Calcul de grandeurs macroscopiques par dynamique moléculaire

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Transcription:

Calcul de grandeurs macroscopiques par dynamique moléculaire Ou comment paramétriser Navier-Stokes avec son ordinateur Eric Cancès, Frédéric Legoll et Gabriel Stoltz http://cermics.enpc.fr/ stoltz p. 1

Plan de la présentation La dynamique moléculaire Présentation Description microscopique des gaz rares Calcul de propriétés statiques Analyse de différentes méthodes Applications aux gaz rares : loi d état, coefficients thermodynamiques Calcul de propriétés dynamiques Discussion du cas général Un exemple : calcul de conductivité thermique p. 2

La dynamique moléculaire p. 3

Description d un système classique Description microscopique d un système classique de N particules: (q, p) = (q 1,..., q N, p 1,..., p N ) R 6N Positions q (configuration) Impulsions p = M q (M matrice de masse) Energie du système H(q, p) = N i=1 p 2 i 2m i + V (q 1,..., q N ) Toute la physique est contenue dans l expression de V. p. 4

Exemple d énergie potentielle : les gaz rares Potentiel de paire: V (q 1,..., q M ) = M V 0 ( q j q i ) i=1 j i Cas du fluide de Lennard-Jones : décrit bien les gaz rares dans des conditions thermodynamiques usuelles Pour une distance r = q 1 q 2 [ (σ ) 12 ( σ ) ] 6 V (r) = 4ɛ r r Energie potentielle V(r) 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 0.1 0.2 0.3 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 2.2 2.4 2.6 Distance interatomique r Paramètres : σ = 3.405 10 10 m, ɛ/k B = 120 K Partie interactions à longue portée interactions de Van der Waals p. 5

Dynamique Hamiltonienne Equations du mouvement (lois de Newton) dq(t) dt = H p (q(t), p(t)) = M 1 p(t) dp(t) dt = H q (q(t), p(t)) = V (q(t)) Cette dynamique préserve le volume dans l espace des phases et l énergie H(q(t), p(t)) = H(q 0, p 0 ) p. 6

Intégration numérique de la dynamique Hamiltonienne Implémentation pratique : schéma de Verlet a (différences finies centrées pour q) p n+1/2 = p n t 2 V (qn ) q n+1 = q n + t M 1 p n+1/2 Schéma d ordre 2 en t, explicite p n+1 = p n+1/2 t 2 V (qn+1 ) Préservation exacte d une énergie approchée = préservation approchée de l énergie exacte malgré la divergence exponentielle des trajectoires! a L. Verlet, Phys. Rev. 159(1) (1967) 98-105. p. 7

Calcul de propriétés d équilibre p. 8

Calcul d observables (statiques) Propriétés thermodynamiques d équilibre (distributions radiales, constantes élastiques,... ): A = M R 3M A(q, p) dµ(q, p) Choisir un ensemble thermodynamique choisir la mesure dµ: microcanonique (NVE, énergie constante) ; canonique (NVT, température constante ) : mesure de Boltzmann dµ NV T = 1 Z NV T exp( βh(q, p)) dq dp, β = 1/(k B T ) D autres choix sont possibles (grand-canonique, pression constante,...) Certaines propriétés ne proviennent pas de telles observables (énergie libre)! p. 9

Des exemples d observables Pression : A(q, p) = 1 3 M Température : A NV T = T avec N i=1 ( ) p 2 i q i qi V (q) m i. A(q, p) = 1 3Nk B M i=1 p 2 i m i Chaleur spécifique à volume constant : C V = N a Nk B T 2 ( H2 H 2 ) p. 10

Problème et méthodes A(q, p) et dµ(q, p) sont données par la physique. Question: comment calculer A = A(q, p) dµ(q, p)? Difficulté: grande dimension: (q, p) Ω R 3M R 6M avec M 10 5 Différentes méthodes : méthodes purement stochastiques: générer des points aléatoires (q n, p n ) i.i.d. suivant la mesure dµ et utiliser la loi des grands nombres: lim N 1 N N A(q n, p n ) = A n=1 méthodes fondées sur des chaines de Markov: considérer une (ou plusieurs) réalisation (q n, p n ) d une chaine de Markov qui laisse la mesure dµ invariante et utiliser la loi des grands nombres. méthodes de type dynamique moléculaire (étendue). p. 11

Méthodes stochastiques : Rejet Variables aléatoires i.i.d. = méthode du rejet Utilisation d une fonction g chapeautant f : f cg Algorithme 1 (Rejet) Pour n 0, 1. générer un point q M selon g et calculer r = f( q) cg( q) ; 2. tirer s U[0, 1] 3. si s > r retour en (1) (rejet proposition q), sinon aller en (4); 4. prendre q n = q (accepter proposition q); remplacer n par n + 1 et retour en (1). Convergence : LGN / TLC Problèmes : demande bon choix de g (rejection control), peu d acception, surtout si la dimension de l espace est grande (et pour un fluide?) p. 12

Méthodes stochastiques : MIS Version "chaîne de Markov" du rejet = MIS Algorithme 2 (Metropolized independence sampling) Soit une configuration initiale q 0. Posant w = f/g et pour n 1, 1. tirer un point q M selon la densité g 2. tirer s U[0, 1] { } w( q) 3. si s min 1, w(q n, on prend q n+1 = q, sinon q n+1 = q n ; ) 4. remplacer n par n + 1 et retour en (1). Choix de g critique pour efficacité de la méthode... Convergence? Rappel : Schéma de Metropolis-Hastings p(x, y) = min ( 1, ) π(y) q(y, x) π(x) q(x, y) p. 13

Théorêmes de convergence pour les chaînes de Markov On note P (q, B) la probabilité d arriver en B Ω partant de q. On a le Theorême (convergence sur une réalisation) a : Soit une chaîne de Markov de noyau P (q, ) tel que dπ est une mesure de probabilité invariante de la chaîne, (Inva) q Ω, B B Borel (Ω), λ Leb (B) > 0 P (q, B) > 0. (Access) Alors, pour tout A L 1 (π), et π-p.p. q 0 Ω, lim N 1 N N A(q n ) = n=1 Ω A(q)dπ a.s. a S.P. Meyn et R.L. Tweedie, Markov Chains and Stochastic Stability, Springer (1993) p. 14

Méthodes mixtes stochastiques/déterministes Dynamique Hamiltonienne sur la sous-variété T M(E 0 ) = {(q, p) T M; H(q, p) = E 0 } avec énergie initiale E 0 = H(q 0, p 0 ) Besoin de perturbations pour échantillonner toutes les sous-variétés T M(E 0 ) de M Plusieurs types de perturbations : 1. perturbations fortes mais espacées (HMC) 2. perturbations en continu (diffusion brownienne, Langevin) p. 15

Hybrid Monte Carlo (HMC), Duane et al. 1987, Schuette et al. 1999 Chaîne de Markov sur les positions q. Partant de q n : générer des impulsions p n pour toutes les particules selon P(p)dp = 1/Z p e βp2 /2m dp calculer (une approximation de) le flot Φ τ (q n, p n ) = ( q n+1, p n+1 ) des équations de Newton, i.e. intégrer q i = p i, m i p i = qi V (q) sur un temps τ à partir des conditions initiales (q n, p n ). p accepter q n+1 et poser q n+1 = q n+1 ( avec une ) probabilité min 1, exp β(ẽn+1 E n ) ; sinon prendre q n+1 = q n. q0 q1 q2 q Deux paramètres : τ et t. p. 16

Convergence de HMC La mesure dπ(q) = f(q)dq = 1 Z q e βv (q) dq est invariante. Il suffit donc de montrer une propriété d accessibilité de la forme (cas général moins exigeant) q 1, q 2, V 2 voisinage de q 2, P (q 1, V 2 ) > 0 avec le noyau P (q 1, V 2 ) = 1 {Πq Φ τ (q 1,p) V 2 }P(p) dp. R d Cette propriété n est pas triviale! Cf. contre-exemple de l oscillateur harmonique V (q) = 1 2 q2 et τ = 2π: Φ τ (q 1, p) = (q 1, p) Π q Φ τ (q 1, p) = q 1 P (q 1, V 2 ) = 0 if q 1 / V 2. p. 17

Lemme d accessibilité pour les potentiels bornés supérieurement Noyau de transition P (q 1, V 2 ) = R d 1 {Πq φ τ (q 1,p) V 2 }P(p) dp Supposons que V est C 1 et borné supérieurement. Alors, pour tout q 1, q 2, il existe p tel que Π q Φ τ (q 1, p) = q 2. Preuve : principe de moindre action S(φ) = τ 0 1 2m φ 2 (t) V (φ(t)) dt H = {φ H 1 ([0, τ], R d ) φ(0) = q 1, φ(τ) = q 2 } S(φ) τ V = inf φ H S existe Suites minimisantes bornées dans H 1 ([0, τ]) et convergent à extraction près vers φ, solution des équations de Newton. On prend ensuite p = φ (0). On a également continuité par rapport à φ (0) = P (q 1, V 2 ) > 0. p. 18

Quand le flot Φ τ est discrétisé... Discrétisation du principe de moindre action : au lieu de minimiser S sur H, on minimise sur un sous-espace de dimension finie. Expression variationnelle des intégrateurs, tel que Velocity Verlet. S t (Φ) = t k 1 i=0 1 2m condition accessibilité dπ(q) mesure invariante ( q i+1 q i ) 2 V (qi+1 ) + V (q i ), τ = k t t 2 convergence de HMC discrétisé. p. 19

Dynamique de Langevin EDS hypo-elliptique (bruit sur p seulement) dq t = M 1 p t dt dp t = V (q t ) dt ξm 1 p t dt + σ dw t où (W t ) t 0 est un processus de Wiener standard de dimension dn et avec la relation de fluctuation/dissipation σ = (2ξ/β) 1/2. Dans ce cas, dµ(q, p) = 1 Z exp ( βh(q, p)) dqdp est une mesure invariante (cf. équation de Fokker-Planck) Propriété d irréducibilité ergodicité sur une trajectoire/réalisation (CI x) lim T 1 T T 0 A(q x t, p x t ) dt = M R 3N A(q, p)dµ a.s. p. 20

Discretisation de la dynamique de Langevin Discrétisations usuelles des EDS En pratique, par exemple algorithme de BBK (Brünger, Brooks and Karplus) = modification schéma de Verlet 8 >< >: p n+1/2 i = p n i + t 2 q n+1 i = q n i p n+1 i = qi V (q n ) ξ pn i m i + pn+1/2 i + t 1 1 + ξ t 2m i m i p n+1/2 i σ i t R n i t! t 2 q i V (q n+1 ) + σ i 2 Rn+1 i «avec σ t i = 2ξ β ( 1 + ξ t ). 2m i De nombreux algorithmes ont été proposés... p. 21

Diffusion brownienne / overdamped Langevin Limite M 0 de la dynamique de Langevin EDS sur la partie configurationnelle seulement dq t = V (q t )dt + σdw t, où (W t ) t 0 est un processus de Wiener standard de dimension dn et avec σ = (2/β) 1/2. Mesure canonique dπ invariante (solution stationnaire de l équation de Fokker-Planck associée) et propriété d irréducibilité (cf. processus elliptique), d où lim T 1 T T Un seul paramètre à choisir : t! 0 A(q x t ) dt = M A(q)dπ a.s. p. 22

Méthodes déterministes : Nosé-Hoover Système étendu, variables (q, p, η, ξ) Système d équations différentielles déterministes (non-hamiltonien) dq i dt = dp i dt = dη dt = ξ Q, dξ dt = p i m i, q i V p iξ Q, N i=1 p 2 i m i dnk B T, Invariance de la mesure dµ NH = exp(dnη) dq dp dη dξ H NH = N i=1 p 2 i 2m i + V (q) + ξ2 2Q + dnk BT η conservé p. 23

Méthodes déterministes : Nosé-Hoover (2) Dynamique NVE globale = préservation d un invariant = dynamique non-ergodique sur l espace tout entier! On se restreint donc à la sous-variété M(E 0 ) = {(q, p, η, ξ) R 2dN+2 H } NH (q, p, η, ξ) = E 0 La mesure dρ NH = dσ NH H NH 2 est invariante. Hypothèse : la dynamique est ergodique pour la mesure dρ NH. Alors la dynamique projetée dans les variables (q, p) est ergodique pour la mesure canonique En particulier, il faut que l énergie soit le seul invariant! p. 24

Méthodes déterministes : Nosé-Hoover (3) Pas de preuve rigoureuse de convergence Non-convergence dans certains cas (oscillateur harmonique) Généralisations de Nosé-Hoover pour pallier à ces inconvénients : chaînes de Nosé-Hoover (on thermostate le thermostat) Nosé-Poincaré (formalisme hamiltonien), Recursive Multiple Thermostats (on thermostate ensemble le thermostat et le système, dans un vrai formalisme Hamiltonien) Numériquement : algorithmes réversibles en temps, symplectiques ou préservant la mesure p. 25

Application 1 : Calcul de loi d état 1800 700 1600 600 1400 500 Densité (kg/m 3 ) 1200 1000 800 600 400 200 Densité (kg/m 3 ) 400 300 200 100 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 Pression (MPa) 0 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Pression (MPa) Loi d état expérimentale de l argon à T = 300 K. Noter qu on est bien dans le régime gaz parfait aux faibles densités (ρ ρ c = 350 kg/m 3 ) : ρ = M RT p. p. 26

Application 2: Calcul de C v 19.8 18.3 19.7 18.2 19.6 18.1 19.5 18.0 19.4 17.9 19.3 17.8 19.2 17.7 19.1 17.6 19.0 17.5 18.9 17.4 18.8 1e5 2e5 3e5 4e5 5e5 6e5 7e5 8e5 17.3 1e5 2e5 3e5 4e5 5e5 6e5 Estimation de C v en fonction du nombre de pas de temps pour un fluide d argon de densité ρ = 1400 kg/m 3 pour 64 000 particules. Gauche : T = 200 K. Droite : T = 600 K. La précision relative obtenue est de 0,01. p. 27

Calcul de propriétés dynamiques p. 28

Méthodes usuelles Fluctuations à l équilibre : formules de Green-Kubo (intégration en temps d une fonction d autocorrelation idoine) Dynamique moléculaire hors-équilibre en régime permanent (hypothèse de la réponse linéaire) Exemple de la conductivité thermique p. 29

Formule de Green-Kubo Flux microscopique de chaleur j : j(t) = i p i m i ɛ i + i j 1 2 q ij ( ) F ij pi, m i avec q ij = q i q j, F ij = qi V ( q i q j ), et ɛ i énergie interne de la particule i ɛ i = p2 i 2m i + i j V (r ij ). On en déduit le conductivité thermique λ par λ = 1 M k B T 2 + 0 j(t) j(0) dt. En pratique, une longue simulation p. 30

Dynamique hors-équilibre en régime permanent Réponse linéaire J = λ T J flux macroscopique de chaleur = moyenne spatiale x T1 T2 J En pratique, une longue simulation p. 31

Un modèle de dynamique couplée NVE/NVT Décomposition du domaine de simulation Ω = Ω i Ω e avec sous-domaines disjoints Par exemple, Ω e = {x Ω d(x, Ω) < r c }, avec d(x, Ω) distance á la frontière du domaine. Ω e PBC Ω i PBC PBC PBC p. 32

Le modèle (2) Particules dans Ω i = seulement forces dérivant de V (dynamique NVE) Particules dans Ω e forces dérivant de V + force stochastique Au final, dq t = M 1 p t dt, dp t = V (q t ) dt Γ(q t )M 1 p t dt + Σ(q t ) dw t, (1) Matrices Σ = fluctutations, Γ = dissipation, telles que Σ(q t )Σ(q t ) T = 2 β Γ(q t). (2) p. 33

Le modèle (3) Par exemple, Γ(q) = Diag(γ(q 1 ),..., γ(q N )), avec γ régulière décroissante de d(x, Ω) telle que γ(x) = 0 dans Ω i et γ(x) > 0 in Ω e. Alors, Σ(q) = Diag(σ(q 1 ),..., σ(q N )) avec σ( ) = 2γ( ) β. (3) Préservation de la mesure canonique (cf. solution stationnaire de l équation de Fokker-Planck). p. 34

Implémentation numérique Inspiré de BBK 8 >< >: p n+1/2 i =p n i + t 2 q n+1 i =qi n + t p n+1/2 i m i p n+1 i =p n+1/2 i qi V (q n ) γ(qn i ) m i p n i + σ(qn i ) t Z n i + t 2 qi V (q n+1 ) γ(qn+1 i ) p n+1 i m i «! + σ(qn+1 i ) Z n+1 i t (4) où les {Z n i } 1 i N, n N sont des gaussiennes i.i.d. p. 35

Application : calcul de conductivité thermique Dynamique hors-équilibre en régime transient = réponse à un chauffage Méthodes alternatives : Green-Kubo (corrélations à l équilibre) ou dynamique hors-équilibre en régime stationnaire. Sur Ω i =]0, L[ 3, on suppose qu une loi de Fourier s applique ρc v t T = λ T, On pose A = π 2 L 2 λ. On montre que ū(t) ρc ū(t 0 ) e 3A(t t0) où ū est v l écart normalisé entre la température instantanée moyennée sur le domaine, et la température cible. En pratique, température cinétique (moyennée en espace) T kin = 2 3N i k B N i n=1 p 2 n 2m n. p. 36

Résultats numériques ( Fluide d argon dense à T = 400 K, avec γ( ) = γ 1 cos π 2r c ). On approche ū(t)/ū(t 0 ) par une exponentielle (moindres carrés). Pour 30 réalisations indépendantes, 425 1 420 0.8 415 Temperature (K) 410 u(t) / u(t 0 ) 0.6 0.4 405 0.2 400 0 395 0 10 20 30 40 50 60 70 Time (ps) 10 20 30 40 50 60 70 Time (ps) On trouve λ = 0.1509 W/m/K, à comparer à la valeur expérimentale λ = 0.1557 W/m/K à T = 400 K (erreur de 3 %). p. 37

Conclusion p. 38

Conclusions et directions futures E. Cancès, F. Legoll, G. Stoltz, Theoretical and numerical comparison of some sampling methods for molecular dynamics, soumis à to M2AN. Références pour l échantillonnage NVE : voir F.L. Echantillonnage de distributions compliquées : méthodes de type recuit simulé/algorithme génétique (M. Rousset/G.S.) Calcul de différences d énergie libre (intégration thermodynamique ou méthodes hors-équilibre) Calcul de constantes de réaction (échantillonnage de chemins de réaction) p. 39