JOURNEE BILAN A LA BIBLIOTHEQUE DEPARTEMENTALE DE LA VIENNE La Bibliothèque Départementale de la Vienne propose depuis de nombreuses années aux bibliothécaires bénévoles ou salariés de son réseau une formation dite «de base», Faire vivre une bibliothèque en milieu rural, dont le nombre de jours est passé de 5 à 12 depuis l année 2007. Le jeudi 26 mai, les stagiaires des quatre promotions (2007 à 2010) ont été conviés à une réunion afin de dresser un bilan sur les répercussions concrètes de cet investissement humain dans les pratiques quotidiennes au sein des établissements concernés. Trente bibliothécaires de trente communes différentes ont répondu présents et ont travaillé en ateliers pendant lesquels ils ont répondu à différentes questions sur leur situation professionnelle actuelle et sur l impact de la formation sur le fonctionnement de leur bibliothèque. Bénévoles et salariés : portrait d aujourd hui 30 personnes, dont 19 bénévoles et 11 salariés nous ont fait part des plaisirs et des difficultés qu ils rencontrent, au quotidien, dans leur activité de bibliothécaire. Pas de plaisirs sans difficultés et pas de difficultés sans plaisirs Le conseil aux lecteurs est le grand favori des bibliothécaires (60%) tout en étant repéré comme une faiblesse par la plupart d entre eux. Répondre aux demandes et accompagner les usagers dans leur parcours de lecture demandent en effet de nombreuses connaissances. Nous en reparlerons Arrive, ensuite, pour 47 % des stagiaires, le goût pour le travail en équipe et les relations humaines. C est aussi la 2 ème difficulté évoquée lorsqu il s agit de se positionner au sein d une équipe, de faire évoluer la bibliothèque ou de changer certains fonctionnements anciens. La gestion des collections et plus particulièrement les acquisitions représente un plaisir pour 35 % des stagiaires qui reconnaissent, dans le même temps, la lourde responsabilité de choisir les achats de documents tout en se méfiant de leur
subjectivité. Ce questionnement autour de la subjectivité est très positif, il démontre le niveau de professionnalisme et de sérieux atteint par les stagiaires. Les autres plaisirs évoqués sont davantage liés à chaque personnalité, certains apprécient l équipement les livres, d autres la gestion administrative, la comptabilité, d autres encore la préparation des animations ou l alimentation du site internet. Certains ont d ailleurs bien compris que le secret d une équipe motivée et harmonieuse tient avant tout à la diversité des goûts et des talents qui la composent. Seuls dans l immensité littéraire Les connaissances littéraires sont repérées comme LA compétence manquante pour la moitié des stagiaires. Sont alors évoqués, outre la lecture, les besoins d échanges avec les lecteurs, avec les bibliothécaires, avec la BDV. Des outils existent actuellement mais sont peu repérés : le portail de la BDV propose des commentaires sur notices, des coups de cœur, des sélections qui ont cette fonction d aider au choix et aux conseils. La BDV propose également des ateliers d échanges autour des romans adultes, des documentaires, de la musique et de l image (albums et BD) qui permettent de découvrir, oralement, certains titres lus et appréciés par des bibliothécaires du réseau. A ceci s ajoute, le programme de formation de la BDV, chaque année, une journée est consacrée à la présentation d un éditeur, ou d une forme d écriture - la bande dessinée en 2011 - ou de la littérature d un pays. C est en fait, la juxtaposition de plusieurs pratiques qui permet d étoffer sa culture générale et d étendre le champ de ses compétences. Sombre Dewey La bête noire des bibliothécaires reste pour un tiers des participants la fameuse cotation Dewey et ses insondables chiffres et points. Pas de panique! L objectif de la formation a toujours été de comprendre l utilité et le fonctionnement des cotes. Il faudrait davantage de temps pour maîtriser la Dewey et là n est pas le but. Une solution existe : l interrogation du catalogue sur le portail de la BDV ou d une autre bibliothèque permet de vous aider dans le choix des cotes.
Q U EN EST- I L D O N C DE LA F O R M AT I O N DE BASE? L allongement de la durée à 12 jours n a pas été dissuasif pour les stagiaires puisque le nombre moyen par promotion est de 15 participants sur les 4 années avec 70% de bénévoles et 30 % de salariés. Les équipements représentés sont pour moitié des dépôts-points lecture et des BM (1,2 ou 3). La durée de la formation n exclut donc aucune catégorie de personnes ou de bibliothèques. Quelles sont les conséquences sur le fonctionnement des bibliothèques municipales? 80% des stagiaires ont opéré des changements dans leur bibliothèque suite à la formation de base, principalement en matière de gestion des collections et des prêts avec une plus grande rigueur dans les achats, le désherbage, le classement, la gestion des retards Les changements concernent également l accueil des publics, beaucoup ont rééquilibré la part d accueil des classes en la diminuant au profit des ouvertures tout public en sachant privilégier une offre de qualité. Pour 70 % des stagiaires, la formation de base a permis de redéfinir leur rôle au sein de la collectivité en tant que service public, ce qui a eu pour conséquence de nettement améliorer les relations avec leurs élus. Ils ont ainsi appris à défendre un budget pour la bibliothèque et à rendre compte de l activité et des actions menées. La formation de base a t-elle un impact sur le service aux usagers et sur la fréquentation de la bibliothèque? 67 % des stagiaires estiment que la formation de base a permis d améliorer la fréquentation de la bibliothèque. Les raisons invoquées pour expliquer l augmentation de la fréquentation paraissent directement liées à la formation : Une meilleure compréhension des missions des bibliothèques et de la notion de service public. Une meilleure organisation de la bibliothèque : collections
raisonnées, classées, attractives, règles claires Une équipe plus motivée car animée par une personne formée qui sait prioriser les actions et diversifier l équipe en recrutant de nouveaux bénévoles et de nouveaux talents. Des horaires d ouverture tout public plus larges. La médiation et le conseil aux lecteurs mis au cœur de l activité, même si ce point est aussi relevé comme une difficulté pour 57 % d entre eux.. Des relations plus soutenues avec la BDV 100 % des stagiaires estiment que l apprentissage le plus important de la formation de base est la connaissance de la BDV. 70 % d entre eux ont des contact avec leur correspondant BDV, en dehors du passage du bibliobus et des réservations. Et 63 % ont fait appel à un accompagnement spécifique, personnalisé, suite à la formation de base. La formation leur a permis d identifier très nettement les différents services offerts par la BDV ainsi que les interlocuteurs. Les services à la carte, tel que l accompagnement technique (désherbage, réaménagement, récolement, signalétique ), l informatisation ou l animation sont régulièrement sollicités et complètent efficacement la formation de base. La boite à outils sur le portail de la BDV est utilisée ainsi que les nombreux supports de cours distribués lors de la formation. Ils font même office de «bible» du bibliothécaire! Pour conclure, il est bon de rappeler les objectifs que nous nous étions fixés lorsque nous avons allongé la formation à 12 jours en 2007. Les stagiaires, suite à la formation, devaient être capable de faire fonctionner une bibliothèque et d adopter une démarche de bibliothécaire. Ceci sous-entendait, que, outre les connaissances techniques indispensables, l ambition était de transmettre plus subtilement ce qui donne du sens aux bibliothèques, les missions, la notion de service public, l accueil des publics
Que ce soit au travers de l évocation des plaisirs, des difficultés ou des changements mis en œuvre, les stagiaires ont montré par leurs ambitions et par le vocabulaire utilisé, qu ils ont parfaitement intégré la dimension culturelle et sociale de la bibliothèque. La formation de base représente donc un réel gain auprès de chaque stagiaire et de chaque bibliothèque tant en terme de motivation, d assurance, d organisation du travail, de mise en œuvre de projets, bref un apport non négligeable à une véritable consolidation du réseau de lecture publique de la Vienne.