PLAN DE DÉPLACEMENTS DE QUARTIER DOULON - BOTTIÈRE (NANTES) Vivable;déplacements; gouvernance 1. Le contexte de l'étude Le District de Nantes a réalisé un Plan de Déplacements Urbains (PDU) qui donne les grandes orientations, en terme d'infrastructures, au niveau de l'agglomération, mais sans avoir été décliné au niveau des déplacements de proximité. Entre les grandes infrastructures à réaliser et les opérations ponctuelles, il manque une échelle intermédiaire traduisant les objectifs du PDU au niveau des quartiers. Par ailleurs, la ville de Nantes a engagé une démarche de développement de la vie des quartiers, en créant des comités consultatifs de quartier et en procédant dans le même temps, à une réorganisation de l'action des services municipaux sur ces quartiers. Dans ce contexte, elle a décidé de réaliser des plans de référence de quartier, abordant quatre volets : déplacements - développement urbain - équipements publics espaces publics. À l interface de ces démarches, la ville de Nantes a confié au CETE de l'ouest une étude sur les déplacements du quartier de Doulon / Bottière. Cette étude a été particulièrement suivie par les services techniques de la ville, parce qu elle devait servir de modèle pour les 10 autres quartiers de la ville. Elle a été réalisée par une équipe pluridisciplinaire, comprenant des spécialistes transports et une sociologue. 2. Présentation de l'étude Le quartier Doulon / Bottière est, parmi les quartiers nantais, celui qui a connu le plus fort développement dans les deux dernières décennies. Secteur de maraîchage, son développement urbain s'est fait au gré des disponibilités foncières. Il est également marqué par la présence de plusieurs axes ferroviaires qui créent des coupures fortes. Il en résulte que ce quartier est composé d'une mosaïque de micro quartiers avec des densités fort diverses. L'étude du plan de déplacements a été organisée en trois temps : un diagnostic ; l'identification des enjeux ; l'élaboration de propositions d'actions. Une production du groupe de travail DGUHC-MAD, CERTU, CETE 1 Février 2003
Le diagnostic s'est appuyé sur deux approches complémentaires : une approche qualitative basée sur les réclamations des habitants et la rencontre d'un certain nombre d'habitants et de professionnels du quartier (travailleurs sociaux, enseignants, agents techniques chargés de la voirie, des espaces verts) ; une approche technique comprenant une analyse de la mobilité, de l'accidentologie, des formes urbaines et de l'accessibilité. Toutes les réunions locales ont été préparées avec l'appui de l'équipe de développement social urbain du quartier Est. Chaque réunion s'est déroulée en deux temps : un temps individuel permettant de situer les pratiques de chacun, un temps collectif 2
d'approfondissement des dysfonctionnements ou des insuffisances, et d expression des attentes à l'échelle du quartier ou des micro-quartiers. Des thèmes fédérateurs ont émergé : la nécessité d'une meilleure organisation et de sécurité des déplacements, à l'échelle du quartier, entre les différents modes ; l'achèvement d'aménagements commencés parallèlement à l'urbanisation nouvelle et qui peuvent générer des conflits d'usage ; le renforcement des centralités; une plus grande qualité de l'espace public ; l'aménagement de certains cheminements piétonniers informels. L'approche technique a porté sur plusieurs aspects qui ont permis de compléter le discours des habitants. C'est ainsi que l'équipe d'étude a localisé les accidents corporels qui ont eu lieu dans le secteur depuis quatre ans. Les flux routiers et transports collectifs, ainsi que la demande en déplacements ont également été analysés. Une attention particulière a été portée sur le réseau de voirie; notamment sur les points de pénétration dans le quartier, le réseau de desserte interne des micro-quartiers et sur les déplacements de proximité deux-roues et piétons. Le diagnostic a permis de faire émerger quatre enjeux interdépendants, sans hiérarchie à priori : la sécurité basée sur une meilleure cohabitation des modes de déplacement ; l'amélioration de l'accessibilité du quartier par rapport aux zones environnantes et aux liaisons internes ; les déplacements de proximité ; la structuration des pôles de quartiers. Pertinence du plan de déplacements par rapport aux objectifs du développement durable Pour la protection et de l'amélioration de l'environnement du cadre de vie, le plan de déplacements du quartier de Doulon / Bottière présente quelques pistes d'actions particulièrement intéressantes. La proposition de créer un réseau vert de proximité se traduit par la création d une trame piétons - vélos qui emprunte des cheminements existants, des voies tranquilles ou encore des voies en impasse qui pourront être ouvertes aux modes de déplacement doux. Cette démarche qualitative a été complétée par l'analyse des réclamations faites auprès de plusieurs services : service de la voirie de la ville de Nantes, l équipe développement social urbain, la SEMITAN (concessionnaire des transports collectifs). Ce réseau vert participe à : améliorer la sécurité des usagers ; assurer la qualité du réseau piétons et deux-roues ; favoriser la découverte de la ville ; améliorer l'accès aux arrêts et stations de transports collectifs. 3
L'autre élément favorisant la dimension environnement du développement durable est la proposition d'amélioration des transports collectifs qui intègre les niveaux "agglomération" (transport en commun en site propre, création de points d'échange multimodaux et parcs relais), les volets "ville" (desserte des grands équipements) et "quartier" (desserte interne). même si parfois les habitants ont eu des difficultés pour dépasser leurs intérêts particuliers. Hormis ces réserves, les cinq réunions de consultation ont permis de découvrir, de confirmer et d'enrichir la connaissance des dysfonctionnements et d'aborder d'autres thèmes, afférents notamment à la qualité de l'espace public. Elles ont également fait apparaître les problèmes les plus urgents à traiter. La dimension économique du projet susceptible de modifier les modes de production et de consommation demeure plus limitée. Cependant, on peut noter qu'en favorisant les liaisons internes en direction des pôles commerciaux de quartier, on favorise une meilleure accessibilité. Dans un système de concurrence importante, entre ces pôles de quartier et deux grands centres commerciaux situés à proximité, on permet aux premiers d'améliorer leur visibilité et leur viabilité. Par ailleurs, une meilleure desserte du quartier va améliorer l'accès aux principales zones d'activités économiques qui le bordent. L'étude du plan de déplacements du quartier Doulon / Bottière a atteint globalement ses objectifs : la formulation de propositions pour les déplacements de proximité, la concrétisation d'une démocratie de quartier et la réalisation d un travail en commun des services de la ville. La dimension sociale est également présente dans les propositions d'action. La population de ce quartier était autrefois à dominante ouvrière. Par la suite sont venus s'y implanter, des lotissements pour les couches moyennes et un habitat collectif social (Bottière / Pin-Sec / Perray) classé en zone urbaine sensible (ZUS); l'ensemble étant compartimenté en sous quartiers étanches. L'objet des propositions est de permettre une meilleure circulation interne, de favoriser le désenclavement des quartiers d'habitat social et d'assurer une meilleure liaison avec les principaux équipements ou services de proximité (lycée, piscines, centres commerciaux). Enfin, il faut noter la participation des professionnels du quartier à la démarche d'étude. En terme de gouvernance, cette étude présente des avancées. D'abord, elle se situe clairement dans une démarche de développement de la vie des quartiers. La méthode adoptée par le CETE de l'ouest, à la demande de la ville de Nantes, s'est inscrite dans une logique de consultation et non de concertation. Les personnes consultées ont été des informateurs, des donneurs de points de vue, mais pas des acteurs participant à la décision. L'exercice de repérage des problèmes a bien fonctionné, Les points forts du projet sont : une approche globale du quartier, mais avec des propositions d'aménagements localisés ; un travail en commun avec les habitants et les professionnels du quartier ; la prise en compte des différentes échelles (agglomération, quartier, unité de voisinage). Un autre point fort est la mise en cohérence de la planification et de la politique des déplacements (propositions de zone d urbanisation future dense aux croisements des lignes de transports collectifs, restructuration des espaces publics autour des nouvelles opérations...). 4
Les points faibles du projet sont l'absence d habitants dans l'élaboration des propositions et la faiblesse des réalisations opérationnelles qui ont suivi cette démarche; d'où une retombée assez limitée en terme de dynamisation du processus de participation des habitants. Par contre, il faut noter que la méthode mise au point sur ce quartier a été ensuite appliquée, de façon simplifiée, sur l'ensemble des autres quartiers de la ville de Nantes. Rédacteur de la fiche Alain LAPLANCHE, CETE Ouest, tél. 02.40.12.84.66 Fax 02.40.12.84.44 alain.laplanche@equipement.gouv.fr 5