«COKERIE FLEMALLE» (Lg3102-001) Seraing - Flémalle ETAT DES CONNAISSANCES BILAN APRES L ETUDE DES FAISABILITES 1. INTRODUCTION Le présent document constitue la synthèse des connaissances du site «Cokerie Flémalle» (Lg3102-001), situé à cheval sur la ville de Seraing et la commune de Flémalle, après la réalisation de l étude des faisabilités. Il présente également l alternative de réhabilitation retenue pour le site. 2. PRÉSENTATION DU SITE Le site «Cokerie Flémalle» occupe une superficie d environ 7,6 ha. Il est délimité au sud-est par la Meuse, au sud-ouest par la surface commerciale «Carrefour», au nord-est par des halls industriels et au nord-ouest par des commerces et des habitations (figure 1). Une ligne de chemin de fer, remise en service en septembre 2008, longe la frontière sud-ouest et sudest du site, cette ligne menant aux halls industriels situés au nord-est. Au plan de secteur, le site est repris en zone d'activité économique industrielle (figure 2). Flémalle Seraing Figure 2: affectation au plan de secteur Figure 1: localisation géographique Site «Cokerie Flémalle» à Seraing - Flémalle Lg3102-01 1/6
Le site a été le siège d'exploitation de deux cokeries : la première, située à l'est, s'est installée en 1922 (elle comprenait alors les éléments suivants : fours à coke, stockage et préparation du charbon, traitement du gaz brut, récupération des sous-produits et criblage du coke) et la seconde, située à l'ouest, en 1950. Avant l'installation de la deuxième cokerie, la partie ouest était occupée par une installation de désulfuration du gaz, d'une centrale électrique et d'une aire de dépôt pour les déchets de la cokerie en activité (en sa partie centrale). L'activité des deux cokeries a cessé en 1984. Les installations ont été démolies en 1990, donnant au site son aspect actuel de terrain vague. Le site peut être schématisé en deux zones séparées par un dénivelé d environ 3 m. La partie haute du site, à niveau du quai, est surélevée suite au remblayage par les débris de démolition des bâtiments en fin d exploitation ; la partie basse, étant quant à elle approximativement à niveau avec la rue. Figure 3: cartographie de la topographie de surface (rouge: partie surélevée, bleu: partie basse) Figure 4: situation actuelle (photo de 1999) 3. CONTEXTE (HYDRO) GÉOLOGIQUE Sur la base des investigations réalisées, la lithologie au droit du site est la suivante: - de 0 à 2,0 m-ns 1 : remblais variés (scories noires, schistes charbonneux, déchets de construction) ; une couche d environ 3,0 m d épaisseur de remblais de construction surplombant cette couche de remblais dans la zone surélevée ; - de 2,0 à 5,0 m-ns: limon alluvial argilo-sableux ; - de 5,0 à 7,0 m-ns: argile plastique sableuse avec graviers et galets de Meuse ; - de 7,0 à 11,0 m-ns: gravier alluvial, plus ou moins sableux ; - à partir de 11,0 m-ns: bed-rock schisto-gréseux. Trois nappes présentant des caractéristiques différentes ont également été identifiées: - une nappe superficielle ou nappe des remblais : nappe perchée sur des limons, discontinue et intermittente, généralement formée d un mélange de produits en phase pure et d eau d infiltration et d épaisseur assez faible (maximum 80 cm) ; - la nappe alluviale de la Meuse qui peut être subdivisée en deux nappes: o la nappe des graviers supérieurs: partie supérieure de la nappe située dans les argiles et les sables limoneux à graveleux (épaisseur d environ 2 m) ; o la nappe des graviers proprement dite (entre 7,0 et 11,0 m de profondeur). 1 M-ns : mètre sous le niveau du sol Site «Cokerie Flémalle» à Seraing - Flémalle Lg3102-01 2/6
4. DESCRIPTION DE LA CONTAMINATION Ce paragraphe reprend la description des contaminations après l étude des faisabilités et les compléments d études qui l ont suivie (de 2004 à 2008). Cette description est basée sur les normes du décret wallon du 01/04/2004 (VS: valeurs seuils) pour une affectation industrielle, complétées par les normes flamandes (VLAREBO 2003) en cas d absence de normes dans le décret (par exemple, pour les cyanures). 4.1 Sol Dans son ensemble, le site présente une charge contaminante importante (jusqu à 1.000 fois les normes) en hydrocarbures aromatiques monocycliques et polycycliques, huiles minérales, métaux lourds, cyanures et, plus localement, phénol. Cinq zones se dégagent cependant (figure 5): - terres cyanurées (ouest du site): contaminations aux cyanures (essentiellement cyanures complexes et thiocyanates) sur deux mètres de profondeur (en moyenne) ; - usine et réservoirs à benzol (centre du site): contaminations aux HAP, BTEX et huiles minérales (notamment du goudron) à des concentrations allant jusqu à 1000 fois les normes d intervention (VI du décret) qui se prolongent jusqu à la nappe suite à la migration des produits en phase libre depuis les remblais jusqu aux limons fluviatiles avec diffusion à travers ces limons saturés au sein de la zone de battement de la nappe. Une partie de ces produits, plus denses que l eau et peu solubles, coulent et forment une couche de fond ; - laveurs à benzol et à ammoniaque: zone principalement contaminée aux HAP et BTEX, avec également la présence de produit pur (dont du produit pur flottant) ; - réservoirs à goudron et à benzène (sud-ouest du site): contaminations attribuables aux réservoirs avec présence de produit pur au niveau des remblais qui s est infiltré jusqu à la nappe (couche flottante vers 5,5 m-ns au niveau du réservoir à benzène) ; - zone surélevée: recouverte par trois à cinq mètres de remblais (notamment des débris de démolition de taille hétérogène), cette zone présente une contamination aux hydrocarbures aromatiques polycycliques et métaux lourds (dépassement des VS) avec la présence de quelques taches (huiles minérales, hydrocarbures aromatiques monocycliques et polycycliques, cyanures, EOX, métaux lourds). Figure 5: localisation des zones contaminées Site «Cokerie Flémalle» à Seraing - Flémalle Lg3102-01 3/6
4.2 Eaux souterraines - Nappe des remblais: ensemble non homogène de flaques d eau stagnante, parfois saturées de produit pur comme au niveau de l usine et des réservoirs à benzol ; - Nappes des graviers supérieurs et des graviers: fortes contaminations aux huiles minérales et hydrocarbures aromatiques monocycliques et polycycliques (jusqu à 1.000 fois les normes et avec présence de produits purs flottants et denses) dont les noyaux sont localisés au niveau des zones sources (usine et réservoirs à benzol, réservoirs à benzol et à ammoniaque, réservoirs à goudron et à benzène), le panache étant actuellement limité, en aval, au droit du site. D autres contaminations telles que l'azote ammoniacal, les sulfates, les chlorures et les cyanures totaux et libres ont également été identifiées dans la nappe des graviers supérieurs ou des graviers. 5. ETUDE DES FAISABILITÉS ÉCONOMIQUE, TECHNIQUE ET URBANISTIQUE Durant l étude des faisabilités, différentes alternatives de réhabilitation sont développées ; celles-ci consistent en une combinaison de techniques d assainissement et de mesures de sécurité et de suivi assurant l élimination des menaces graves 2 au niveau des sols et des eaux souterraines dans le cadre d un projet de réaménagement donné. L objectif de l étude des faisabilités est alors de sélectionner et dimensionner l alternative optimale de réhabilitation spécifique au site, tenant compte des contraintes urbanistiques, socioéconomiques et environnementales, ainsi que des impératifs techniques. 5.1 Projet de réaménagement Une étude urbanistique, menée par SPAQuE, a débouché sur des propositions de scénarios d aménagement qui ont été développées et affinées en fonction des aspirations de différents acteurs (notamment les communes), du contexte environnemental et des opportunités de développement rencontrées. Le projet retenu dans l étude des faisabilités consiste en une plate-forme logistique bimodale rail/route ou trimodale rail/route/eau (figure 6): - zone A : plate-forme basse située côté grand route et prévue pour les parkings ; - zone B : plate-forme haute située côté quai et prévue pour les bâtiments administratifs, parkings, halls de stockage ; - zone C : plate-forme haute située côté quai et prévue pour la zone commerciale ; - zone D : talus reprenant l assiette du futur tracé ferroviaire. A B D C Figure 6: projet de réaménagement retenu pour la cokerie Flémalle 2 Les critères de menace grave sont la présence sur le terrain de produits purs à l état libre, sous forme liquide ou pâteuse mobile, l existence de risques inacceptables pour la santé humaine ou l environnement (impact écotoxicologique) ou la présence d un risque de dispersion de la contamination (par exemple via les eaux souterraines) inacceptable. Site «Cokerie Flémalle» à Seraing - Flémalle Lg3102-01 4/6
5.2 Objectifs de réhabilitation L objectif premier de la réhabilitation d une pollution historique (cas de la cokerie Flémalle) est d éliminer les menaces graves causées par les contaminations identifiées au droit du site ; ce qui se traduit, pour le site étudié, par: - l élimination du produit pur observé en zone non saturée et des couches flottantes ; - l assainissement des sols présentant des concentrations supérieures aux teneurs maximales admissibles garantissant l absence de risques inacceptables pour la santé humaine et l environnement et calculées durant l étude des faisabilités, pour les différentes zones de réaménagement ; la couverture du site par un matériau induré étant également retenue pour certaines contaminations (par exemple, les métaux lourds) ; - une restriction d usage: l absence de captages au niveau du site ; - une contrainte de réhabilitation: la présence de zones non aedifincadi (ou de parkings) en certaines parties du site. Le programme d assainissement des eaux souterraines sera, quant à lui, déterminé ultérieurement sur la base d un monitoring et d une étude hydrogéologique complémentaire ; l assainissement des zones sources dans le sol ayant par ailleurs déjà un impact positif sur la contamination des eaux souterraines. 5.3 Techniques d assainissement Le choix de techniques d assainissement efficaces pour le sol et les eaux souterraines constitue un volet important de l étude des faisabilités. Pour le sol, la technique sélectionnée est l excavation suivie d un traitement (désorption thermique hors site, physico-chimique sur site). Le produit pur en zone non saturée et la couche flottante seront excavés avec les terres contaminées. 6. LIGNES DIRECTRICES DE L ALTERNATIVE DE RÉHABILITATION La réhabilitation du site sera effectuée en plusieurs phases: Phase 1 : excavation et traitement thermique hors site des terres cyanurées Cette phase s est déroulée durant le second semestre de l année 2008. Les terres cyanurées ont été excavées et traitées hors site en cimenterie. Phase 2 : réhabilitation de la zone surélevée Sur la base des résultats des investigations et d une étude géotechnique, les débris de démolition et autres remblais de cette zone (volumétrie estimée à 122.000 m 3 ) devront être excavés, concassés et stockés temporairement dans la partie basse du site où ils feront l objet d analyses de contrôle. La zone «surélevée», débarrassée de sa couche de débris de démolition, fera alors l objet d investigations du sol afin de contrôler sa qualité environnementale (zones n ayant pu être investiguées suite à la présence de ces débris de démolition) et, en cas de nécessité, d excavation des terres contaminées. Le nivellement de cette zone sera alors réalisé en réutilisant les débris de démolition concassés (0-56 mm) conformément aux prescriptions de l étude géotechnique. Les tas de remblais ne satisfaisant pas aux objectifs de réhabilitation seront traités avant réutilisation (phase 3). Les taches identifiées dans les débris de démolition ainsi que les éventuelles terres contaminées identifiées, lors de l excavation, sous la couche des débris de démolition seront évacuées vers un centre de traitement. Site «Cokerie Flémalle» à Seraing - Flémalle Lg3102-01 5/6
Phase 3 : réhabilitation de la partie basse du site La réhabilitation de la partie basse du site comprend les opérations suivantes: - excavation des terres contaminées (concentrations supérieures aux objectifs de réhabilitation) en composés volatils et non volatils, notamment les produits purs dans la zone non saturée et les produits purs flottants ; - traitement des terres: o terres fortement contaminées en composés organiques et/ou cyanures (environ 105.000 tonnes): traitement par désorption thermique hors site ; o autres terres et matériaux contaminés (environ 55.000 tonnes): traitement physico-chimique sur site et réutilisation sur site ; - les terres contaminées uniquement en composés non volatils (métaux lourds et HAP peu mobiles) pourront être recouvertes par un matériau induré ou utilisées comme remblais au-delà de 1,0 m-s ; - apport de terres supplémentaires pour le comblement des fosses d excavation ; - apport de terres végétales pour la couche de surface (zones non recouvertes par les matériaux indurés). Remarques sur la mise en œuvre de la réhabilitation 1. Le remblayage du site est soumis à des prescriptions géotechniques (compacité du sol) dictées par le projet de réaménagement. 2. Une étude de l impact olfactif de la réhabilitation de l ancienne cokerie de Flémalle, réalisée durant le troisième trimestre 2008, implique les prescriptions suivantes pour les travaux de réhabilitation: - les travaux d excavation devront, dans les noyaux de contamination, être réalisés sous milieu couvert ; - le traitement par désorption thermique des terres sera effectué hors site ; - le chargement des terres doit être effectué dans la zone couverte ; - le transport des terres doit se faire dans des camions bâchés avant leur sortie de la zone couverte ; - les zones couvertes (milieu confiné) seront pourvues d un système d extraction d air et d un système de traitement des effluents gazeux. 3. Dans les noyaux de contamination, l objectif est d excaver la couche flottante sur la hauteur de la zone de battement de la nappe des graviers supérieurs ; un rabattement de la nappe alluviale étant par conséquent nécessaire ; celui-ci n étant, pour l aquifère considéré, envisageable qu en enceinte fermée. 4. Compte tenu des profondeurs d excavation à atteindre (2,0 à 6,0 m de profondeur), des mesures particulières doivent être envisagées pour garantir la stabilité ; particulièrement au niveau du talus de la voie ferrée et de la station de détente de gaz. Phase 4 : monitoring, étude hydrogéologique complémentaire, définition et détermination du programme d assainissement des eaux souterraines. 7. DATE DE MISE À JOUR La synthèse des informations reprises ci-dessus a fait l objet d une dernière mise à jour en MAI 2009. Site «Cokerie Flémalle» à Seraing - Flémalle Lg3102-01 6/6