Risque d incendie de forêts - problématique des interfaces habitatforêts - caractéristiques en terme de débroussaillement - proposition de recommandations en termes d'actions de prévention Corinne LAMPIN-MAILLET
Problématique des interfaces habitat-forêt Contexte
Contexte général Région méditerranéenne, caractérisée par son climat et sa végétation Un environnement socio-économique marqué par la déprise rurale et la métropolisation des territoires végétation, climat, topographie et activités humaines Des facteurs qui prédisposent à l incendie de forêt Photo Petit J
En France Photos Lampin-Maillet C Chaque année, en moyenne : plus de 2 650 feux de forêt et 24 000 ha brûlés Dégâts causés au milieu naturel mais aussi aux biens et aux populations (Prométhée, 1973-2008, 15 départements du Sud de la France) Photo Petit J
Vers une augmentation du risque d incendie? Déprise agricole et expansion d espaces naturels combustibles Apparition de grandes surfaces boisées continues Développement des strates basses de la végétation après plusieurs années sans incendie Photos Cemagref
Vers une augmentation du risque d incendie? Extension de l urbanisation sur d anciennes terres agricoles en limite des zones boisées au sein des massifs boisés Photos Lampin-Maillet C
Les interfaces habitat-forêt Multiplication des zones de contact entre des espaces naturels combustibles et des systèmes urbains aires sensibles au risque d incendie Sources privilégiées de départs de feu et vulnérabilité accrue du fait de la présence des biens et des personnes Photo Lampin-Maillet C 90 % des départs de feux sont d origine humaine
Vers une augmentation du risque d incendie? Réchauffement climatique Augmentation de la fréquence des incendies et de leur intensité Allongement de la saison des feux Augmentation de la fréquence des périodes à risque De nouveaux territoires concernés par les conditions climatiques favorables aux incendies (Jacq, 2008; Rigolot, 2008, F.Med)
Problématique des interfaces habitat-forêt Caractériser et cartographier les Interfaces habitat-forêt Plan de la Tour Juin 2008 Crédit photo Lampin-Maillet C
Définition de l interface habitat-forêt S appuie sur l obligation légale de débroussaillement - Article 322-3 du code forestier Bâtis résidentiels situés à moins de 200 m de forêts, garrigues, maquis et leur environnement de 100 m 100 m Photo Lampin-Maillet C (Lampin-Maillet et al., 2008, Revue Forestière Française)
Structure de l habitat résidentiel Photos Lampin-Maillet C Photos Lampin-Maillet C Photos Lampin-Maillet C
Structure de l habitat résidentiel Fondée sur : - Distance entre bâtis - Regroupement de bâtis Habitat isolé Habitat diffus Habitat groupé dense Habitat groupé très dense Photo Lampin-Maillet C (Lampin-Maillet et al., 2009, Computers, Environment and Urban systems)
Structure de l habitat résidentiel Habitat isolé Habitat diffus Habitat groupé dense Habitat groupé très dense
Structure horizontale de la végétation Photos Lampin-Maillet C Photos Lampin-Maillet C
Structure horizontale de la végétation Photos Lampin-Maillet C Photos Lampin-Maillet C Photos Lampin-Maillet C Agrégation nulle AI = 0 Absence de végétation arborée, arbustive Agrégation faible 0 < AI 95 % Végétation discontinue, éparse AI = 100 % Agrégation forte 95 % < AI Végétation continue, dense AI = 0 % (Lampin et al. 2006)
Structure horizontale de la végétation Végétation éparse et discontinue Végétation dense et continue Végétation absente
Typologie des interfaces habitat-forêt Structure 12 Types Par combinaison de d interfaces la l habitat végétation des deux critères Agrégation nulle Agrégation faible Agrégation forte Habitat isolé Habitat diffus Habitat groupé dense Habitat groupé très dense (Lampin-Maillet et al., Journal of Environmental Management, 2010)
Diffusion de la méthode
Guide et outil en téléchargement
Cartographie des interfaces habitat-forêt
Thèse LAMPIN Géographie-Analyse spatiale
Bormes-les-Mimosas février 2005 Bâti isolé au contact de végétation agrégée Habitat diffus Végétation éparse Végétation d agrément Végétation continue, agrégée Habitat groupé Très dense Thèse LAMPIN Géographie-Analyse spatiale
Les interfaces réseau-végétation Calcul de la densité du réseau routier avec la fonction Density/SpatialAnalyst d ArcGis dans un rayon de recherche de 500 mètres La densité est calculée à partir du nombre de polylignes situées dans la zone de recherche de 500m. Tous les points ont le même poids (nombre de points / surface de la zone de recherche). La densité correspond au Nombre total de polylignes dans la surface du cercle/(500² x П) exprimée en nombre de polylignes par km². Le réseau routier (autoroutes, routes nationales, routes départementales et routes communales, extraits de La BD Carto de l IGN ) Nombre de polylignes >5, densité forte 2 Nombre de polylignes 5 densité moyenne Nombre de polylignes <2, densité faible Découpage d une zone tampon de 100 mètres de part et d autre de l axe routier
Densité du réseau routier
9 types d interface réseauvégétation
Caractéristiques en termes de débroussaillement Plan de la Tour Juin 2008 Crédit photo Lampin-Maillet C
Obligation légale de débroussaillement Débroussaillement et son maintien en l état doivent être exécutés par le propriétaire (ou son ayant-droit ou le locataire) : dans un rayon de 50 m minimum autour des bâtis situés à moins de 200 m de forêts, garrigues ou maquis s applique également de part et d autre des routes desservant ces bâtis sur une profondeur variable, dépendant de l arrêté préfectoral (10 m est en général la profondeur préconisée) Loi d orientation forestière du 11 juillet 2001 (Art. L.322.3)
Obligation légale de débroussaillement Objectif du débroussaillement : «diminuer l intensité et de limiter la propagation des incendies par la réduction des combustibles végétaux en garantissant une rupture de la continuité du couvert végétal, et en procédant à l élagage des sujets maintenus et à l élimination des rémanents de coupes» Avant débroussaillement Avant débroussaillement avant avant Après débroussaillement Après débroussaillement après après Photo SDIS Gard
Le rôle de l habitant dans les mesures individuelles «Une structure qui ne s enflamme pas, ne brûle pas, en dépit de ce qui se passe autour» (Nowicki, 2002). Pour limiter l inflammation de la maison en cas d incendie Le débroussaillement doit être suffisant pour réduire la biomasse combustible, La mise à distance des arbres par rapport au bâti s impose La végétation aux abords du bâti doit être enlevée
Caractéristiques de débroussaillement selon les types d interface habitatforêt Surface à débroussailler (m2) Densité du bâti (nb bâtis/km2) 12000 600 10000 500 8000 X 4,5 5 400 6000 300 4000 200 2000 100 0 Habitat isolé Habitat diffus Habitat groupé dense Habitat groupé très dense 0 surface à débroussailler densité du bâti (Lampin-Maillet et al., 2009, Computers, Environment and Urban systems)
Interfaces en habitat isolé Absence de végétation arborée, arbustive Végétation discontinue, éparse Végétation continue, dense Caractéristique s moyennes Densité de bâtis Surface à débroussailler par bâti Périmètre à protéger par bâti Habitat isolé 1 bâti/ha 1 ha/bâti 330 m / bâti
Interfaces en habitat diffus Absence de végétation arborée, arbustive Végétation discontinue, éparse Végétation continue, dense Caractéristiqu es moyennes Densité de bâtis Surface à débroussailler par bâti Périmètre à protéger par bâti Habitat diffus 1,6 à 1,7 bâtis/ha 6 300m 2 /bâti 150 m / bâti
Interfaces en habitat groupé dense Absence de végétation arborée, arbustive Végétation discontinue, éparse Végétation continue, dense Caractéristiques moyennes Densité de bâtis Surface à débroussailler par bâti Périmètre à protéger par bâti Habitat groupé dense 2 à 3 bâtis/ha 6 000 m 2 /bâti 187 m / bâti
Interfaces en habitat groupé très dense Absence de végétation arborée, arbustive Végétation discontinue, éparse Végétation continue, dense Caractéristiques moyennes Densité de bâtis Surface à débroussailler par bâti Périmètre à protéger par bâti Habitat groupé très dense Plus de 3 bâtis/ha 2 200 m 2 /bâti 35 m / bâti
Les types d interface : des situations contrastées face au risque Les obligations de débroussaillement en termes de surfaces sont 5 fois plus élevées dans les interfaces en habitat isolé (1ha) qu en habitat groupé très dense (0,22ha) Une maison située dans une interface en habitat isolé en contact avec des zones où l agrégation de la végétation est nulle n est pas une garantie suffisante pour diminuer le risque d incendie inflammation par brandons incandescents chaume est un vecteur de propagation du feu Dispersées sur le territoire, les interfaces en habitat isolé et habitat diffus sont sont plus difficiles à contrôler en termes de suivi de réglementation par rapport à l usage du feu et aux imprudences qui occasionneraient des départs de feu
Proposition de recommandations en termes de prévention Plan de la Tour Juin 2008 Crédit photo Lampin-Maillet C
Réduire le combustible La réduction du combustible n exige pas l enlèvement de toute la végétation (certains types de végétation ne produisent que de petites flammes) Des arbres qui sont espacés de façon judicieuse entre la maison et la végétation forestière environnante peuvent aussi créer un écran de protection contre la chaleur radiante du front de flamme (la chaleur radiante n est alors plus suffisamment forte pour enflammer la façade de la maison durant son temps d exposition au front de flamme). Une discontinuité minime dans la végétation (comme une simple ligne autour du périmètre de la maison) peut déjà s avérer efficace empêchant le feu de se propager de la végétation en flammes à la maison. Mais surtout des recommandations en termes de débroussaillement sont préconisées dans le voisinage immédiat des maisons situées dans les interfaces habitat-forêt
Réduire le combustible Débroussailler Faire des aménagements paysagers à base de rochers, de cheminements en ciment Des zones d herbe verte arrosée ou le simple ratissage des aiguilles et des herbes sèches Photo Lampin-Maillet Choisir des plantes d ornement qui soient les plus résistantes au feu Photo (inflammabilité Lampin-Maillet faible, combustion lente, peu calorifique, petites flammes), à teneur en eau la plus élevée (herbacées, fleurs), d un diamètre de moins de 2 cm (faible biovolume), contenant peu ou pas d essences avec substances chimiques (huile, cires, résine) Mais aussi Photo Lampin-Maillet
Réduire le combustible Photo Long-Fournel Photo Long-Fournel
Eviter les situations à risque Photo Lampin-Maillet Photo Lampin-Maillet Photo Lampin-Maillet Photo Lampin-Maillet Volets, gouttières doivent résister à la chaleur, aux flammes
Eviter les situations à risque Photo Lampin-Maillet Photo Lampin-Maillet L inflammation de stockages de combustibles à proximité des habitations entraîne des dégâts majeurs : citerne de gaz ou de mazout, tas de bois Photo Long-Fournel Photo Long-Fournel
Eviter les situations à risque Ratissage des aiguilles de pin qui peuvent propager le feu au sol Photo Bouillon Enlèvement des branches, feuilles et aiguilles mortes sur les toits et gouttières Etanchéité à l air des toitures également importante pour éviter l intrusion de brandons à l intérieur de la construction Photo Bouillon
Merci de votre attention corinne.lampin@cemagref.fr