Partie 1 POSER LE CADRE 100 questions pour comprendre et agir 1
1 Comprendre le contexte actuel
1 Qu entend-on par santé et bien-vivre au travail? «Santé et bien-vivre au travail» est une notion globale dont les deux termes sont interdépendants. Celle-ci va bien au-delà du bien-être de chacun, de la prévention des RPS (risques psychosociaux) ou de la gestion du stress. Elle intègre également la sécurité, la prévention de tous les risques, l organisation de l entreprise, les relations interpersonnelles, le cadre de travail, la qualité de vie au travail Le bien-vivre au travail est le résultat d un équilibre de vie que les salariés doivent trouver, et qui nécessite : de la part de l entreprise, de mettre tout en œuvre pour que les collaborateurs se sentent bien dans leur travail et donnent ainsi le meilleur d eux-mêmes ; de la part du salarié, d être véritablement acteur dans sa vie au travail sans que celle-ci ne perturbe sa vie personnelle et inversement. Les facteurs qui contribuent à la santé et au bien-vivre au travail peuvent être résumés en cinq points essentiels. Il faut que : l entreprise déploie des pratiques de gestion de son organisation qui favorisent le bien-être et l efficacité au travail des collaborateurs (chapitre 5) ; le management soit accompagné afin de devenir un acteur du bien-vivre dans ses équipes (chapitre 6) ; les collaborateurs soient sensibilisés aux habitudes de vie qui influent sur leur santé (chapitre 7) ; l entreprise et les collaborateurs se préoccupent ensemble de l équilibre nécessaire entre vie privée et vie professionnelle ( chapitre 8) ; l environnement de travail soit synonyme de confort, bien-être ensemble pour collaborer efficacement et préserver la santé de tous (chapitre 9). Santé et bien-vivre au travail 5
2 En quoi l entreprise a-t-elle une responsabilité dans les problèmes de santé? L entreprise a une responsabilité directe quand elle expose ses salariés à des risques professionnels pouvant impliquer des problèmes de santé 1. De façon générale, tous les problèmes en lien direct avec l activité professionnelle sont bien traités au sein des entreprises, dans le cadre des démarches de prévention. La santé des salariés constitue un tout souvent difficile à prendre en compte pour des perturbations dont l origine n a pas de relation évidente avec le métier exercé. Or, l entreprise est un lieu de vie où chaque personne active passe plus de temps éveillée qu en compagnie de ses proches. Si l entreprise n a pas de responsabilité directe sur des problèmes de santé personnelle, tels l obésité ou le diabète, elle a cependant l obligation de permettre une restauration de qualité et variée. Le reste relève des conduites individuelles en matière d habitudes alimentaires. Le problème est plus complexe pour les TMS (troubles musculosquelettiques) dont les origines peuvent être nombreuses (par exemple : postes de travail précédents, hygiène de vie de chaque salarié) mais également des conditions de travail dans son entreprise et à son poste de travail actuel. L entreprise subit de plein fouet les répercussions de l état de santé physique et mentale de ses collaborateurs sur la qualité du travail et la performance. C est pourquoi déployer une politique de santé et de bien-vivre au travail n est pas une obligation pour l entreprise mais l opportunité de prendre soin de ses salariés pour accroitre sa performance sociale. 1 Cadre légal : article L4121 du code du travail. 6 100 questions pour comprendre et agir
3 Agir sur la «santé et le bien-vivre au travail» : quels enjeux pour l entreprise? Prendre soin de ses salariés pour qu ils puissent donner le meilleur d euxmêmes au travail constitue une obligation légale pour l entreprise. Ensuite il s agit de véritables enjeux pour celles qui l ont compris. Trois enjeux apparaissent : Un enjeu social : l obligation de prendre soin du capital humain de l entreprise. Les hommes et les femmes de l entreprise constituent sa première source de richesse. C est pourquoi il est nécessaire de s engager dans une politique de prévention de la santé au travail, d autant qu il existe une imbrication entre les sphères privée et professionnelle. On observe d ailleurs une étroite relation sur de nombreux sujets de santé publique avec la santé et le bien-vivre en milieu de travail. On peut citer parmi les plus importants : les cancers, les maladies cardio-vasculaires, le diabète et le mal de dos. Un enjeu économique : le coût de l absence d une politique de santé dans l entreprise. Les effets des problèmes de santé au travail ont des répercussions économiques sur l entreprise : coût de l absentéisme, baisse de productivité, accident du travail, coût de la prévoyance et de la mutuelle, etc. Par exemple, les troubles musculo-squelettiques, dont les lombalgies et cervicalgies constituent une grande majorité des pathologies actuelles, repré sentent aujourd hui 70 % des maladies professionnelles reconnues en France et la première cause de handicap au travail avant 45 ans. Or, la prise en compte de l environnement de travail, de l ergonomie des postes de travail et la sensibilisation aux bonnes postures est un facteur de prévention des TMS. Un enjeu de la marque employeur : les répercussions sur l image de l entreprise de l impact de la non santé au travail. La mauvaise publicité sur les entreprises qui ont subi des événements tragiques liés à la santé au travail rend difficile la fidélisation, la motivation et l attraction de nouveaux talents. Cela nécessite un travail important pour y remédier, finalement plus coûteux en temps et argent qu une politique de prévention. Santé et bien-vivre au travail 7
Enfin, agir sur la santé et le bien-être au travail permet à l entreprise de mieux maîtriser les risques en interface tels que les risques en matière de sécurité et santé et ainsi de contribuer à une meilleure qualité du travail pour tendre vers l efficience au travail et la performance sociale. 8 100 questions pour comprendre et agir
4 Quel bénéfice l entreprise peut-elle tirer d une action sur la «santé et le bien-vivre au travail»? Depuis quelques années déjà, les Québécois ont mis en évidence l intérêt de travailler sur le sujet. Ces derniers sont précurseurs sur les sujets liés à l humain en entreprise et sur les comportements, et, dans le cas présent, sur le sujet de la santé et du bien-être en milieu de travail. À travers plusieurs études, différents éléments ont été mis en avant par le GP²S 2, organisme québécois à but non lucratif dédié à la promotion et la prévention en santé en milieux de travail. Marie-Claude Pelletier, President and Chief Executive Officer du GP²S incite les entreprises à promouvoir et à intégrer la santé globale des employés dans leur mode de gestion et insiste sur le fait qu il s agit d une stratégie payante pour l entreprise 3. Le GP²S met en avant deux arguments qu il développe (extraits de la documentation) : 1. Prendre soin du capital humain et investir dans leur mieux-être donne des résultats concrets ; Augmentation de la productivité. Une augmentation de la productivité au travail de 9 % et réduction de l absentéisme de 2 % 4. Un employé actif physiquement est 12 % plus productif qu un employé sédentaire (Santé Canada). Un employé non-fumeur coûte 3 150 $ de moins par année à une entreprise qu un employé fumeur Santé Canada (2007). Rétention d une main-d œuvre qualifiée. 2 Groupe de promotion pour la prévention en santé. 3 www.gp2s.net 4 (Pelletier B, Boles M, Lynch W. Change in health risks and work productivity over time. J. Occup Environ Med. 2004; 46 (7) : 746-754). Santé et bien-vivre au travail 9
Réduction de l absentéisme et du présentéisme. Diminution des primes d assurances collectives. Mobilisation des employés. Amélioration du climat de travail et du niveau d engagement des employés. 2. Investir dans la promotion de la santé au travail est réaliste au travers de trois bonnes raisons : Économiser grâce à la prévention des problèmes liés à la santé psychologique. L estimation du coût annuel des problèmes de santé mentale est de 33 milliards de dollars pour les entreprises canadiennes. Par exemple, chaque cas de dépression coûte aux entreprises près de 10 000 $ en frais directs et indirects (Global Business and Economic Roundtable on Addiction and Mental Health, 2004). On a estimé que près de 17 % de la masse salariale des entreprises s envolaient en «non-santé», ce qui est important. Lutter contre le présentéisme. Le présentéisme est le fait d être physiquement présent au travail, mais mentalement non productif. Encore méconnu, ce phénomène est un véritable fléau en milieu de travail «les coûts reliés au présentéisme sont bien plus élevés que ceux reliés à l absentéisme. Un exemple éloquent : 81 % des coûts de dépression sont reliés au présentéisme.» (Journal of American Medical Association, 2003). Réaliser une initiative stratégique. Au Canada, 77 % des 100 meilleurs employeurs possèdent un programme structuré de promotion et de prévention en santé en milieu de travail, qui est un facteur de succès important pour la croissance de l organisation (Étude réalisée par Mediacorp Inc. Pour le compte de Medisys 2009). Ainsi, le retour sur investissement lié aux politiques «santé» déployées a été largement démontré. Les recherches citées par le GP²S montrent un retour de 2,75 $ à 4 $ par dollar investi dans les entreprises menant des politiques «santé». Ces dernières disposent chacune de politiques différentes, en fonction de leur histoire, de leur sensibilité et de leurs activités. Au Canada, chaque dollar investi dans la promotion de la santé en 10 100 questions pour comprendre et agir