Etude nationale sur les Français et leur budget. Synthèse des principaux enseignements



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Transcription:

Etude nationale sur les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements Dans le cadre d une vaste opération de communication, le Tour de France 2014, destinée à conforter le positionnement de Cetelem comme expert du budget des Français, l institut BVA a réalisé une grande étude sur cette thématique. Ce sondage, réalisé par internet auprès d un échantillon de 5111 Français, a pour objectif d apporter un éclairage nouveau et des éléments très concrets sur le budget des Français au quotidien. Comment le gèrent-ils? Construisent-ils un budget poste par poste? Suivent-ils leurs comptes de près? Quels sacrifices doivent-ils concéder compte-tenu des contraintes qui pèsent sur leur budget? Quelles sont leurs bonnes pratiques pour contourner ces contraintes? Quels nouveaux arbitrages seraient-ils prêts à effectuer? Autant de questions et de réponses qui ont vocation à fournir des données inédites sur ce sujet. Autre spécificité de ce sondage : celui-ci a été réalisé auprès d un échantillon conséquent de plus de 5000 Français. Une telle taille d échantillon permet, au-delà des résultats nationaux, de révéler des tendances locales, en phase avec les actions de communication régionales qui seront menées par Cetelem. La note qui suit présente les principaux enseignements de cette enquête réalisée du 24 février au 2 mars 2014. I. Entre conjoncture et impondérables, le budget des Français sous contrainte Une conjoncture difficile Toutes les enquêtes d opinion le montrent : le moral des Français est en berne dès lors que l on aborde les questions économiques. Ainsi, la dernière vague du Baromètre de l économie BVA, réalisée les 27 et 28 février 2014 pour Challenges, BFM et Axys Consultants confirme qu il continue sa lente descente : 72% des Français se déclarent plutôt moins confiants concernant l avenir de la situation économique en France depuis ce dernières semaines, contre 26% seulement qui se déclarent plutôt plus confiants. La dernière livraison du baromètre d opinion annuel de la DREES, outil de référence pour analyser le moral des Français, réalisé par l'institut BVA depuis 2004, confirme une tendance générale des Français au pessimisme, notamment concernant leur avenir : 47% des Français se déclarent pessimistes pour leur propre avenir et 70% sont pessimistes quant à l avenir de leurs enfants. Ce pessimisme ambiant, corrélé à une conjoncture difficile, se reflète assez nettement dans les résultats de notre sondage. Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 1

qui impacte le budget des Français Ainsi, par exemple, lorsqu ils se projettent et pensent à leurs prochaines vacances d été, près du quart des Français (24%) pensent qu ils dépenseront un budget inférieur à celui qu ils ont consacré à leurs vacances l année dernière. A l inverse, seuls 11% des sondés pensent pouvoir dépenser davantage tandis que pour 57%, le budget vacances restera identique. Cette tendance à la restriction du budget vacances touche avant tout les catégories les moins favorisées : ainsi, 36% des personnes issues des foyers les moins aisés (revenus mensuels inférieurs à 1500 ) dépenseront moins. C est 12 points de plus que la moyenne. Les jeunes, eux, se montrent un peu plus optimistes que la moyenne sur cette thématique : 19% des 18-24 ans dépenseront plus cette année pour leurs vacances d été, soit 8 points de plus que la moyenne. Des postes de dépense prioritaires, comme l éducation, également impactés Nombreuses sont les contraintes qui pèsent sur le budget des Français et les arbitrages que ceux-ci doivent effectuer, y compris sur des sujets prioritaires comme l éducation de leurs enfants. Notre sondage révèle que la majorité des parents dont les enfants ont besoin de soutien scolaire ne peut leur offrir. Si 63% des parents interrogés déclarent que leurs enfants n ont pas besoin de cours particuliers, 10% déclarent que leurs enfants en ont besoin et avoir aménagé leur budget de sorte à couvrir cette dépense. En revanche, 16% des parents déclarent que leurs enfants auraient besoin de cours particuliers mais qu ils ne peuvent pas se le permettre sur le plan financier. Bien entendu, le niveau de revenu apparaît comme un facteur très clivant sur cette question : ce sont les catégories les moins aisées qui, cette fois encore, souffrent le plus de leurs contraintes économiques. 27% des personnes issues des foyers les plus modestes déclarent ne pas pouvoir offrir à leurs enfants les cours particuliers dont ils auraient pourtant besoin, soit 11 points de plus que la moyenne. Un autre résultat apparaît symptomatique de cette conjoncture difficile. Lorsqu on demande aux conducteurs à partir de quel niveau de prix du carburant ils pensent qu ils n utiliseraient pratiquement plus leur véhicule, 38% seulement déclarent qu il leur paraît inenvisageable de ne plus l utiliser. Ce qui signifie qu une majorité serait prête à renoncer à son véhicule (53%) si le prix du carburant devenait trop élevé à ses yeux. Enfin, dernier élément révélateur d une situation économique difficile : près d un quart des Français ont dû prêter de l argent à un proche au cours des douze derniers mois (24%). Ce sont les jeunes qui ont été le plus amenés à venir en aide financièrement à des proches (36% des 18-24 ans) et dans une moindre mesure les plus âgés (28% des 65 ans et plus). Un budget par ailleurs grevé par un certain nombre d impondérables Près d un Français sur quatre se trouve aujourd hui dans une situation d aidant : 23% des personnes interrogées ont déclaré apporter une aide régulière et bénévole à un proche malade ou dépendant. Les plus touchés par cette situation sont les Français âgés de plus de 50 ans (28%) qui sont confrontés à la problématique de leurs parents vieillissants. Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 2

Pour plus de 4 aidants sur 10 (41%), cette situation entraîne des répercussions sur leur budget. Cet impact budgétaire est plus fort chez les aidants les plus jeunes : 60% des 18-24 ans et 51% des 25-34 ans déclarent en effet que l aide qu ils apportent à leur proche malade ou dépendant a des répercussions sur leur budget. C est assez logique dans la mesure où ils sont encore peu ou pas installés dans la vie active et disposent par conséquent de revenus plus limités. D ailleurs, les aidants issus des foyers les moins aisés évoquent également davantage un impact budgétaire de leur situation d aidant (pour 52% d entre eux). Dans le détail, 24% des aidants déclarent faire des sacrifices budgétaires, 18% devoir puiser dans leur épargne ou encore 7% être contraints de faire des heures supplémentaires. Le budget des Français apparaît donc fortement contraint. D ailleurs, 20% des personnes interrogées ont déclaré que leurs parents les aidaient financièrement. Bien entendu, ce résultat, plus élevé chez les 18-24 ans (54%) décroît avec l âge des sondés. Mais il est toutefois à souligner que 34% des 25-34 ans et surtout 24% des 35-49 ans reçoivent une aide financière de leurs parents. Dans ces conditions, comment les Français gèrent-ils leur budget? II. Gérer leur budget, une démarche incontournable pour de nombreux Français Une gestion rigoureuse des dépenses mensuelles et une constitution d épargne pour anticiper des dépenses spécifiques Lorsque l on investigue leur organisation en matière de budget, 45% des Français déclarent qu ils construisent un budget mensuel poste par poste (alimentation, logement, transports, ) pour évaluer leurs entrées et sorties d argent. Au-delà de cette part d individus posant noir sur blanc les montants mensuels qu ils dépenseront par poste budgétaire, la question de la fréquence à laquelle ils suivent leurs comptes apporte également des enseignements importants. Au sein de la population, 31% des Français déclarent qu ils opèrent un suivi quotidien de leurs dépenses, 53% un suivi régulier soit 84% d individus suivant au quotidien ou régulièrement leurs comptes. De façon plus marginale, 11% des Français des Français ont déclaré qu ils suivaient vaguement leurs comptes et 2% qu ils ne les suivaient jamais. Les Français peuvent aussi être amenés à constituer une épargne régulière, pour des motifs spécifiques comme, pour les parents, le financement des études de leurs enfants. Seuls 12% estiment que leurs moyens leur permettent de ne pas être concernés par cette question, alors que 33% alimentent régulièrement un compte d épargne et que 11% demandent à leurs enfants de travailler parallèlement à leurs études. Une rigueur budgétaire susceptible d être transmise à ses enfants Cette organisation globalement rigoureuse des Français en matière budgétaire peut se transmettre à travers les générations. 56% des parents d enfants âgés d au moins 5 ans ont déclaré qu ils discutaient avec leurs enfants de la façon dont ils géraient le budget du ménage car c est important d éduquer les enfants à ce sujet. Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 3

Parmi les parents, 39% donnent de l argent de poche à leurs enfants, pour un montant moyen de 34. En matière d argent de poche, l interventionnisme budgétaire des parents apparaît limité : 56% donnent cet argent sans contrepartie contre 30% en fonction de ses résultats scolaires et 25% en fonction de leurs ressources ou 21% en échange de services. Si 83% des parents laissent leurs enfants utiliser cet argent librement, il est important de souligner que 54% discutent cependant de son utilisation avec eux et que 14% surveillent de près la façon dont ils le dépensent. En cas d imprévu, les Français évitent le recours à leur épargne, privilégient de l argent «mis de côté» en prévision En termes d organisation pour faire face à des dépenses imprévues, les résultats de l étude font apparaître que plutôt que de puiser dans leur épargne, d emprunter ou de jouer sur leur découvert, la majorité des Français se ménagent une capacité à gérer les imprévus en conservant toujours un peu d argent de côté. Si l épargne est donc destinée à des dépenses de long terme (ex : le financement des études de ses enfants dans cette enquête), elle se prête moins à subvenir à des besoins ponctuels. Pour faire face à une dépense imprévue comme une panne d appareil ménager ou un dégât des eaux, 43% des Français déclarent en effet qu ils ont toujours un peu d argent de côté pour faire face à ce type de dépense. Assez logiquement, ce comportement se retrouve plus sensiblement encore chez les individus appartenant à des foyers dont les revenus mensuels sont supérieurs à 3500. Face à une dépense imprévue, le recours à l épargne vient en deuxième lieu (31% des cas pour les Français, 37% chez les 65 ans et plus dont l épargne est plus solide). En cas de dépense non planifiée, seuls 11% des Français jouent sur leur découvert, 6% ont recours à un crédit et 3% empruntent de l argent à leur proche. Si l emprunt d argent à un proche n est donc pas la solution de référence en cas de dépense imprévue, il est important de souligner que ce comportement revêt tout de même une importance particulière. En effet, rappelons que 24% des Français déclarent avoir prêté de l argent à un proche au cours des 12 derniers mois. Une gestion pointue des budgets qui permet le maintien de certains petits plaisirs en cas de difficultés financières Si l on s intéresse aux comportements économiques des Français en cas de difficultés financières, on note que leur organisation financière rigoureuse semble leur permettre de maintenir certaines consommations hédonistes. 54% d entre eux ne sont pas prêts à renoncer aux «petits plaisirs», même en cas de difficultés financières et notamment un bon repas (28%), une sortie au restaurant ou dans un bar (23%) ou une sortie culturelle (22%). A l inverse, 39% de Français disent qu en cas de difficultés financières ils ne s accordent aucun petit plaisir. Dans cette catégorie, on retrouve plus significativement des femmes (42%), des 35-49 ans (45%), des employés ou des ouvriers (CSP-, 45%) ou des individus appartenant à des foyers dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1500 (51%). Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 4

III. Pour maîtriser leurs dépenses, des arbitrages parfois au détriment de leur équilibre personnel Des restrictions lourdes au cours des 12 derniers mois, parfois sur des besoins fondamentaux Dans un contexte national de fortes attentes citoyennes en matière d emploi et de pouvoir d achat, il apparaît que les Français ont connu des restrictions importantes au cours des 12 derniers mois. Ces restrictions concernent plus fortement les personnes en situations plus précaires que sont les personnes seules, les «CSP -» (employés et ouvriers) et les foyers à bas revenus mais il est important de souligner que certains ajustements sont majoritaires dans la population française dans son ensemble. C est notamment le cas de la réduction des achats de vêtements (57% des Français ont réduit leurs achats de vêtements au cours des 12 derniers mois) mais aussi du renoncement à des travaux / achats d équipements (55%), du report de sorties au cinéma ou au restaurant (51%) et de la réduction des déplacements jugés trop chers (50%). Si ces restrictions affectent des domaines plus secondaires comme la réduction des dons à des associations (39%) ou le renoncement à inviter des amis (25%), certains arbitrages concernent des besoins fondamentaux. 36% des Français déclarent en effet qu ils ont réduits leurs achats alimentaires au cours des 12 derniers mois (tout comme 42% des moins de 50 ans), 18% qu ils ont renoncé à aller consulter un médecin (18-24 ans : 29%) et près d 1 sur 10 ont contourné certaines obligations financières : 11% ont retardé le paiement du gaz ou de l électricité et 9% le paiement de leur loyer ou d une traite bancaire. Pour dépenser moins, 6 Français sur 10 modifient leurs habitudes alimentaires Au-delà de ces restrictions massives sur la consommation en général, notre enquête s est également intéressée aux comportements des Français pour diminuer leurs dépenses alimentaires. S il apparaît compréhensible que 73% des Français annulent parfois une sortie au restaurant pour faire des économies, il est à souligner que 60% d entre eux ont déclaré qu il leur arrive de modifier leurs habitudes alimentaires en fin de mois, 60% de limiter les quantités de nourriture consommées (25-34 ans : 66%) et 58% de renoncer à consommer de la viande ou du poisson (moins de 35 ans : 65%). Notons également que près d 1 Français sur 3 a déclaré qu il lui arrive de sauter un repas pour faire des économies (50% des 18-24 ans et 42% des 25-34 ans) et 33% également des sondés qu ils se font inviter à dîner ou à déjeuner pour réaliser une économie. Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 5

en dépit d une organisation pourtant pointue de leurs achats dans ce domaine. Si, pour moins dépenser, les Français réduisent leur consommation alimentaire, ce n est pas par manque d organisation de leurs achats en la matière. Dans ce domaine, 81% des Français déclarent notamment qu ils se sont servis de coupons lors de leur passage en caisse au cours des 12 derniers mois (50 ans et plus : 84%), 56% qu ils ont fait des courses dans des enseignes de hard discount (CSP- : 61%) et 40% qu ils ont récupéré des produits proches de leurs dates de péremption ou jetés (CSP- : 44%). Les Français ne manquent pas d ingéniosité : 24% ont déjà fait leurs courses le ventre plein. Sur le plan domestique et de l hygiène, au-delà de bonnes pratiques classiques, des comportements inquiétants de renoncement aux soins ou au bain. Sur le plan de la santé, les Français apparaissent susceptibles de restreindre leurs besoins. Alors que 52% conviennent qu il leur arrive d utiliser des recettes de grands-mères pour se soigner, 22% des Français renoncent parfois à aller voir le médecin alors que leur état nécessiterait une visite. Ce renoncement aux soins médicaux est plus important chez les 18-24 ans (39%) et les individus appartenant à des foyers dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1500 (41%). De même, 18% des sondés ont déclaré qu il leur arrivait de ne pas acheter de médicaments alors que leur état le nécessiterait, une prise de risque sur le plan sanitaire qui se retrouve plus significativement également chez les 18-24 ans (32%) et les individus appartenant à des foyers dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1500 (36%). Ces restrictions sur le plan de la santé ne semblent en revanche pas s étendre sur les conditions de règlement des professionnels de santé : seuls 20% des Français demandent parfois à un médecin quel tarif il pratique avant d aller le consulter, seuls 7% ont déjà négocié l étalement des paiements et 3% le tarif à verser. Sur le plan domestique, des comportements spécifiques sont aussi à signaler. 54% des Français et 70% des individus appartenant à des foyers dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1500 déclarent qu ils ont déjà réduit l usage de certains équipements (lave-linge, radiateur, lampes) pour faire des économies. Au-delà de cette «bonne pratique», il est plus inquiétant d observer que plus d 1 Français sur 10 (12%) convient s être lavé moins souvent au cours des 12 derniers mois pour faire des économies (17% des 25-34 ans). Les Français n hésitent pas à repousser l entretien de leur véhicule ou à faire des trajets longs en vélo ou à pieds pour diminuer leurs frais de déplacements Enfin, des arbitrages sont aussi effectués dans la gestion des déplacements. Pour réaliser des économies dans ce domaine, les Français privilégient majoritairement de pratiquer une conduite automobile économique (75%). De façon plus contraignante, 43% d entre eux ont déjà repoussé des frais d entretien de leur véhicule (25-34 ans : 56%, revenus < 2500 : 54%) et 34% ont déjà réalisé un trajet long à pieds ou en vélo (18-24 ans : 46%, habitants de grandes agglomérations : 41%). Si le covoiturage a déjà été pratiqué par 32% des Français, il semble se destiné à un public spécifique (18-24 ans : 44%, 25-34 ans : 39%, revenus < 1500 : 37%) tout comme le fait de frauder dans les transports en commun pour faire une économie (18-24 ans : 37%, 25-34 ans : 23%, revenus < 1500 : 23%). Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 6

IV. Vers de nouveaux arbitrages? Santé : 6 Français sur 10 conserveraient leur complémentaire, même «trop» chère Le système de santé fait partie de ce que les Français considèrent comme des «avantages compétitifs» de notre pays. Ainsi, dans le baromètre de la DREES (étude précédemment évoquée), nous constatons certes que les Français sont plus pessimistes et critiques à l égard de la solidarité nationale et du système d allocations, mais ils restent particulièrement soucieux de la pérennité du système d assurance maladie. Il en est de même, et nous le constatons ici, pour le système de complémentaire santé. 61% des Français déclarent qu ils ne renonceraient pas à leur complémentaire santé, même si celle-ci était jugée «trop chère». 32% estimant toutefois qu ils y ont déjà renoncé ou qu ils seraient prêts à y renoncer. Les revenus les plus modestes sont même une majorité à le dire (53% au sein des ménages qui touchent moins de 1 500 par mois). Logement : les Français préfèrent investir que partager On l a vu, la crise économique oblige une partie des Français à faire des arbitrages budgétaires. Ils sont toutefois encore assez réservés sur les solutions qui, certes, leur ferait économiser de l argent mais braderait un peu de leur intimité. Ainsi, en matière de logement, les Français préfèrent largement investir que partager. S ils sont 60% à dire qu ils seraient prêts à réaliser des travaux pour faire des économies d énergie (double vitrage, isolation), ils ne sont plus que 17% à envisager la location d une chambre à une tierce personne, 15% à louer leur domicile, 14% à partager un lave-linge avec certains de leurs voisins et 12% seulement à envisager leur colocation. Alors certes, les jeunes sont culturellement et nécessairement plus «partageurs» mais ils restent minoritaires à vouloir vivre en colocation (seulement 37% des 18-24 ans) ou à partager un lave-linge avec leurs voisins (27% chez cette même tranche d âge). Pour des questions budgétaires, près de la moitié des Français sont prêts à vivre avec leurs parents ou grands-parents L individualisme paradoxal des Français se manifeste par un regard extrêmement critique et sceptique sur la société mâtiné d un sentiment d intégration dans une sphère privée qui va de la famille au «réseau» affectif et/ou professionnel. Cet «entre-soi» rend assez peu acceptable aux yeux des Français la perspective de vivre un jour dans une maison de retraite. Aujourd hui 6 Français sur 10 n envisagent pas de vivre dans une maison de retraite (Enquête DREES 2013). L aspect budgétaire pèse également lorsqu il s agit de trouver des solutions pour des parents dépendants. Ainsi, notre enquête montre que, pour ces raisons économiques, près de la moitié (48%) des Français qui se prononcent sur cette question sont même prêts à vivre avec leurs parents/grands-parents plutôt que de les placer dans une maison de retraite. Les aidants sont encore plus nombreux (57%) à envisager cette situation. Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 7

De nombreux Français n utiliseraient pratiquement plus leur véhicule si le prix du carburant dépassait les 2 par litre Les Français qui utilisent encore leur véhicule malgré les hausses successives de carburant sont-ils des irréductibles? De moins en moins Alors que nous constations encore il y a deux ans que plus de la moitié des conducteurs considéraient qu ils conserveraient leur véhicule «coûte que coûte», ils ne sont plus que 38% à dire qu il leur paraît inenvisageable de ne plus utiliser leur véhicule (habitants des communes rurales : 47%). Le reste de la population est donc bien prête à ne pratiquement plus utiliser son véhicule si le prix du carburant est supérieur ou égal à 1,80. Le seuil le plus souvent cité (21%) est de2, soit 50 centimes «seulement» de plus que le montant actuel d un litre de super sans plomb 95. 17% citent le seuil beaucoup plus proche d 1 80, 12% celui de 3 et 3% celui de 4. La goutte d essence qui risque de faire déborder le réservoir est moins lointaine pour les jeunes (27% chez les 18-24 ans) et les bas revenus (26% chez les foyers de moins de 1 500 /mois). Notre enquête permet donc de concrétiser ce que signifie la crise économique au quotidien pour les Français. Même si majoritairement, ils ne renonceraient en aucun cas aux petits plaisirs hédonistes, leurs arbitrages peuvent parfois toucher des postes de base comme l alimentaire ou l entretien de leurs véhicules. Dans notre enquête, ressortent également quelques éléments constitutifs de l Opinion des Français : ces individualistes paradoxaux qui restent très attachés à certains «acquis hexagonaux» comme notre système de santé (Assurance maladie + complémentaire) qu ils considèrent comme l un des «avantages compétitifs» de notre pays. Les Français et leur budget Synthèse des principaux enseignements 8