 250.000 doses. Ce n'est qu'en octobre 1981 que les installations de la Phase II seront mises en exploitation. Cet article décrira les résultats obtenus : au niveau de la production industrielle de vaccins anti-aphteux à base de souches virales d'origine spécifiquement africaine (types SAT 1, SAT 2 et SAT 3); au niveau des contrôles effectués sur ces vaccins, en particulier les contrôles d'activité directe ou indirecte, ainsi que certains résultats obtenus sur le terrain. VACCINS Des études sérologiques et immunologiques approfondies faites sur de nombreuses souches virales des différents types SAT 1, SAT 2 ou SAT 3 originaires principalement de l'afrique australe ont permis de sélectionner des souches vaccinales de virus aphteux entrant dans la composition de vaccins efficaces. Les vaccins industriels produits sont présentés sous les formes commerciales suivantes : vaccin monovalent «sensu stricto» : une seule souche vaccinale d'un seul type (SAT 1, SAT 2 ou SAT 3) est présente dans le vaccin; vaccin monovalent de mélange : association de souches vaccinales de sous-types différents mais de même type; vaccin bivalent : association de souches vaccinales de deux types différents. Actuellement, le vaccin bivalent utilisé au Botswana est un vaccin associant des souches de type SAT 1 et SAT 2; chaque valence représentée est ellemême l'association de deux souches vaccinales. Dès la mise en service des installations de la Phase II, il sera possible de préparer des vaccins trivalents associant les types SAT 1, SAT 2 et SAT 3. Le volume de la dose vaccinale est de 1 ml par valence. Les souches vaccinales utilisées sont au nombre de cinq : type SAT 1 : Botswana 1/77 (SAT 109) Rhodésie 12/78 (SAT 105) type SAT 2 : Botswana 8/78 (SAT 207) Rhodésie 2/79 (SAT 213) type SAT 3 : Afrique du Sud... 1/80 (SAT 305) ±
325 La souche SAT 3 a été utilisée à titre expérimental seulement, et a donné pleinement satisfaction. Tous les virus aphteux sont multipliés sur épithéliums de langue de bovin selon la technique Frenkel spécifique à l'iffa-mérieux. La multiplication du virus est contrôlée à l'aide de la réaction de fixation du complément, méthode à 50% d'hémolyse d'osier adaptée par Roumiantzeff, et par titrage d'infectiosité sur cellules de lignée de rein de porc (IRP 1). Chaque souche vaccinale a fait l'objet d'études approfondies concernant différents paramètres de culture tels que : température et durée de culture, oxygénation et agitation. Après clarification et purification, les virus sont inactivés grâce à l'action combinée du ph, de la température et d'un agent chimique, tel que le formaldéhyde, et sont ensuite concentrés de façon à inclure sous un volume réduit une certaine quantité d'antigène variant selon les souches utilisées. La phase finale de la fabrication du vaccin consiste à incorporer, sous agitation douce, les antigènes aux adjuvants classiquement utilisés lors de la fabrication, destinés à l'espèce bovine : hydroxy de d'alumine homogénéisé et ajusté à un ph préétabli; saponine, dont l'origine, la toxicité et le pouvoir adjuvant ont été dûment contrôlés. Le ph final du vaccin doit être voisin de 8. Enfin, des vaccins de mélanges sont réalisés à partir des lots monovalents afin de répondre de la manière la plus efficace possible aux contextes épidémiologiques propres aux pays auxquels ils sont destinés. CONTRÔLE DES VACCINS PRODUITS Toutes les matières premières et produits chimiques utilisés pour la fabrication des vaccins proviennent de lots préalablement contrôlés. Les contrôles effectués sur les vaccins peuvent être répartis en deux catégories : des contrôles immédiats : inactivation virale, stérilité, innocuité et activité du produit fini; des contrôles dans le temps : durée de conservation des vaccins produits et durée d'immunité des animaux vaccinés. 1. Contrôle d'inactivation sur cellules. Après action du formol, préalablement titré, sur le virus industriel servant à la fabrication d'un lot de vaccin monovalent, 10 ml de la suspension virale inactivée sont prélevés et passés sur une culture de cellules de lignée de rein de porc. Un examen de la couche cellulaire est réalisé 48 heures après. Après congélation-décongélation, une subculture d'une durée de 48 heures est faite. L'examen final permet de conclure que le lot n'est acceptable que si aucun effet cytopathique n'est observé sur le tapis cellulaire.
2. Contrôle de stérilité. 326 La stérilité bactériologique et mycosique de chaque lot de vaccin est recherchée sur les milieux suivants : bouillon et gélose-trypticase-soja incubé à 37 C. L'examen final est fait après 14 jours. 3. Contrôle d'innocuité. Tous les contrôles sur bovins sont réalisés dans la station de contrôle de Motopi, station située dans le nord du Botswana. Dès la mise en route de la Phase II, ces contrôles seront réalisés à Gaborone dans des étables hautement protégées, faisant partie intégrante des installations. Tous les bovins utilisés sont des animaux pleinement sensibles au virus aphteux, en particulier, indemnes d'anticorps séroneutralisants. Tous les lots de vaccins, monovalents ou de mélanges, sont soumis à ce contrôle dont l'objet est de mettre en évidence l'innocuité spécifique et non spécifique des produits. Vaccin monovalent : 3 animaux sensibles reçoivent 5 doses de vaccin (5 ml) par voie intradermolinguale, réparties en une vingtaine de points et 10 doses par voie sous-cutanée au niveau du fanon. Vaccin de mélange : 2 animaux sensibles sont utilisés, et de la même façon que pour les vaccins monovalents, reçoivent entre 3 et 5 doses de vaccin par voie intradermolinguale et entre 5 et 10 doses par voie sous-cutanée. Les animaux sont ensuite maintenus en observation pendant 6 jours et le test est considéré comme satisfaisant si les conditions suivantes sont réunies : absence d'hyperthermie importante et de longue durée; absence de lésions linguales, buccales et podales dues à la fièvre aphteuse; la réaction locale au niveau du fanon doit être limitée et ne pas entraîner de troubles généraux. Dès le transfert des contrôles dans les étables des nouvelles installations de la Phase II, ils seront réalisés suivant les protocoles de la Pharmacopée européenne. 4. Contrôle d'activité. Comme les contrôles d'innocuité, ils sont mis en œuvre dans la station de Motopi et font appel à des bovins sensibles. Contrôles d'activité directe. Ils sont réalisés selon la technique de la Puissance bovine utilisée par IFFA-Mérieux et recommandée par la Pharmacopée européenne. Elle est appliquée ainsi :
327 Vaccination par voie sous-cutanée de 3 groupes de 5 bovins chacun, à l'aide de dilution variable de vaccin (dose, 1/3 dose, 1/9 dose), sous un volume constant de 1 ml. Les dilutions de vaccin sont faites en tampon carbonate ph 8,5; immunologiquement neutre. Epreuve virulente 21 jours plus tard, par injection intradermolinguale de 10.000 DIB 50%, répartie en deux points, de 0,1 ml d'un virus bovin homologue de la souche vaccinale. Deux ou trois bovins sensibles supplémentaires sont utilisés comme témoins d'épreuve. La durée de l'épreuve est de 7 jours, les animaux sont suivis cliniquement. La lecture se fait par recherche des lésions de généralisation podales. Depuis 1980 environ, un lot sur quatre de vaccin monovalent produit (d'un volume de 200.000 à 250.000 doses) subit ce test selon cette technique, afin d'assurer un contrôle efficace de la qualité des vaccins commercialisés. Contrôles d'activité indirecte. Ils utilisent la technique de séroneutralisation sur cellules de lignée de reins de porc (proches de IBRS2) et sont réalisés sur plaques Microtest. Les titres séroneutralisants des sérums des bovins vaccinés sont exprimés par le logarithme de l'inverse de la dilution du sérum, avant mélange avec le virus, protégeant 50% des cupules. Ces titrages d'anticorps anti-aphteux sont réalisés sur les sérums des bovins des contrôles d'activité directe, 21 jours après la vaccination. Enfin, des titrages ont pu être réalisés sur des sérums issus d'animaux vaccinés lors des campagnes de vaccination, que ce soit au Botswana ou dans d'autres pays limitrophes. Ils ont permis d'apprécier l'efficacité des vaccins sur le terrain. 5. Contrôles dans le temps. Des protocoles expérimentaux sont en cours de réalisation pour pouvoir apprécier : la durée de conservation des vaccins produits et leur efficacité après des périodes supérieures à une année; la durée d'immunité conférée à des bovins adultes après une primovaccination suivie d'un rappel. RÉSULTATS A. INACTIVATTON Environ une centaine de lots de vaccins ont été contrôlés et tous ont passé avec succès le contrôle d'inactivation, aucune virulence résiduelle n'a encore été observée.
328 B. STÉRILITÉ Ce contrôle, effectué aussi bien sur les lots de vaccins monovalents que de mélange, a été mis en oeuvre sur plus de 150 lots de vaccins. Tous les résultats observés ont été satisfaisants. C. INNOCUITÉ Tous les résultats sont résumés dans le Tableau I et ont intéressé 153 lots de vaccins qui tous se sont révélés absolument inoffensifs. Ceci représente près de 15 millions de doses commerciales monovalentes. Ces contrôles ont nécessité l'utilisation de 404 bovins au total. TABLEAU I Résultats des contrôles d'innocuité sur bovins Vaccins testés Lots acceptés Lots refusés Total lots contrôlés Monovalent SAT 1 33 0 33 Monovalent SAT 2 64 0 64 Monovalent SAT 3 1 0 1 Mélange SAT 1 13 0 13 Mélange SAT 2 31 0 31 Bivalent SAT 1 + SAT 2 11 0 11 Total 153 0 153 D. ACTIVITÉ 1. Vaccins contrôlés par épreuve homologue de type SAT 1. Tous les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau II. Les deux souches vaccinales SAT 1 (Rhodésie 12/78 et Botswana 1/77) utilisées présentent un pouvoir immunogène élevé. La réponse des bovins en anticorps séroneutralisants à la primo-vaccination à dose est comparable aux résultats obtenus par l'iffa-mérieux. Les trois témoins utilisés dans chaque test ont toujours montré des lésions de généralisation très importantes sauf une seule fois où un témoin n'a pas montré de lésions podales. 2. Vaccins contrôlés par épreuve homologue de type SAT 2. Tous les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau III. Les deux souches vaccinales SAT 2 (Botswana 8/78 et Rhodésie 2/79) confèrent une bonne protection aux bovins vaccinés.
TABLEAU II Contrôle des vaccins par l'épreuve homologue de type SAT 1 Résultats lecture épreuve* N lot Anticorps Valeurs le jour de l'épreuve. bovins vaccinés a dose 1 dose 1/3 dose 1/9 dose Pb FPb Q,.. ïjoucne vaccinale 329 5/5 5/5 4/5 16,52 2,32 N.T. 9004 0407 5/5 4/5 3/5 11,04 2,67 m = l,62 N = 5 Sd = 0,2' KJioüesie i 0412 5/5 5/5 3/5 ]0>35 1 74 m= j42 N = 5 Sd = 0,2C 1403 5/5 3/5 1/5 4,27 1,85 m = l,36 N = 5 Sd = 0,31 127/8 91403 5/5 3/5 2/5 5,71 2,22 N.T. Y 1 0401 5/5 5/5 3/5 10,35 1,74 N.T. Botswana 0405 5/5 5/5 5/5 >16,52 2,32 m = l,50 N = 5 Sd = 0,2: " 1405 5/5 4/5 2/5 6,93 2,03 m=l,18 N = 4 Sd = 0,3; w * Epreuve homologue et résultats exprimés par le nombre de bovins protégés par rapport au nombre de ceux éprouvés; critère de protection : aucune lésic podale d'origine aphteuse. ** Facteur de précision de la Puissance bovine (Pb).
TABLEAU III Contrôle des vaccins par l'épreuve homologue de type SAT 2 Valeurs..,.,.,, Anticorps le jour de l'épreuve Résultats lecture épreuve* N lot bouche vaccinale d bovins vaccinés a dose 1 dose 1/3 dose 1/9 dose Pb FPb 330 9001 5/5 5/5 5/5 > 16,52 2,32 N.T. Q. 91510 5/5 5/5 5/5 >16,52 2,32 N.T. Botswana 91511 5/5 5/5 2/5 8,14 1,57 N.T. = 0,84 N = 5 Sd = 0,244 0525 5/5 5/5 3/5 10;35 1>74 m 1503 5/5 5/5 3/5 10,35 1,74 m=l,43 N = 3 Sd = 0,390 87/8 0501 5/5 5/5 3/5 10,35 1,74 N.T. 0511 4/5 4/5 2/5 7,44 3,70 m=l,48 N = 4 Sd = 0,465 0516 5/5 5/5 3/5 10,35 1,74 m = 2,12 N = 5 Sd = 0,259 0517 5/5 1/5 1/5 2,82 1,93 m = 2,04 N = 5 Sd = 0,391 SAT 2 Rhodésie 2/79 01512 4/5 3/5 0/5 2,59 1,90 m =1,72 N = 5 Sd = 0,476 0528 5/5 3/5 1/5 4,27 1,85 m=l,54 N = 5 Sd = 0,230 1508 5/5 5/5 2/5 8,14 1,57 m=l,58 N = 4 Sd = 0,299 * Epreuve homologue et résultats exprimés par le nombre de bovins protégés par rapport au nombre de ceux éprouvés; critère de protection : aucune lésion podale d'origine aphteuse. ** Facteur de précision de la Puissance bovine (Pb).
331 Si, avec la souche Botswana 8/78, les résultats en puissance bovine ont toujours été très bons et très groupés, par contre, avec la souche de Rhodésie, ces résultats ont été plus dispersés, allant du très bon (lots 0501, 0516) jusqu'au médiocre (lots 0517, 01512). Cependant, le pourcentage de protection des bovins vaccinés à dose a toujours été excellent. A l'exception de deux fois, tous les témoins utilisés dans ces tests ont montré des lésions de généralisation pódales aux membres postérieurs et antérieurs. 3. Vaccin de type SAT 3 contrôlé par titrage des anticorps séroneutralisants. Un seul lot de vaccin (OE 401) de type SAT 3 (souche vaccinale R.S.A. 1/30) a été produit et son activité a été contrôlée seulement de façon indirecte par titrage des anticorps séroneutralisants de bovins sensibles, 21 jours après vaccination. Pour 5 animaux vaccinés, la moyenne des titres a été supérieure à 1,8. Ce résultat satisfaisant a été confirmé lors de l'utilisation sur le terrain de ce lot de vaccin qui a permis aux Autorités vétérinaires de la République d'afrique du Sud de juguler une épidémie de type SAT 3 au début de l'année 1980. Parmi les animaux du terrain, 8 bovins sensibles ont été contrôlés en anticorps, trois semaines après vaccination : la moyenne des titres a été égale à 2,05. 4. Contrôle d'activité indirecte. Plusieurs contrôles de différents lots de vaccin ont été ainsi réalisés à partir d'animaux sensibles, vaccinés lors de campagne de prophylaxie, que ce soit au Botswana, au Zimbabwe (Rhodésie) ou en Afrique du Sud. Ces contrôles d'activité indirecte ont surtout intéressé les souches vaccinales de type SAT 2, en particulier la souche SAT 207 Botswana 8/78. a) Souche vaccinale SAT 207 Botswana 8/78. Sur 6 séries de contrôles regroupant au total 44 bovins, la moyenne des titres en anticorps séroneutralisants après primo-vaccination a été de 2,32. Sur 2 séries de contrôles, regroupant 50 bovins au total, la moyenne, après rappel de vaccination, a été de 2,32. b) Souche vaccinale SAT 213 Rhodésie 2/79. Sur 2 séries de contrôles, regroupant 14 bovins, la moyenne, après primovaccination, a été de 1,90. c) Souche vaccinale SAT 109 Botswana 1/77. Sur 3 séries de contrôles, regroupant 28 bovins, la moyenne, après primovaccination, a été de 1,50.
332 E. CONTRÔLES DANS LE TEMPS Des protocoles sont en cours de réalisation pour établir la durée de conservation des vaccins produits. Dans la valence SAT 2, le vaccin N 91510 a été contrôlé en activité, en janvier 1980 (Pb 5=16,52; voir Tableau III). Puis, une épreuve virulente a été réalisée sur 5 bovins (vaccinés avec une dose) 18 mois plus tard, soit en juillet 1981. Tous les animaux ont été protégés (les 3 témoins d'épreuve ayant généralisé). Ceci autorise un stockage du vaccin pendant une période d'au moins 1 an 1/2. La durée d'immunité étudiée, après vaccination, montre: dans la valence SAT 1, les animaux primo-vaccinés et bi-vaccinés ont une chute très sensible du taux des anticorps après le 5 e mois; dans la valence SAT 2, un test similaire a été réalisé sur un groupe de 10 animaux ayant reçu deux injections vaccinales à deux mois d'intervalle. 6 mois après rappel, la moyenne des titres en anticorps avait baissé de façon très sensible. De tels résultats ne peuvent permettre de tirer des conclusions certaines; on peut néanmoins penser que la durée d'immunité, après primo-vaccination, ou après rappel, ne dépasse pas 6 mois. C'est pourquoi la vaccination biannuelle, telle qu'elle est réalisée au Botswana, est à recommander. DISCUSSION Les souches africaines de type SAT ont pu être adaptées avec succès à la culture Frenkel. Si on les compare aux souches de type O, A ou C, l'on peut dire qu'elles n'ont pas présenté de problèmes particuliers. La technique Frenkel IFFA-Mérieux peut donc être universellement utilisée pour des souches virales appartenant indifféremment à l'un des 7 types différents de virus aphteux. A. INACTIVATION Le procédé faisant appel au formaldéhyde comme agent chimique a permis : de conserver l'immunogénicité des virus africains utilisés dans la production des vaccins anti-aphteux au Botswana Vaccine Institute; d'aboutir en fin de fabrication à un produit d'une innocuité totale. B. ACTIVITÉ Bien que la littérature ne soit pas très abondante sur les virus de type SAT et en particulier sur les contrôles d'activité des vaccins fabriqués avec des sou-
333 ches vaccinales de cette sorte, il nous est apparu que certaines conclusions généralement observées pouvaient être largement controversées. 1. Réponse des bovins à la vaccination. Contrairement à ce qui a pu être écrit, les bovins d'origine africaine, rencontrés au Botswana, ou encore dans les différents pays voisins tels que le Zimbabwe, la Zambie, la Namibie, l'afrique du Sud, répondent de façon satisfaisante à la vaccination (même si c'est une primo-vaccination). Les résultats des contrôles d'activité directe le montrent à l'évidence; sur 100 bovins vaccinés à dose et éprouvés, seulement 2 d'entre eux n'ont pas été protégés. Les résultats obtenus sur le terrain dans les différents pays déjà mentionnés en sont un autre témoignage. Enfin, au Botswana, la vaccination deux fois par an des animaux, dans les régions où sévissait la maladie, de type SAT 1 et SAT 2, a permis d'éliminer tout foyer. Le pays est maintenant indemne de fièvre aphteuse depuis septembre 1980, permettant ainsi à l'exportation de viande à destination des pays membres de la C.E.E. d'être à nouveau autorisée depuis le 1 er juin 1981. 2. Qualité des vaccins. Bien qu'il ait été écrit que, de façon générale, les virus de type SAT étaient de mauvaises souches vaccinales, contrairement aux virus de types O, A, C, nous ne pensons pas que les virus de type SAT se comportent de façon très différente des autres types de virus. En effet, les valeurs de puissance bovine obtenues sont en général très élevées, les vaccins ainsi contrôlés s'inscrivent pleinement dans le cadre des recommandations de l'office International des Epizooties élaborées en mars 1975 lors de la XIV e Conférence de la Commission permanente de la Fièvre aphteuse. Simplement, l'on peut dire que les souches de type SAT 2 sont sûrement les plus difficiles à travailler, donnant des résultats quelque peu plus dispersés. A cet égard, deux années d'activité ne permettent pas d'accumuler suffisamment de données pour infirmer ou confirmer ce fait et il sera nécessaire de faire un autre bilan dans plusieurs années. Enfin, en ce qui concerne la durée de conservation des vaccins, le premier résultat à 18 mois obtenu dans la valence SAT 2 montre qu'il est possible d'espérer une durée de conservation satisfaisante, comparable à celle des vaccins fabriqués avec d'autres types de virus aphteux. A cet effet, un contrôle de type de puissance bovine sera réalisé après 2 ans de conservation sur ce vaccin 91510. 3. Importance des contrôles d'activité directe. En deux années, ces contrôles ont fait appel à 360 bovins. Chaque contrôle coûte au minimum 30.000 FF pour l'achat des bovins. Malgré ce prix de
334 revient élevé, il nous paraît fondamental d'augmenter la fréquence de ces contrôles plutôt que de réaliser des contrôles d'activité indirecte pour ensuite essayer d'estimer la puissance des vaccins produits. En effet, particulièrement dans le type SAT 2 (Rhodésie 2/79), on peut constater qu'une valeur moyenne élevée des anticorps séroneutralisants des bovins vaccinés à dose ne signifie pas nécessairement une puissance bovine élevée : les deux exemples des vaccins 0517 et 01512 sont significatifs à ce sujet. C'est pourquoi, dès la mise en service des étables de la Phase II, nous contrôlerons ainsi au minimum 1 lot sur 2 des vaccins monovalents produits. De plus, la connaissance exacte de la puissance bovine d'un plus grand nombre de lots de vaccins nous permettra de composer des mélanges dont la qualité sera mieux connue et plus constante tout au long de l'année. CONCLUSION Après deux années de production de vaccin anti-aphteux au Botswana Vaccine Institute, le bilan est particulièrement positif : la qualité des vaccins a fait ses preuves, tant sur le plan expérimental au niveau du laboratoire, que sur le plan pratique sur le terrain, que ce soit au Botswana ou dans les pays limitrophes; les quantités produites ont dépassé très largement les prévisions les plus optimistes qui avaient été faites : en deux années, le volume de la production a été supérieur à 15 millions de doses monovalentes. (La Phase I avait été originellement construite pour une production de 2 millions de doses par an); la vocation d'institut régional pour la fièvre aphteuse s'affirme et malgré les efforts réalisés en production, il n'a jamais été possible de satisfaire totalement la demande. Plus de 40% de la production ont été exportés vers les pays suivants : Zimbabwe, Zambie, Namibie, Swaziland, République d'afrique du Sud, Sénégal, Zaïre. REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier le Dr J. Falconer, Directeur des Services Vétérinaires, République du Botswana, pour nous avoir permis de présenter les résultats obtenus au Botswana Vaccine Institute à Gaborone. BIBLIOGRAPHIE CHEMA S. et RWEYEMAMU M.M. (1978). Selection of SAT 2 foot-and-mouth disease vaccine strains for East Africa. XVth Conference O.I.E. Permanent Commission on Foot-and-Mouth Disease, Report N 108 (Oct. 1978).
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