TRANSMISSION MATERNO-FŒTALE DU VIH : TRAITEMENT PREVENTIF ET PRISE EN CHARGE DU NOUVEAU-NE

Documents pareils
Infection VIH et Grossesse Rédigée par : Laurichesse Hélène, C Jacomet

Prise en charge du. Dr FERNANE.Arezki Hôpital André Grégoire Montreuil

Avis 6 novembre 2013

Traitement de l hépatite C: données récentes

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

LES CO-INFECTIONS VIH-VHC. EPIDEMIOLOGIE, INTERFERENCES. Patrice CACOUB La Pitié Salpêtrière, Paris

Streptocoque B :apports des tests en fin de grossesse, nouvelles propositions.

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

Votre développement professionnel continu

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Diagnostic des Hépatites virales B et C. P. Trimoulet Laboratoire de Virologie, CHU de Bordeaux

Christian TREPO, MD, PhD

Restitution de l 'atelier 1 Protocoles thérapeutiques et aspects médicaux de la PTME

LES ACCIDENTS D EXPOSITION AU RISQUE VIRAL Prise en charge & Prévention

Traitement des hépatites virales B et C

Lecture critique d article ou comment briller en société sans en avoir trop l air

Y a-t-il une place pour un vaccin thérapeutique contre l hépatite B? H. Fontaine, Unité d Hépatologie Médicale, Hôpital Cochin

PLAN D ACTION POUR ACCELER LA REDUCTION DE LA MORTALITE MATERNELLE ET NEONATALE

TRAITEMENT DE L HÉPATITE B

Organisation du suivi dans le cadre d un réseau

Marseille 25 octobre 2012 Accompagnement du traitement chez les co-infectés VHC-VIH en pratique

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Fondation PremUp. Mieux naître pour mieux vivre

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

Prophylaxie infectieuse après exposition professionnelle

Les hépatites virales chroniques B et C

Co-infection HVB HVC CO-infection VIH HVB et HVC

Indications de la césarienne programmée à terme

Traitement des hépatites h chroniques virales B et C

Lecture historique et prospective du rôle de la barrière génétique

Lettre à l éditeur. Résistance du VIH aux Antirétroviraux : Quoi de neuf au Mali? Quelles. perspectives?

Traitements de l hépatite B

Hépatite = inflammation du foie. Pr Bronowicki CHU Nancy Conférence mensuelle - section de Forbach

Détection et prise en charge de la résistance aux antirétroviraux

Place de l interféron dans le traitement de l hépatite B chez le patient co-infecté VIH

Cours de Mme Ollivier. Le

LE MALI L HÔPITAL GABRIEL TOURE L HÔPITAL DU POINT G INTRODUCTION 2 INTRODUCTION 1 DISPENSATION DES ARV DANS LES HÔPITAUX DU POINT G ET GABRIEL TOURE

Hépatite chronique B Moyens thérapeutiques

Guide du parcours de soins Titre ACTES ET PRESTATIONS AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

MALI MEDICAL. Echec virologique aux antirétroviraux

Charges virales basses sous traitement: définition impact virologique. Laurence Bocket Virologie CHRU de Lille

Implication des Corevih dans l arrivée des ADVIH: Expérience du Corevih LCA

TUBERCULOSE Nouveautés 2009

Communiqué de presse. Direction Communication Externe/Interne Sylvie Nectoux TEL : sylvie.nectoux@boehringeringelheim.

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Pathologie VIH. Service maladies infectieuses Archet 1. Françoise ALEXIS, infirmière Monique BORGHI, infirmière 15 octobre 2013

L investigation chez la personne infectée par le VIH

Conférence de Presse 11/09/2013. «Système de Surveillance de la Santé Périnatale au Luxembourg»

Les charges virales basses: constat et gestion

18 Prise en charge des situations d exposition au risque viral

ANRS-FUNDED RESEARCH IN THE DEVELOPING WORLD

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. 10 décembre 2008

Devenir des soignants non-répondeurs à la vaccination anti-vhb. Dominique Abiteboul - GERES Jean-François Gehanno Michel Branger

Résistance du VIH-1 aux antirétroviraux dans les compartiments anatomiques et cellulaires

Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse

Suivi de la grossesse et orientation des femmes enceintes en fonction des situations à risque identifiées

F ZOULIM. Traitement du VHB : Interféron ou anti-viraux

Arthralgies persistantes après une infection à chikungunya: évolution après plus d un an chez 88 patients adultes

Résistance du virus de l hépatite C aux nouveaux traitements anti-viraux

Hépatite B. Le virus Structure et caractéristiques 07/02/2013

Août a thérapie. antirétrovirale. pour les adultes infectés par le VIH. Guide pour les professionnels de la santé du Québec

Annales du Contrôle National de Qualité des Analyses de Biologie Médicale

Hépatite C, les nouveaux traitements

Actualités sur le Virus de l'hépatite C

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

Hépatite C une maladie silencieuse..

Le VIH et votre foie

Perspectives en sciences sociales et santé publique. Bernard Taverne (CRCF/IRD)

TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX DU DIABETE DE TYPE 2 (Hors Insuline) MAREDIA Dr Marc DURAND

GUIDE AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

ACCIDENTS D EXPOSITION AU RISQUE VIRAL. Dr David Bruley Service de Maladies Infectieuses CHU Grenoble

MÉDICAMENTS CONTENANT DU VALPROATE ET DÉRIVÉS

Apport de la biologie moléculaire au diagnostic des parasitoses

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Place du médecin généraliste dans la gestion du traitement de l hépatite C C. Buffet*

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

L hépatite C pas compliqué! Véronique Lussier, M.D., F.R.C.P.C. Gastroentérologue Hôpital Honoré-Mercier 16 avril 2015

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

Traitement des hépatites virales

La prise en charge médicale des patients atteints

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Définition de l Infectiologie

9 Résistance du VIH-1 aux antirétroviraux

Création de procédures inter-services pour la gestion des essais de phase I à l Institut Gustave Roussy

Traitement des Hépatites Chroniques Virales B et C

Évolution des pratiques vaccinales : 3. vaccination après la grossesse

Le titrage de l AgHBs: un témoin du statut du patient et de la réponse au traitement. Denis Ouzan Institut Arnault Tzanck, Saint-Laurent-du-Var

PRISE EN CHARGE DE L HEPATITE CHRONIQUE C EN 2009

L adhésion au traitement: les clés du succès

Working Group du Sénégal sur les HIVDR Presenté par Dr. Adama NDIR

Evaluation de la qualité de la formation en stage

Virus de l hépatite B

VIRUS DE L'IMMUNODEFICIENCE HUMAINE (HIV)

Rendre les résultats d un test VIH, communiquer les messages pour refaire le test et fournir un conseil à l adulte

Essais cliniques de phase 0 : état de la littérature

Pr Vincent CALVEZ CHU Pitié-Salpêtrière INSERM U 943 ANRS AC11 Resistance

10 Primo-infection par le VIH

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

REFERENTIEL D AUTO-EVALUATION DES PRATIQUES EN ODONTOLOGIE

Prise en charge thérapeutique des personnes infectées par le VIH

Transcription:

TRANSMISSION MATERNO-FŒTALE DU VIH : TRAITEMENT PREVENTIF ET PRISE EN CHARGE DU NOUVEAU-NE Date de la diffusion : 03 juin 2008 Version : 1 Rédaction : RHEMAP février 2005, complété avril 2008 Validation : 22 avril 2008 par pédiatres du réseau Périnat Sud MENTION RESTRICTIVE : «Ce protocole de soins est proposé à titre indicatif, et ne saurait être opposable au cas où le praticien en charge du patient estimerait qu une conduite différente serait plus appropriée, dans le cas général ou dans un cas particulier» 1. OBJECTIF Prise en charge harmonisée des nouveaux nés de mère VIH positive sur le réseau PS. 2. PROTOCOLE Ont participé à la réflexion de ce référentiel rédigé par le Docteur Isabelle THURET (C.H.U. Marseille) : Professeur Gérard MICHEL (C.H.U. Marseille) et Docteur Fabrice MONPOUX (C.H.U. Nice) et Docteur Mourad ARZIM Service de Pédiatrie et Néonatologie C.H.G. DE MONTELIMAR (26) Docteur Bénédicte BEBIN Service de Pédiatrie et Néonatologie C.H.G. DE CANNES (06) Docteur Laurent BENET Service de Pédiatrie C.H.G. DE DRAGUIGNAN (83) Docteur Olivier BERNARD Service de Pédiatrie C.H.G. D AUBAGNE (13) Docteur Christian BURLE Service de Pédiatrie C.H.G. DE TOULON (83) Docteur Anne-Lorraine CAETANE Service de Pédiatrie C.H.G. D AUBAGNE (13) Docteur Hervé CHAMBOST Service d Hématologie Pédiatrique C.H.U. TIMONE MARSEILLE (13) Docteur Jean-Marc CHAMOUILLI Service Pédiatrie et Nouveaux-nés C.H.G. DE LA SEYNE/MER (83) Docteur Claude COACHE Service de Pédiatrie C.H.G. DE FREJUS-ST RAPHAEL (83) Docteur Catherine CURTILLET Service d Hématologie Pédiatrique C.H.U. TIMONE MARSEILLE (13) Docteur Eric DORE Service d Hématologie Pédiatrique C.H.U. TIMONE MARSEILLE (13) Docteur Bernard FAVERGE Service de Pneumo-allergologie Infantile C.H.G. DE MARTIGUES (13) Docteur Jean-Baptiste FIESCHI Service de Pédiatrie et de Néonatologie C.H.G. D AJACCIO (20) Docteur Gérard FORTIER Service de Médecine Infantile C.H.G. D AVIGNON (84) PEC du nouveau-né de mère HIV-ps-V1.doc 1/7

Docteur Catherine MATHEY Service de Pédiatrie C.H.G. D AIX-EN-PROVENCE (13) Docteur Padshima MOSSLER Coordinateur du RHEMAP C.H.U. TIMONE MARSEILLE (13) Docteur Eric MOULENE Service de Pédiatrie, Néonatologie et Adolescents - C.H.G. SALON-DE-PCE (13) Docteur Joël NGUYEN Service de Pédiatrie C.H.G. DE BASTIA-FURIANI (20) Docteur Jean-Claude PICAUD Service de Pédiatrie C.H.G. DE MONACO (98) Docteur Francis SICARDI Biologiste Libéral, Président du RHEMAP MARSEILLE (13) Docteur Nicolas SIRVENT Service de Pédiatrie C.H.U. DE NICE (06) Docteur Dominique THEVENIAU Service de Pédiatrie et Néonatologie - C.H.G. AIX-EN-PROVENCE (13) Docteur Odile THIEBAUT Pédiatre Libéral AIX-EN-PROVENCE (13) Ce protocole a été revu et complété par les pédiatres du réseau Périnat-Sud. I - INTRODUCTION GENERALITES Le taux de transmission materno-fœtal (TMF) du VIH1 se situe actuellement en France à 1,5% pour les mères recevant un traitement anti-rétroviral. Deux grandes étapes ont conduit à sa réduction : L utilisation de la ZIDOVUDINE (AZT, RETROVIR) en pré (initiée entre 14 et 34 semaines de grossesse), per (perfusée pendant le travail) et post-partum (administrée 6 semaines au nouveau-né) dans l étude ACTG-076 permet une diminution de 2/3 du nombre des enfants contaminés (réduction du taux de TMF de 22,6% à 7,6%) 1 ; La généralisation des traitements antirétroviraux combinant plusieurs molécules : en France plus de 70 % des femmes conduisent leur grossesse sous trithérapie et vont accoucher avec une charge virale (CV) indétectable. Le niveau de réplication virale est le facteur prédictif le plus puissant de TMF chez la femme traitée. Pour les mères accouchant à terme avec une CV à moins de 1000 copies/ml, le taux de TMF est de 0,6% et il n y a pas de facteur de risque identifié. Dans les pays en voie de développement, l administration d une monodose de NEVIRAPINE à la mère en début de travail et à l enfant à 48 h de vie s est révélée une alternative au traitement préventif par RETROVIR. 2 Dans l enquête périnatale française (EPF), la perfusion de ZIDOVUDINE qui est administrée à la quasi totalité des mères durant le travail (traitement per-partum) protège l enfant du risque VIH1 lorsque la CV maternelle est supérieure à 1000 copies/ml (risque réduit de manière significative quand la CV est supérieur à 10000). La part du traitement post-natal dans la réduction de la TMF du VIH1 est difficile à apprécier. En l absence de traitement maternel : PEC du nouveau-né de mère HIV-ps-V1.doc 2/7

Une étude observationnelle nord-américaire a montré une diminution du risque de TMF, même en l absence de traitement pré et per-partum, à condition que les 6 semaines de traitement par RETROVIR du bébé soient débutées très précocement. Deux études conduites chez les femmes allaitant ont montré l intérêt d une bi-thérapie dans la prévention du risque de transmission : association ZIDOVUDINE et LAMUVIDINE en pré et post partum (une semaine de traitement post-natal) et supériorité de l association ZIDOVUDINE (une semaine) VIRAMUNE (une dose unique post-natale) par rapport à la monothérapie d une semaine par ZIDOVUDINE. Une étude randomisée récente est en faveur d une supériorité de la NEVIRAPINE (dose unique post-natale) par rapport à la ZIDOVUDINE prescrite pendant 6 semaines. II PRISE EN CHARGE A LA NAISSANCE Dès la naissance, le nouveau-né doit être réceptionné par un soignant portant des gants. En cas de sécrétions épaisses (vernix, mécomium), un premier nettoyage au liniment oléo-calcaire ou au savon doux peut être réalisé. Puis le nouveau-né doit être baigné pendant trois minutes dans un mélange de 1/3 d'amukine 2/3 d'eau. Ce mélange non agressif permet de nettoyer soigneusement les yeux et tous les orifices. III TRAITEMENT STANDARD PAR ZIDOVUDINE (RETROVIR) La monothérapie par RETROVIR est actuellement la principale modalité du traitement préventif post-natal. En France, elle est prescrite à plus de neuf nouveaux-nés de mère VIH sur dix, que le traitement maternel ait ou non comporté du RETROVIR. 1. PRESCRIPTION DU NOUVEAU-NE A TERME La dose de ZIDOVUDINE per os est de 2 mg/kg toutes les 6 heures. Le RETROVIR est utilisé en suspension buvable (100 mg/10ml, avec la seringue doseuse de 1 ml graduée tous les 0,1 ml spécialement adaptée au nouveau-né). Le traitement est à débuter le plus tôt possible, dès les premières heures suivant la naissance et, au plus tard, dans les 48 premières heures. Si la séropositivité maternelle est de découverte très tardive et qu aucun traitement pré- et per-partum n a été effectué, un traitement post-natal par AZT débuté après 48 heures de vie n a pas montré d efficacité. La durée du traitement est de quatre semaines. La réduction par rapport à la durée de 6 semaines du protocole PACTG 076 est argumentée : Sur la durée de 4 semaines du traitement des accidents d exposition au virus, Sur la démonstration d un taux de TMF similaire en cas de traitement maternel par ZIDOVUDINE à partir de 28 semaines, que le traitement postnatal soit court ou prolongé. PEC du nouveau-né de mère HIV-ps-V1.doc 3/7

Si le traitement per os est impossible, on aura recours au RETROVIR par voie veineuse, à la posologie de 1,5 mg/kg en perfusion d 1 heure toutes les 6 heures. 2. PRESCRIPTION DU PREMATURE Depuis vingt ans, en France, le taux de prématurité chez les femmes enceintes séropositives pour le VIH1 augmente progressivement. Du fait du métabolisme hépatique de la ZIDOVUDINE et de l immaturité de la glucuronoconjugaison chez le nouveau-né, les posologies de ZIDOVUDINE doivent être adaptées au terme gestationnel. Pour un prématuré entre 30 et 35 semaines, la dose est de 2 mg/kg per os (1,5 mg/kg IV) toutes les 12 heures, à augmenter à une administration toutes les 8 heures à 15 jours de vie en conservant les mêmes doses unitaires. Pour un prématuré de moins de 30 semaines, la dose est de 2 mg/kg per os (1,5 mg/kg IV) toutes les 12 heures pendant 4 semaines. IV INTENSIFICATION DU TRAITEMENT POST-NATAL 1. INDICATIONS De rares situations à haut risque de TMF du VIH1 font discuter une intensification du traitement post-natal de l enfant : Absence de traitement anti-rétroviral maternel pendant la grossesse, Charge virale maternelle élevée à l accouchement et sous multi-thérapie (charge virale supérieure à 1 000 en l absence de césarienne programmée ou supérieure à 10 000 copies/ml), Accouchement à risque :. Rupture des membranes très prolongée. Chorioamniotite. Accouchement à domicile Le renforcement du traitement post-natal nécessite impérativement un avis spécialisé afin de choisir au mieux les médicaments qui seront ajoutés au RETROVIR, d analyser le génotype viral maternel, d exposer les risques et bénéfices potentiels à la familles du nouveau-né, de surveiller la toxicité potentielle des médicaments prescrits et d initier en hospitalisation la multi-thérapie. Cet avis, au mieux, sera pris avant l accouchement avec les données récentes de charge virale et de génotype maternels. 2. MEDICAMENTS Deux molécules ont été prescrites chez le nouveau-né associées à l AZT dans le cadre d études publiées d efficacité ou de tolérance. Ce sont : La LAMIVUDINE (3TC, EPIVIR à la dose de 2 mg/kg/12h) pendant une durée variant de 1 à 6 semaines, La NEVIRAPINE (VIRAMUNE à la posologie de dose unique de 2 mg/kg). Cette prise unique est à administrer entre 48 et 72 heures de vie si la PEC du nouveau-né de mère HIV-ps-V1.doc 4/7

mère a reçu également une dose préventive lors de l accouchement. Dans le cas contraire, le médicament sera administré au nouveau-né dès la naissance. On dispose de données pharmacocinétiques chez le nouveau-né pour la DIDANOSINE, la STAVUDINE et le NELFINAVIR. Il est donc possible de proposer une bi, voire une trithérapie préventive en cas de très haut risque de TMF du VIH1. V SUIVI DU NOURRISSON La surveillance biologique minimale du nouveau-né traité par AZT comporte un hémogramme et des transaminases effectués en début et en fin de traitement. Le tableau ci-dessous comporte les examens effectués dans le cadre de l EPF (Enquête Périnatale Française) et peut servir de guide. Il est à noter que l intérêt de la surveillance des taux de lactates est en cours d évaluation. Le diagnostic de non-contamination du VIH1 repose sur la négativité de trois bilans virologiques effectués à la naissance, à 1 mois et à 3 mois de vie et comportant une PCR ADN VIH1 éventuellement complétée d une charge virale plasmatique VIH1. Les recommandations françaises comportent un quatrième bilan virologique pour disposer de deux bilans négatifs effectués à distance de l arrêt du traitement préventif. Dans les rares cas de VIH2 où la transmission materno-fœtale, en dehors de toute intervention thérapeutique, est très faible (<5%), seule la PCR ADN VIH2 peut être effectuée. Dans tous les cas, la négativation de la sérologie VIH sera contrôlée à 18 mois. CALENDRIER DE SUIVI DES ENFANTS DE STATUT INDETERMINE OU NON INFECTE (SELON L ENQUETE PERINATALE FRANÇAISE/ANRS EP13) BILAN A EFFECTUER NAISSANCE 1 3 6 12 18-24 Examen clinique (poids, taille, PC) X X X X X X PCR ADN (VIH 1 et/ou VIH 2) ou quantification X X X 1 X 1 virale plasmatique VIH 1 ELISA/Western Blot VIH X NFS, plaquettes X X X X 3 X X ALAT ASAT Lipase CPK - LDH X X X X 3 X X Lactates - Créatinine X X X 3 X PCR HCV ou Quantification virale plasmatique HCV X 2 X 2 Sérologie HCV X PEC du nouveau-né de mère HIV-ps-V1.doc 5/7

1. A partir de 3 mois, la PCR ADN VIH1 peut être remplacée par la quantification de l ARN plasmatique du VIH. 2. Uniquement si mère séropositive à HCV et PCR HCV de la mère pendant la grossesse est positive ou non faite. 3. Uniquement en cas de dernier dosage perturbé (au moins grade 1) ou non fait. 4. Sérologie (VIH1 et/ou VIH2 selon le cas) à faire à 24 mois au plus tard. La surveillance clinique des enfants exposés aux antirétroviraux in utero et au cours des premières semaines de vie est orientée vers le dépistage d une potentielle toxicité mitochondriale des analogues nucléosidiques. Un dysfonctionnement mitochondrial démontré en histologie ou par l étude des complexes de la chaîne respiratoire mitochondriale et s accompagnant de symptômes neurologiques a été rapporté en France chez 0,5% des enfants exposés à l AZT. 3 4 En cas de survenue d un événement clinique notable dans l enfance, l antécédent thérapeutique d exposition aux anti-rétroviraux doit être signalé à la pharmaco-vigilance et/ou EPF. VI CONCLUSION La transmission du VIH1 est actuellement, en France entre 1 et 2 %. La majorité des mères accouche sous trithérapie, traitement optimal pour obtenir une charge virale indétectable à l accouchement. La perfusion de ZIDOVUDINE pendant le travail reste d indication systématique. Le traitement post-natal standard est une monothérapie par AZT. Dans de rares cas à haut risque de TMF, l intensification du traitement post-natal doit être discutée, le choix de la ou des molécules renforçant le traitement par ZIDOVUDINE relevant d un médecin spécialiste. La surveillance biologique d une toxicité médicamenteuse potentielle s effectue jusqu à 18-24 mois alors que la surveillance clinique sera, au mieux, poursuivie jusqu à l âge de 5-6 ans. 3. DOCUMENTS DE REFERENCE 1 Connor EM, Sperling RS, Gelber R, et al. Reduction of maternal-infant transmission of human immunodeficiency virus type 1 with zidovudine treatment. N Engl J Med, 1994. 331(18) : 1173-80. 2 Jackson JM, Musoke P, Fleming T, Guay LA, Bagenda D, Allen M, Nakabiito C, Sherman J, Bakaki P, Miotti P, Gigliotti M, Bray D, Mmiro F. Intrapartum and neonatal single-dose nevirapine compared with zidovudine for prevention of mother-to-child transmission of HIV-1 in Kampala, Uganda: 18-month follow-up of the HIVNET 012 randomised trial. Lancet, 2003. 362:859-868. PEC du nouveau-né de mère HIV-ps-V1.doc 6/7

3 Blanche S, Tardieu M, Rustin P, et al. Persistent mitochondrial dysfunction and perinatal exposure to antiretroviral nucleoside analogues. Lancet, 1999. 354(9184):1084-9. 4 Barret B, Tardieu M, Rustin P, et al. Persistent mitochondrial dysfunction in HIV-1- exposed but uninfected infants :clinical screening in a large prospective cohort. AIDS, 2003. 17(12):1769-85. 5 Groupe d experts dirigés par Pr. Delfraissy J.F. Prise en charge thérapeutique des personnes infectées par le VIH. Flammarion, Médecine-Science, 2004, chapitre 13 : p185-205. 6 http://aidsinfo.nih.gov Recommendations for Use of Antiretroviral Drugs in Pregnant HIV-1-Infected Women for maternal Health and Interventions to Reduce Perinatal HIV-1 Transmission in the United States. December 17,2004. 4. GLOSSAIRE 5. DIFFUSION Tous les services de maternité et de néonatologie du réseau PEC du nouveau-né de mère HIV-ps-V1.doc 7/7