Les infections respiratoires basses

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Transcription:

Les infections respiratoires basses Francine de Salvador Bronchites Pneumonies

Les différents niveaux Trachéïte Inflammation de la trachée Bronchite Inflammation des bronches Bronchiolite Inflammation des bronchioles terminales Pneumonie ou pneumopathie Atteinte inflammatoire des alvéoles et du tissu intersititiel

Diagnostic d une infection respiratoire basse Association ou succession de Toux souvent grasse Au moins un signe général suggestif d infection : Fièvre, sueurs, céphalées, arthralgies, maux de gorge, rhinite Au moins un signe fonctionnel ou physique d atteinte respiratoire basse Dyspnée, douleurs thoraciques, signes auscultatoires diffus ou en foyer

Questions auxquelles il faut répondre S agit-il d une infection respiratoire haute ou basse? En cas d infection respiratoire basse s agit-il d une bronchite ou d une pneumonie? Y a-t-il des signes de gravité? Y a-t-il une indication d antibiothérapie?

Infections communautaires En faveur de la bronchite Fièvre peu élevée En faveur de la pneumonie Fièvre élevée Toux précédé souvent d atteinte des voies aériennes supérieures Douleurs type brûlures rétro-sternales Signes auscultatoires d atteinte bronchique :- sibilants expiratoires et ronchi Douleurs thoraciques latéralisées Foyer auscultatoires de râles crépitants Absence de signes d infection des VAS Indication de RADIOGRAPHIE THORACIQUE de face et de profil Parfois signes trompeurs Découverte radiologique d un foyer pulmonaire

Épidémiologie des pneumonies 5 à 10% des Infections respiratoires basses 60 à 80% d origine bactériennes En France : 400 000 à 600 000 cas/an en (0.6/100 pts-années, 2.4/100 si anti-acides) Vaccins anti-grippal et anti-pneumocoque probablement protecteurs Pronostic : USA 6 ème cause de mortalité Décès : 5.1% en ambulatoires, 13.6% en hospitalisation, 36.5% en réanimation.

Les germes en causes dans les infections communautaires: 50% restent inconnus

Deux cas de figures Pneumopathies communautaire (communityacquired pneumonia) Patients à domicile Pneumopathies nosocomiales patients en service de soins (SSR, services conventionnels ou réanimation) depuis au moins 48 heures avant le début des symptômes

Pneumopathies communautaires Sans signes de gravité : Traitement empirique selon les recommandations Si pas d hospitalisation, pas d examen Orientation diagnostic Forme bruyante aigue avec douleur thoracique +/- herpès naso-labial en faveur du PNEUMOCOQUE Forme plus progressive : bactéries intracellulaires MYCOPLASME (petite épidémie familiale), CHLAMYDIAE, LEGIONELLE

Pneumonies nosocomiales Pneumonie acquise en milieu de soins Pneumonie acquise sous ventilation mécanique Pneumonie après acte invasif (intervention chirurgicale)

Les pneumopathies avec critères de gravité Evaluer la gravité et les facteurs pronostiques L âge Vie en institution Comorbidités Insuffisance cardiaque, respiratoire, rénale, cérébrovasculaire, hépatique Cancer immunodépression Signes de gravité : Atteinte des fonctions supérieures Hypo ou hyperthermie 35 C<Temp>40 C Tachycardie > 125/mn, TA systolique <90mmHg Fréquence respiratoire >30/mn

Autres éléments à prendre en compte Pleurésie associées Pneumopathie d inhalation Isolement social Inobservance thérapeutique prévisible

Les scores d hospitalisation Critères du score CRB 65 Conduite à tenir C : Confusion R : Fréquence respiratoire 30 / mn B : Pression artérielle systolique < 90 mmhg ou Pression artérielle diastolique 60 mmhg 65 : Age* 65 ans 0 critère : traitement ambulatoire possible 1 critère : évaluation à l hôpital «C» pour confusion, «R» pour respiratoire, «B» pour «blood pressure» et «65» pour 65 ans. * Plus que l âge civil, l âge physiologique - notamment chez les patients sans co-morbidité - est à prendre en compte

pneumonie Atteinte de la totalité ou d une grande partie d un lobe, parfois plusieurs lobes

Conduite diagnostic Pneumonie avec signes de gravité ou pneumonie nosocomiale => Préciser les images : scanner thoracique Hémocultures ECBC Antigènurie : pneumocoque et legionelle Sérologie Fibroscopie bronchique avec LBA nécessaire en cas de pneumopathie nosocomiale si ECBC impossible Nécessité d un diagnostic bactériologique en raison du risque de résistance des bactéries hospitalières

RECOMMANDATION DE L AFSSAPS JUILLET 2010 Antibiothérapie par voie générale dans les infections respiratoires basses de l adulte Pneumonie aiguë communautaire Exacerbations de Bronchopneumopathie Chronique Obstructive

Bronchiolite et bronchite aigue Bronchiolite : Chez l enfant sans facteur de risque (et âgé de plus de 3 mois) : la bronchiolite est d origine virale ; la gravité de l atteinte est liée à la détresse respiratoire et non au risque infectieux. Bronchite aiguë : Les bronchites sont avant tout d origine virale. Chez l enfant sans facteur de risque (et âgé de plus de 3 mois) L antibiothérapie n est pas recommandée en 1 ère intention : elle n accélère pas la guérison et ne prévient pas les complications. Chez l adulte sain : L apparition d une expectoration purulente est sans relation avec une surinfection bactérienne. L antibiothérapie n est pas recommandée : elle n accélère pas la guérison et ne prévient pas les complications.

Classification des BPCO Stade de sévérité d après les EFR ou Correspondance clinique approximative en l absence d évaluation par l EFR Stade 0 : VEMS/CV 70% (ancienne dénomination bronchite chronique simple) Toux et expectoration chroniques présentes par définition Pas de dyspnée d effort Stade I : BPCO peu sévère VEMS 80% Pas de dyspnée d effort Stade II : BPCO moyennement sévère VEMS entre 30 et 80%. Dyspnée d effort Stade III : BPCO sévère VEMS < 30% ou VEMS < 50% en présence d insuffisance respiratoire chronique (PaO2< 60 mmhg = 8 kpa) Dyspnée au moindre effort ou dyspnée de repos stade 4

Traitement des exacerbations de BPCO Elle est d origine non infectieuse 1/2 En cas d origine infectieuse, elle est d origine virale 1/2. En cas d exacerbation de bronchite chronique stade 0 (VEMS/CV 70%) : L antibiothérapie n est pas recommandée en 1 ère intention. En cas d exacerbation de bronchite chronique obstructive stades I, II ou III (VEMS/CV < 70%) : L antibiothérapie est recommandée en cas de franche purulence verdâtre des crachats.

Hospitalisation si

Traitement des pneumopathies communautaires Ampicilline/acide clavulanique OU Ceftriaxone Ou fluoroquinolone

Les principes de l antibiothérapie Le traitement antibiotique doit être instauré dès le diagnostic porté, idéalement dans les 4 heures. Son efficacité doit être évaluée impérativement après 48-72 heures de traitement. La voie orale doit être privilégiée quand elle est possible.

suveillance conscience Fièvre Fréquence respiratoire Saturation en O2 Tension artérielle + évaluation de l efficacité du traitement à 48 heures et modification de l antibiothérapie initiale si besoin.

Prévention Mesures d hygiène Vaccinations

Vaccinations Grippe Proposée à tous les sujets de plus de 65 ans Personnels de soins et d EHPAD Pneumocoque : tous les 5 ans chez les patients Splénectomisés Drépanocytaires Syndrome néphrotique Insuffisance respiratoires hépatopathies chroniques Insuffisance cardiaque Antécédents d infections invasives à pneumocoque