Chapitre 2: Théorie cinétique des gaz parfaits.



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Transcription:

Chapitre 2: Théorie cinétique des gaz parfaits. Rémy Collie 8 octobre 2014 1 Modèle d un gaz parfait. Un gaz est dit parfait s il satisfait les hypothèses suivantes : Les molécules sont assimilées à des points matériels de taille négligeable ; Les seules interactions entre les molécules sont les chocs élastiques, c està-dire les molécules ne s attirent pas et ne se repoussent pas ; Les molécules d un gaz se déplacent à grande vitesse (de l ordre de 500 m s 1 ). Elles subissent des collisions entre elles (108 collisions par seconde). Suite à ces collisions, les trajectoires des molécules deviennent très désordonnées : le gaz occupe tout le volume offert, et la vitesse moyenne des molécules se déplaã ant suivant une vitesse donnée ne dépend pas de la direction. 2 Pression dans un gaz parfait. À l origine de la pression sont les chocs des molécules avec les parois du contenant. Trouvons une expression liant la pression P à la concentration n, la masse m et la vitesse v d une molécule. 2.1 Enchaînement des calculs. On applique la seconde loi de Newton au schéma précédent : F gaz = m a = m v t = (m v ) = p t t avec p la variation de quantité de mouvement de toutes les molécules rentrant en choc avec la paroi. Avec N coll le nombre de collisions durant t et P 1 la variation de quantité de mouvement d une molécule : (1) 2.2 Hypothèses. P S t = N coll P 1 Toutes les molécules se déplacent avec la même vitesse ; Toutes les molécules se déplacent suivant les trois directions orthogonales x, y, z dans les sens positif et négatif, c est-à-dire qu un sixième des molécules suit l axe x, un autre sixième l axe x, et cætera. 1

2.3 Définition de N coll. Parmi six molécules se trouvant dans un cylindre, une seule entrera en collision sur la paroi : N coll = 1 6 N cylindre d où par définition : n = N cylindre V cylindre, et donc : N cylindre = n V t S P S t = 1 6 n v t S 2mv P = 1 3 n m u2 avec u la vitesse quadratique moyenne définie par : n v 2 i u = avec : v i vitesse de la ième molécule N le nombre de molécules 3 Energie interne d un gaz parfait monoatomique. 3.1 Relation entre U et P. Faisons apparaître l énergie interne dans l expression : N P = 1 3 n m u2 = 2 3 N V (1 2 m v2 ) = 2 3 V (1 2 m N v2 ) or ici 1 2 m v2 = E l énergie cinétique moyenne d une molécule. donc 1 2 m N v2 = N E = E cin l énergie cinétique de toutes les molécules. d où une forme alternative de l équation d état des gaz parfaits : (2) dans (1) P = 2U 3V P V = 2 3 U 3.2 Relation entre U et T. Comparons les deux formes différentes de la loi des gaz parfaits : avec ν = N N A. Par l équation (3) : P V = 2 3 U (2) = ν R T (3) P V = N N A R T = N 2

avec k = R N A = 1.33 10 22 J K 1 la constante de Boltzmann. k ne dépend ni de T, ni de P, ni de la nature du gaz.... La température absolue T d un gaz parfait est une mesure de l énergie cinétique moyenne de ses molécules. La température est d autant plus élevée que leur agitation thermique E cin est grande. Dans le cas général, la température d une matière traduit le degré d agitation des particules microscopiques qui la constituent. Remarque 1 : l équation (7) n est valable que pour un gaz monoatomique. Pour un gaz polyatomique, E polyatomique > 2 k T 3, mais pour autant E polyatomique est toujours proportionnelle à. Remarque 2 : On a la forme alternative de la loi des gaz parfaits suivante : P V = N = N V = n 3.3 Application : refroidissement d un gaz par laser.... 4 Gaz dans le champ pesanteur Hypothèses : L air est un gaz parfait La température est une constante du temps L accélération de pesanteur g est une constante du temps. Raisonnement : 4.1 Bilan des forces exercées sur la couche d air. F pressante,airbas = F pressante,airhaut + F poids P (z) S = P (z + dz) S + dm g (P (z) P (z + dz)) S = dm g (4) avec la différentielle de la pression par définition : donc : dp = P (z + dz) P (z) (5) dp S = dm g (6) 3

4.2 Masse de la couche d air. dm = m N avec : m la masse d une molécule ; dn le nombre de molécules dans la couche d air. Par définition, m = dn dv, donc : avec dv le volume de la couche. Ainsi : dn = m dv (7) dn = n S dy (8) (8) (7) dm = m n S dy (9) 4.3 Concentration des molécules dans la couche. (9) (6) dp S = m n S dy dp = m n g dy (10) or, on a : P = n dp = dn (11) (9) (6) dn = m n g dy dn n = m g dy dn n = m g dy ln n = m g y + ln λ (λ R) ln n λ = m g y m g n = λ exp y (12) Si on connaît la concentration de l air au niveau de la mer : n(z = 0) = n 0 (13) (13) (11) n 0 = λ exp 0 = λ (14) (14) (11) n(z) = n 0 exp m g z (15) L équation précédente nous donne la répartition de la concentration de molécules d air en fonction de l altitude. 4

4.4 Pression atmosphérique à l altitude z. P (z) = n(z) = n 0 exp m g z = P 0 exp m g z La formule en (16) est appelée formule barométrique. Application : cf Caquineau. (16) 5 Loi de distribution de Boltzmann. Avec le dernier paragraphe, le nombre de molécules d air se trouvant à l altitude z ayant l énergie potentielle ɛ = m g z est à une constante près : 5.1 Spectre discret. n = exp( m g z ) = exp( ɛ ) Suite á l agitation thermique, l énergie d une particule microscopique prend l une des valeurs ɛ i du spectre (ɛ 1, ɛ 2,..., ɛ L ) Il est impossible de savoir exactement l énergie d une molécule à un instant donné, mais on peut deviner sa valeur ɛ i avec une certaine probabilité. La probabilité que l énergie d une particule donnée prenne une valeur ɛ i du spectre discontinu (ɛ 1, ɛ 2,..., ɛ L ) est proportionnelle au facteur de Boltzmann exp ɛi k T Elle est donnée par la loi de distribution de Boltzmann : Π(ɛ i ) = N i N = λ exp ɛ i avec : N i le nombre de molécules ayant l énergie ɛ i ; N = L N i le nombre total de molécules. (17) Cette même probabilité est égale au nombre relatif (ou pourcentage) des molécules ayant l énergie ɛ i. (18) L N L i N = (λ exp ɛ i ) N L N = 1 = λ exp ɛ i λ = L 1 exp ɛi k T (18) 5

5.2 Spectre continu. De nombreux systèmes comme les molécules d un gaz parfait possèdent un spectre continu de l énergie. L énergie d une particule est associée à sa position x et à sa vitesse v x. Suite à l agitation thermique, la position x et la vitesse v x sont déterminées qu avec une certaine probabilité. La probabilité que la position d une particule donnée soit comprise entre x et x + dx et que sa vitesse soit comprise entre v x et v x + dv x est proportionnelle au facteur de Boltzmann et à l élément différentiel dx dv x dπ(x, v x ) = dn(x, v x) N = λ exp ɛ(x, v x) dxdv x (19) Cette équation est appelée distribution de Boltzmann continue dans le cas d une dimension. Cette même probabilité est égale au nombre relatif (pourcentage) de particules dont la position x i [x, x + dx] et la vitesse v i [v x, v x + dv x ]. Avec dn(x, v x ) le nombre de particules telles que : { x [x, x + dx] v x [v x, v x + dv x ] on a aisément le nombre total de particules N = dn. En double-intégrant l équation (18), on obtient : dn xmax vmax N = λ e ɛ(x,vx) k T dx dv x N N = 1 = λ x min v min xmax vmax λ = x min v min xmax xmax x min x min e ɛ(x,vx) k T dx dv x 1 e ɛ(x,vx) k T dx dv x (20) 5.3 Application : distribution Maxwellienne des vitesses. Avec la distribution de Boltzmann (18), (19), on peut démontrer que le pourcentage de molécules d un gaz parfait dont la norme de vitesse v = v est comprise dans l intervalle [v, v + dv]. La loi de densité de probabilité se présente alors sous la forme suivante : dn(v) ( N = m 2π ) ( 3 2) 4π v2 e m v2 2k T dv (21) 6 Théorème d équiposition de l énergie / de Boltzmann. Le degré de liberté d une particule est définie comme le nombre de variables indépendantes qui détermine complètement l état de la molécule. 6

Exemple : atome d un gaz parfait. L énergie cinétique de l atome est définie par v x, v y, v z, ce qui lui garantit 3 degrés de liberté. La vitesse quadratique moyenne est alors : u 2 =< v 2 x > + < v 2 y > + < v 2 z > avec <...> la vitesse moyenne, c est-à-dire que < v 2 x >=< v 2 y >=< v 2 z >= 1 3 u2. L énergie cinétique moyenne d un atome est alors : ɛ = 3 2 = 1 2 m v2 = 1 2 m < v2 x > + 1 2 m < v2 y > + 1 2 m < v2 z > L énergie cinétique d un atome d un gaz parfait est distribuée uniformément entre les trois degrés de liberté et l énergie moyenne attribuée à un degré de liberté est égale à : 1 2. Théorème de Boltzmann : Pour tout système microscopique à la température T, l énergie moyenne attribuée à un degré de liberté est égale à 1 2. 7 Capacité thermique des gaz parfaits. 7.1 Définition. La premier principe de thermodynamique pour des gaz à volume constant est donné parf l équation suivante : lldu = δq v = ν c v dt c v = 1 ν δq v dt = 1 ( ) V ν T V La capacité thermique molaire à volume constant d un gaz est définie comme la chaleur qu on fournit à une mole de gaz pour augmenter sa température d un Kelvin en gardant le volume constant. Rappel : l énergie à un un degré de liberté est égale à 1 2. 7.2 Gaz monoatomique (He, Ar,...). 7.2.1 Degrés de liberté. On a v x, v y, v z trois variables de translation, qui définissent trois degrés de liberté. 7

7.2.2 Énergie cinétique ɛ. ɛ = 3 1 = 3 7.2.3 Énergie interne U. U = N ɛ = N 3 = ν N A 3 = 3 2 ν R T 7.2.4 Capacité thermique c v. c v = 1 ( ) U ν T V = 1 ( ) ν 3 T 2 νr T = 1 ( ) 3 T ν 2 ν R T = 3 2 R 7.3 Gaz diatomique (air, O 2,N 2 ). Modèle d une haltère : 7.3.1 Degrés de liberté. On a v x, v y, v z trois variables de translation, et ω x, ω z deux variables de rotation, qui définissent alors cinq degrés de liberté. 7.3.2 Énergie cinétique ɛ. ɛ = 5 1 = 5 8

7.3.3 Énergie interne U. U = N ɛ = N 5 = 5 2 ν R T 7.3.4 Capacité thermique c v. c v = 1 ( ) U ν T = 1 ν = 5 2 R T V ( 5 2 νr T ) 7.4 Gaz tri- et polyatomique (vapeur de H 2 O, CH 4 ). 7.4.1 Degrés de liberté. On a v x, v y, v z trois variables de translation, et ω x, ω y, ω z trois variables de rotation, qui définissent alors six degrés de liberté. 7.4.2 Énergie cinétique ɛ. ɛ = 6 1 = 3 k T 7.4.3 Énergie interne U. U = N ɛ = N 3 k T = 3 ν R T 7.4.4 Capacité thermique c v. c v = 1 ( ) U ν T V = 1 ν (3 νr T ) T = 3 R 9

7.5 Conclusion. La capacité thermique molaire à volume constant d un gaz parfait est définie par : avec i le nombre de degrés de liberté égal à : 3 si le gaz est monoatomique ; 5 si le gaz est diatomique ; 6 si le gaz est tri- ou polyatomique ; c v = i 2 R (22) 10