«GARANTIR LE DROIT À UNE ALPHABÉTISATION DE QUALITÉ POUR TOUS»



Documents pareils
La planification de l offre médicale en Belgique: les kinésithérapeutes

POLITIQUE DE COHÉSION

COMMUNIQUÉ DE PRESSE. La microfinance : un outil important de réinsertion sociale en Belgique depuis 10 ans

«Challenging social reality, inspiring experiences»

PROGRAMME BOURSES D'ETUDES ET DE STAGES «HORS PROJET»

I. Accord obtenu sur un certain nombre de principes de base = note de synthèse.

Inégalités sociales de Santé Propositions du SMG dans le cadre de la discussion conventionnelle

Appel à projets Soutien à la dynamique des Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE)

Enquête publique sur les changements climatiques Compléments aux graphiques

Catherine Bastyns, Lire et Ecrire (Belgique francophone)

Nécessité d un «électrochoc» fiscal

«Panorama transfrontalier de l économie sociale et solidaire»

EUROPE-INTERNATIONAL. Isabelle Compagnie Chef du Service International Union des Villes et Communes de Wallonie

Comité national d évaluation du rsa Annexes

Bilan de la concertation sur le PEDT

Dossier de presse «Fais-nous rêver-fondation GDF SUEZ»,

APERÇU DE LA POLITIQUE EN FAVEUR DES PERSONNES HANDICAPEES EN BELGIQUE

demain Aujourd hui ACDIC A. PRESENTATION DE L ACDIC B. 10 ANS D ACTIONS. Des actes concrets, des effets, des impacts C. DES ACQUIS ET ATOUTS CERTAINS

Connecticut Haitian Voice Mars 2009

Avant de commencer, merci de renseigner les données suivantes :

Migration: un plus pour la Suisse Relations entre État social et migration: la position de Caritas

1- Présentation de la structure

DOSSIER DE PRESSE. Organisateur. Contact. Carolina Cardoso life.eu Chargée de communication + 32 (0)

Une solution. d assurance pour. les dommages causés. par le terrorisme

2) Qu est-ce que la cohésion sociale et l inclusion?

Le CRM en BFI : une approche du pilotage stratégique

CIRCULAIRE N /09/2008

ETUDIER À L ÉTRANGER BELGIQUE

La priorité est donnée aux secteurs de concentration de la coopération belge au développement et aux thèmes transversaux suivants:

Le FMI conclut les consultations de 2008 au titre de l article IV avec le Maroc

LA FINANCIÈRE AGRICOLE DU QUÉBEC PLAN D ACTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Qui fait quoi sur internet?

Intervention: Pauvreté et Acces à la Justice

10h-13h Tour de table / Accompagnement de projet Intervenants: Alaa Homsi (Club international des Jeunes à Paris)

LES ORGANISMES DE BIENFAISANCE, LES CITOYENS ET LE GOUVERNEMENT FÉDÉRAL :

Réduire la pauvreté : comment les collectivités territoriales peuvent-elles être des catalyseurs du développement économique pro-pauvre?

L organisation du programme «Jeunes pousses» Rapport

Les dossiers de l enseignement scolaire. l Éducation nationale et la formation professionnelle en France

Deux jours pour le leadership jeunesse 9 et 10 octobre 2014, Université Laval, Québec

Stratégie du Pôle Social. Stratégie du Pôle Social

mission Le conflit des «gars de Lapalme»,

Intervention de Marisol TOURAINE. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des. femmes. Maison de Santé Pluridisciplinaire

educationsolidarite.org

Un week-end de Solidarité Au camping de l ASPTT en Ardèche

EN BELGIQUE, LES MUTUELLES NE REMBOURSENT PAS LES

Comment se traduisent nos valeurs dans le projet de l association? Intervention de Patrick Stelandre Directeur Idée 53. Les jeudis de l hémicycle

LE SAMU SOCIAL DE BRUXELLES

Les services à la personne : nouveaux marchés pour de nouveaux entrepreneurs

D M.B Le Parlement de la Communauté française a adopté et Nous, Gouvernement, sanctionnons ce qui suit :

ENQUÊTE SALARIÉS. VIAVOICE Mieux comprendre l opinion pour agir 178 rue de Courcelles Paris + 33 (0)

Maréchal Ardans-Vilain. Denis. "Nos priorités : la jeunesse, la solidarité et le développement économique." Programme. Michel Petiot.

Présentation du programme de danse Questions-réponses

E-Forum sur l Approche par les Compétences

Documents nécessaires pour l inscription

La crise n'a pas entamé la générosité des belges

23 juli 2013 PROJET DE RELEVE DU NIVEAU DES ELEVES DU CYCLE SUPÉRIEUR DU SECONDAIRE.

Collège d autorisation et de contrôle. Avis n 02/2011

Introduction Frédéric PETITBON Un contexte difficile Nicolas PERNOT

BELGIQUE. Septième session de la Conférence des Etats Parties à la Convention relative aux Droits des Personnes handicapées

ET LES DISPONIBILITÉ ARMÉES NATIONALE. 1 er mars

Commentaires de l ICÉA à la Commission canadienne de l UNESCO - Suivi de CONFITEA VI page 2

PROTOCOLE D ACCORD. Pour la création du CODETIC

NOMENCLATURE ECONOMIE SOCIALE SOLIDAIRE (ESS)

Programme Bourses Diversité et Réussite

Parc naturel régional du Perche Maison du Parc- Courboyer Nocé

Charte de la laïcité à l École Charte commentée

Les diplômes. Session 2012

Peut-on envisager un effet direct?

Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes?

MegaStore Manager ... Simulation de gestion d un hypermarché. Manuel du Participant

LE CONGÉ SOLIDAIRE DEUX SEMAINES POUR AGIR AU SERVICE DE LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE

SSIG UN ÉCLAIRAGE COMPARATIF PA S C A L E V I E L L E F E R R A R A 1 4 / 0 2 /

Principaux résultats de l enquête

Régime d assurance-maladie, de soins dentaires et d assurance-vie pour les artistes professionnels. Proposition de partenariat public-privé

Concertation et synergies locales: la force de la coopération. Symposium Non-Marchand 13 et 16 novembre 2012

LES OUTILS EUROPÉENS DE PROTECTION SOCIALE EN BREF

Cahier de charge application cartographie (base de données des acteurs et des lieux culturels)

Eléments de présentation du projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture par le Conseil supérieur des programmes

Conclusions du Conseil sur la dimension stratégique du patrimoine culturel pour une Europe durable

ATELIER Les mutuelles de santé comme acteur et partenaire de la couverture santé universelle

Un gouvernement qui agit en misant sur l investissement privé

portrait d un Cabinet d Avocats

Plan Local de Développement de l Économie Sociale et Solidaire

Le Triangle de la solidarité

PERMIS DE TRAVAIL A, B, C. Viktor BALLA Juriste, Ce.R.A.I.C. asbl Le 7 Mai 2013

Contribution à la Consultation nationale des acteurs du soutien à la parentalité

Myflexy P ark. dossier de presse. 30 janvier Dossier de presse réalisé avec le soutien d InnovaTech ASBL

Qu est-ce que l adaptation au changement climatique?

Restructurations et réductions d emplois dans le secteur bancaire belge

INFORMATIQUE SYSTÈMES D EXPLOITATION TRAITEMENTS DE TEXTE LES BASES DE WINDOWS (COURS MODULE 2 ECDL)

PROJET EDUCATIF 1/ INTRODUCTION AU PROJET EDUCATIF : BUT, PUBLIC VISE ET DUREE DU PROJET

Le diagnostic Partagé,

1 er Pôle d Economie Sociale et Solidaire de Midi-Pyrénées «Il faut donner à chacun la possibilité de devenir entrepreneur» M.

DEMANDE DE SOUTIEN - RAVIV. Fonds de Soutien à l Initiative et à la Recherche

Mesures évaluées % %

Rapport sur les droits à l égalité des. Autochtones

PARLEMENT WALLON SESSION AVRIL 2015 PROJET DE DÉCRET

Transcription:

«GARANTIR LE DROIT À UNE ALPHABÉTISATION DE QUALITÉ POUR TOUS» POLITIQUES D ALPHABÉTISATION ET DE LUTTE CONTRE L ILLETTRISME EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE Politiques d alphabétisation Catherine STERCQ avril 2005 Avec le soutien de la Communauté française Direction générale de la Culture- Service de l Education Permanente Résumé

Les éléments fondateurs de l alphabétisation et de la lutte contre l illettrisme d aujourd hui en Communauté française de Belgique, soit: un ancrage fort et très majoritaire dans le secteur associatif, Des actions rassemblant «analphabètes» et «illettrés», francophones et non francophones, belges et migrants, La reconnaissance par les pouvoirs publics de l association «Lire et Ecrire» comme interlocuteur Sont le résultat d une histoire de près de quarante ans. Aujourd hui, quelques 200 associations, très différentes les unes des autres, activités d alphabétisation. organisent des Trois politiques ont eu une importance capitale pour la reconnaissance et le développement de l alphabétisation dans le secteur associatif Le Décret sur «l Education permanente», qui permet d ancrer l alphabétisation dans un cadre culturel et politique. Les programmes de résorption du chômage qui financent, de manière structurelle, sous forme de contrat à durée indéterminée, plus de 50% des emplois des formateurs. Les décrets sur l insertion socio-professionnelle, qui reconnaissent l alphabétisation comme partie prenante des parcours d insertion. L ensemble de ces politiques a eu pour effet qu en 15 ans le nombre d apprenants accueilli dans les associations va passer de 2.403 à 14.214 Pourtant, malgré ces efforts, l offre est toujours insuffisante pour faire face à la demande, la couverture géographique, en milieu rural, très inégale et certains publics très peu touchés. Le développement de «Plans régionaux pour l alphabétisation» et l organisation d une «conférence interministérielle sur l alphabétisation» devraient apporter de nouveaux moyens permettant de garantir à tous l accès à une formation de qualité. 1. Pour comprendre la situation actuelle de l alphabétisation en Communauté française de Belgqiue : un peu d histoire Années 60 - après l appel à l immigration italienne, la Belgique fait appel massivement à la main-d oeuvre marocaine, turque,. Pour répondre aux besoins de ces travailleurs, dont la plupart n ont jamais été scolarisés, des cours du soir d alphabétisation se créent au sein des diverses structures associatives et syndicales qui les accueillent, compensant les lacunes des pouvoirs publics qui n ont rien mis en place. Cours du soir animés par des militants, bénévoles, centrés sur la problématique de l immigration, Années 70 - Crise économique - Chômage.

La crise économique des années 70 pose le problème de la reconversion des chômeurs et par conséquent de la «remise à niveau des connaissances» de tous les ceux dont les savoirs dits «de base» étaient insuffisant pour réussir une requalification sans accompagnement. Face au constats de l importance d un échec scolaire persistant (10% des jeunes sortent de l enseignement obligatoire sans aucun diplôme), la très faible prise en compte des moins scolarisés dans les dispositifs publics de formation d adultes Les mouvements ouvriers créent des associations d insertion socio-professionnelles qui vont définir, créer et mettre en place - à la place des pouvoirs publics défaillants - un réseau de formations professionnelles et de remise à niveau, pour les adultes peu et/ou mal scolarisés. Ces années feront également apparaître la persistance de l analphabétisme/illettrisme parmi la population belge, et ce malgré la scolarité effectivement obligatoire depuis 1919. Jusqu alors la majorité des formateurs d alphabétisation ne pouvait soupçonner qu il existait des personnes belges analphabètes/illettrées. Pourtant, comme dans tous les autres pays industrialisés, le gouvernement belge répond aux enquêtes de l Unesco et aux questions parlementaires «qu il n y a pas de problèmes d analphabétisme/illettrisme» Aussi, en 1983, à partir de l expérience des associations d alphabétisation (principalement du Collectif d Alphabétisation) et d ATD - Quart-Monde, les associations du mouvement ouvrier vont créer la coordination LIRE ET ECRIRE, qui se donne pour objectifs : d attirer l attention de l opinion publique et des pouvoirs publics sur le problème de l analphabétisme/illettrisme des adultes, sur l urgence d en combattre les causes et d y apporter des solutions de démultiplier les lieux de formations en communauté française, avec le souci d une approche respectant les personnes et soutenant leur émancipation. de chercher les moyens et de créer les structures les plus susceptibles de contribuer à garantir le droit à une alphabétisation de qualité pour tous et à lutter efficacement contre l analphabétisme/illettrisme en Communauté française. De cette histoire, des éléments fondateurs de l alphabétisation et de la lutte contre l illettrisme d aujourd hui: un ancrage fort et très majoritaire dans le secteur associatif, patchwork de multiples initiatives citoyennes qui se créent au départ de besoins exprimés ou rencontrés en différents lieux, par des publics très divers, poursuivant des objectifs variés, aux ressources éminemment variables. Une implication des mouvements ouvriers Des actions rassemblant «analphabètes» et «illettrés», francophones et non francophones, belges et migrants, La reconnaissance par les pouvoirs publics de Lire et Ecrire comme interlocuteur

2. Pour comprendre la situation actuelle : quelques éléments sur la structure de la Belgique aujourd hui Nous ne vous présentons pas ici la situation de l alphabétisation en Belgique, mais bien en Communauté française de Belgique. En effet la Belgique est un état fédéral, composé de trois communautés (liés à la langue et à la culture) et de trois régions (liées au territoire). Liée à la langue, à la culture, aux personnes, l alphabétisation est principalement une matière «Communautaire», régie par des politiques différentes en Communauté flamande et en Communauté française. Les communautés sont compétentes pour les matières «liées aux personnes» soit la Culture, l Enseignement, la Radio et télévision, la médecine préventive, l Aide à la jeunesse, la Recherche scientifique et relations internationales dans les matières ci-dessus Les régions sont responsables pour les matières économiques et sociales liées au «territoire» soit l emploi et formation professionnelle, l économie et commerce, les matières urbaines et le logement, l infrastructures publiques, le transport et l énergie, l environnement, la rénovation rurale, la politique de l eau et l agriculture, Ainsi que des matières déléguées par la Communauté : l action sociale, dont la lutte contre la pauvreté et l exclusion sociale, l intégration des immigrés, la santé, 3. Politiques d alphabétisation et dispositifs de financement Les compétences des Communautés et Régions concernent donc directement la formation des adultes en général, l alphabétisation en particulier Au niveau de la communauté française Secteur de l enseignement L enseignement de Promotion sociale est le plus important dispositif de formation continue. Il est mis en œuvre par le Ministère de l éducation. Certaines de ces écoles organisent des formations d alphabétisation et de formation de base, permettant d obtenir le Certificat d Etude de base, soit le 1 er niveau de diplôme officiel obtenu en fin d études primaire. (CITE 1) Cependant s il existe des programmes d alphabétisation et de formation de base dans ce cadre ceux-ci représentent moins de 1 pour 1000 de l offre de cours du service public d enseignement des adultes! Par contre ces écoles sont nombreuses à ouvrir des cours de Français Langue Etrangère conçus pour les étrangers qui, maîtrisant une langue, souhaitent en acquérir une deuxième, voire une troisième,. Elles offrent également des programmes qui permettent aux formateurs de compléter ou poursuivre leur formation. L enseignement à distance et l enseignement en alternance pour les jeunes de 16 à 25 ans ne jouent qu un rôle marginal dans l offre d alphabétisation. Secteur de la Culture Ce secteur reconnaît et finance, de manière structurelle, des associations dans le cadre de «l éducation permanente», ce que l on traduirait en France par «Education populaire». Pour être reconnue dans ce cadre, l association doit avoir pour objectif de «développer l analyse critique de la société, la stimulation d initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux et économiques, dans une perspective d émancipation individuelle et collective, en privilégiant la participation active et l expression culturelle».

Il finance également les formations de formateurs en alphabétisation dans le cadre de la «formation des cadres socio-culturels» Enfin des projets, ponctuels à ce jour, peuvent se développer avec le secteur de la lecture publique, des musées, des théâtres, des centres d expression et de créativité, Au niveau des régions Formations organisées en lien avec les politiques de l emploi Des organismes parastataux mettent en oeuvre des formations destinées aux demandeurs d emploi et, dans une moindre mesure, aux travailleurs. Ces organismes travaillent en partenariat avec des associations pour les formations des publics les moins scolarisés. Ces politiques d insertion socio-professionnelles se développent sur base de décrets qui reconnaissent explicitement une place à l alphabétisation, les demandeurs d emploi analphabètes bénéficiant des mêmes conditions d accès que n importe quel autre demandeur d emploi. Les entreprises ne jouent quasi aucun rôle au niveau de l alphabétisation et de l acquisition des savoirs de base. Actions organisées en lien avec les politiques d action sociale et d intégration des immigrés Les programmes d insertion sociale permettent aux régions de subventionner les associations pour un ensemble d actions, dont des formations d alphabétisation. Les politiques d intégration des immigrés n ont cependant rien prévu pour faire face à l accueil et à l insertion des candidats à la régularisation et des actuels «primo-arrivants» Au niveau Fédéral et Européen Certaines des compétences de l état fédéral sont également en lien avec l alphabétisation : la justice (alphabétisation en prison), les politiques d immigration (accueil des primo-arrivants), L Europe finance également certaines actions d alphabétisation, principalement dans le cadre des financements FSE et Equal. 4. Garantir le droit à l alphabétisation pour tous Aujourd hui, quelques 200 associations, très différentes les unes des autres, organisent des cours d alphabétisation. Nous entendons par là, l acquisition des savoirs de base : parler, lire, écrire, calculer, mais aussi l histoire, la géographie, l économie, l expression artistique, les sciences, Quelques 500 bénévoles et 600 salariés y travaillent. L offre d alphabétisation n est pas organisée sur une base spécifique. Elle est presque toujours intégrée au sein d autres actions. En effet les publics sont très diversifiés et l alphabétisation n est pas une fin en soi, c est un moyen pour se débrouiller dans la vie quotidienne, réaliser un projet personnel, obtenir le Certificat d étude de base, aider ses enfants, trouver du travail, sortir de chez soi,. Pour organiser leurs actions, les associations font donc faire appel à une ou plusieurs de ces politiques et sources de financements

Trois politiques vont avoir une importance capitale pour la reconnaissance et le développement de l alphabétisation dans le secteur associatif Le Décret sur «l Education permanente», qui permet d ancrer l alphabétisation dans un cadre culturel et politique. Dans notre perspective d éducation permanente, les cours d alphabétisation ont pour finalités premières de comprendre le monde qui nous entoure, de développer les capacités d analyse critique, de participer à la transformation des rapports sociaux, économiques, politiques et culturels, dans la perspective d une société plus solidaire et plus démocratique. Une soixantaine d associations sont reconnues dans cadre. Les programmes de résorption du chômage qui financent, de manière structurelle, sous forme de contrat à durée indéterminée, plus de 50% des emplois des formateurs. Les décrets sur l insertion socio-professionnelle, qui reconnaissent l alphabétisation comme partie prenante des parcours d insertion. Une quarantaine d associations d alphabétisation sont reconnues dans ce cadre, ce qui leur ouvre l accès aux financements du FSE. L ensemble de ces politiques a eu pour effet qu en 15 ans le nombre d apprenants accueilli dans les associations va passer de 2.403 (1988) à 14.214 (2003) et le nombre de salarié augmenter. Si le nombre de bénévoles est toujours important, leur pourcentage a fortement diminué, passant de 63% en 1990 à 40% aujourd hui. Pourtant, malgré ces efforts, l offre est toujours insuffisante pour faire face à la demande, la couverture géographique, en milieu rural, très inégale et certains publics très peu touchés. L état des lieux statistique de l alphabétisation que Lire et Ecrire réalise chaque année, constitue un important outil d analyse et l évolution du secteur. Il nous permet de constater qu en ce qui concerne les apprenants : Le % de travailleurs et de chômeurs indemnisés diminue, au profit des personnes sans revenus ou dépendants de l aide sociale Le nombre de personnes d origine étrangère augmente par rapport au public belge, ce qui se traduit également par une légère augmentation du niveau de scolarité des personnes accueillies. Reflet de l évolution de la société, ces constats nous amènent à développer des politiques plus ciblées : développement de l offre de cours du soir pour les travailleurs, travail de sensibilisation centré sur les populations belges, Et a poursuivre nos efforts pour développer partout des dispositifs d alphabétisation qui correspondent aux besoins de groupes variés, par le biais d une politique intégrée d alphabétisation, soutenue et financée par tous les niveaux de pouvoir. Aussi, depuis 2001, Lire et Ecrire propose aux pouvoirs régionaux le développement de «Plans pour l alphabétisation» et l organisation d une «conférence interministérielle sur l alphabétisation». Nous souhaitons que la reconnaissance et le financement structurel de l alphabétisation se fasse par l organisation, la mise en synergie, en cohérence et en complémentarité des différents secteurs concernés et pas par la création d un dispositif unique «ALPHA», qui risquerait de ne pas pouvoir tenir compte de la diversité des situations et donc de la nécessaire

diversité de l offre, mais surtout qui aura comme effet de «parquer» ce public, de le stigmatiser et de l exclure pour toujours des autres cadres d actions. Un accord de coopération en ce sens vient d être signé entre la Communauté française, la région Wallonne et la Région bruxelloise considérant que les moyens d'action octroyés pour l'alphabétisation des adultes doivent viser trois axes, à savoir : l'axe alphabétisation comme vecteur d'insertion socioprofessionnelle» et «de promotion sociale» ; l'axe alphabétisation comme vecteur «d'éducation permanente» ; l'axe alphabétisation comme vecteur «d'accueil et d'insertion sociale notamment des personnes issues de l'immigration». Il met en place un Comité de pilotage réunissant les différentes administrations concernées par l alphabétisation et des représentants de Lire et Ecrire. Permettant ainsi d établir un réel travail de partenariat entre le secteur public, seul responsable de l accès de tous à l alphabétisation, et le secteur associatif, dont l expertise peut permettre la réalisation de cet objectif. Si les intentions et la volonté de soutenir l alphabétisation sont bien présentes, nous devons rester attentifs : A ce que les moyens nécessaires pour développer l alphabétisation soient effectivement prévus dans les budgets, A ce que les politiques développées permettent un réel droit à une alphabétisation de qualité pour tous, soit : le droit à l alphabétisation sans discrimination de sexe, sans discrimination d âge, sans discrimination de nationalité, sans discrimination de statut, le droit de chaque personne au respect du libre choix d une formation répondant à ses attentes et à ses besoins, le droit de poursuivre cette formation le temps qu il juge nécessaire pour atteindre ses objectifs pouvoir trouver près de chez soi une alphabétisation reconnaissant ses expériences et ses savoirs, ses capacités et ses rythmes d apprentissages, sa culture et sa communauté le droit d apprendre à lire et à écrire mais aussi le droit de questionner et de réfléchir, le droit à l imagination et à la création, le droit de lire et écrire son histoire, 5. Perspectives pour demain A l aube de ce qu on appellera peut-être un jour la «société de la connaissance» on est loin d une situation idyllique et les exclus du droit à l éducation sont toujours nombreux. Mais le droit à l alphabétisation pour tous, c est surtout et d abord - le droit pour tous à une réelle participation économique, sociale, culturelle et politique. Car sans cette participation il n y a pas de raisons d apprendre Aussi, pour que nous puissions tous rêver à un futur possible ou nous ne devrions plus avoir un rôle de «pompier», un futur possible ou nous ne serions plus nécessaire, pour qu un jour il n y ait plus d analphabète, Nous devons nous mobiliser pour : Une société qui cesse de produire des exclusions,

Un enseignement initial qui permette à tous les enfants d apprendre à parler, à lire, à écrire, à calculer,. à l école! Un renforcement de la coopération au développement pour permettre notamment le soutien aux politiques éducatives et culturelles des pays du tiers-monde

Editeur responsable : Lire et Ecrire Communauté française ASBL Catherine Stercq, Rue Dansaert, 2a 1000 Bruxelles 02/502.72.01 www.lire-et-ecrire.be