avec le soutien financier de ColloqueENSP-19janvier2012-DREAL/DDTM 16, rue Antoine Zattara MARSEILLE 1er. Lepartagedelacréationdesespacespublics:concertation, participation,coproduction. «Le nécessaire et nouvel usage du monde à venir ne naîtra pas du simple amendement de nos pratiques anciennes, mais exige de l invention. Voire de l utopie.» Philippe Madec Introduction: Depuis quelques années en France et en Europe se développent des projets qui associent le public à la création des espaces urbains. Responsabilité collective à l heure d une conscience écologique planétaire, actions citoyennes engagées ou façade politique populiste, les raisons de cette tendance sont multiples et difficiles à déterminer. Dans ce contexte, de nombreux concepteurs (collectifs, artistes, architectes ou paysagistes) développent des expériences de partage de la création, depuis la concertation jusqu à la réalisation en commun sur le chantier. Dans les projets d Ateliers régionaux et dans les TPFE de l ENSP, ces processus collectifs intéressent les étudiants chaque fois plus nombreux à s engager dans ce type de méthodologie de création. Les propositions de recherche se multiplient, nous proposons ainsi de faire un point sur ces processus de création particuliers pour les rendre effectifs dans les travaux des étudiants. Objectifs: Dans une démarche visant à partager différents moments du projet avec des citoyens impliqués dans la transformation de leurs espaces de vie, il est important de faire le point sur une série de définitions qui orientent les choix des types de projet. «Concertation», «projets participatifs», «jardins collectifs», «coproduction de la ville» et autres termes visant à la générosité du temps de la création où le concepteur demiurge moderniste est révolu, exigent une précision et une vue panoramique des modalités opératoires dans le développement des projets. Pour que les étudiants sachent choisir ou créer leur projet comme processus dynamique, il paraît important dans ces séminaires de fin d études de faire un état des lieux de la collaboration dans le projet et d exposer quelques expériences qui donnent l étendue des possibles de ces méthodes en constante progression.
Programme: Matinée : Définitions,positionsthéoriquesethistoriques 9h - Introduction : Etienne Ballan 10h- Sebastien Thiery / Politologue, enseignant à Sciences Po Paris et Arts Déco / collaborateur d Intégral Ruedi Baur pause 11h- Fabien Bressan Robins des villes Après-Midi : Expériencesetexpérimentations 14h- Claire Planchat 14h 45-Collectif ZOOM / Naïm Ait-Sidhoum - www.zoomarchitecture.fr pause 15h30- Collectif COLOCO / Miguel Georgieff www.coloco.org 16h15- Débat et table-ronde
Participants EtienneBallan:Sociologue,ENSPMarseille,AssociationARENES Etienne Ballan est sociologue, enseignant à l Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles-Marseille, où il est responsable de la deuxième année sur le site de Marseille. Il est cofondateur et administrateur de l Association ARENES, qui depuis 1999 conçoit et anime des processus participatifs dans tous les champs de l aménagement. ARENES intervient autant à la demande d habitants, éventuellement regroupés en association ou en collectif, qu à la demande de maîtres d ouvrages ou de maîtres d œuvres, afin de mettre en débat les projets. Etienne Ballan a mené de nombreux travaux de recherche sur la participation, et présidé l équipe spéciale sur la participation du public dans les négociations internationales de la Convention d Aarhus, aux Nations Unies. Intervention: La participation dans le projet n est pas une nouveauté. En fait, elle est à la croisée des héritages des luttes urbaines et de la montée en puissance de la conflictualité environnementale. Mais elle est aujourd hui adossée à un principe constitutionnel, le droit à la participation en matière environnementale. Dans la pratique, cependant, les professionnels de l aménagement semblent être les derniers à découvrir cette (r)évolution. Parce qu ils laissent aux élus le soin de s intéresser aux citoyens? Parce qu ils n ont pas été formés au dialogue avec les habitants? Parce que le temps du projet est compressé et que la question des usages est renvoyée à plus tard? Parce que la part d incertitude des processus participatifs n est pas acceptable par les commanditaires? Dans tous les cas, depuis le milieu des années 2000, les jeunes paysagistes sont en demande de méthodes pour associer les habitants au projet. L enseignement de la participation tente de répondre à cette demande méthodologique, et en même temps de leur donner les moyens de subvertir suffisamment la commande pour qu elle devienne elle-même participative. Afin que le projet participatif ne soit pas une niche pour quelques uns, mais une attitude pour la plupart. SébastienThiéry,enseignantchercheuràl Ecoledesartspolitiquesetàl Ecolenationale supérieurdesartsdécoratifs(ensadlab) Sébastien Thiéry est docteur en sciences politiques de l Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Collaborateur du designer Ruedi Baur depuis 2004, il crée avec celui-ci en 2008 un post-diplôme à l Ensad intitulé «Ecrire la ville». Il coordonne depuis 2007 l Atelier Immédiat, réseau de réflexion et d action réunissant des architectes autour de la question de la précarité urbaine. Chroniqueur pour la revue Mouvement et membre de son comité de rédaction, il poursuit ses recherches à la croisée des sciences politiques et de l art contemporain au sein du comité de pilotage de l Ecole des Arts Politiques créée par Bruno Latour à Sciences Po Paris, du réseau de recherche en design Civic City mis en place par Ruedi Baur à Genève, ou encore du groupe de recherche animé par Patrick Bouchain à partir de l automne 2011 sur un projet d Université foraine. Il est en outre vice président de l association Les Enfants du Canal qui développe des lieux d hébergement pour sans-abri. Intervention:Pouruneapprochepolémiquedelaparticipation. La forme idéale de cette intervention serait une pièce de théâtre qui verrait différents protagonistes s étriper autour de la notion de participation. «Nouvelle théorie sucrée du pouvoir! Tarte à la crème! Baliverne!», tempêterait un premier, chantre de l autonomie la plus échevelée. «Révolution douce?» questionnerait un second faisant état de l arsenal juridique qui, depuis vingt ans en France, redéfinit les techniques démocratiques au bénéfice des administrés. «Parole, parole, parole», chanterait un troisième, faisant valoir qu en termes d urbanisme, nombre d habitants les plus relégués ne risquent pas de participer à la participation. «Usine à
gaz!» hurlerait un quatrième, arguant qu à ouvrir plus que de raison le débat aux lubies des uns et des autres, on finira par ne plus savoir le fermer, et donc agir. Pour des raisons de production, cette intervention prendra la forme d un monologue où l on tentera néanmoins de faire entendre la polémique à travers un certain nombre d exemples issus des champs de l art, de l urbanisme et du politique. Pour tenter d approcher la complexité de l affaire, et débattre ensemble, aussi vivement que cela est nécessaire. FabienBressan:DéléguégénéraldeRobinsdesVillesetresponsablePôleconcertation Fabien Bressan est géographe-urbaniste et travaille depuis près de 8 ans au sein de l association Robins des Villes. Animée par des architectes, urbanistes, géographes, sociologues, artistes... et habitants, elle propose un autre regard sur la ville. L association se pose en relais citoyen au service d une ville conviviale et s engage pour : l implication de tous dans l aménagement du cadre de vie plus d échanges entre les différents acteurs de la ville un meilleur partage des décisions... Elle s interroge donc sur les moyens à mettre en oeuvre pour permettre aux habitants de comprendre l urbanisme et les projets de leur ville. En s inscrivant comme un acteur facilitateur, Robins des Villes oeuvre pour une meilleure cohésion entre les sphères urbaines et sociales des politiques d aménagement urbain. Intervention:«Laparticipationdeshabitantsdanslesprojetsurbains» Les principes du Développement Durable placent la participation citoyenne comme un élément transversal dans l ensemble des politiques publiques. Construire la ville durable s accompagnerait donc obligatoirement de dispositifs impliquant les gens qui la vivent et la pratiquent. Par ailleurs, il existe une réelle demande citoyenne d ouverture des cercles de décision, qui se traduit la plupart du temps par une phase conflictuelle d opposition à un projet d aménagement urbain. Face à tout cela, les maîtrises d ouvrage se sentent poussées à s ouvrir au partage de la décision. Dans les premiers exemples de projets partagés les maîtrises d'œuvre ont constaté l amélioration technique des projets grâce aux apports des habitants / usagers / citoyens et reconnaissent que ceux-ci répondent mieux aux besoins et attentes de l ensemble des acteurs. On voit donc apparaître la notion de «maîtrise d usage», véritable expertise du quotidien, de plus en plus associée aux transformations de la Cité. Pour autant, et malgré la reconnaissance et la communication organisée autour de ces beaux principes, qu en estil vraiment sur le terrain? Quels sont les enjeux et les objectifs de la participation habitante? Sur quoi fait-on participer et à quel(s) moment(s)? Quels sont les méthodes et les outils employés, et avec quels moyens? Qui est invité à donner son avis et par qui? ClairePlanchat: Claire Planchat est ingénieure-conseil au sein de l agence «Vous Etes d Ici», docteure en géographieaménagement et enseignante à l ENSA de St-Etienne. Claire Planchat développe depuis une dizaine d année, avec l Unité Mixte de Recherche Métafort (www.metafort.fr), divers outils de dialogue entre les habitants et les professionnels du monde rural dans le cadre de la construction de projets de territoires. L agence «Vous Etes d Ici» propose le partage de ces outils auprès de bureaux d études (concertation des agriculteurs pour le PLU de Billom 2008), de praticiens de l aménagement (ateliers Trames Vertes et Bleues, SCOT de Dole 2009), de paysagistes (Parc National de Tainan, Taiwan 2011), de centres de formation continue (AgroParisTech Executive 2008-2011) et aussi d artistes (regards d habitants pour le Festival du Haut Livradois 2012). Intervention:«Regardscroiséssurl agricultureentrel élu,l agriculteuretl urbaniste.» Les connaître, pour mieux se connaître. Ce principe a été développé à partir d ateliers croisant les regards des
agriculteurs, des élus du conseil municipal et des urbanistes dans le cadre de la révision du Plan Local d Urbanisme de la commune de Billom en Auvergne. Par des outils participatifs basés sur la vision prospective (scénario voulu et non voulu), les acteurs participants ont pu apprendre à connaître les pratiques et les intentions d aménagement de chacun pour construire leur vision individuelle, puis collective, des territoires agricoles souhaités. Le partage des connaissances et de la construction des projets agricoles a réduit les conflits et surtout favorisé l appropriation de diverses actions, innovantes pour ce territoire, en faveur du maintien de l agriculture. NaïmAit-Sidhoum Naïm Ait-Sidhoum est Architecte : collectifs Zoom et Pied la Biche, Enseignant à l École Supérieure d Art de l Agglomération d Annecy. Naïm Aït-Sidhoum construit à la marge des pratiques architecturales habituelles des projets d intervention à dimension collective et aux formats hétérogènes (constructions temporaires, ateliers, installations, films). Ces interventions ont en communs d aborder les problématiques d espaces et/où de territorialité par des biais non attendus mobilisant des référents habituellement exclus de ces réflexions : jeu, pop culture, mondes fictionnels etc. Intervention:«Villeneuve-1972/2012». Le quartier de la Villeneuve situé au sud de l agglomération grenobloise est un grand ensemble des plus singuliers. Il est non seulement le support d une innovation formelle qui condense les grands thèmes de l idée de paysage urbain de la modernité tardive mais aussi une plateforme de création programmatique dont l étonnante vidéogazette, réseau de télévision local dont les programmes sont fabriqués par les habitants. Cet exemple montre comment est intégrée une dimension : celle du média, à l intérieur même de la conception d un morceau de ville. Dimension reprise aujourd hui dans le cadre d un projet de fiction télévisée dans ce même quartier sous la forme d une série. Projet intervenant dans le cadre de la transformation urbaine du lieu alors que celui-ci connaît aujourd hui un déficit d image lié à la crise des grands ensembles français. A travers cet exemple nous souhaitons activer l idée que le projet urbain et/où paysager est aussi une construction collective qui met en jeu les dimensions de la parole, du récit et de la fiction dès lors qu ils sont partagés. MiguelGeorgieff:PaysagisteDPLG/collectifCoLoCo,EnseignantENSPVersailles Miguel Georgieff est Paysagiste DPLG (Versailles, 1999) et fondateur du collectif Coloco, groupement de concepteurs qui axe ses recherches sur les dynemiques écologiques urbaines et les appropriations de la ville. Coloco se configure avec des approches pluridisciplinaires selon les besoins des projets pour proposer des solutions adaptées à chaque situation. Dans l interface entre recherche, bureau d études et initiatives pédagogiques, nous essayons de travailler à la rencontre entre les différents acters de la ville pour mettre en œuvre le meilleur de chacun concrètement, à travers la construction. Intervention:«Lepartagedelacréationàtraverslaconstruction:lechantiercommefête»: Partant du constat que les solutions à la nécessité donnent lieu à des réponses créatives et innovantes, la plupart du temps issues d un projet spontané, nous avons établi un relevé de situations qui interrogent notre pratique de concepteurs (Habiter les Squelettes 2003, Jardins Aériens 2005). Suite à des expériences de constructions collectives dans différentes situations géographiques (Japon 2008, Russie 2009, Bosnie 2010 et 2011), nous avons éprouvé l intérêt de partager la création et la construction comme rencontre et comme germes d appropriation. A partir de réflexions à grande échelle et de rencontres de terrain, nous utilisons différents modes d intervention participatifs dans l espace public où nous avons développé des projets qui ouvrent la création in situ aux initiatives des futurs usagers. Nous cherchons ainsi à développer des perspectives d «invitation à l œuvre», plutôt que de «maîtrise d œuvre»