Le défi de la consom action



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2008 Le défi de la consom action Comble du cynisme de la consommation, cette peluche avec la mention : Fait à la main avec amour en Chine

LE DEFI DE LA CONSOM'ACTION L'environnement est notre pain de ce jour et aussi, celui des jours à venir par Janet Stevens André POCHON, alors Président de VivArmor Nature, a parlé, dans son rapport d'orientation à notre Assemblée Générale 2008, du fait que "nous devons être des consom'acteurs" (voir Le Râle d'eau n 133, p. 11-12). A travers cet article, nous allons essayer de nous rendre compte de ce que cela engendre pour notre consommation alimentaire notamment, à un moment où nos journaux nous rappellent chaque jour que la crise alimentaire touche de nombreux pays à travers le monde. Crise, elle aussi, intimement liée à la relation du genre humain avec son environnement naturel. I. Pourquoi VivArmor Nature est concernée L'association VivArmor Nature est née du désir de mieux connaître et de protéger la nature dans notre belle région. Mais très tôt on s'est rendu compte que, pour protéger la nature, il faut protéger l'habitat ; ce qui nous a amené à militer pour l'application de la Loi Littoral et à lutter contre les effets néfastes d'une agriculture devenue trop productiviste. Il faut aujourd hui aller plus loin, toujours dans le même but de protéger la nature, notamment en prenant conscience des changements de comportement qui vont s'imposer à nous, dans notre façon de boire et de manger. Cette démarche semble inéluctable si nous voulons réussir "la nécessaire réconciliation entre l économie et l écologie" (phrase de Jean-Claude PIERRE) qui nous permettrait de vivre dans notre monde sans le détruire. Rentrons dans le cercle vertueux en y réintégrant la nature... 2

II. Se nourrir, c'est aussi une question d environnement Le mot "nourriture" renvoie souvent à la notion de "santé". Ce qui se comprend parfaitement, étant donné les divers scandales (ESB/nouvelle forme de la maladie de Kreuzfelt-Jacob, effets pervers de la malbouffe comme l épidémie de l'obésité, etc.). Mais il devrait aussi faire penser au terme : "environnement" ; car on pourrait dire que tous nos problèmes environnementaux majeurs sont partiellement liés, d'une manière ou d une autre, à notre façon de produire, échanger, transporter, acheter, cuisiner nos denrées alimentaires et gérer les déchets qui en découlent. - notre agriculture actuelle engendre des pollutions ; cultiver nos propres potagers avec pesticides, également ; - nous nous sommes habitués à trouver dans nos magasins n'importe quel produit à n'importe quelle saison ; d'où le transport en Europe de pommes de la Nouvelle Zélande et le fameux problème des "food miles" (distance parcourue par un aliment entre son lieu de production et votre assiette) ; - nous achetons beaucoup de produits qui viennent de loin et dont le transport à un incidence sur l effet de serre ; - nous (collectivement) mangeons de plus en plus de viande, ce qui représente une transformation très inefficace de protéines végétales en nourriture humaine ; - nous ne luttons toujours pas suffisamment contre la perte de ressources en achetant par exemple des produits suremballés ; nous jetons de nombreux restes alimentaires, dont beaucoup pourraient être compostés. Ces gestes entraînent un excès de travail pour nos déchèteries, une perte d'énergie et engendrent des pollutions ; - de plus, nous jetons des denrées intactes - quelquefois même pas déballées. Une étude récente du gouvernement britannique montre que mes compatriotes (je suis anglaise) et donc vos voisins, jettent chaque année 12,7 milliards d euros de produits alimentaires qui auraient pu être mangés - dont 10,2 milliards de pots de yaourt, des poulets et des repas "prêts à manger" même pas ouverts. Le foyer moyen britannique jette chaque année 534 d'aliments. Estce que les Français font mieux? Et tout ça à un moment où on se préoccupe du pouvoir d'achat III. Penser globalement Et tout cas, à un moment où, plus de 100 millions de personnes dans le monde se trouvent face à la faim, suite à la flambée du prix des denrées. Une flambée causée par : - une demande croissante de certains grands pays comme l'inde et la Chine ; - de maigres récoltes dues à des variations climatiques toujours plus marquées et surtout à un manque d'eau ; - des prix d'énergie toujours en hausse ; - les interdictions d'exports de certains pays qui craignent pour leur propre sécurité alimentaire ; - des spéculations sur le marché alimentaire ; - et, ne l'oublions pas, l'utilisation de céréales pour en faire des biocarburants. Le cas des biocarburants est intéressant. Nous parlons des effets de nos choix alimentaires sur notre environnement. Dans ce cas, on se trouve confronté au fait d aider l'environnement, en réduisant les émissions des véhicules et donc de l'effet de serre ; mais dont le résultat est en réalité une catastrophe alimentaire et sociale, entraînant dans certains pays une réduction de la disponibilité de denrées pour 3

nourrir leurs populations! Tout ceci démontre que nourrir le monde, comme sauver notre environnement, est trop important pour être laissé aux seuls marchés mondiaux. Et tout ça dans un monde où la pénurie d'eau deviendra de plus en plus importante... Pour produire une kilogramme de boeuf, il faut sept kilogrammes de céréales. Produire de telles quantités de céréales pour nourrir encore plus de bétail, ou faire des biocarburants, consommera à terme beaucoup d'eau. Pas très pratique là où l offre en or blanc est déjà en train de baisser fortement. Nous allons avoir à faire face au problème suivant : la seule façon de résoudre toutes ces difficultés se trouvera dans les laboratoires des sociétés de haute technologie agroalimentaire. Pour des gens comme moi qui ont vécu les promesses non tenues de la "révolution verte" des années 70, la méfiance est au rendez-vous! Heureusement, il y a de plus en plus de voix entendues, qui disent que les technologies toutes seules ne fourniront pas de solutions définitives. Le professeur Robert WATSON est le directeur de la plus grande étude jamais réalisée au sujet des rendements agricoles, l'international Assessment of Agricultural Science and Technology for Development (IAASTD), dont le rapport a été publié mi-avril 2008 (Etude soutenue par la Banque Mondiale et l'oms et avec la participation du UN World Food Programme). Dans le "Guardian" du 30 avril 2008 il écrit : "On ne peut plus penser à l'agriculture comme uniquement de la production. Il faut reconnaître explicitement les liens entre ses fonctions économiques, sociales et environnementales." Pour construire une agriculture vraiment durable, il sera également important de soutenir, de valoriser l'expertise locale et de réformer le commerce mondial pour garantir de la rentabilité aux petits producteurs et permettre aux pays en cours de développement d'atteindre un niveau acceptable de sécurité alimentaire sans compromettre leur environnement. Le rapport IAASTD souligne que, pour nourrir le monde, nous aurons certainement besoin de la science et des technologies mais il considère qu'il en existe déjà beaucoup ; nous savons déjà comment gérer le sol et l'eau pour accroître la rétention de l'eau dans le sol ; il y a déjà des biotechnologies dites "conventionelles" pour nous aider à améliorer les variétés. En ce qui conerne les OGM, il note que les données sur quelques variétés OGM fournissent de meilleurs rendements dans quelques endroits et de moins bons rendements dans d autres. Lorsqu'on a demandé au Professeur WATSON si les OGM peuvent être la solution contre le faim dans le monde, il a dit que: "La réponse est simple, c'est non." IV. Agir localement Et bien, qu'est-ce qu'on peut faire, nous? Il faut bien continuer de manger, n est-ce pas? Voici ci-dessous des démarches concrètes qui sont abordables par tout le monde : 1. Sauf contre-avis dans des cas très spécifiques, nous pouvons boire l'eau du robinet. Ça ne nuit pas à la santé et évite des nuisances à l'environnement, y compris les dépenses d'énergie dues à la production et au transport (pleines et vides) des bouteilles en plastique et à leur recyclage. 2. Jardinons sans produits chimiques, surtout dans le potager et près des cours d'eau. (Les arrêtés préfectoraux du 4 avril 2005 et du 1 février 2008 interdisent l'application de tout produit phytosanitaire à proximité des fosses, canaux, cours d'eau etc.). Pensons plutôt compostage, paillage, binage, désherbage thermique... Les fruits et légumes de notre jardin seront meilleurs pour notre santé et nous contribuerons aussi à la lutte contre la pollution de l'eau. 3. Privilégions les protéines non-animales, les céréales et les légumes dans notre alimentation. Pas 4

besoin de devenir végétarien mais pas besoin non plus de manger chaque jour 250 g de viande. Nous contribuerons ainsi à réduire les importations de viande et d aliments pour bétail, dont la production dans les pays du Tiers Monde nuit très souvent à l'environnement (perte de la forêt d'amazonie, etc.). 4. En achetant nos denrées, privilégions autant que possible les circuits courts - vente à la ferme, paniers de produits locaux, etc. Nous achèterons plus de produits frais, locaux et de saison et nous contribuerons ainsi à la réduction des fameux "food miles", donc à la réduction des dépenses d'énergie dues au transport. 5. Nous sommes consomm'acteurs - les gros producteurs et la grande distribution font attention à nos choix d'achat. Dans les grandes surfaces, regardons soigneusement l'étiquettage des produits : - évitons tout produit contenant des OGM. Ils viennent pour la plupart des modes de production très intensifs qui nuisent à la biodiversité dans nos champs ; - préférons les produits locaux plutôt que des pommes des antipodes ; - cherchons les étiquettes du Commerce Equitable. Vous aimez sans doute le café, le thé, le chocolat et les bananes, qui ne sont pas cultivés chez nous. En achetant de tels produits issus du CE, nous aiderons les petits producteurs des pays du Tiers Monde, qui sont normalement soucieux aussi de leur environnement. 6. Pensons à trier nos déchets de cuisine - l'organique représente 30 à 50 % des déchets ménagers, dommage d'accroître ainsi inutilement la quantité des déchets municipaux quand on pourrait en faire un compost de grande valeur. Des bacs spéciaux pour ça existent, même de petite taille pour les petits foyers - et si vous n avez pas de jardin, vos plantes d'intérieur peuvent en profiter. DEVENIR ECOCITOYEN C EST AUSSI BOIRE ET MANGER PLUS ECOLO! Présentation : Janet Stevens habite la France depuis 1987 et Lézardrieux depuis 1999. Elle adhère à VivArmor Nature depuis 1995. De septembre 1990 à décembre 1998, elle était coordinatrice du programme APELL (Awareness and Preparedness for Emergencies at Local Level - Information et Préparation au Niveau Local) au sein du bureau Industrie et Environnement du Programme des Nations Unies pour l'environnement (UNEP) à Paris. Depuis 2001, elle est responsable bénévole de la bibliothèque de la Biocoop Lun & Sol de Paimpol. 5