Plan Douleur et Cognition Christine Moroni http://nca.recherche.univ-lille3.fr/ Douleur : expérience émotionnelle et sensorielle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en terme évoquant une telle lésion. Expérience subjective et multidimensionnelle 2 types de douleurs : - douleur aiguë - douleur chronique avec des conséquences différentes sur la cognition Le plus étudié reste l influence de la douleur chronique sur la cognition. Mais avant cela : QUID de la cognition dans le cas d une douleur aiguë Cognition et douleur aiguë : Douleur aiguë : est une alerte utile d une durée courte (de quelques minutes à quelques jours), vectrice d angoisse et suscitant des réactions de défense adaptées avec la mise en jeu de mécanismes physiologiques de protection favorisant la guérison, sans modification psychosociale disproportionnée par rapport à l intensité de la douleur. avec un site anatomique et une signification cliniques précis constituant la base du diagnostic médical. Cognition et douleur aiguë : Douleur aiguë : Les conséquences cognitives sont proportionnelles à l intensité douloureuse avec une attirance attentionnelle vers la douleur qui va pénaliser toutes les activités en cours (états confusionnels ou amnésiques pour des situations de douleurs intenses). Ce type de douleur interfère toujours avec les activités cognitives surtout si elles sont de haut niveau 1
Cognition et douleur aiguë : Douleur aiguë, intense génératrice de stress induit des modifications dans l enregistrement mnésique - hyperfixation (flashbulb memory) - oublis (pouvant aller jusqu à l ictus amnésique) Cognition et douleur chronique : Douleur chronique : véritable maladie en partie auto-entretenue, génératrice d épuisement et de retentissement fonctionnel et psychologique sévère. Durée > à six mois, Explication anatomique et étiologique moins convaincante Cognition et douleur chronique : Stratégies adaptatives sont souvent épuisées d où l importance des modifications émotionnelles et comportementales avec des comportements d exclusion socioprofessionnelle et un retentissement thymique majeur. Plan On se place ici uniquement dans le cadre de la douleur chronique. 3 perturbations cognitives : - atteintes des capacités attentionnelles - atteintes des capacités mnésiques - atteintes des capacités de décision émotionnelle 2
1) abordées à l aide de 2 études utilisant un paradigme de type Stroop 46 patients avec une douleur chronique 2 tâches 2) Tâche 1 - V : automatique Tâche 2 - N: nécessite des processus d inhibition Tâche 1- V : désigner la carte avec le chiffre numérique le plus élevé (9) Tâche 2 - N : désigner la carte avec le plus de chiffres (4) -difficulté pour la tâche N - influence de l intensité de la douleur 4 tâches Stroop (100 items): - lire des noms de couleur écrit à l encre noire - dénommer des pastilles de couleur - interférence classique - modification impliquant une alternance 3
4 tâches Stroop (100 items): - lire des noms de couleur écrit à l encre noire - dénommer des pastilles de couleur - interférence classique - modification impliquant une alternance 4 tâches Stroop (100 items): - modification impliquant une alternance 2 mots/10 : surligné par un rectangle de couleur Tâche : lire la couleur de l encre des items sauf pour les 2 mots surlignés, lire le mot écrit -perturbation induite par la douleur - perturbations sont en regard avec l intensité de la douleur Au cours de ces 2 études : Patients DC ont des performances déficitaires. Ces troubles attentionnels sont expliqués par un mécanisme de capture des processus attentionnels par la douleur. La douleur a un accès automatique à la conscience du fait de la mise en œuvre de réponses adaptatives comportementales qu elle induit. De ce fait, la douleur consomme une partie des ressources attentionnelles disponibles d un sujet et agit comme un facteur interférent qui diminue le potentiel de ressources attentionnelles disponibles pour la réalisation simultanée d une tâche cognitive. Toutefois, au cours des 2 paradigmes présentés ci-dessus, une différence significative des performances attentionnelles est observée en fonction de l intensité de la douleur. Les patients dont la douleur est de faible intensité ont des performances attentionnelles équivalentes à celles des sujets contrôles. En revanche, les patients dont la douleur est de forte intensité ont des performances significativement déficitaires par rapport aux performances des sujets normaux. 3 perturbations cognitives : - atteintes des capacités attentionnelles - atteintes des capacités mnésiques - atteintes des capacités de décision émotionnelle 4
Atteintes des capacités mnésiques : Atteintes des capacités mnésiques : Plainte mnésique est l une des plaintes les plus fréquentes chez les patients DC QUID de cette plainte : - troubles mnésiques - troubles subjectifs / anxieux Etude chez 18 sujets DC vs 18 sujets sains Procédure de dissociation des processus de Jacoby (1991) Atteintes des capacités mnésiques : Réduction du fonctionnement des processus contrôlés et Préservation des processus automatiques. Conséquence de la réduction des ressources attentionnelles allouées aux processus contrôlés due à la consommation de ces ressources par la présence permanente de la douleur. 3 perturbations cognitives : - atteintes des capacités attentionnelles - atteintes des capacités mnésiques - atteintes des capacités de décision émotionnelle Trbs mnésiques conséquence de difficultés attentionnelles Atteintes des capacités de décision émotionnelle : Tâche des paris de Bechara et al. (1994) Atteintes des capacités de décision émotionnelle : Différence significative uniquement pour la tâche des paris. Patients DC : -difficultés pour apprendre la séquence de choix permettant le plus de gains - difficultés pour une succession de choix constant (hasard) 5
Plan Atteintes des capacités de décision émotionnelle : Selon les auteurs, la douleur chronique est associée à un déficit cognitif spécifique pouvant se répercuter dans la vie quotidienne surtout dans des situations émotionnelles. - dépression / anxiété - stress - localisation de la douleur - dépression / anxiété Classiquement, la dépression/anxiété est associée : - perturbation de la mémoire de travail - perturbation de la mémoire à long terme - perturbation des capacités de traitement de l info - dépression / anxiété - dépression / anxiété Roth et al. (2005) Plainte mnésique des patients DC est liée à 3 facteurs - syndrome dépressif - fatigue - sexe féminin Difficultés mnésiques précédemment évoquées existent indépendamment de l humeur des patients DC Donc la dépression / anxiété ne peut à elle seule rendre compte de ces performances mnésiques 6
- stress Classiquement, le stress est associé : - troubles mnésiques - troubles du raisonnement spatial - troubles des capacités de rotation mentale - stress Chez les patients DC, le stress induit par la douleur ou par la peur de cette douleur a une influence forte sur les performances cognitives. Influence plus importante que l intensité de la douleur. Conclusion - localisation de la douleur Si la douleur est localisée au dessus de la région cervicale, - trbs plus fréquents et sévères aux épreuves de mémoire de travail (PASAT), de MLT. Cas particuliers : coup du lapin 1) forte possibilité d exagération de symptômes 2) douleur plus intense et plus diffuse 3) fréquence plus élevée de fatigue et trb de l humeur 4) maux de tête contribuent aux troubles attentionnels. Pas de liens directs douleur / performances cognitives - interaction entre les différents facteurs (douleur, stress, fatigue, localisation de la douleur..) - intensité de la douleur contribue à l expression des trb cognitifs. 7