Séance 1 Des fables pour plaire et instruire Jean de La Fontaine, «Le Lion, le Loup, et le Renard», Fables, VIII, 3 (1668-1694)
! Raviver et enrichir ses connaissances sur un auteur classique : Jean de La Fontaine ;! Montrer qu une fable est un apologue qui divertit et qui enseigne ;! Présenter un texte à l oral en se servant du paratexte, du texte et de ses connaissances.
! Réactiver ses connaissances sur La Fontaine et les fables ;! Lecture de la fable en mettant le ton ;! Faire résumer la fable par un ou plusieurs élèves ;! Entrer progressivement dans l analyse : 1. Observation des mètres utilisés / sens? 2. Les différents intervenants de la fable 3. Le plan de la fable 4. L argumentation du Renard 5. Les portées de la fable 6. Bilan 7. Prolongements
" Trois mètres différents sont utilisés : l octosyllabe, le décasyllabe (vers 33) et l alexandrin notamment dans la 1 ère partie de la fable vers 1 à 14 ; " Varier les mètres dans le but de plaire et de séduire un auditoire exigent (les aristocrates du siècle de Louis XIV), avides de plaisir mais aussi de leçon.
" Le narrateur prend en charge le récit et domine la fable (3 ème personne ; temps du récit : passé simple et présent de narration) par son omniprésence ; " Les personnages, le Lion, le Loup et le Renard sont personnifiés. Ils représentent chacun une personne ou un groupe de personnes : le Lion est le roi Louis XIV ; le Renard et le Loup, ses courtisans. La majuscule au début de leur nom souligne la présence d une allégorie (représentation concrète d une idée) : le Lion symbolise la puissance, le Loup, la naïveté voire la bêtise (CF Ysengrin dans Le Roman de Renart) et le Renard, la ruse. " Ces personnages s expriment soit au discours direct (CF paroles du Renard) soit au discours indirect (CF vers 4-5 : les paroles du Lion sont rapportées au discours indirect comme le souligne le verbe de parole au passé simple «manda») soit au discours narrativisé (les paroles du loup vers 10-11 sont simplement résumées par le narrateur qui utilise des présents de narration créant ainsi l illusion d un discours en trait de se tenir.) " Le moraliste qui apparaît dans la morale placée ici à la fin de la fable. Il intervient directement comme le montrent l apostrophe «Messieurs les courtisans» (vers 35) et les impératifs présents.
" Vers 1 à 7 : le vieux roi Lion, «goutteux» et «décrépit» sollicite l avis de différents médecins afin de soigner son mal ; " Vers 8 à 13 : entrée en scène de deux personnages très différents : le Renard qui se tient «clos et coi» (vers 9) de la cour et semble ne pas prendre part au jeu ridicule des courtisans. On notera l allitération en (K) qui renforce la volonté du Renard à faire preuve de discrétion et la méfiance qu il éprouve à l égard des flatteurs mais aussi du roi ; à l inverse, le Loup, «fait sa cour» (vers 10) et «daube» le Renard, absent des visites faites au roi. Il va même jusqu à provoquer la décision du Lion qui souhaite «enfumer Renard dans sa demeure» (vers 12) afin de punir le contrevenant. Le Loup incarne à merveille le rôle du courtisan critiquant autrui et flattant hypocritement le roi afin de s attirer ses bonnes grâces ; " Vers 13 à 30 : le Renard arrive à la cour. Rusé, il use d une stratégie argumentative habile pour se tirer d affaire. La manœuvre du Loup se retourne alors impitoyablement contre lui, entraînant son élimination physique de la scène ; " Vers 30 à 34 : l exécution rapide et cruelle du Loup est mise en lumière par l accumulation des trois verbes appartenant au champ lexical de la torture (ou de la cruauté). Ces verbes sont employés au présent de narration, ce qui confère de la vivacité au récit. Le rejet «Messire Loup» au vers 33 souligne ironiquement que ce courtisan qui n aurait pas hésité à vouer aux gémonies le Renard se trouve, par un retournement de situation rapide, victime de son propre piège (réécriture ironique de la fable de l arroseur arrosé). Ainsi, tel est pris qui croyait prendre. " Vers 35 à la fin : la morale de la fable en forme de sizain (ensemble de 6 vers) : elle est adressée aux courtisans et les invite à la prudence. L excès de flatterie peut leur nuire et même se retourner contre eux. (relever les présents de vérité générale qui invitent à la réflexion).
! Vers 15 à 17 : obséquiosité du Renard : «je crains, Sire, ( )» (politesse extrême) = on lui fait un faux procès (souligner l alternance des alexandrins et des octosyllabes = accélération de la parole / recherche d un mimétisme / préparation à sa stratégie argumentative habile) ;! Vers 19 à 30 : Développement de la stratégie du Renard qui va d abord expliquer son absence en invoquant sa ferveur religieuse (le pèlerinage et le vœu qui l accompagne sont les plus respectables et les plus respectées des pratiques,) et les motifs de celle- ci : l amour pour le souverain, le souci de sa santé. Dans un second temps, coupant court à tout reproche et conservant la parole (le vers 20 commence par un abrupt «même») le renard use d un argument d autorité imparable, souligné par les deux adjectifs quasi synonymes «experts et savants». Cela laisse sans voix (la tirade continue en effet) ceux qui l écoutent et certifie le caractère infaillible du diagnostic.
! Une portée satirique indéniable : satire d un roi, écoutant le plus habile des flatteurs et prêt à sacrifier impitoyablement celui qui n aura pas su le convaincre habilement. Bien que vieillissant, il incarne toujours l autorité du monarque ; satire des courtisans perfides, prêts à tout pour faire «carrière» (le Loup / le Renard), ignorant que l on peut aussi perdre à ce jeu- là ;! Une portée politique que l on trouve essentiellement dans la morale adressée aux «courtisans» pour les inviter à plus de prudence et de bienveillance les uns envers les autres (jeux entre le possessif «votre» et la forme réfléchie réciproque du vers 36).
! La fable est un apologue, c est- à- dire un récit court qui permet de réfléchir sur le sens de la vie et de dégager une morale.! Les fables de La Fontaine, auteur classique, répondent à la devise latine «placere et docere» : elles plaisent («placere») par un récit vivant et bien rythmé grâce à l utilisation de vers variés (octosyllabes, décasyllabes et alexandrins) placés habilement tout au long de la fable et instruisent («docere») car elles dispensent une leçon sur l Homme. C est dans la morale en forme de sizain, constituée de quatre alexandrins puis de deux octosyllabes (vers 39 et 40), que l on trouve cette leçon : le moraliste apostrophe «Messieurs les courtisans» pour les inviter à davantage de prudence et de bienveillance les uns envers les autres (jeux entre le possessif «votre» et la forme réfléchie réciproque du vers 36). Elle a ici une portée politique.! Les fables ont souvent (mais pas toujours!) une portée satirique : ici, La Fontaine fait la satire des mœurs de la Cour du roi Louis XIV : o o il critique plaisamment le Lion, animal qui personnifie le roi et représente allégoriquement la puissance royale, qui écoute le plus habile des flatteurs et est prêt à sacrifier impitoyablement celui qui n aura pas su le convaincre habilement. Bien que vieillissant comme le soulignent les adjectifs «goutteux» et «décrépit», il incarne toujours l autorité du monarque ; Il critique également l attitude des courtisans perfides, prêts à tout pour faire «carrière» (le Loup / le Renard et son plaidoyer pro domo), ignorant que l on peut aussi perdre à ce jeu- là.
! Apprendre le bilan par cœur ainsi que la stratégie argumentative du Renard (CF photocopie) ;! Savoir définir : l apologue ; «placere et docere» ; la satire (terme défini dans la séquence consacrée au Tartuffe de Molière) ; plaidoyer pro domo ;! Fiche 27 du cahier : faire les ex 3 et 5 très sérieusement, à la suite du bilan de la séance 1 (pas sur la fiche!) ;! Présenter un texte à l oral (rédaction en cours) ;! Rédiger une courte biographie de La Fontaine (dates de vie et de mort ; métier d origine ; ses principaux protecteurs ; ses principales oeuvres) ; 1. Quels étaient les deux grands fabulistes antiques dont La Fontaine s est inspiré dans ses fables? 2. Pour qui La Fontaine a t- il écrit ses fables? À qui s adressaient- elles? 3. Combien de fables La Fontaine a- t- il écrit en 25 ans (entre 1668 et 1694)?! Présenter un texte à l oral (rédaction en cours) afin de se servir de ses connaissances.