Avertissement méthodologique La mise en oeuvre de l Atlas départemental des paysages pose les questions emboîtées de l usage que l on veut en faire (quel public, pour quel emploi), de la définition du «paysage» retenue au regard de cet objectif, du contexte réglementaire dans lequel il s inscrit, et enfin, de la démarche adaptée pour y répondre. 12 Atlas départemental des paysages Côte d Or 2010
0.1. Des paysages à l atlas Il s agit, pour les initiateurs de l Atlas, la Direction Départementale des Territoires de la Côte d Or et la Direction Régionale de l Environnement, de l Aménagement et du Logement de Bourgogne, de disposer d un outil de connaissance de la diversité paysagère du département. Il doit permettre à chaque acteur du paysage les collectivités et leurs services, les urbanistes, les professionnels de l aménagement, les organismes gestionnaires (forêt, électricité, eau, etc.), les différents services de l État d adapter ses projets, ses modes de gestion, ses manières de faire aux singularités de chacun des différents paysages du département. L Atlas a une utilité opérationnelle directe en offrant à chacun de ces acteurs, une synthèse (sous la forme de fiches de 12 pages pour chaque unité) des caractères physiques des différents paysages dans lesquels ils sont amenés à intervenir et à adapter leur geste à chacun d eux. L échelle d approche départementale correspond à une première base de connaissance des paysages. Les acteurs pourront ainsi s appuyer sur celle-ci afin de conduire des actions spécifiques plus précises. Au-delà de cette vocation utilitariste en terme de méthode d aménagement du territoire, l Atlas se veut aussi un outil de sensibilisation et de diffusion culturelle auprès d un plus large public, scolaire, grand public, visiteurs, etc. La réalisation et la large diffusion d un support numérique et la mise en ligne sur le Web répondent à cette vocation. Atlas départemental des paysages Côte d Or 2010 13
0.2. Le paysage, quelle définition? Parfois présenté comme polysémique, le terme de paysage répond en effet à diverses définitions, chacun voyant le «paysage» à travers le prisme de sa culture ou de ses intérêts. Ainsi le paysage du peintre n est pas celui de l agriculteur, encore différent de celui de l écologue par exemple. Pour répondre au plus près des attendus formulés par l État, la définition retenue pour structurer la méthode de conception de cet Atlas est celle de la Convention européenne du Paysage, signée par la France à Florence et ratifiée par décret en 2006. (Le) «Paysage» désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations Elle correspond à celle établie par le géographe Vidal de la Blache, le fondateur de la grande école de géographie française du début du XX e siècle : «LE PAYSAGE, C EST UNE PORTION DE TERRITOIRE PERÇUE PAR UN OBSERVATEUR.» Cette définition (celle que l on retrouve peu ou prou dans les différents dictionnaires contemporains) présente l extrême avantage d offrir en peu de mots, les trois dimensions qui ont servi de base à la construction de la méthode de réalisation de l atlas : 14 Atlas départemental des paysages Côte d Or 2010
La «portion de territoire» renvoie à la dimension physique et morphologique du paysage (la géomorphologie, la géologie, le climat, les milieux naturels, etc.), une géographie modelée par l histoire, les techniques, les économies successives des sociétés qui l occupent et qui sont en perpétuel mouvement. C est en s appuyant sur cette partie de la définition que sont déterminées les «unités paysagères», ensemble de paysages présentant les mêmes caractères physiques et morphologiques. Leur représentation la plus caractéristique est le «bloc-diagramme», reconstruction théorique d une «portion de territoire» réunissant, dans un arrangement particulier, les différents traits de caractère de l entité : pentes, système de drainage des eaux, organisation et forme du parcellaire, implantation du maillage viaire, du bâti, des villages, structures et motifs paysagers spécifiques, comme les haies, murs ou alignements d arbres, etc. «Par un observateur» : c est la part «subjective» de l analyse paysagère, celle qui fait intervenir le sujet (l observateur) avec ses référents (individuels ou collectifs), sa culture, les événements qui ont marqué son existence. Ce dernier terme de la définition fait appel aux représentations sociales, culturelles, artistiques du paysage. Elle a permis de dégager les ambiances paysagères, de proposer une évaluation des paysages et d identifier les «paysages emblématiques» du département, c està-dire ceux qui sont souvent considérés comme étant les plus représentatifs et/ou les plus «importants». «Perçue» : ce second terme fait référence à la perception sensible (c est-àdire par les sens) de ce territoire. Même si l on ne rejette pas le sens de l ouïe (paysages sonores), de l odorat ou du toucher, il concerne principalement (chez les voyants) le sens de la vue. Cette approche, même si elle fait intervenir une dimension «objective» à travers le fonctionnement biochimique d un organe sensoriel (l oeil), n en reflète pas moins également les priorités sociales, économiques ou culturelles du territoire. Atlas départemental des paysages Côte d Or 2010 15
0.3. Le contexte réglementaire L article L 110-1 du Code de l Environnement dispose : «les espaces, ressources et milieux naturels, ainsi que les sites et paysages [ ], font partie du patrimoine commun de la nation. Leur protection, leur mise en valeur, leur restauration, leur remise en état et leur gestion sont d intérêt général et concourent à l objectif de développement durable». L article L 310-1 du Code de l Environnement, précise qu il est établi dans chaque département un inventaire du patrimoine naturel qui recense «les sites, paysages et milieux naturels». Il fait l objet de modifications périodiques et est mis à disposition du plus grand nombre. Les Atlas des paysages correspondent au processus de connaissance des paysages préconisé par la Convention européenne du paysage (établie à Florence, ratifiée par la France et publiée au Journal Officiel du 22 décembre 2006), afin de mieux connaître le territoire sur lequel les autorités publiques interviennent. L objectif des Atlas des paysages est de formuler un «état de référence partagé». Ils viennent en aide aux pouvoirs publics pour la définition des objectifs de qualité paysagère et pour l intégration du paysage dans les projets d aménagement. Le document porte sur un département ou une région, en prenant en compte la totalité des paysages, quelles que soient les valeurs sociales qui leur sont attribuées. À cette fin, la perception sociale des paysages doit être aussi repérée par l intermédiaire d enquêtes notamment, aussi bien dans l espace que dans le temps. 16 Atlas départemental des paysages Côte d Or 2010
0.4. La démarche Appuyée sur les trois dimensions de la définition de Vidal de la Blache et orientée vers les attendus utilitaires de l Atlas, la démarche a veillé à croiser dans chaque partie du travail, les trois dimensions évoquées. Laisser la parole au paysage L attitude qui guide la conception d un atlas consiste, dans un premier temps, à laisser la parole au paysage : une approche sensible, perceptive, permet d en saisir le sens et le caractère, combinaisons subtiles des données de la géographie, des empreintes de l histoire et de l identité des communautés qui le gèrent, le produisent et le transforment chaque jour et de croiser les données avec la sensibilité particulière du concepteur. Cette approche sensible donne à saisir les multiples ambiances paysagères du département. Elle offre également au regard des indications sur les grandes tendances d évolution, les mutations en cours, la cohérence ou l incohérence des actions de chacun, sur les erreurs ou le génie de l un ou de l autre. L analyse des données (cartes thématiques, inventaires, recherches et documents divers) représente la part informative et explicative de la diversité territoriale des paysages. Les relevés de terrain permettent de construire une première hypothèse de la carte des unités, de décrire les morphologies de chacune, de localiser les différents types de perception visuelle, de repérer les enjeux d évolution «visible», ceux perceptibles sur le territoire, à l exclusion des potentialités non encore révélées, contenues par exemple dans les différents documents d urbanisme et autres projets de territoire. La question des représentations a été abordée à travers un travail spécifique mené sur l iconographie auprès de certains musées de la Côte d Or et permet de cerner une partie des «représentations» du département répondant au troisième terme de la définition (l observateur). Un comité de pilotage regroupant une vingtaine de partenaires s est réuni pour valider les étapes successives et les résultats de l étude tout au long de l avancement de celle-ci. Atlas départemental des paysages Côte d Or 2010 17
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