Approche du Canada en matière de prévention : Explorer les facteurs contributifs de la radicalisation à la violence Shawn Tupper, colloque du CIPC Palerme (Italie) Du 17 au 19 novembre 2014
Les grandes lignes de l exposé Contexte canadien : Tendances en matière de criminalité et tendances sociales Stratégie antiterroriste du Canada Aperçu de la menace - Accusations et condamnations récentes - Problème des voyageurs extrémistes et études de cas Cadre de prévention de l extrémisme violent Types de programmes de prévention en place - Pourcentage des projets traitant d un attribut de violence - Interventions de prévention possibles en matière de radicalisation - 2 approches en matière de prévention de la radicalisation Prochaines étapes de prévention 1
Contexte canadien : Tendances en matière de criminalité et tendances sociales Chiffrée à un peu plus de 35 millions d habitants, la population du Canada est dispersée. Le Canada compte de grands centres métropolitains un peu partout au pays. Les villes les plus importantes sont Toronto (population de près de 6 M), Montréal (population de près de 4 M) et Vancouver (population de 2,4 M). En 2013, le taux de criminalité déclaré par la police a atteint 5 190 par 100 000 habitants le taux le plus bas depuis1969. Les crimes violents ont continué de représenter un cinquième (21 %) de toutes les infractions signalées par la police en 2013. Les homicides ont continué d être des incidents relativement rares au Canada en 2013, représentant moins de 1 % de tous les crimes violents. Chaque année, le Canada accueille plus d un quart de million d immigrants, et le nombre de nouveaux résidents permanents allait de 261 000 à 267 000 entre 2009 et 2014. Selon les inégalités de revenu fondées sur le coefficient de Gini, en 2010, le Canada se situait au troisième rang le plus bas parmi les pays du G7. 2
Stratégie antiterroriste du Canada La Stratégie antiterroriste du Canada compte quatre éléments : 3
Contexte canadien : Radicalisation à la violence La radicalisation à la violence le processus selon lequel une personne prône la violence pour atteindre des objectifs politiques, idéologiques ou religieux constitue un élément important de la menace. Ce phénomène est souvent appelé «terrorisme d origine interne», car il fait appel à des citoyens et des résidents qui peuvent cibler leurs propres pays. La menace évolue rapidement et passe de «grands incidents» à des incidents à un ou deux acteurs mais les risques demeurent. Le Canada fait aussi partie du phénomène mondial des «combattants étrangers». - Les voyageurs terroristes peuvent aussi devenir des menaces internes. 4
Objectifs et priorités de la lutte du Canada contre l extrémisme violent Dans le Rapport public de 2014 sur la menace terroriste, trois priorités ont été établies dans l approche du Canada concernant la lutte contre l extrémisme violent et les déplacements d extrémistes : Renforcement des capacités en matière de prévention dans les collectivités. Sensibiliser davantage les organismes d application de la loi à l aide de la formation. Élaborer des programmes d intervention ciblés dans les collectivités. À l échelon international : - Coopération bilatérale avec les États-Unis et le Royaume-Uni. - Coopération multilatérale dans le cadre du FGCT. Recherche - Les projets portant sur des questions liées au terrorisme et à l extrémisme violent financés dans le cadre du programme de contribution Kanishka visent à renforcer les capacités et à appuyer les activités prioritaires de lutte contre l extrémisme violent. 5
Priorités du Canada en matière de lutte contre l extrémisme violent : Renforcement des capacités en matière de prévention dans les collectivités Voies vers des exposés narratifs de radicalisation Initiative faisant appel à récits - Sécurité publique Canada a élaboré une approche novatrice de mobilisation des collectivités utilisant une série d exposés narratifs à la première personne qui portent sur la radicalisation à la violence et qui sont fondés sur des cas canadiens réels. - Les exposés narratifs servent à amorcer la conversation avec les groupes communautaires, à discuter de l extrémisme violent en tenant compte de l expérience de vie des gens, et à cerner les possibilités d intervention individuelle et communautaire dans le processus de radicalisation à la violence. - À l heure actuelle, il y a six exposés narratifs : extrémisme inspiré d al- Qaïda (trois variantes), extrémiste de droite, écoterroriste et extrémiste sikh. Seulement la moitié des récits ont trait à des musulmans. - Un certain nombre d autres récits sont en cours d élaboration. 6
Priorités du Canada en matière de lutte contre l extrémisme violent : Sensibiliser davantage les organismes d application de la loi à l aide de la formation Le programme des agents d information pour la lutte antiterroriste (AILA) donne aux premiers répondants et aux policiers en première ligne une formation de sensibilisation au terrorisme afin qu ils puissent identifier les menaces à la sécurité nationale le plus tôt possible, car une détection rapide est essentielle à la prévention des attaques terroristes. Au cours des trois et quatre dernières années, des exposés sur les indicateurs de radicalisation à la violence ont été effectués dans le cadre de plusieurs douzaines de cours du programme des AILA. À ce jour, environ 1 250 candidats ont reçu la formation. Le Canada joue un rôle de conseiller auprès de l Association internationale des chefs de police en ce qui a trait à l élaboration de modules sur la lutte contre l extrémisme violent. Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe services de police communautaires, lutte contre l extrémisme violent et ressources humaines. 7
Empêcher l extrémisme violent et lutter contre ce phénomène Le volet Empêcher de la Stratégie antiterroriste vise à cerner les facteurs de risque et les facteurs contributifs au terrorisme en mobilisant activement les particuliers, les collectivités et les partenaires internationaux. Résultats escomptés Renforcer la résilience des collectivités à l extrémisme violent et à la radicalisation. Remise en question efficace de l idéologie extrémiste violente grâce à la production de stratégies de communications efficaces pour la contrer. Réduction du risque que des personnes cèdent à l extrémisme violent et à la radicalisation. Depuis 2008, le Canada est devenu un chef de file dans la création de connaissances en prévention de la criminalité fondées sur des données probantes sur ce qui fonctionne au Canada et comment. Cette expertise vise maintenant les facteurs de risque et points d intervention en matière de lutte contre l extrémisme violent. 8
Quels types de programmes de prévention mettons-nous en place? Type de fonds Sujet d intérêt Nombre d interventions financées depuis 2008-2009 Fonds d action en prévention du crime Fonds de prévention du crime chez les collectivités autochtones et du Nord Jeunes de 12 à 17 ans qui risquent d avoir des démêlés avec le système de justice Renforcement des capacités de prévention du crime dans les collectivités autochtones et du Nord 222 36 Fonds pour la recherche et le développement des connaissances Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes Programme de financement des projets d infrastructure de sécurité Recherche visant à accroître les interventions fondées sur des données probantes Prévention des activités de gangs et retrait des jeunes des gangs 13 29 Prévention des crimes haineux 60 9
Quel pourcentage des projets traitent de violence? Types d interventions financées % des projets où la violence est un attribut Fonds d action en prévention du crime Fonds de prévention du crime chez les collectivités autochtones et du Nord Fonds pour la recherche et le développement des connaissances Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes Programme de financement des projets d infrastructure de sécurité 47,3 % (105 projets sur 222) 69,4 % (25 projets sur 36) 38,5 % (5 projets sur 13) 48,3 % (29 projets sur 60) 100 % des attributs ont trait à la haine 10
Prévention de l extrémisme violent : Situation actuelle Les analystes de la prévention du crime de Sécurité publique Canada ont passé en revue la documentation sur la lutte contre l extrémisme violent pour déterminer quels facteurs de risque et éléments de projet pourraient faire l objet d un projet pilote dans le contexte canadien. Ils ont comparé les signes précurseurs de la radicalisation aux facteurs de risque d adhésion à des gangs et ceux des jeunes à risque pour déterminer de quelle manière traiter les facteurs de risque propres à l extrémisme. Selon une évaluation préliminaire des interventions possibles, les modèles suivants pourraient être appropriés aux fins d essai et d évaluation dans le contexte canadien : - Modèle 1 : Prévention et interruption - Modèle 2 : Diminution des possibilités 11
Modèle de prévention 1 : Prévention et interruption Élaborée à Calgary en consultation avec des groupes musulmans, cette intervention met l accent sur la prévention et l interruption aux principaux points d intervention dans le cycle de la violence. Le «modèle» n a pas encore été évalué de manière rigoureuse. Prévention primaire - Fournit du mentorat et des habiletés aux groupes à risque avant que les jeunes adhèrent à une idéologie radicalisée. Prévention secondaire - Met l accent sur l interruption au stade de l idéation en se servant d outils appropriés d évaluation du risque ainsi que de premiers répondants et de vrais acteurs. - Donne accès à des structures permettant d extérioriser les frustrations. Prévention tertiaire - Travaille en collaboration avec des personnes démobilisées qui reviennent au Canada après avoir joint un groupe terroriste. - Applique les techniques de thérapie cognitive pour modifier les attitudes. 12
Modèle de prévention 2 : Diminution des possibilités de violence Le modèle de diminution des possibilités de violence s est servi d une approche ethnographique où des consultations ont été menées auprès d intervenants dans la collectivité somalienne-américaine du groupe des 57 à MinneapolisSt.Paul. Selon les résultats, les trois secteurs suivants représentent des risques qui doivent être atténués pour empêcher la radicalisation : - Surveiller fréquemment les jeunes à risque et dans des endroits où les parents ont un accès limité; - Évaluer la perception de la légitimité sociale de l extrémisme violent; - Surveiller les interactions entre les jeunes et des recruteurs ou des fréquentations qui favorisent l idéologie radicale. Ce modèle appuie les cadres que nous utilisons actuellement dans les projets de lutte contre les activités des gangs pour veiller à ce que les interventions individuelles, scolaires ou communautaires contribuent à la prévention. 13
Prochaines étapes de prévention Continuer à établir des partenariats multilatéraux pour améliorer la coordination, la circulation de l information et le renforcement des capacités grâce à une collaboration bilatérale et multilatérale. Créer un répertoire de pratiques exemplaires ou de leçons apprises dans le domaine de la mesure et de l évaluation des programmes de lutte contre l extrémisme violent (hiver 2014); Mieux comprendre les trajectoires suivies par les jeunes impliqués dans l extrémisme tout en mettant l accent sur l analyse comparative entre les sexes. Terminer une évaluation de la faisabilité de divers outils d évaluation des risques ainsi que de projets pilotes utilisant les modèles de prévention dans un contexte canadien. 14
Merci Shawn Tupper Sous-ministre adjoint Secteur de la gestion des urgences et des programmes Sécurité publique Canada 269, avenue Laurier Ouest Ottawa (Ontario) K1A 0P8 Téléphone : 613-993-4325 Télécopieur : 613-991-4769 Courriel : shawn.tupper@ps-sp.gc.ca 15