Partie : UNITÉS DE PAYSAGES Chapitre : Le Massif de Saint-Broladre Le terme de «balcon» parfois employé pour caractériser ce promontoire bien marqué face au mont Saint-Michel évoque le lien fort qui existe entre cette petite unité de campagne et les vastes étendues qui l entourent. Localisation de l unité de paysage du Massif de Saint-Broladre Vue vers le sud Une forme singulière du relief constituant un lieu identifiable Un rebord en belvédère sur la baie du Mont Saint Michel, et un de ses horizons Un bocage remarquablement dense, une ambiance de Bretagne intérieure en contraste avec la baie Analyse paysagère du Massif de Saint-Broladre Dynamiques, enjeux et pistes d action : Massif de Saint-Broladre Atlas des paysages d Ille-et-Vilaine http://www.paysages-ille-et-vilaine.fr Version : 09/07/2014 M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA
Analyse paysagère du Massif de Saint- Broladre Le massif est un motif de paysage en soi : il peut être appréhendé visuellement, et reconnu depuis les nombreux points de vue de la baie, où il forme, dans le paysage global, un repère identifiable. Il offre également de superbes vues sur la baie sur ses rebords, et porte par ailleurs une campagne bucolique et très arborée. Carte de l unité de paysage du Massif de Saint-Broladre Vue sur les marais, le Mont et la baie Un des paysages les plus emblématiques du département, perçus depuis le point de vue du jardin de Roz-sur- Couesnon, au rebord du massif de Saint-Broladre. M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 2
Limites et voisinages Les contours de l unité de paysage sont ceux du massif granitique, qui émerge dans un contexte qu il domine. Au sud, le massif vient borner le bassin de Pleine-Fougères, et fait écho au massif de Saint-Pierre-de-Plesguen de l autre côté du bassin. Relief Le massif forme une sorte d île entre le marais drainé au nord et le bassin de Pleine-Fougères au sud. Au nord, le massif borne et domine les marais de Dol et la vallée du Couesnon, position qui lui fait jouer un rôle paysager majeur. Il constitue un des principaux horizons de la baie du Mont- Saint-Michel, et offre, sur ses rebords nord, d exceptionnels points de vue sur l ensemble formé par le Mont et son environnement. Depuis le sommet du Mont-Dol Le massif apparaît comme un motif très identifiable, dialoguant avec la baie, les marais de Dol et le Mont-Saint- Michel. Cette unité paysagère se dessine dans la complémentarité avec la baie littorale. Ses bourgs, tournés vers les marais, se sont construits avec le développement de l exploitation de ces derniers qui ont permis à ses habitants de diversifier une production agricole limitée sur le sol du massif. L évolution géologique a modifié les voisinages : avant la formation des marais par sédimentation, le massif se trouvait en position littorale. Et, avant les travaux de canalisation et de constitution des polders, le Couesnon qui serpentait sur l estran faisait partie du paysage environnant, ce que rappelle le nom de Roz-sur-Couesnon. M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 3
Motifs et compositions du paysage Au bord du massif, au sud Les prairies et le bocage dominent ici le bassin de Pleine-Fougères. Coupe sur le bord Nord du massif La coupe montre la position du village et du point de vue au bord du massif, ainsi que l intensité des boisements et du bocage sur le plateau. Bloc-diagramme La forme du relief occasionne une structure paysagère lisible, une répartition différenciée des éléments entre le sommet et les rebords. Sur les rebords se concentrent également les enjeux de relation avec la baie : points de vue, horizons identifiables. M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 4
Socle naturel Ce petit plateau tabulaire présente une nette structure paysagère. Les villages prennent position sur les rebords : Saint-Broladre, Saint-Marcan, Roz-sur-Couesnon et Saint-Georgesde-Gréhaigne au nord, Sains au sud. Les «falaises» du rebord sont creusées de vallons et de carrières, et apparaissent fortement boisées. Saint-Marcan Un des villages positionnés sur les rebords, occupe le site singulier d un vallon, lieu de passage entre le haut et le bas du massif. Eléments et structures Sur le plateau lui-même, s étend une campagne très arborée, peu bâtie et ponctuée de plans d eau. Le bocage apparaît particulièrement dense, du fait de la permanence de l élevage des bovins, favorisant le maintien de prairies. La présence des arbres est renforcée par de nombreux bosquets. Au-delà du relief, elle marque la distinction du massif par rapport aux plaines de cultures qui l entourent. Si le sol du «terrain» (comme l appellent ses habitants par opposition aux marais) est moins riche, on y trouve également des champs de cultures, souvent associées aux élevages hors-sol. Bocage La forte présence des haies et des bois crée une ambiance de bocage encore dense, ressentie d autant mieux qu elle côtoie le paysage des marais de Dol aux caractères contrastés. M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 5
Les motifs variés animent le paysage Vergers de plein vent, chemins de bocage, contribuent à une ambiance de campagne préservée des effets du remembrement. Agriculture moderne Par endroits, l ambiance change, les grandes parcelles cultivées, les stabulations, ouvrent davantage le paysage. A proximité des rebords, des étangs sont souvent associés aux fermes. L étang du Pas Gérault Une des nombreuses pièces d eau qui ponctuent le bord du massif, accessible pour les loisirs. Composantes urbaines et bâties En dehors des bourgs, le nombre des fermes et hameaux reste limité. Aussi, l unité ne présente pas d étalements ou de mitages notables. Les noms en «Ville» rappellent les origines gallo-romaines de ces villages. M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 6
Outre les vues sur le Mont, de nombreux éléments de patrimoine ponctuent le massif, tels que le télégraphe de Chappe, ou les mégalithes d Outre-Tombe à Saint-Broladre. Perceptions La belle campagne arborée et pâturée du plateau constitue également un patrimoine. Des chemins permettent la découverte de ses qualités d ambiance. Plusieurs circuits de randonnée y sont aujourd hui répertoriés, intéressant désormais le tourisme dans la baie du Mont Saint- Michel. La RN 176 traverse l unité de part en part. Elle occasionne en particulier, à son débouché vers l est, une vision spectaculaire de la baie. Le télégraphe de Chappe Le dispositif fondé sur les co-visibilités inscrit le massif dans sa relation avec la baie du Mont. M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 7
Dynamiques, enjeux et pistes d action : Massif de Saint-Broladre Dynamiques observées Les évolutions les plus notables concernent : Les développements urbains en périphérie des bourgs, bien que le phénomène soit resté assez mesuré ; Les transformations du paysage agricole, moins marqué que dans d autres secteurs ; La construction de la RN 176 et l apparition de carrières. Roz-sur-Couesnon, photos aériennes 1950 et 2012 Géo-Bretagne, de 1950 à nos jours Deux importantes évolutions sont observables : L urbanisation de Roz-sur-Couesnon a gagné sur les terres environnantes. L étalement est accentué par la typologie des pavillons individuels et par des secteurs de développement parfois éloignés de l enveloppe urbaine existante. Les limites urbaines sont devenues peu lisibles, sinon sur le bord de massif. Les structures agricoles sont modifiées par le remembrement, le phénomène paraît plus accentué au sud du bourg qu au cœur du massif. La disparition des arbres fruitiers est très visible. À l est de Baguer-Pican, photos aériennes 1950 et 2012 Géo-Bretagne, de 1950 à nos jours Le remembrement a certes modifié le parcellaire et la maille bocagère, cependant cette dernière reste bien présente. La RN 176 a été construite sur le massif, recoupant le parcellaire La grande carrière de Vaujour déploie ses fronts de taille au rebord du massif. M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 8
Enjeux et pistes d action Hormis les enjeux et pistes d action liés aux formes du développement urbain et aux évolutions des paysages ruraux que l on retrouve ici mais qui sont abordés dans les articles généraux (cf. A lire également), certains points sont spécifiques à l unité de paysage et à son implication forte dans les perceptions de la Baie du Mont-Saint-Michel. Maîtriser et valoriser le paysage des rebords et les points de vue Le rebord du relief présente à la fois une forte sensibilité paysagère et un potentiel à valoriser. Les enjeux consistent à veiller à la silhouette du massif dans les vues lointaines, mais aussi à mieux valoriser les points de vue existants et potentiels donnant sur la Baie du Mont. Un recensement détaillé, un plan d action d aménagements et de gestion, permettraient d inscrire le capital «points de vue» dans l espace et les parcours du site. La carrière en cours d exploitation peut représenter à ce titre un remarquable potentiel à étudier en fonction de sa position. La RN 176 elle-même, à son débouché à l est du massif, représente un épisode remarquable de découverte de la baie, et appelle une gestion appropriée du dégagement visuel. Accompagner le maintien du paysage bocager préservé La densité bocagère, assez exceptionnelle, peut être rapprochée de celle des régions du centre-bretagne. Elle contraste fortement avec le dégagement du marais. Ce caractère est un atout à maintenir, en lien avec les exploitants agricoles du secteur. Gérer le paysage des parcours de promenade et de la RN 176 Le site est touristique offre de nombreux parcours de GR. Ce sont là des points de vue et des usages à partir desquels se justifient les programmes de gestion et d aménagement permettant de bénéficier des atouts paysagers du secteur, le bocage, les points de vue, les étangs De même, la RN 176 est un point de vue très fréquenté, et l ouvrage s inscrit dans le territoire : les articulations, les ouvertures, les ambiances ressenties, peuvent composer un paysage cohérent selon un plan de gestion établi dans ce sens. Principaux enjeux et pistes d action M. Collin Bureau d étude I.D.E.A.L. Vue d ici URBEA 9