LE RÔLE DE L ALIMENTATION DANS LES SOINS DE PLAIE



Documents pareils
Tableau récapitulatif : composition nutritionnelle de la spiruline

Activité 38 : Découvrir comment certains déchets issus de fonctionnement des organes sont éliminés de l organisme

LA QUESTION DE LA PRISE DE POIDS CHEZ LE FUMEUR EN SEVRAGE TABAGIQUE

DOSSIER DE SOINS INFIRMIERS

«Peut-on jeûner sans risque pour la santé?»

DENUTRITION : UN RISQUE MAJEUR EN INSTITUTION. Un exemple de prise en charge réussie sur 2009 au sein d un EHPAD de 63 lits

epm > nutrition Formation & Conseil

Insulinothérapie et diabète de type 1

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Les compléments alimentaires

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

Besoins Nutritionnel. Besoins. ANC / Besoin. 3 niveaux : Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes

Accidents des anticoagulants

Nouveaux Anticoagulants. Dr JF Lambert Service d hématologie CHUV

Tâche : Comparer l étiquette de produits alimentaires afin de connaître leur valeur nutritive.

Fortimel Extra (neutre, abricot, fraise, vanille, chocolat, moka, fruits de la forêts) Fortimel sans lactose (vanille, chocolat, moka, caramel)

Glossaire. de l assurance complémentaire santé(1) pour vous accompagner. Frais d accompagnement. CMU Tiers payant ...

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 19 octobre 2011

Bienvenue aux Soins Intensifs Pédiatriques

Fiches techniques Alimentation par sonde Nutrison

Le VIH et votre cœur

TIC pour la santé et l'autonomie : évaluation des services rendus et modèles économiques, une approche nécessairement pluridisciplinaire

Table des matières Introduction Chapitre*1*:*De*la*matière*sérieuse Chapitre*2*:*Clair*comme*de*l eau*de*roche

lire les Étiquettes et trouver les sucres cachés

Quoi manger et boire avant, pendant et après l activité physique

Le soin diététique réalisé par un diététicien en établissement de santé

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

Transfusions sanguines, greffes et transplantations

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

epm > nutrition Formation & Conseil

Logiciel «My-Labo Cool!»

SONDAGE AUPRÈS DES INFIRMIÈRES

Proposition de la Commission sur les allégations nutritionnelles et de santé en vue de mieux informer les consommateurs et d'harmoniser le marché

Les tests thyroïdiens

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

Dossier Administratif du Patient

o Non o Non o Oui o Non

Renseignements : Secrétariat Dispositif Diabest Tél rubrique diabétologie

Cluster I care Rhône Alpes propose une rencontre professionnel / industrie en mode Living Lab

Suivi ADOM. Claude Boiron Oncologie Médicale

Le diabète de type 1 UNSPF. Ségolène Gurnot

MAÎTRISER LA LECTURE DES ÉTIQUETTES NUTRITIONNELLES

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Programme de certification sans gluten. Jim McCarthy Directeur général Association canadienne de la maladie cœliaque

Composition corporelle

prise en charge paramédicale dans une unité de soins

Surpoids et obésité de l adulte : prise en charge médicale de premier recours

Traitement de l insuffisance rénale chronique terminale: Place de la greffe de donneur vivant

(GUIDE. PLAN WALLON NuTRiTiON SANTÉ ET. BiEN-êTRE DES AÎNÉS. GUIDE POuR POuR SANTÉ GUIDE MÉTHODOLOGIQUE

Comment bien s hydrater pendant l été?

Logiciels d éducation à la Nutrition et à l activité physique

Le VIH et votre foie

Gastric Bypass, Mini-Gastric Bypass et Sleeve Gastrectomy

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

TEST DE DÉTECTION DE LA PRODUCTION D INTERFÉRON γ POUR LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS TUBERCULEUSES

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

ntred 2007 Résultats de l étude Description des personnes diabétiques

La hernie discale Votre dos au jour le jour...

Anémie et maladie rénale chronique. Phases 1-4

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

REMBOURSEMENTS DES MUTUALITES DES PRESTATIONS DU DIETETICIEN

Le traitement en effet est, au début, une épreuve pour tout le monde : la malade d abord, les parents ensuite et même les thérapeutes.

Marseille 21 > 23. Novembre

L équilibre alimentaire.

Le VIH et votre apparence physique

Entretiens Pharmaceutiques en Oncologie : Où en sommes nous en 2014, au CHPC

Préfaces Introduction... 8

LE PSORIASIS ET SES CO-MORBIDITES PARTICULIEREMENT LE DIABETE

Compléments ments alimentaires Les règles du jeu - SCL / Strasbourg-Illkirch 14 octobre 2011

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

PACTE : Programme d Amélioration Continue du Travail en Equipe Phase d expérimentation

Maurene McQuestion, IA, BScN, MSc, CON(C) John Waldron, MD, FRCPC

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

Prise en charge de l embolie pulmonaire

La recherche clinique de demain ne se fera pas sans les paramédicaux

CONCOURS DE L INTERNAT EN PHARMACIE

Ordonnance collective

2010 DJO FR - Rev A

GUICHET D ACCESSIBILITÉ MÉDICALE Vous êtes à la recherche d'un médecin de famille? Clientèle visée

Infirmieres libérales

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

Mention : STAPS. Sport, Prévention, Santé, Bien-être. Objectifs de la spécialité

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Bien manger : guide pour les personnes atteintes de sclérose en plaques

Modules optionnels. Passer à l acte en implantologie

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

PREVENTION DES TRAUMATISMES DENTAIRES LORS DE L ACCES AUX VOIES AERIENNES SUPERIEURES

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

Cancers de l hypopharynx

compaction ventriculaire gauche sur la fonction ventriculaire chez l adulte

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

ERGOMÉTRIE ERGOMÉTRIE

Une infirmière re clinicienne en et soins de. Stomathérapie. fonction? L infirmière. re «clinicienne?» Rôle de l infirmil. ressource?

Charte nutritionnelle

Transcription:

LE RÔLE DE L ALIMENTATION DANS LES SOINS DE PLAIE Asuncion Ballarin - Coordinatrice Alimentation Artificielle Hôpital Erasme Colette Gillet - Référente de liaison en nutrition clinique A.S.B.L. Hôpitaux St Joseph - St Thérèse - IMTR BEFEWO 2007

Plan La dénutrition Causes, effets, conséquences La détection, l évaluation La prise en charge Quelles voies d accès? Besoins nutritionnels Présentation d une étude conclusion

PLAIE ET ESCARRE La dénutrition est un facteur de risque dans le retard de cicatrisation Le facteur dénutrition est souvent difficile à isoler, patient polypathologie Plaies et escarres s améliorent avec un support nutritionnel adapté Taux d albumine, corrélé avec sévérité des escarres

PLAIE Retard cicatrisation Fuite protéines Sécrétion cytokines Déficit nutritionnel Malnutrition P_E Inflammatoire hypercatabolisme

La dénutrition 40% à 60% des patients hospitalisés État nutritionnel : Paramètre souvent négligé Prévalence élévée chez la personne âgée

Causes Diminution de la prise alimentaire Anorexie, modification goût, odorat, FSDG Trouble cognitif, dentition, dépression, solitude Effet de l hospi : régime, le jeûne, repas interrompu (examen), médicaments(goût) Augmentation du catabolisme Etat post-opératoire Sepsis

Conséquences Diminution de l immunité Infections Escarres, plaies Morbidité, mortalité Coût et séjour d hospitalisation augmentés

Comment détecter un état de malnutrition? Il importe de détecter précocement un état de malnutrition ou de prévenir l'installation de carences nutritionnelles Aucun paramètre isolé ne permet de détecter une malnutrition

PRISE EN CHARGE Dépistage précoce par une équipe pluri et interdisciplinaire Evaluation nutritionnelle approfondie : par l équipe de soins (médecin et personnel soignant) et la diététicienne Détermination des besoins par la diététicienne Intervention "nutritionnelle décidée en équipe Suivi de l'état nutritionnel et réévaluation par l ensemble de l équipe pluridisciplinaire

LA DENUTRITION PEUT ÊTRE ARGUMENTEE Évaluation des ingesta Données anthropométriques (pli cutané tricipital, circonférence brachiale, poids, taille, BMI, ) Force musculaire (dynamométrie, stimulation musculaire) Composition corporelle (bio-impédancemétrie) Données biologiques (albumine, préalbumine, ) Méthode d évaluation (SGA, NRS,MUST, MNA )

Evaluation subjective globale de l'état nutritionnel Interrogatoire : perte de poids (une perte de poids de plus de 10% en 6 mois est un facteur de gravité) modifications du régime alimentaire troubles digestifs capacités fonctionnelles affection et conséquence sur les besoins nutritionnels Examen clinique : graisse sous-cutanée masse musculaire (quadriceps) œdème

NRS Nutritional Risk Screening Outil de dépistage A-t-il un BMI inférieur à 20.5 kg/m 2? A-t-il perdu du poids durant les 3 derniers mois? A-t-il réduit son apport alimentaire durant la dernière semaine? Est-il sévèrement malade?

absent score 0 léger score 1 État nutritionnel Normal Perte de poids > 5% en 3 mois ou Ingestats 50-75% des besoins durant la semaine précédente Sévérité de la pathologie Normal Maladie chronique, en particulier avec complication aigüe hors du lit le plus souvent cirrhosis, BPCO, dialyse, diabète, cancer modéré score 2 Perte de poids > 5% en 2 mois ou BMI 18,5-20,5 et altération état général ou Ingestats 25-50% des besoins durant la semaine précédente Patient allité chirurgie abdominale majeure AVC pneumonie sévère cancer hémato sévère score 3 Perte de poids > 5% en 1 mois (=>15% en 3 mois) BMI <18,5 et altération état général Ingestats 25-50% des besoins durant la semaine précédente Patient gravement malade patient à l USI (APACHE>=10) trauma cranien greffe médullaire

VOIES D ACCES Orale Entérale Parentérale Si le tube digestif fonctionne, utilisez-le

Alimentation orale A privilégier! Adaptée Mastication Troubles de la déglutition Consistance Texture En collaboration avec service diététique Supplémentée Boissons caloriques Boissons protéinées A consommer en suppléments de l'alimentation habituelle et non en substitution

PRODUITS Complément riche en protéine, arginine, zinc, anti-oxydant Effet positif sur l évolution de l escarre CUBITAN, CUBISON REPAIR Complément riche en énergie et en protéine FRESUBIN PROTEINE ENERGIE, FRESUBIN HP ENERGIE ENSURE Intégré dans les protocoles de prise en charge des escarres Étude Soriano, Desneves et al.

Alimentation entérale Impossible per os ou insuffisant A court terme Sonde Naso-Gastrique (SNG) A long terme Gastrostomie

Alimentation parentérale Tube digestif au repos ou inutilisable Administration par voie veineuse centrale des nutriments indispensables à l organisme

APPORT 25-35 kcal/kg/jour Protéines : 1 à 1,5gr/kg/jour Glucides : 50-60% Lipides : 35% Eau : 1 ml/kcal/jour

APPORT ENERGIE Glucides lipides PROTEINES Cicatrisation Augm. de l activité Formation de nouvelles cellules ARGININE ZN, VIT.A, C, E Stimulation de la circulation sg Aug. Fonction immunitaire Aug. Synthèse des protéines Guérison de la plaie antioxydant

Prévalence dans notre insitution Etude réalisée en 2006, mettant en corrélation le risque d escarres et la dénutrition. Réalisée dans les services de gériatrie, médecine et ortho/trauma Inclusion de 267 patients Utilisation du NRS 2002 pour dépister la dénutrition et de l échelle de Norton pour le risque d escarres.

Dénutrition: dénutrition en gériatrie dénutrition en médecine 28% 34% dénutris non-dénutris dénutris non-dénutris 72% 66% dénutrition en ortho/trauma 15% dénutris non-dénutris 85%

Dénutrition parmi les patients à risque d escarre En gériatrie: dénutrition parmi les patients à risque dénutrition parmi les patients à faible risque 15% dénutris non-dénutris 43% 57% dénutris non-dénutris 85%

Dénutrition parmi les patients à risque d escarre En médecine: dénutrition parmi les patients à risque dénutrition parmi les patients à faible risque 25% 27% dénutris non-dénutris dénutris non-dénutris 75% 73%

Dénutrition parmi les patients à risque d escarre En ortho/trauma: dénutrition parmi les patients à risque dénutrition parmi les patients à faible risque 13% 9% dénutris non-dénutris dénutris non-dénutris 87% 91%

Arginine Nutrition Lymphocytes: Proline(-OH) Synthèse du collagène Arginine NO FOIE Formation des vaisseaux Micro-circulation, Synthèse protéique Circulation sanguine Vasodilatation Normalisation de la glycémie

Antioxydants Escarres = formation de radicaux libres toxiques Vitamine C : Neutralise les radicaux libres Stimule la synthèse de collagène Vitamine A, Vitamine E : Neutralise les radicaux libres Zinc : Neutralise les radicaux libres

Conclusion De nombreuses études ont montré : les effets néfastes des déficiences nutritionnelles / la cicatrisation combien la réplétion des ces carences peut avoir des effets bénéfiques Prise en charge pluridisciplinaire Stratégie nutritionnelle : rapide Adaptée Suivie