Formation initiale Argumentaire à propos de l activité perceptive et décisionnelle Chartres 2003 Argumentaire 9-12 ans pour intervenir prioritairement mais non exclusivement sur le fonctionnement perceptivo-décisionnel du joueur. Conception du jeu Le handball propose un environnement mouvant, changeant en raison des initiatives multiples que prennent sans cesse adversaires et partenaires, mais transformable à son propre avantage par des initiatives que le joueur pourra prendre. Le système de règles fondamentales impose au joueur de prendre des initiatives dans trois types d affrontement : duel tireur / gardien, gagne-terrain / reconstitution de fronts, accès au tir / opposition aux circulations. Ces initiatives se prennent donc dans un contexte de pression temporelle et d incertitudes spatiales et événementielles. Conception du joueur Le joueur, dans ce contexte, déploie une activité adaptative complexe mettant en jeu un ensemble de ressources interactives. L observateur ne peut accéder Inter Comités 92 masculin en 2004 qu aux manifestations observables de cette activité : l action du joueur ou encore son comportement. La mise en jeu des ressources, elle,n est pas directement accessible à l observateur (voir schéma «conception de la conduite du joueur»). Toute utilisation à but non lucratif doit faire référence à. Toute utilisation partielle ou totale à but lucratif est interdite. - Fédération Française de Handball - 62 rue Gabriel Péri, 94250 Gentilly - animhand@ff-handball.org
Pourquoi opter pour une intervention prioritaire mais non exclusivement sur le fonctionnement perceptivodécisionnel du joueur? Cette option peut se justifier de trois points de vue. 1) Du point de vue du jeu Dans le contexte environnemental que nous avons décrit, pour que le joueur s assure un statut dominant, il faut le plus souvent possible qu il réduise les plages de temps dans lesquelles il est contraint de réagir à des événements non prévus. Et à l inverse il lui faut accroître le temps de jeu pendant lequel il peut déclencher et moduler ses actions, non pas en fonction de l état de la situation de jeu, mais à partir de la prédiction de ce qu elle sera probablement, dans un futur proche. Ce qui est donc prioritaire, pour nous, c est de faire accéder le joueur à une qualité de lecture des situations de jeu permettant cette prédiction. Nous définissons précisément l activité de «lecture» des situations comme : «un processus d attribution de sens à des indices mis en relation par le joueur lui-même». Seule une «lecture» pertinente des situations permettra au joueur de prédire leur évolution. Nous pensons que l ensemble des ressources interagissent lors de chaque situation. Mais nous optons, pour tenter de transformer la conduite du joueur de 9-12 G. Anquetil avec Montpellier ans, de viser prioritairement, dans sa formation, l amélioration de la qualité de sa lecture des situations de jeu. 2) Du point de vue du développement. Cette période précédant la puberté, occasion de transformations très importantes, est particulièrement favorable aux apprentissages perceptivo-décisionnels comme le démontrent les neurobiologistes et la psychologie du sport. Nous choisissons donc cette entrée stratégique dans la formation, ce qui n exclut pas pour nous l articulation entre activité tactique (lecture et décision) et activité technique du joueur. Les contextes de formation favoriseront donc le déclenchement d une activité de lecture mais aideront également le joueur dans l acquisition de savoir-faire qu il construit activement pour concrétiser son intention. Par exemple, pour un tireur, devenir «éviteur» suppose un progrès dans la lecture du couple but / gardien, mais il faut permettre au joueur de produire la trajectoire qui prendra de vitesse le gardien. 3) Du point de vue de la filière de formation du joueur Des Entraîneurs Nationaux nous font part de quelques carences chez des joueurs et joueuses dont ils ont la responsabilité en équipe de France Jeunes, dans ce domaine de la lecture des situations (Pierre Mangin, stage de Chartres Août 04).
Le joueur de handball ne cesse pas d avoir à prédire l évolution des situations dans le jeu, qu il soit en moins de seize, en moins de dix huit ou qu il évolue en équipe de France. La priorité dans la formation peut porter sur d autres ressources mais l amélioration concomitante de la lecture devra toujours s envisager. Grand Stade en 2002 à Bordeaux Des exemples désormais célèbres peuvent être cités de joueurs Français ayant permis à l équipe de France de remporter le titre de champion du monde de handball grâce à leurs initiatives fondées sur la lecture très performante des situations (J. Richardson, G. Anquetil par exemple). Le dernier championnat d Europe des Nations a permis la découverte d un joueur qui paraît toujours en avance, toujours en anticipation par rapport aux autres (Balic). Il semblerait donc qu au plus haut niveau, l activité de lecture des joueurs puissent faire la différence. Nous rappellerons enfin quelques une des remarques de Michel Platini extraites d une interview parue au journal «l équipe» le 19 juin 92 : «il y avait des milliers de joueurs qui étaient plus physiques, plus rapides et plus techniques que moi : mais dans le match, quand il fallait voir plus vite, plus loin que les autres, j étais là. C est ça qui fait la différence». Quelques conséquences essentielles pour la mise en œuvre de la formation - Pour mieux former le joueur il faut passer d une formation tentant de transformer le comportement observable à une formation cherchant à comprendre le fonctionnement interne du joueur, son activité de lecture actuelle, pour la transformer indirectement par la conception de situations déclenchant une activité de lecture plus adéquate. - Aider le joueur à progresser dans l activité de lecture des situations ne consiste pas, par exemple, à lui demander de «regarder». Le joueur n est pas un spectateur, il doit mettre en relation des indices porteurs de sens afin de construire de l information, information l autorisant à prédire l évolution de la situation. Ainsi, un tireur ne peut se contenter de regarder un gardien pour tirer là où il ne pourra plus être. Le déplacement du gardien par rapport à la cible, son organisation motrice laissant présager un déséquilibre, la mobilisation de certains de ses segments, constituent des indices que le tireur peut mettre en relation pour construire l information lui permettant de prédire le pan de la cible où le gardien ne pourra plus être. Ainsi, un gardien ne peut se contenter de regarder le ballon et/ou le tireur. Par contre, la manière dont le futur tireur tient le ballon, son organisation motrice dans l envol, comprendre qui est dominant dans le duel qui l oppose au défenseur proche, tout cela constitue des indices que le gardien mettra en relation pour prédire avec quelques chances de succès, la trajectoire et l impact à venir. Regarder le ballon pour le partenaire d un porteur de balle ne suffit pas. Par contre envisager le duel qui l oppose à son vis-à-vis et prédire grâce à une mise en relation d indices tels que, par exemple : la distance de combat, la posture de son partenaire, la tenue du ballon par rapport au corps, comment évoluera ce duel, permet au joueur d anticiper une action en appui ou en soutien.
- C est le joueur qui doit activement construire de l information. Ceci implique une transformation très importante du formateur qui doit passer d une compétence à apporter des solutions à une activité de lecture telle que nous l avons définie. Jérôme Fernandez contre la Slovénie en 2006 Quelques grands principes à retenir : Conception des situations : A) - Elles doivent déclencher en permanence une activité tactique (lecture et décision). Quelques critères permettent d identifier de ce point de vue la pertinence des situations : - les acquisitions nouvelles doivent être bien identifiées : le joueur devrait pouvoir passer d un mode de jeu à l autre lorsque, par exemple, l enrichissement du réseau d échanges est visé. Ce passage s accompagne d un changement de repères du joueur : de nouveaux indices sont effectivement pris en compte (crédit d action, postures, trajets trajectoire) et mis en relation. Il s accompagne également d un enrichissement des connaissances sur le réseau d échanges lui-même (connaissances tactiques) mais également de savoir-faire différents. Les contraintes de la situation doivent permettre cette dynamique de (trans) formation. B) - Les situations doivent offrir des choix au joueur de manière à le conduire à prendre des initiatives parmi d autres possibles. - Lors d une situation d accès au tir par exemple, le porteur de balle devra pouvoir décider soit d exploiter immédiatement un couloir de jeu momentanément libéré soit de créer par son action les conditions de création d un couloir de jeu direct pour l un de ses partenaires. - Lors d une situation visant l enrichissement du réseau d échanges, les situations devront permettre au joueur, par exemple soit d agir pour soutenir le porteur de balle et assurer ainsi la conservation du ballon, soit d agir pour proposer un relais et assurer ainsi un gain de terrain vers la cible à attaquer. Conception de la régulation : Lorsqu un joueur, confronté à ces exigences, ne réussit pas il convient de relancer son activité de recherche par une régulation qui peut devenir «cognitive» : * Ce choix peut trouver une justification dans les travaux actuels des courants cognitifs en sport. Tout individu en situation est orienté par des «conceptions». Il s agit d un ensemble de représentations, de connaissances construites par l expérience qui peuvent être adaptées ou au contraire constituer un obstacle à la lecture et à la compréhension des situations. Il convient donc de «déconstruire» ces conceptions et de «reconstruire» d autres représentations ou connaissances. Cette reconstruction peut se faire par une interaction directe avec les contraintes de la
situation ou nécessiter une transformation par une régulation plus cognitive : - recours à la verbalisation des stratégies, au questionnement alimentant une nouvelle planification. - échanges entre des partenaires sur les expériences, les choix, les conséquences de ces choix, vécus immédiatement avant. Cette option se justifie par le fait que le joueur avant d agir, pendant l action et après l action, de toutes façons observe, planifie, s interroge ; il convient pour nous d alimenter cette activité cognitive. Il s agit d un processus différé de l action au cours duquel le formateur n apporte pas de réponses mais alimente la résolution active du problème par le joueur. C O N D U I T E Perceptivo-décisionnel Comportement observable Fonctionnement non observable Bioénergétique Biomécanique Affectif et relationnel Le comportement observable est en fait le produit d un fonctionnement non observable mettant en jeu un ensemble de ressources. La conduite constitue l ensemble de ces manifestations observables et non observables.