UN CLIMAT SCOLAIRE APAISÉ DANS LES ÉCOLE ET LES ÉTABLISSEMENTS Un climat serein dans les écoles et les établissements : une condition de la réussite À l École plus encore qu ailleurs, la sécurité de tous doit être assurée. Un élève ne peut pas apprendre convenablement et un enseignant ne peut pas effectuer correctement sa mission si des conditions satisfaisantes de sécurité physique, morale et psychologique ne leur sont pas garanties. La mission de l École républicaine est de donner à chacun les moyens de mieux vivre pour mieux réussir et de mieux réussir pour mieux vivre, en prenant en considération chaque élève et chaque personnel et en lui permettant d étudier et de travailler dans un environnement sécurisant. C est généralement à la direction de l école dans le premier degré, et au service de vie scolaire de l établissement dans le second, qu il appartient de définir les modalités et d assurer la mise en œuvre du suivi et de la prévention de l absentéisme et des violences scolaires. Mais le directeur d école ou le CPE, responsable de la vie scolaire, ne peuvent résoudre ces problèmes seuls : l implication de l ensemble des acteurs de l École personnels enseignants et non enseignants, familles, élèves eux-mêmes est indispensable pour traiter ces problèmes complexes dans leurs multiples dimensions. La violence et l absentéisme sont des obstacles à la réussite : c est pourquoi ils sont l affaire de tous et doivent être au cœur des projets pédagogiques et de vie scolaire des établissements. Lutter contre les violences et les incivilités La sécurité et, d une façon générale, un climat serein doivent être garantis dans les établissements scolaires pour favoriser les apprentissages. Ainsi, la prévention de la violence à l École est non seulement un enjeu d ordre public au sein de l École de la République, mais aussi un enjeu de réussite éducative et de lutte contre l exclusion scolaire. Les violences scolaires révèlent et contribuent à l accentuation des inégalités sociales territoriales. Toutes les formes de violences et d incivilités doivent ainsi être combattues. La violence à l École recouvre des réalités très différentes. Les faits graves, souvent médiatisés, restent rares et concentrés dans une minorité d établissements particulièrement difficiles : 5 % d entre eux réunissent à eux seuls plus du tiers des incidents graves. Dans le même temps, à peu près la moitié des établissements ne déclarent jamais de tels incidents. A l inverse, les faits de «micro-agressions» et de harcèlement (incivilités, moqueries, insultes, bagarres, vols, rackets mineurs ) sont beaucoup plus répandus. Ils sont aussi plus difficiles à REFONDONS L ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE Page 1
détecter et à enregistrer, et leurs effets ne se font pas toujours sentir «en temps réel». Pourtant, ces «petites victimisations» peuvent empoisonner le quotidien et provoquer une grande souffrance chez ceux, élèves comme personnels, qui en sont victimes. De très nombreux «plans» de lutte contre les incivilités et la violence ont été mis en œuvre depuis l992. Récemment, pour lutter contre les incidents les plus graves, des équipes mobiles de sécurité ont été mises en place dans les académies. Leurs membres sont des personnels appartenant à l'éducation nationale : chef d'établissement, enseignant, conseiller principal d'éducation,..., mais aussi des spécialistes de la sécurité recrutés avec l'aide du ministère de l'intérieur : adjoint de sécurité, policier ou gendarme à la retraite, médiateur, brigade des mineurs, brigade de prévention de la délinquance juvénile... Ils se déplacent dans les établissements en cas de crise, tout en développant des actions de prévention contre la violence et les faits d incivilité. 99 % des établissements ont également réalisé des diagnostics de sécurité qui les ont conduits, en étroite coordination avec les collectivités locales, à mieux sécuriser leurs équipements (installation de clôtures par exemple). Les causes des violences sont multiples et complexes. Elles sont à la fois internes et externes aux établissements. Elles appellent donc des réponses différenciées. C est pourquoi une approche fondée exclusivement sur la sanction et l exclusion des élèves les plus difficiles ne peut pas fonctionner : c est en amont des violences qu il faut avant tout agir. Les recherches et les actions conduites dans les établissements montrent qu une politique efficace de lutte contre toutes les formes de violence doit associer prévention, éducation et sanction. L expérience montre également qu une action coordonnée de tous les acteurs concernés par la violence, à l intérieur et à l extérieur de l École, est indispensable pour la combattre efficacement. Il faut donc généraliser les dispositifs de prévention et d échange avec les partenaires sociaux et institutionnels de l'école : les associations, les services sociaux et de santé, les services de justice et de police et les collectivités locales. Ces dernières, en particulier, doivent être étroitement associées pour la sécurisation matérielle des établissements. Comment améliorer la coordination entre l École et les acteurs extérieurs pour lutter contre les violences? Renforcer la présence des adultes dans les établissements les plus difficiles est indispensable pour prévenir les tensions : non seulement des enseignants, mais aussi des personnels de vie scolaire et des personnels de surveillance. Enfin, l ensemble des acteurs de l École doit être convenablement formé pour appréhender les différents phénomènes de violence. Les enseignants, comme les autres personnels, doivent être mieux préparés pour gérer les conflits et les situations difficiles entre ou avec des élèves. Ces éléments amènent naturellement à poser plusieurs questions. Quelles pourraient être les modalités de mise en œuvre de l engagement présidentiel d un renforcement de la présence d adultes dans les établissements? Quelle sensibilisation des élèves, quelle formation des enseignants, quelle implication des parents, quels instruments de mesure et du suivi des actes d incivilité et de violence commis dans les établissements scolaires pourraient accompagner l action en faveur d un climat apaisé à l école? REFONDONS L ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE Page 2
Lutter contre l absentéisme Un élève est considéré comme absentéiste lorsqu il a cumulé au moins 4 demi-journées d absence non justifiées par mois. L absentéisme a plusieurs visages : il peut être occasionnel, ou bien régulier. Dans les cas les plus graves, il évolue en décrochage scolaire. L absentéisme ne touche pas plus les garçons que les filles. Il augmente par contre avec l autonomie des jeunes : il est ainsi plus fort au lycée qu au collège. On constate également qu il est deux fois plus important dans les filières professionnelles et technologiques que dans les filières générales. L absentéisme peut avoir des causes variées, qui peuvent être extérieures à l École (raisons familiales, sociales ) ou liées à la situation de l élève dans l établissement et, en particulier, au climat scolaire. Par exemple, 24 % des absentéistes chroniques le sont par peur du harcèlement par d autres élèves à l École. Les jeunes régulièrement absents sont aussi souvent en grande difficulté scolaire. La lutte contre l absentéisme est donc une composante majeure de la lutte contre l échec scolaire d une part et de la réuss ite éducative d autre part. La prise en compte rapide de l absentéisme - dès les premières absences d un élève - est déterminante pour lutter contre ce phénomène. Il est essentiel d agir directement sur les raisons qui le conduisent à ne pas venir à l école. Elles doivent être précisément identifiées, car elles appelleront des réponses différentes. De nombreux dispositifs existent pour cela aux niveaux des établissements et des départements, mais leur coordination est encore largement insuffisante. Selon cette perspective, la suspension des allocations familiales aurait un effet non avéré sur le retour des jeunes à une scolarité plus assidue. Comment améliorer la coordination entre les établissements et les départements? Comment créer les conditions d un climat scolaire qui contribuerait à diminuer le taux d absentéisme? Proposer un accueil de qualité dans tous les internats scolaires L internat scolaire propose un cadre de vie qui créé des conditions propices aux apprentissages et à l épanouissement de certains élèves et contribue à la réussite d élèves qui ne peuvent le faire dans le cadre habituel de la scolarité. C est pourquoi tous les internats, dans leur diversité, doivent pouvoir proposer l excellence aux élèves accueillis, en développant des projets éducatifs adaptés à tous les élèves dans leur singularité. Ce projet doit intégrer et articuler l organisation du temps, la place des activités culturelles et sportives, l accès aux ressources numériques et les droits et devoirs des élèves. En lien avec les collectivités territoriales, il convient de s interroger sur la façon d étendre l excellence à tous les internats. REFONDONS L ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE Page 3
Quelques chiffres L absentéisme : REFONDONS L ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE Page 4
Les actes de violence : REFONDONS L ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE Page 5
Quelques ressources documentaires Circulaire n 2011-0018 du 31-1-2011 : Vaincre l absentéisme MEN-DGESCO B3-3 Loi n 2010-1127 du 28-09-2010 visant à lutter contre l absentéisme scolaire Article R552-4, code de la sécurité sociale relatif à la suspension des allocations familiales. Loi Ciotti n 2010-1127, relative à la suspension des allocations familiales Note d information de la DEPP, 11-22 : L absentéisme des élèves dans le second degré public en 2008-2009 et 2009-2010 Note d information de la DEPP, 12-08 : L absentéisme des élèves dans le second degré public en 2010-2011 Circulaire n 2011-028 du 09-02-2011 : Lutte contre le décrochage scolaire Rapport IGEN Bernard Toulemonde : L absentéisme des lycéens Les manquements à l obligation scolaire, janvier 2003, Luc Machard, délégué interministériel à la ville. Circulaire n 2010-25 du 15-02-2010 relative aux actions prioritaires dans la sécurisation des établissements Note d information de la DEPP, 11-13 : les actes de violence recensés dans les établissements publics du second degré en 2010-2011 Rapport IGEN/IGAENR n 2011-057, juin 2011 : La mise en place des premiers internats d excellence Rapport au ministre de l éducation nationale de la jeunesse et de la vie associative, Éric Debarbieux Observatoire international de la violence à l École- université Bordeaux- Segalen, 12 avril 2011 : «Refuser l oppression quotidienne : la prévention du harcèlement à l école» Les États généraux de la sécurité à l École, fiches thématiques contributions du conseil scientifique 10-11 avril 2010 REFONDONS L ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE Page 6