SEMINAIRE SUR LE FINANCEMENT DU LOGEMENT EN AFRIQUE DE L OUEST Allocution d ouverture du Secrétaire Général du Conseil Régional de l Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) Monsieur Edoh Kossi AMENOUNVE, PhD. Bamako les 14-15 et 16 février 2005 Page 1 sur 7
Monsieur le Ministre de la promotion des investissements et des PME, Monsieur le Directeur National de la Banque Centrale des Etats de l Afrique de l Ouest pour le Mali, Monsieur le Représentant Résident de la Banque Mondiale, Monsieur le Représentant de l Agence Française de Développement, Monsieur le Directeur Général de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières et du Dépositaire Central / Banque de Règlement, Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux des Banques et Etablissements financiers, Mesdames et Messieurs les Représentants des partenaires techniques et financiers, Mesdames et Messieurs, Le Conseil Régional de L Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) se réjouit de l initiative de la Banque Mondiale de rassembler, à partir d aujourd hui à Bamako, les autorités publiques, les décideurs de la politique financière et du logement ainsi que les professionnels du système bancaire et financier, en vue de mener des réflexions sur la problématique cruciale du financement de l habitat en Afrique, et plus particulièrement au sein de l Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). La participation à cette rencontre de nombreux décideurs et dirigeants du secteur immobilier et financier dénote de l importance du sujet ainsi que des enjeux socio-économiques qui y sont rattachés. Pendant ces trois jours nous aurons l occasion de discuter amplement de la problématique du financement de l habitat au sein de l UEMOA en nous penchant particulièrement sur : - l état des lieux, - les différents acteurs impliqués et leurs rôles, - la contribution du marché financier régional, - la gestion des risques, Page 2 sur 7
- le cadre juridique édicté par l OHADA, - etc. Ce sera également et surtout l occasion de nous enrichir des expériences d acteurs venant de divers horizons notamment : - les banques et établissements financiers spécialisés dans le financement hypothécaire, - les institutions spécialisées telles que les fonds de garantie hypothécaires, les sociétés de refinancement, - la Banque Mondiale et les experts internationaux qui aborderont divers sujets dont la titrisation, l émission d obligations foncières, la création d institutions spécialisées dans le financement et le refinancement hypothécaire. Compte tenu de l importance de la poussée démographique, de la sédentarisation des populations, et de l urbanisation sans cesse croissante observées au sein de l UEMOA, le problème du logement est devenu une préoccupation majeure pour les pays de notre Union. En effet, avec une population estimée à plus de 75 millions d habitants, qui tous aspirent à un logement décent, l enjeu est de taille. Selon une étude récente du PNUD, 37% de cette population vit dans les villes et plus de 50% de la population urbaine vit dans des habitations précaires avec un niveau de salubrité minimum. Les besoins en logements nouveaux ou en rénovation de logements anciens sont donc importants. Malheureusement, force est de constater qu aujourd hui, l offre de logements a sein de notre zone est insuffisante, inorganisée et inabordable. Emanant de quelques sociétés d état, de promoteurs privés ainsi que de quelques banques et établissements financiers plus ou moins spécialisés, elle est essentiellement confrontée à une difficulté majeure : celle de la mobilisation de ressources longues. Nul n est besoin de démontrer que les marchés financiers constituent de par le monde, la plus grande source de collecte de fonds privés à long terme en vue du financement des projets économiques. Et pourtant, depuis le démarrage de ses activités, peu de gouvernements de l Union et surtout, peu de banques et établissements financiers ont Page 3 sur 7
sollicité le marché financier régional en vue de la réalisation de programmes d investissement d envergure notamment dans le domaine immobilier. Permettez moi de saisir cette occasion pour vous dresser un bilan sommaire du marché financier régional. En dépit d un environnement économique et sociopolitique régional souvent défavorable, le marché financier régional s est progressivement mis en place depuis 1997 conformément aux standards internationaux généralement admis en la matière. En effet, outre l organe de tutelle, le Conseil Régional de l Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF), et les 2 structures centrales de gestion que sont la Bourse Régionale des Valeurs (BRVM) et le Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR), quarante trois (43) intermédiaires commerciaux ont été agréés, dont 39 sont actifs sur le marché à ce jour. On y dénombre dix neuf (19) Sociétés de Gestion et d Intermédiation (SGI). S agissant du marché primaire, après 7 années d existence, il a permis de mobiliser plus de 624 milliards FCFA, ce qui représente une moyenne annuelle d environ 100 milliards FCFA, soit le double des projections initiales. Sa contribution au financement des économies de la sous-région est passée de 1,27% des crédits à l économie en 1998 à 3% en 2003. Sur le total des ressources mobilisées, les emprunts obligataires se taillent la part la plus importante avec 70% (dont 21% par placement privé), et les émissions d actions 30%. Ces dernières n ont pas été à la hauteur des espoirs suscités par les premières vagues de privatisations initiées par les Etats, notamment la Côte d Ivoire. En ce qui concerne le marché secondaire, après l euphorie des deux premières années, une forte baisse a été enregistrée en 2000. Cette baisse qui a duré deux ans a été suivie d une reprise amorcée en 2002 et qui semble se confirmer au cours de l année 2004 où le marché boursier a réalisé une très bonne performance. En effet en 2003 et en 2004, la BRVM a enregistré respectivement 1 118 903 et 3 020 000 titres échangés pour des valorisations de 14 et 37 Page 4 sur 7
milliards FCFA, contre 489 163 titres en 1998, valorisés à 10 milliards FCFA. Par ailleurs, le BRVM 10, l indice des dix (10) valeurs les plus importantes du marché, est passé de 94,61 points au 31 décembre 1998 à 102,70 points au 31 décembre 2004, après un creux à 72,00 points en 2001. Le BRVM composite, quant à lui est passé sur la même période, de 98,05 points à 88,53 points après un minimum de 65,02 points en 2003. S agissant de la capitalisation du marché, après trois années en dessous de 1 000 milliards FCFA (de 2000 à 2002), elle a atteint 1 100 milliards FCFA en 2003, et 1 680 milliards FCFA en 2004. Toutefois, le nombre de titres cotés est demeuré relativement stable depuis 2000. Au 31 décembre 2004 on dénombre 59 titres cotés à la BRVM, dont 39 actions et 20 lignes obligataires. Il est à noter que l évolution des activités du marché financier régional s explique d une part, par des difficultés liées à son environnement (ralentissement économique, faiblesse de la culture boursière, absence de privatisation, non harmonisation de la fiscalité, etc.) et d autre part, par des difficultés tenant aux conditions internes de son fonctionnement (faiblesse de l offre, exigence de garantie, information financière peu disponible, etc.) Page 5 sur 7
C est dans le souci de redynamiser notre marché que le Conseil des Ministres de l UEMOA a adopté, le 19 décembre 2002, un plan de relance et de développement. Certaines actions prévues dans ce plan ont connu un début de réalisation depuis 2003, parmi lesquelles on peut citer: - la révision des textes réglementaires de base du marché, notamment la Convention portant création du CREPMF et son Annexe, le Règlement Général et les Instructions, - l état des lieux organisationnel, opérationnel et financier de la BRVM et du DC/BR, - l exécution de la première phase de la surveillance des opérations de la bourse par l installation d une connexion permanente entre le Conseil Régional et la BRVM. D autres actions seront mises en œuvre au cours des cinq (5) prochaines années dans le cadre du Projet de Développement du Marché Financier Régional financé par l Agence Française de Développement (AFD) et l Agence Canadienne de Développement International (ACDI). Il s agit notamment des actions ci-après : - la promotion du marché financier et la diffusion de la culture boursière, - les études relatives à la réforme des garanties, - la diversification des produits du marché financier, - l adoption de mesures relatives aux infractions boursières, - l harmonisation de la fiscalité des valeurs mobilières, - etc. Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, compte tenu de ce qui précède quelle peut alors être la contribution du marché financier régional à la recherche de solution à la problématique du financement de l habitat au sein de notre Union? De façon générale, les obstacles les plus couramment cités au financement de l habitat dans les pays africains sont relatifs : - à la faiblesse du cadre légal et réglementaire, tant à la prise qu à la réalisation des hypothèques, Page 6 sur 7
- à l instabilité macroéconomique et aux incertitudes politiques qui constituent des facteurs de dissuasion pour les investissements longs et qui contribuent au renchérissement des coûts, - à l inexistence de marché financier ou de supports de refinancement adaptés aux besoins du secteur de l immobilier, - à l absence ou à l insuffisance de structures appropriées tels que les fonds de garantie, les sociétés d assurance crédits, les sociétés de refinancement. Le marché financier régional a certainement un rôle important à jouer dans le cadre de la levée de ces obstacles. En effet, le financement primaire de l habitat qui est encore très marginal sur notre marché (2 opérations en 6 ans pour 15 milliards de FCFA) doit s intensifier par la création de conditions favorables à la mobilisation de ressources longues. Le cadre réglementaire doit aussi évoluer pour s adapter à la dynamique mondiale en matière de financement hypothécaire. Nous sommes persuadés que les différents échanges que nous aurons lors de cette rencontre enrichiront les réflexions en cours visant à promouvoir le financement de l habitat par la mise en place d un cadre réglementaire propice à l émergence et au développement du financement hypothécaire par les instruments de marché. En sa qualité d organe de l Union Monétaire Ouest Africaine, le Conseil Régional de l Epargne Publique et des Marchés Financiers est ouvert à toutes les initiatives allant dans le sens de l amélioration des conditions de vie et du bien-être de nos populations. Je vous remercie. Page 7 sur 7