Thrombophilie constitutionnelle (I)

Documents pareils
Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

de la thrombose veineuse et de l embolie pulmonaire

E04a - Héparines de bas poids moléculaire

QU EST-CE QUE LA PROPHYLAXIE?

Pharmacologie des «nouveaux» anticoagulants oraux

1 - Que faut-il retenir sur les anticoagulants oraux?

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 10 mars 2010

VOUS et VOTRE NOUVEAU TRAITEMENT anticoagulant Eliquis, Pradaxa, Xarelto

LE SYNDROME DE BUDD CHIARI

Informations sur le rivaroxaban (Xarelto md ) et l apixaban (Eliquis md )

INFORMATIONS AU PATIENT SUR LA COLOSCOPIE

Quelle place pour le test de génération de thrombine au sein du laboratoire de biologie clinique?

Livret d anticoagulation

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Point d information Avril Les nouveaux anticoagulants oraux (dabigatran et rivaroxaban) dans la fibrillation auriculaire : ce qu il faut savoir

La prise en charge de votre cardiopathie valvulaire

Pour l'instant, les connaissances actuelles ne permettent pas d'empêcher un cancer du sein de survenir.

La drépanocytose. Sikkelcelziekte (Frans)

LA VIE APRES VOTRE INFARCTUS

QU ENTEND-ON PAR DÉFICITS EN FACTEUR DE COAGULATION RARES?

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Collection Soins infirmiers

En souvenir du P r Olivier Dizien, décédé le 1 er juillet 2007

Après l intervention des varices. Informations et conseils sur les suites du traitement. Réponses aux questions fréquemment posées

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

Vous et votre traitement anticoagulant par AVK (antivitamine K)

Que sont les. inhibiteurs?

COMPLICATIONS THROMBOTIQUES DES SYNDROMES MYÉLOPROLIFÉRATIFS: ÉVALUATION ET GESTION DU RISQUE

Atelier N 2. Consultation de patientes porteuses d une maladie générale

B08 - CAT devant une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs

ORDONNANCE COLLECTIVE

Le don de moelle osseuse

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

Les tests génétiques à des fins médicales

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Contraception après 40 ans

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

Accidents des anticoagulants

E03 - Héparines non fractionnées (HNF)

Nous avons tous un don qui peut sauver une vie. D e v e n i r. donneur de moelle. osseuse

Tuberculose bovine. Situation actuelle

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

MIEUX COMPRENDRE CE QU EST UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

En considérant que l effet anticoagulant du dabigatran débute dans les 2 heures suivant la prise du médicament :

NOTICE: INFORMATION DE L UTILISATEUR. Immukine 100 microgrammes/0,5 ml solution injectable (Interféron gamma-1b recombinant humain)

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Le Don de Moelle Ça fait pas d mal!

PARTIE III : RENSEIGNEMENTS POUR LE CONSOMMATEUR

Infospot. Les nouveaux anticoagulants oraux (NACOs) Octobre - Novembre - Decembre 2014

Insuffisance cardiaque

Item 175 : Prescription et surveillance des antithrombotiques

Comment se déroule le prélèvement? Il existe 2 modes de prélèvements des cellules souches de la moelle osseuse:

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Feuille d instructions destinée aux agents quant à la façon de remplir le questionnaire médical VacanSanté

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

LA DÉFICIENCE EN FACTEUR XII

PREVENTION DE LA MALADIE THROMBO- EMBOLIQUE VEINEUSE (MTEV) EN PERI- OPERATOIRE QUOI DE NEUF?

HTA et grossesse. Dr M. Saidi-Oliver chef de clinique-assistant CHU de Nice

CRPP. Syndrome MYH9. Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires. Livret destiné au patient

Le VIH et votre cœur

Conférence de consensus THROMBOPHILIE ET GROSSESSE PRÉVENTION DES RISQUES THROMBOTIQUES MATERNELS ET PLACENTAIRES

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 14 mars 2012

La maladie de Stargardt

Rapport thématique. Les anticoagulants en France en 2012 : Etat des lieux et surveillance

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

Antiagrégants plaquettaires Anticoagulants

XARELTO (RIVAROXABAN) 2,5 MG - 15 MG - 20 MG, COMPRIMÉS PELLICULÉS GUIDE DE PRESCRIPTION

Questionnaire Médical

Transfusions sanguines, greffes et transplantations


Traitement des plaies par pression négative (TPN) : des utilisations spécifiques et limitées

Médecine Physique Prévention de la maladie thrombo-embolique veineuse. Pr Philippe NGUYEN Vendredi 17 Décembre 2010

RIVAROXABAN ET TESTS DE BIOLOGIE MEDICALE

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 janvier 2006

Gyselle 20/30 SPIRIG HEALTHCARE

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

II - DIABETE DE TYPE 1 : ÉPIDÉMIOLOGIE - PHYSIOPATHOLOGIE - DIAGNOSTIC- DÉPISTAGE

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

I Identification du bénéficiaire (nom, prénom, N d affiliation à l O.A.) : II Eléments à attester par un médecin spécialiste en rhumatologie :

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

Nouveaux Anticoagulants. Dr JF Lambert Service d hématologie CHUV

Le don de moelle osseuse :

Le VIH et votre foie

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence


PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Sysmex Educational Enhancement & Development

La transplantation rénale avec donneur vivant Aspects particuliers dans le cadre des maladies rénales transmises génétiquement

voie extrinsèque voie intrinsèque VIIa IXa XIa XIIa IX XI prothrombine Xa, V, Ca, PL thrombine IIa facteurs contact XII fibrinogène fibrine

Bulletin n Cher adhérent, cher donateur,

Transcription:

Thrombophilie constitutionnelle (I) Mutation du facteur V Leiden = résistance à la protéine C activée La thrombophilie est un trouble caractérisé par une coagulabilité accrue du sang, tendant à favoriser la survenue d une thrombose. Qu est-ce que la coagulation? Notre système de coagulation est composé de divers éléments. Le sang contient certaines protéines qui sont formées dans le foie et permettent au sang de coaguler. Il s agit des facteurs de la coagulation. En cas de lésion de l organisme, ces facteurs interviennent et produisent de la fibrine. La fibrine vient s ajouter aux thrombocytes (plaquettes) du sang pour former un thrombus ou clou hémostatique. Le système de la coagulation doit être régulé car, sans cette régulation, il donnerait lieu, en permanence, à la formation excessive de nombreux petits thrombus. Les facteurs de la coagulation ont leurs inhibiteurs, qui limitent le processus de coagulation et peuvent cliver certains d entre eux. Une fois clivés par les facteurs anticoagulants, les facteurs de la coagulation ne peuvent plus former de fibrine. Le système des facteurs de la coagulation et leurs inhibiteurs constituent un équilibre délicat. Si les facteurs de la coagulation prédominent ou s il y a déficit en inhibiteurs, il y a déséquilibre et l on assiste à une formation accrue de thrombus avec le risque qui en découle pour le patient. La constitution des facteurs de la coagulation peuvent se trouver modifiés de telle façon qu ils ne sont plus clivés par leurs inhibiteurs ou que le clivage ne s effectue que lentement. C est ce qui se passe avec la mutation du facteur V Leiden. Quelle est l origine du nom Leiden? Ce type de thrombophilie a été décrit pour la première fois en 1994 à l Université de Leiden aux

Pays-Bas. Par quelles modifications cette mutation se traduit-elle? La mutation (substitution de protéine) concerne un facteur clé de la coagulation sanguine (facteur V). La conséquence de cette mutation est qu un facteur anticoagulant intrinsèque important (protéine C activée ou PCA) ne peut cliver le facteur V que lentement, le site de clivage du facteur V ayant changé. L équilibre de la coagulation tend alors vers une coagulabilité nettement accrue du sang, phénomène désigné par le terme d hypercoagulabilité. Le facteur V est ainsi rendu résistant au clivage par la protéine C activée. Le terme de «résistance à la protéine C activée» est utilisé pour décrire cet état. La résistance à la protéine C activée est par conséquent presque entièrement due à cette modification qualitative du facteur V qui est prédéterminée génétiquement. Si son résultat est trop faible, le test de la résistance à la protéine C activée doit toujours être suivi d une analyse de la mutation du gène du facteur V par technique de biologie moléculaire. (figures 2 et 3.)

Qu entend on par «prédéterminé génétiquement»? Chez l homme, chaque noyau cellulaire compte 46 chromosomes. Ils portent l information génétique. Il existe 22 paires de chromosomes, la moitié de chaque paire provenant de la mère et l autre du père, plus deux chromosomes sexuels ou gonosomes qui déterminent le sexe (sexe masculin : 1 chromosome X + 1 chromosome Y ; sexe féminin : 2 chromosomes X). (figure 4)

Le défaut est retrouvé au niveau de la paire de chromosomes n 1. Comme tous les chromosomes humains sont appariés, soit seul un chromosome de la paire n 1 est touchée (porteur hétérozygote, figure 5) soit les deux chromosomes de la paire n 1 sont affectés (porteur homozygote, figure 6). La résistance à la protéine C activée est un défaut génétique affectant aussi bien les hommes que les femmes (trait autosomique dominant). Chez les parents au premier degré (enfants, parents, frères et sœurs), le risque de présenter également ce trait est de 50 %. Une enquête familiale s avère par conséquent souvent utile, notamment chez les membres de la famille de sexe féminin préalablement à tout traitement hormonal ou toute grossesse envisagés ou chez les femmes de la famille atteintes de thrombose, avant de mettre en route le traitement approprié. Une thrombose survenant généralement après la puberté, il n est nécessaire d examiner les enfants qu en fin d école maternelle ou en primaire, et avant toute intervention chirurgicale programmée, lorsqu il est plus aisé d effectuer des prises de sang. Quelles sont les implications dans mon cas personnel? Les porteurs hétérozygotes présentent un risque accru d accident thromboembolique multiplié par un facteur de cinq à dix ; chez les porteurs homozygotes, le risque est 80 fois plus élevé. Dans les

situations à risque, ce qui dans le présent contexte signifie en particulier la prise d œstrogènes sous forme de comprimés (pilule, certaines préparations prescrites dans le cadre de la ménopause) et la grossesse, le risque de récidive de thrombose augmente considérablement. Chez les porteuses hétérozygotes prenant la pilule contenant de l œstrogène, le risque est multiplié par un facteur de 35. Les autres situations à risque sont la chirurgie, un alitement prolongé (immobilisation), pansements et plâtres de la jambe (plâtres, botte de Unna, attelles, par exemple), les voyages prolongées en avion ou en voiture où l espace réservé aux jambes est limité, le cancer, les maladies associées à une perte hydrique (diarrhée, etc.). Il a également été observé une incidence accrue de complications de la grossesse, ce qui signifie que les femmes enceintes doivent faire l objet d une surveillance spéciale et, dans certains cas, relèvent d injections d héparine. En outre, certains médicaments sont susceptibles de majorer le risque de thrombose, comme la cortisone sous forme de comprimés et des traitements anti-hormonaux (tamoxifène, etc.) En quoi consiste le traitement? Il n est pas possible de traiter le gène défectueux lui-même. Les porteurs de ce défaut génétique qui ne présentent pas de symptômes et n ont pas d antécédents de thrombose n ont pas besoin d un traitement au long cours bien qu il soit nécessaire de les avertir des situations à risque mentionnées plus haut et de pratiquer les injections d héparines requises. Il est ainsi possible de prévenir la thrombose de façon presque certaine, la thrombose ne survenant que rarement hors des situations à risque citées ci-dessus. L administration d un anticoagulant (Sintrom, Coumadine, Marcumar ) est recommandée suite à une thrombose. Le traitement doit être poursuivi sur 6 à 12 mois en fonction de la gravité du trouble. Toutefois, en cas d'événements thromboemboliques récidivants ou d antécédents de pathologies très sévères à type d embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse dans le cerveau ou l intestin, un traitement par phenprocoumone (Marcumar ) est préconisé. La décision s effectuera toujours au cas par cas, en prenant en compte un certain de nombre de points. L existence simultanée de plusieurs thrombophilies chez une même personne n est pas un phénomène rare et de nombreux patients présentent différentes modifications de la coagulation qui détermineront le choix du traitement administré. La pilule contraceptive et d autres préparations à base d œstrogène par voie orale doivent être interrompues, sauf lorsqu un traitement par phenprocoumone (Marcumar) s avère nécessaire, auquel cas la préparation hormonale peut être poursuivie. Un traitement par l aspirine, par exemple, est insuffisant dans la phase aiguë suivant une thrombose ou comme prophylaxie dans des situations à risque. L administration d héparine doit également être discutée lorsque la personne doit prendre un vol d une durée de plus de 4 heures d affilée. Ces points sont à discuter avec votre médecin traitant. L héparine n est pas nécessaire chez les patients qui sont déjà sous anticoagulants oraux. Et si l on envisage d avoir un enfant? De nos jours, la présence d un facteur V Leiden ne constitue plus un obstacle à la grossesse. Chez les femmes victimes d une thrombose antérieurement, un traitement par héparine de bas poids moléculaire est instauré dès que la grossesse est confirmée, à raison d une administration par jour. Les femmes apprennent à s injecter l héparine par voie sous-cutanée dans un pli cutané de l abdomen. Ce n est pas difficile. Les injections d héparine doivent être pratiquées pendant six semaines au maximum après l accouchement, la thrombose survenant souvent dans la période

suivant immédiatement l accouchement. L héparine est sans effet nocif pour l enfant puisqu elle ne traverse pas le placenta. Le risque de saignement n est pas accru pendant l accouchement. L allaitement ne pose pas non plus de difficulté, l héparine n étant pas excrétée dans le lait maternel. Chez les femmes présentant une mutation du facteur V et n ayant pas d antécédents de thrombose, seules une surveillance au cours de la grossesse et l administration d héparine à titre préventif lors de l'accouchement sont nécessaires. La mutation est-elle un phénomène rare? Non! En Europe, environ 6 à 8 % de la population est porteuse de cette mutation. Ce chiffre explique l incidence relativement élevée des maladies vasculaires parmi les caucasiens. D autres populations (asiatique, africaine) sont indemnes de cette mutation. Lorsqu une modification génétique concerne plus de 2 % de la population, on parle de «polymorphisme». Un terme plus exact de la mutation serait ainsi «polymorphisme du facteur V». Est-ce que cette mutation ne comporte que des inconvénients? Non, pas selon de nombreuses études! Il a été démontré que les porteurs d une mutation du facteur V perdent moins de sang à la suite d une lésion, au cours d une intervention chirurgicale et lors d un accouchement. Il pourrait s agir d un avantage en termes d évolution, ce qui explique pourquoi le trait est si répandu. La mutation a aussi un côté positif! Y a-t-il quelque chose que je puisse faire? Malheureusement, il n existe pas de recommandations diététiques qui puissent améliorer la coagulation. Toutefois, les personnes en surpoids doivent s efforcer d'avoir une alimentation saine, riche en vitamines, afin de perdre du poids. La pratique régulière d une activité physique et d un sport est fortement recommandée et vise à prévenir toute thrombose (exercice d endurance pendant 30 minutes 3 fois par semaine), y compris chez les personnes ayant été victimes d une thrombose. Si la thrombose est récente, il est évident qu un délai de trois mois est à respecter avant d entreprendre de telles activités. Il est impératif de suivre le schéma posologique prescrit en cas d antécédents de thrombose et ce de façon à prévenir toute récidive. Le port de bas de contention veineuse est recommandé sans aucun doute car il peut réduire au minimum le risque de survenue d une complication désagréable courante : le syndrome post-thrombotique (œdème, troubles cutanés, ulcères). Idéalement, les bas devraient être portés régulièrement pendant une période allant jusqu'à 2 ans après la thrombose. Il est également utile de surélever ses jambes le soir. Il faut éviter la chaleur aux jambes et s abstenir notamment de les exposer au soleil pendant des périodes prolongées. Certains patients apprécient par contre le sauna du fait qu il alterne chaleur et froid. C est à vous d essayer pour voir si cela vous convient. Dr. med. Hannelore Rott, Specialist for Transfusion-Medicine, Königstr. 53, 47051 Duisburg (Allemagne)(2006)