Mesure de l efficacité énergétique du site et externalisation de maintenance Deux outils d Amélioration Continue en Facilities Management chez Merck Millipore à Molsheim Thèse professionnelle présentée par Pascal Bourgasser pour l obtention du diplôme de Mastère Spécialisé «Facilities Management» Délivré sous l égide de la Conférence des Grandes Ecoles. Résumé long Armand Erb, Directeur de mémoire Arnaud Gerardin, Responsable Facilities Engineering, Merck Millipore Molsheim Octobre 2012
1 Contexte et missions Dans le cadre de mon cursus de Mastère Spécialisé en Facilities Management de l INSA de Strasbourg, j ai effectué un stage d application, d une durée de 8 mois environ, dans le service Facilities Engineering de l établissement Merck Millipore de Molsheim (67), qui a pour mission d assurer la construction et la maintenance des bâtiments et installations techniques du site : installations de Chauffage, Ventilation et Climatisation (CVC), chambres froides, production et distribution des utilités, détection et protection incendie, etc. Ce service m a confié dans le cadre de ce stage deux missions : 1. évaluer la situation du site en matière de mesure de l efficacité énergétique et rechercher, définir et mettre en œuvre les éléments complémentaires d un dispositif complet de suivi, 2. externaliser la maintenance des installations de CVC sous forme d un contrat pluriannuel avec clause de Service Level Agreement (SLA). La première mission s inscrit dans la démarche volontariste de réduction des consommations de ressources naturelles dans laquelle s est engagé le Groupe Merck, démarche se déclinant notamment en un objectif de réduction de 20% de ses émissions de Gaz à Effet de Serre d ici à 2020 (par rapport à 2006). Le site de Molsheim s est approprié cet objectif et le traduit en de multiples initiatives et projets d efficacité énergétique ; il a souhaité se doter d un outil de mesure de son efficacité énergétique pour : suivre l efficacité de la production de ses énergies secondaires, suivre la consommation en énergies primaires et secondaires des différentes lignes de production et zones tertiaires, établir des corrélations avec les facteurs d influence (notamment météorologiques), définir et suivre les paramètres-clés caractérisant l efficacité énergétique : tableau de bord, rapports, alarmes, détecter des évolutions anormales, mesurer le retour sur investissement des projets d économies d énergie. En ce qui concerne la seconde mission, le site comporte un parc très important d installations de CVC, pour lesquelles la réalisation des opérations de maintenance, préventive et curative, est sous-traitée à un prestataire extérieur, et donne entière satisfaction. Néanmoins, le site souhaite aller vers une externalisation plus complète et 1
davantage formalisée de cette maintenance, dans le cadre d un contrat incluant la réalisation, mais également la gestion et l optimisation de la maintenance, ainsi que la veille technique et règlementaire. Ceci doit permettre au spécialiste de l équipe gérant ce parc de libérer du temps afin pour se consacrer à d autres activités plus stratégiques (telles que projets d investissement, optimisation technique et énergétique des installations). L opportunité a été saisie d étendre ce travail à d autres installations techniques : les chaufferies (production d Eau Chaude de chauffage), les chambres froides, ainsi que les réseaux de distribution des principaux fluides (Vapeur, Eau Glacée, Eau Chaude). Ces projets sont complémentaires et s inscrivent tous deux dans la démarche d Amélioration Continue du site, et correspondent aux étapes Plan, Do et Check du classique cycle de Deming PDCA. Ils jouent tous deux également leur rôle dans la déclinaison, au niveau du site de Molsheim, de la politique environnementale du groupe Merck. 2 Suivi de l efficacité énergétique du site Le sujet n est pas nouveau pour le site. Un certain nombre de compteurs sont déjà en place (situation variable en fonction de l énergie ou du secteur), raccordés en partie à l installation de Gestion Technique Centralisée (GTC) en place. Après une étape de recherche d informations auprès d acteurs du domaine, j ai procédé à une priorisation des énergies et secteurs nécessitant un suivi : consommation d Electricité, production et consommation d Air Comprimé, production d Eau Glacée, d Eau Chaude et de Vapeur. J ai alors réalisé l état des lieux de la situation : découpage du site en zones fonctionnelles, recensement, pour chaque zone de production, des utilités consommées et des appareils de mesure existants, recensement, pour chaque atelier de production d énergie secondaire, des énergies primaires consommées et des appareils de mesure existants, identification des besoins de raccordement à la GTC (nouveaux capteurs ou capteurs existants mais non encore raccordés), indication des coûts estimés pour les appareils de mesure et travaux correspondants. Le résultat de cet état des lieux est le plan de mesurage, qui constitue le socle du projet, base de données permettant le tri par zone fonctionnelle, énergie et niveau de priorité, ainsi 2
que le calcul de l investissement correspondant. Cette démarche a permis de définir une zone pilote à traiter (production et consommation d Air Comprimé, consommations de la salle de production Steritest EZ). Le projet a comporté une phase de recherche et de définition de solutions de mesure pour les grandeurs à suivre, notamment les consommations d air comprimé, de puissance frigorifique ou calorifique, et de vapeur. En parallèle de cette phase, le plan de mesurage a permis de mettre en évidence les besoins de raccordement à la GTC de nouveaux capteurs ou de capteurs existants mais non encore raccordés. La consultation du partenaire du site pour la GTC a permis d aboutir à une solution technique et un devis pour l ensemble des points de mesure à raccorder. La recherche d une solution d historisation et d analyse des données a constitué également un poste important de ce projet. La formalisation d un cahier des charges et la consultation menée ont permis d aboutir au choix de la solution logicielle esight, choisie pour ses fonctionnalités, de convivialité et son coût. Les solutions techniques une fois définies, un projet d investissement, couvrant les besoins en appareils de mesure et en raccordement à la GTC pour la zone pilote, ainsi que l installation du logiciel retenu, a été présenté et accepté, permettant l acquisition des solutions définies. La mise en œuvre des solutions matérielles (appareils de mesure, automates) n a pas posé de problème particulier. La mise en œuvre de la solution logicielle d historisation et d analyse des données a nécessité davantage d attention, tant pour la gestion des interfaces informatiques du processus de transfert de données, que pour la définition de détail des rapports, tableaux de bord et alarmes prévus. A la fin de la mission, même si ces deux développements sont encore en cours, l application esight est déjà en partie fonctionnelle et a commencé à livrer ses premières conclusions. Les facteurs d influence suivants ont été identifiés ; leur enregistrement permettra d étudier leurs corrélations possibles avec les consommations énergétiques du site : facteurs de production : heures d ouverture des ateliers et heures productives, facteurs énergétiques : DJU de chauffage et enthalpie de l air extérieur. Sur le plan financier, le retour sur investissement d un tel projet repose bien entendu sur des estimations d économies d énergie possibles, et a été évalué à 3 ans environ. 3
3 Maintenance CVC et Utilités : de la «simple» sous-traitance à un contrat d externalisation Même si l on peut débattre longuement sur les différentes acceptions de ces termes, on peut parler pour ce projet du passage d une sous-traitance, consistant à confier à un prestataire des opérations ponctuelles de maintenance (sous forme de campagnes gérées par Millipore), à une externalisation de maintenance, incluant sa gestion complète ainsi que des obligations de conseil et d Amélioration Continue, dans le cadre d un contrat pluriannuel assorti de clauses de niveau de service (Service Level Agreement, SLA). L enjeu de cette démarche a justifié la mise en place d une équipe-projet multidisciplinaire. Le projet a débuté par une phase d état des lieux, permettant de caractériser la situation antérieure et son coût global, intégrant celui des ressources internes. La rédaction du cahier des charges a constitué une étape-clé, permettant de préciser les besoins, les contraintes et les exigences, en décrivant de manière précise l activité à externaliser, les résultats attendus, et les besoins en matière de reporting. Par une phase de pré-information des prestataires pressentis, nous avons validé auprès d eux les pré-requis nécessaires à la poursuite de leur prise en compte dans la consultation. L appel d offres a consisté en la diffusion du cahier des charges et de ses annexes (détaillant le périmètre du contrat et le détail des prestations attendues), mais également d un formulaire de réponse et d un règlement de l appel d offres. Le formulaire de réponse a pour but d imposer le format de présentation des prix : prix forfaitaire pour la partie s y prêtant, à savoir l ensemble des prestations hors travaux de maintenance curative et de maintenance préventive conditionnelle, et bordereau de prix pour ces dernières. Le règlement d appel d offres présente quant lui l objectif de la démarche, les documents de l appel d offres, la présentation attendue des offres, les critères d appréciation des offres (de manière qualitative), et le planning prévisionnel. Par souci d objectivité, j ai veillé à finaliser les critères d appréciation des offres avant le retour de celles-ci. Ces critères avaient été néanmoins communiqués dans leurs grandes lignes lors de l appel d offres : 40 % pour le prix, 50 % pour l évaluation technique de l offre, et 10 % pour les mesures en faveur du développement durable. L analyse des offres, selon ces critères détaillés, a conduit à en établir un classement. L offre du prestataire Cofely est sortie en tête de cette confrontation, ce qui est le reflet conjugué 4
de sa proposition tarifaire et des perspectives présentées par ce prestataire en matière d Amélioration Continue (optimisation des coûts énergétiques et de maintenance) et d extension possible à d autres domaines techniques. C est durant la négociation qu a été finalisée la rédaction du Service Level Agreement, même si ses grandes lignes avaient fait l objet de réflexions plus en amont du projet. Cette étape a également permis de formaliser la nature des obligations du prestataire (obligation de moyens ou de résultat). L analyse des risques et contraintes de ce projet lui a servi de fil rouge : j ai organisé leur identification en amont avec l équipe-projet, puis me suis assuré que chaque risque ou contrainte faisait l objet d une mesure de réduction, au travers des exigences du cahier des charges ou des critères d appréciation des offres. Le contrat est à ce jour signé avec Cofely et a démarré de manière opérationnelle au 01.09.12. 4 Conclusions Cette mission réalise, à mon sens, une illustration pertinente du bénéfice partagé que présente un tel stage dans le cadre du Mastère Spécialisé en Facilities Management. Bénéfice pour l entreprise, pour laquelle il constitue une opportunité de renforcer temporairement ses équipes afin de lancer des projets stratégiques et de longue haleine, trop souvent repoussés par manque de ressources suffisamment disponibles ou en raison de priorités opérationnelles. Bénéfice également pour le stagiaire : le fait d avoir été intégré au cœur des activités de Facilities Management de Millipore m a permis d en appréhender les différentes facettes, résultant en de multiples opportunités d acquisition ou renforcement de connaissances et compétences. De plus, ce stage m a permis d effectuer un travail de synthèse de mes connaissances et expériences préalables et de celles acquises durant ce Mastère Spécialisé. Bénéfice pour le cursus de formation enfin : la cohérence des sujets qui m ont été confiés avec le programme de la formation, et la satisfaction dont m ont fait part mes responsables quant aux résultats atteints, renforce la pertinence et la légitimité de ce cursus, et pourront, j espère, motiver de nouveaux étudiants à l entreprendre. 5