Homens e água na Amazônia Les Hommes et l Eau en Amazonie Guide de l exposition Ce livret a pour but d accompagner l exposition Homens e água na Amazônia, programmée à l occasion de l année de la Biodiversité sur les grilles du Jardin des Sciences de l Université de Strasbourg, de fin mars à septembre. Ce travail est le résultat de cinq mois passés en Amazonie pour tenter de comprendre les enjeux techniques et sociaux liés à l accès à l eau dans cette région unique. L exposition tente de donner, par l image, un aperçu des réalités alors que ce livret apporte des informations complémentaires et des données intéressantes sur cette problématique. C est le fruit d un travail de terrain, au contact de ces communautés. Au départ, il y avait ce désir de rencontrer les populations. Les Povos da Floresta -Peuples de la forêt- comme ils se nomment eux-mêmes représentent 25 millions de personnes. Ces peuples d Amazonie sont les fruits d une incroyable histoire, d une succession de mouvements de populations, d un développement économique et social particuliers. Ce qui est frappant là-bas, c est à quel point les enjeux environnementaux sont intimement liés aux conditions de vie de ces populations. Si le Brésil peut s enorgueillir d avoir fait progresser les indicateurs de développement ces dernières années, les disparités régionales restent importantes. Et comment une région qui concentre 20% des réserves d eau douce disponible en surface de la planète (Margulis, 2003) peut montrer des indicateurs si précaires en terme d accès à l eau? (En 2000, seuls 44,9% des ménages du Pará avaient accès au réseau d eau potable, selon le PNUD) Ce paradoxe fut le point de départ de la réflexion et de cette aventure. Je voulais trouver des éléments de réponse, découvrir la réalité de l accès à l eau, c est-à-dire les modalités techniques et sociales de l accès à l eau dans cette région. Outre les favelas de Manaus, les lieux visités se trouvent toutes dans la région de Santarém, ville de 300.000 habitants, à la confluence des fleuve Amazone et Tapajos, un de ses principaux affluents. Cette mosaïque des peuples y vit au rythme du fleuve, bénéficiant de ces bienfaits et subissant ses caprices. Boa viagem Civilisations pré-portugaises avantle XVI ème siècle Arrivée des missions jésuites à Santarém 1659 1 ère descente de l Amazone par l aventurier Fransiscode Orellana en 1542 XVII ème s, Belém, capitale du Para, devient une plaque tournante du commerce d esclaves Destruction de l emblématique quilombolas Palmares, après 65 ans de révolte Adapté de l Histoire du Brésil, Benassar, B. Et Marin, R. (2000) Développement des cultures de caoutchouc en Malaisie 1880-1912 Boom du caoutchouc en Amazonie Après 1912, Crise du caoutchouc en Amazonie 1967: Création de la zone franche à Manaus 1970: 1 er Plan d intégration nationale de l Amazonie + Lancement de la route Transamazonienne 1995: 1 ère légalisation des terres communes de quilombolas dans le Para 2002: 1 ère élection de Lula Loi environnementale limitant la déforestation à 20% des exploitations agricoles familiales en Amazonie
L Eau en Amazonie Comme ailleurs, la population s est toujours concentrée près des cours d eau: des grandes villes comme Manaus et Belém le long de l Amazone aux petites communautés traditionnelles le long des affluents de taille et de débit très variables. Pour ne donner que quelques chiffres, l Amazone représente 18% de l eau douce qui arrive dans toutes les mers du monde, avec un débit moyen annuel de 210.000 m 3 /s (Goulding et al. 2003). Et selon les dernières expéditions (en 2007), la source se trouverait 6800 km en amont de l embouchure, dans la Cordillère des Andes. Ce qui en ferait le plus long fleuve du monde, devant le Nil (6695 km). Là bas, les fleuves sont également le moyen de transport des hommes et des marchandises. On y croise les grands tankers du port de Cargill à Santarém, chargés de bois où de soja, prêts a repartir pour l Europe, la Chine ou les pays du Golfe. Dans leur ombre, on embarque et on accroche son hamac sur leslinhas, ces embarcations reliant une ou deux fois par semaine les très nombreuses communautés aux centres urbains Les fleuves peuvent y être blancs, bleus ou noirs, selon la quantité de matière organique, l acidité des eaux. Et comme ci-dessus, à Manaus, lorsque le Rio Negro rencontre le Rio Solimões, pour former l Amazone, les eaux s ignorent magnifiquement sans se mélanger, sur plusieurs kilomètres. Les différences de densité, de température et de vitesse des écoulements sont trop importantes. Les conséquences pour les habitants (en termes de pêche, par exemple) ou pour le voyageur sont étonnantes. La Forêt Amazonienne Sur cette carte de L Institut de l Homme et de l Environnement d Amazonie (IMAZON), la surface déforestée apparait en gris. Elle atteignait 17 % de la surface forestière initiale (Banque Mondiale, 2003) Les couleurs plutôt sombres des cours d eau irriguent l immensité verte de la Forêt Amazonienne. Il s agit de la plus grande forêt du monde avec près de 6 Millions de km² (INRA 2009). Son rôle est essentiel dans la régulation climatique puisqu elle fixe chaque année 66 Milliards de tonnes de CO2 par an (INRA 2009). Il est important de noter qu en tant que forêt mature, elle en produit une quantité presque équivalente (par décomposition de la matière organique), mais la forêt permet d assurer cet équilibre de CO2. La déforestation rompt cet équilibre en transformant la masse végétale en CO2 d une part et en empêchant la séquestration du carbone d autre part. C est également un refuge de biodiversité inestimable puisque les derniers travaux estiment que 10 à 20% des espèces vivantes s y abritent. (Dont plus de 10000 espèces d arbres.) (INRA 2009) On ressent clairement que cet espace précieux est sous pression. Aux abords de Santarém, les immenses fazendas s étendent à perte de vue et on se croirait plus facilement en Europe qu en plein cœur d une forêt tropicale. Le gouvernement brésilien tente d encadrer les activités d exploitation forestière ou de limiter la déforestation à but agricole mais la déforestation illégale (sans autorisation préalables des autorités) représenterait près de 90% des défrichements en Amazonie Brésilienne (Greenpeace 2009)
Les Communautés Ribeirinhas Trois jours. C est le temps que met lalinha, ce petit bateau de bois pour relier Cachoeira de Arua (une communauté de ribeirinhos-les habitants de bord de fleuves) à Santarém, la ville la plus proche. Hamacs harnachés pour assurer son confort et forró en fon sonore, c est l unique moyen de rejoindre ces communautés. Elles peuvent compter de quelques familles à plus d une centaine. Les premiers caboclos terme désignant des descendants d indiens et de colons européens- s y sont installés il y a une centaine d année. On y vit de l extrativisme (utilisation des produits de la forêt), d un peu d agriculture (la culture du manioc principalement) et de pêche. Le tourisme balbutiant et l artisanat apportent parfois un complément, toute comme les bourses familiales versées depuis 2003 par le gouvernement Lula. L isolement et la tranquillité caractérisent la vie chez les ribeirinhos. Mais si la plupart des communautés ont une école, une moitié seulement possède des infrastructures améliorées d accès à l eau: simples puits, pompe à main ou pour certaines, un microsystème d alimentation en eau. Il est surprenant de voir à quel point l accès à une eau de qualité est une difficulté dans ces endroits où les hommes vivent au rythme du fleuve, subissant ses caprices et ses bienfaits. Si la quantité ne fait pas défaut et si l accès est souvent facile, c est à des problèmes de qualité et de maladies hydriques que ces populations doivent faire face. L éloignement des services de santé aggrave encore ce constat. La préfecture et parfois les ONG œuvrent pour pallier ce manque en effectuant des campagnes itinérantes de soins médicaux, en subventionnant certaines infrastructures d accès à l eau ou en menant des campagnes de sensibilisation à l importance du traitement de l eau. Carte: Saúde e Alegria De plus en plus, les populations sont sensibles à l importance du traitement de l eau, même si certaines familles sont réticentes pour des questions de goût ou de méfiance. Dans de nombreuses cuisines, on rencontre un filtre, un pote en terre cuite pour garder l eau fraîche et parfois un bouteille de chlore (voire d eau de Javel) pour la désinfection. Sur les 113 communautés visitées, le volume consommé observé atteint 84 L par jour et par personne. Même si la comparaison est osée, il est intéressant de voir que même dans cet environnement humide, les populations utilisent bien moins d eau que les français (environ 150L/personne/jour). L existence d un microsystème d alimentation en eau est une vraie aubaine pour la communauté qui peut s organiser pour gérer le service collectivement, de manière durable, en créant une association. Le président gère, le trésorier collecte les contributions mensuellement (de 8 R$/mois en moyenne, soit environ 0.67 /m 3 ) et le technicien est chargé de l entretien ou de l allumage de la pompe une ou deux fois par jour pour remplir le réservoir.
Les Colons de la BR-163 São Mateus est une communauté d une trentaine de familles, située sur les rives de la route BR-163 qui relie Santarém à Cuiabá. Il s agit d un front pionnier de colonisation agricole. Dans les années 1970, la dictature militaire lance la colonisation agricole de l Amazonie. C est l époque d une Terre sans Hommes pour des Hommes sans Terres. Les premières familles arrivent du Nordeste ou des états du Sud du Brésil dans «la terre du rien : un lieu sans Justice, sans civilisation, sans Etat», selon la citation du Ministre des droits de l homme brésilien. (Citée dans OPALC 2009). En effet, le gouvernement avait promis l arrivée d une route et des services de base (école, puits, église ) Aujourd hui, si la route a été tracée (par une entreprise forestière) les familles dépendent de l eau des Igarapés, ces petits cours d eau alimentés même en saison sèche. Chaque famille a investit 2000 R$ dans la rodade água, ce petit moulin qui permet de remplir les citernes, à partir de l eau du fond de la vallée et au moyen d un mécanisme astucieux. Dans la communauté voisine, le microsystème d eau est arrivé il y a cinq ans et il n y pas d Igarapé. On y collecte alors l eau de pluie à la saison des pluies. L été c était les racines d Imbauba ou les lianessipodefogo gorgées d eau, que l on rencontre dans la forêt, qui permettaient de collecter jusqu à 40 L par jour. Sur le panneau audessus de la porte permettant l accès à la source communautaire, la mise en garde dit: Nous sommes tous égaux devant Dieu mais nous devons lui obéir. Les yeux du Seigneur sont partout, contemplant le Bien et le Mal Attention, Entrée interdite aux étrangers Les Quilombos Le termequilombos trouve son origine au XVI ème siècle alors que le Brésil est un pays dont le fonctionnement est basé sur l esclavage. Il désigne une communauté d esclaves ayant fuit et s étant refugiés dans des lieux isolés pour se regrouper et se protéger de leurs maîtres et des autorités. De nombreux sont découverts puis détruits mais d autres durent, formant les communautés quilombolas d aujourd hui (PSA, 2007) Le caractère isolé et fermé de ces communautés a préservé des cultures, des croyances et un mode d organisation ancestraux. Il existe dix communautés quilombolas autour de Santarém, regroupé dans une fédération (FOQS). Ces communautés sont installées depuis des générations, ils gèrent leurs terres en usage collectif. Mais symptomatiquement des conflits fonciers en Amazonie, ils doivent aujourd hui recourir à des actions en justice pour faire valoir leurs droits sur la terre, c est le rôle de la FOQS. C est par exemple le cas de Murumurutuba. Il y a dix ans, un agriculteur a reçu du gouvernement une parcelle sur le terrain du quilombo. La source alimentant la communauté, également lieu sacré, se trouvait sur cette parcelle. Des analyses ont montré la qualité minérale de cette eau. L agriculteur a alors tenté d exploiter cette ressource en dépit du droit d usage centenaire de la communauté. Aujourd hui, l accès n est pas tout à fait fermé mais il faut passer cette grille et la mise en garde qui s y trouve pour accéder à la source communautaire. Une roue à eau s y trouve pour alimenter les cultures de la parcelle. Dans l état du Pará, de très nombreux quilombos luttent sur le terrain législatif pour titulariser et protéger leurs terres de l appropriation. En 1995, à Orixminas, pour la première fois, la justice a reconnu l usage de la terre et régularisé l espace pour un quilombo. Il s agit d un espoir pour la FOQS et d un pas en avant pour la reconnaissance des terres de ces communautés (PSA 2007).
Les Invazões à Manaus Manaus est une étonnante capitale de 1,6 Millions d habitants, en plein cœur de l état d Amazonas, à la confluence du Rio Negro et du Rio Solimões. L Histoire y est marquée par la crise du caoutchouc et par la création d une zone franche en 1967 planifiée afin d attirer des entreprises, pour fournir du travail à la main d œuvre, héritée de la période du caoutchouc et restée sur place. Ces évènements ont pour conséquences des migrations importantes et une urbanisation incontrôlée qui donne lieu à la création des invazões-ces quartiers défavorisés installés dans la zone Est, le long des petits cours d eau. L accès aux services y est difficile et il est marquant de constater que les vendeurs d eau y mènent une activité prospère dans les quartiers aisés comme dans lesinvazões au milieu de la plus grande forêt et au bord du plus grand fleuve du monde. Dans trois de ces communautés, l ONG française ESSOR et l entreprise délégataire de service public, Águas do Amazonas -filiale du groupe Suez Environnement- se sont associées pour mener à bien un projet de développement communautaire basé sur l accès au service d eau. Ce projet financé par le Ministère des Affaires Etrangères français s est étalé de 2001 et 2005. L idée était de partir à la découverte des lieux et de rencontrer les habitants, de manière objective, en s éloignant des débats sur la gestion publique ou privée des services d eau. Sur le terrain, les résultats ont été encourageants et ces 5000 familles ont amélioré leurs conditions de vie. En revanche, aujourd hui, le projet a pris fin (Suez Environnement s est retiré d Amérique du Sud en 2005) et il ne reste guère que les infrastructures et l ONG locale ADEIS, créée à l occasion du projet, qui œuvre aujourd hui et a étendu ses compétences. Le partenariat entre les communautés et l entreprise, tout comme la tarification, sociale ont disparu. Le Projet ESSOR-Aguas do Amazonas à Manaus Contexte Objectif Méthodologie (Point clés) 3 communautés "Invazões" de la zone Est de Manaus, représentant 5000 familles Améliorer l'accès au service d eau de ces populations, en faire le levier du développement communautaire, en général Méthodologie participative (dialogue, négociations, paiement des factures par l'association) Contrat Entreprise-Association communautaire (pour le paiement collectif des factures, par exemple) Tarifsocial : 12 R$/mois/famillepour un maximum de 12 m3/mois (soit 80L/jour/personne à 0.60 /m3) Education à l'environnement Points forts Faiblesses Résultats Extension du service à ces familles Amélioraion du service (qualité de l'eau, continuité ) Baisse du prix des factures Micro-entreprises rendues possibles (café, artisanat ) Officialisation de résidence (permettant l'accès aux banques, à internet ) Renforcement communautaire Création et développement de l'ong locale ADEIS Résultats éphémères (plus de tariff social, contrat comunautés-entreprises rompu aujourd'hui) Pas de composante assainissement Projet pilote, donc population limitée Analyse personnelle de l auteur suite aux visites de terrain, aux entretiens et aux données collectées dans le cadre de la recherche
Benassar, B. Et Marin, R. (2000), Histoire du Brésil, Fayard Références Dubreui, V. (1999), Le bassin Amazonien, Laboratoire Climat et Occupation du sol par Téledetection (COSTEL), Accessible à l adresse suivante: http://aubresil.free.fr/articles/ba.html Visité le 8 avril 2009 FERREIRA NUNES, B. (1990), «La zone franche de Manaus: l échec régional d une industrialisation réussie?» Cahiers du Brésil contemporains, Vol 11 Goulding, M. Barthem, R. et Ferreira, E. (2003), Smithsonian Atlas of the Amazon, Natural History Greenpeace (2009), En Amazonie, Accessible à l adresse suivante: http://www.greenpeace.org/france/campagnes/forets/fiches-thematiques/en-amazonie Visité le 25 décembre 2009 Horácio-Castro, F. (2009) Mémoire et imaginaire dans la représentation du cycle du latex à Belém do Pará CEAQ-Séminaire Franco Brésilien, Accessible en ligne à l adresse suivante: http://www.ceaqsorbonne.org/node.php?id=868&elementid=660 Visité le 17 février 2010 INRA (2009), Le puits de carbone de l'amazonie menacé par les sécheresses Accessible à l adresse suivante: http://www.inra.fr/presse/puits_de_carbone_amazonie_menace_par_secheresses Visité le 09 mars 2010 Margulis, S. (2003) Causas do Desmatamento da Amazônia Brasileira, Banque Mondiale Brésil Accessible au: http://siteresources.worldbank.org/brazilinporextn/resources/3817166-1185895645304/4044168-1185895685298/010causasdesmatamentoamazoniabrasileira.pdf Visité le 27 février 2010 Mongabay (2007), La NASA trace la source nouvellement proposée du fleuve d'amazone Disponible à l adresse suivante: http://fr.mongabay.com/news/2007/0703-amazon.html) Visité le 28 novembre 2009 Observatoire Politique de l Amérique latine et des caraïbes (2009), La Bitacora de Damien - La terre où germe la discorde: un siècle de lutte pour la réforme agraire au Brésil Accessible à l adresse suivante: http://www.opalc.org/damien/index.php?category/bresil Visité le 28 janvier 2010 PNUD Brésil (2003), Atlas do desenvolvimento do Brasil, Logiciel téléchargeable à l adresse suivante: http://www.pnud.org.br/atlas/ Visité le 5 juin 2009 Projeto Saúde e Alegria (2007), Mapeamento Participativo Socioambiental, Comunidades Remanescentes de Quilombos, Non publié. Tonneau, J.P. et Sabourin, E.«Agriculture familiale et politiques publiques de développement territorial : le cas du Brésil de Lula», Confins [Online], 5 2009, posté online le 20 mars 2009, Consulté o 16 mars 2010. URL : http://confins.revues.org/index5575.html University of Leeds (2009), Rainfor Project: Amazon Forest Inventory Network, Accessible à l adresse suivante: http://www.geog.leeds.ac.uk/projects/rainfor/pages/project_eng.html Visité le 20 octobre 2009 Remerciements aux associations Je souhaite profiter de cet espace pour remercier profondément les associations brésiliennes Saúde e Alegria, la FOQS, ADEIS et l équipe exécutive du Projeto Floresta em Pé, pour leur accueil et leur soutien précieux pour la réalisation de cette étude. Je souhaite également leur dire combien j admire leur engagement en faveur de l amélioration des populations locales: ils m ont permis d apprendre énormément. Enfin, je remercie Aquame pour leur soutien et le Jardin des Sciences de l UDS pour permettre la présentation de l exposition photo. Réalisation Texteset créditsphotosthomas Le Jeune/ CréditcartesImazon(p2) et Saúdee Alegria (p3) Contact: thomas.lejeune@engees.u-strasbg.fr