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Numéro 32 - novembre - décembre 2005 Les NOUVeLLes de ROUMANIe SOMMAIRE Vie internationale Politique Economie Social Actualité Société Dossier spaga Justice Evénements Carnet Photos Enseignement, Santé Religion, Environnement Insolite Sports Connaissance et découverte Vie artistique Belles Etrangères Mémoire Cinéma, Théâtre, Peinture Histoire Echanges Francophonie, Médias Tourisme Portrait, Traditions, Humour, Infos pratiques Abonnement Coup de coeur 2 et 3 4 et 5 5 à 8 9 10 à 17 18 et 19 20 à 23 24 25 26 et 27 28 29 30 31 32 à 39 40 et 41 42 43 44 45 46 et 47 48 à 50 51 52 Lettre d information bimestrielle "Nu da spaga!" Spaga" il s'agit d'un des mots les plus utilisés dans la vie quotidienne roumaine, car il s'applique à un geste courant, rouage essentiel de la société : le pourboire. Il a des synonymes: "mita", "ciubuc". Si la "spaga" voisine avec la corruption, l'alimente, il ne faut pas la confondre avec elle. La corruption, généralisée comme en Roumanie, notamment au plus haut niveau, devient un système qui empêche toute évolution du pays, détourne ses richesses, installe des féodalités au pouvoir, décourage la population, incline ses enfants à le quitter. Elle condamne l'avenir. L'UE ne s'y trompe pas quand elle en fait le principal obstacle à l'adhésion de la Roumanie, exigeant qu'elle entame une lutte sans merci à son encontre. Ce n'est certes pas facile. Certains Roumains se défendent en avançant qu'il s'agit d'un phénomène universel, citant quelques scandales qui affectent les pays occidentaux. Ce ne saurait en rien être une justification. Il existe une différence entre un mal qui se soigne et un mal endémique. D'autres préfèrent la politique de l'autruche, invoquant la proximité des Balkans et le poids de l'histoire. Ainsi, un sondage a révélé que les Bulgares se montraient fatigués de s'entendre rebattre les oreilles par Bruxelles à ce sujet. Peut-être faudrait-il les inviter à consulter le dictionnaire de synonymes : la corruption y est assimilée, au choix, à la détérioration, à la décadence, à la déchéance, à la dégénérescence, à la décrépitude, à la descente, à la dégringolade, au déclin Quand l'europe demande à la Roumanie de réagir, c'est qu'elle a pour elle une autre ambition que de la voir s'enfoncer dans le sous-développement et qu'elle veut qu'elle tienne son rôle à ses côtés! La "spaga", elle, est un réflexe de survie. Quant on est médecin et qu on ne gagne pas cent euros ; quand on est jeune professeur et que le salaire ne suffit pas pour manger L'arrogance tapageuse des nouveaux riches, affichant sans pudeur leu fortune, faite sur le dos du pays, est une provocation qui peut excuser bien des tentations. Mais, à demander aux patients ou aux parents d'élèves de se montrer "compréhensifs", on perd son âme. Des chirurgiens laissent mourir leurs malades en refusant de les opérer s'ils ne reçoivent pas de bakchich, des universitaires à promouvoir les étudiants les moins talentueux au détriment des plus méritants. Le simple citoyen n'a d'autre choix que de se soumettre et de procéder de la même façon. C'est toute la société, dans laquelle plus personne n'a confiance, qui en sort pervertie. La tâche est rude pour redresser la barre. Elle passe certes par l'amélioration du niveau de vie et donc par l'europe. Elle implique, aussi et surtout, une prise de conscience des Roumains, ce que tente de faire une récente initiative issue de la société civile : "Nu da spaga!" "Ne donne pas de pourboire!" Henri Gillet

2 SUCEAVA BAIA MARE IASI ORADEA TARGU MURES ARAD BACAU VASLUI CLUJ BRASOV GALATI TIMISOARA SIBIU BRAILA PITESTI SLOBOZIA TULCEA CRAIOVA CONSTANTA BUCAREST CALARASI UE: une aide à venir de 31,5 milliards d'euros Le Parlement européen a approuvé une aide financière d'un montant de 31,5 milliards d'euros à destination de la Roumanie pour les sept années suivant son adhésion (2007-2013). Ce montant représente plus de la moitié du PIB de la Roumanie et se décompose ainsi : 16 milliards d'euros pour les réformes structurelles, 12,4 milliards pour le secteur agricole, 2,5 milliards pour les affaires internes, et 650 millions pour la construction des infrastructures administratives. 500 M pour les inondations Par ailleurs, la Commission de Bruxelles se propose d'allouer 500 M à la Roumanie pour faire face aux dégâts dues aux inondations du printemps, de l'été et du début de l'automne. Cette enveloppe est composée de nouveaux fonds mais aussi de ceux qui sont restés inemployés dans le cadre du programme de pré-adhésion de Bucarest à l'ue. La Banque Mondiale prête un million de dollars annuels La Banque Mondiale a décidé de mettre à la disposition du gouvernement roumain un crédit annuel de un million de dollars, pendant une durée de quatre ans, afin de l'aider à mener à bien ses réformes du système judiciaire, de l'éducation, de la santé, de protection de l'environnement et à revaloriser les retraites. Les deux années suivantes, la Roumanie pourra emprunter 600 millions de dollars annuellement, dans le cadre de projets auto-financés à hauteur de 200 à 300 millions de dollars. Actualité Vie internationale Des observateurs roumains et bulgares siègent désormais au Parlement de Strasbourg Depuis début octobre, 53 députés observateurs de Roumanie et de Bulgarie ont pris place dans les travées du parlement Européen de Strasbourg, afin de se familiariser avec le mode de travail asse compliqué de leurs futurs 732 collègues des 25 pays de l'ue, dans l'attente de l'entrée officielle de leur pays, prévue le 1er janvier 2007. Ils peuvent participer aux travaux des commissions, assister aux séances plénières, sans prendre la parole et doivent sortir au moment des votes. Faute de place, ces observateurs doivent se partager leurs bureaux. Ils ne bénéficient pas pour l'instant de services de traduction et s'en remettent donc à leur pratique d'une des vingt langues officielles de l'ue. Ce manque de moyens, mais aussi leur coût, avait conduit le groupe des conservateurs, le PPE (Parti Populaire Européen), la plus importante formation du Parlement, à demander le report de leur intégration. A la demande instante du président de l'assemblée, le socialiste espagnol José Borrel, cette requête a été repoussée, avec l'appui des groupes socialistes, libéraux et des Verts, afin de ne pas envoyer de signal négatif aux deux pays et de ne pas les décourager dans les réformes qu'ils entreprennent. La Bulgarie dispose de 18 observateurs et la Roumanie de 35, qui seront autant de députés après l'adhésion et des élections à mener au plus tard dans l'année suivante. La délégation roumaine comprend 12 membres du PSD (anciens communistes), 9 du Parti Démocrate (Basescu), de l'udmr (Magyars) et des minorités nationales, 7 du parti Libéral (Tariceanu), 7 du Parti Romania Mare (Vadim Tudor) et du Parti Conservateur (ex parti Humaniste). Ces observateurs reçoivent une indemnité de 262 par jour de session (le double du salaire moyen net dans leur pays et le quart des indemnités mensuelles des parlementaires de Bucarest et Sofia) et des frais de transport. Saluant la ratification du traité d'adhésion de la Roumanie à l'ue par le parlement hongrois par 257 voix contre six, le ministre roumain des affaires étrangères, Mihai Ravan Ungureanu, s'est réjoui des bonnes relations établies entre les deux pays dans le cadre de l'europe, basées sur le pragmatisme et évacuant le contentieux historique, prônant de suivre le modèle franco-allemand. A l'image de ce qui se fait entre Paris et Bonn, une réunion commune des deux gouvernements s'est tenue les 21 et 22 octobre à Bucarest. Autoroute hongroise jusqu'à Bors en 2007 D'autre part, en visite à Cluj, le Secrétaire d'etat hongrois à l'economie et aux Finances a annoncé que la Hongrie serait reliée par autoroute à la Roumanie en 2007. Au printemps 2006, le tronçon Modèle franco-allemand pour les relations Bucarest-Budapest Budapest-Debrecen sera achevé et prolongé l'année suivante jusqu'au poste frontière de Bors (Oradea). La Hongrie est une fervente partisane de l'autoroute Bechtel qui devrait relier d'ici 2013 Bucarest à Oradea par Brasov, Târgu Mures et Cluj, et desservir les judets roumains à majorité magyare, mais dont la réalisation est remise régulièrement en question à cause de son financement et des conditions dans lesquelles ont été signé le contrat. Le Secrétaire d'etat a précisé que tous les projets autoroutiers de son pays sont conçus pour permettre une connexion avec la Roumanie ou les pays voisins. Ainsi, la Hongrie prévoit de prolonger l'autoroute Budapest-Seged jusqu'à Nadlac (Arad), dans la période 2007-2013, afin qu'elle soit branchée sur le corridor trans-européen IV, lequel comprend la réalisation d'une autoroute jusqu'à Bucarest, à cette échéance.

La grippe aviaire ne change en rien le processus d'adhésion de la Roumanie à l'ue": par cette déclaration, José-Manuel Barroso a montré toute l'inquiétude que suscitait le sort de la candidature roumaine à l'entrée dans la communauté européenne, durablement fragilisée par les "non" français et hollandais au référendum sur la constitution, ses adversaires, renforcés par cet échec, étant à l'affût de tous les motifs pour la faire échouer. Obligé de rappeler que les virus se moquent bien des frontières et que l'europe ne peut se protéger que dans l'unité, le président de la Commission de Bruxelles a donc dû monter au créneau pour défendre et rassurer Bucarest, où l'on sent bien qu'un vent mauvais menace de retarder l'entrée du pays. L'épidémie qui touche le Delta du Danube souligne les implications internationales qui en résultent. La Roumanie a mis en place un plan d'urgence, se concertant avec l'ukraine, la Moldavie et la Bulgarie, alors que de nombreux experts européens et de l'organi-sation Mondiale de la Santé se déplaçaient pour analyser la situation, déclarant que la région du Delta devait être mise sous surveillance pour au moins cinq ans. Ses importations de volailles sont interdites. Le tourisme s'est figé dans les ones concernées, mais aussi à l'intérieur du pays où de nombreuses réservations ont été annulées. Au total, les pertes se monteront à quelques centaines de millions d'euros, après le milliard et demi qu'ont coûté les inondations dévastatrices du printemps et de l'été. Des familles qui ont perdu leur logement à cause de ces dernières se voient également privées de ressources et d'une base essentielle de leur alimentation. La Roumanie n'avait pas besoin de ce nouveau coup du sort. Toutefois, elle s'emploie à faire face. Fin octobre, la situation semblait partiellement maîtrisée, même si un troisième Actualité Vie internationale Grippe aviaire dans le Delta: les adversaires de l'entrée de la Roumanie dans l'ue à l'affût de toutes les mauvaises raisons pour s'opposer à sa candidature Peut mieux faire": le rapport de pays de la Commission Européenne sur la Roumanie, rendu public alors que nous mettons sous presse, l'encourage une nouvelle fois à accélérer le processus des réformes. Elle reconnait cependant que le rythme s'est accéléré depuis un an et que ce pays est désormais en avance sur la Bulgarie quand au niveau de préparation foyer d'infection a été découvert dans le judet de Vaslui. Les autorités s'apprêtaient à lever la quarantaine dans les régions touchées (Galati, Braila, Ialomita (Sloboia), Calarasi et Vaslui). Par contre, leur stock de vaccins et de médicaments anti-viraux était proche de éro, le pays ayant recours aux réserves de l'oms et ne devant être approvisionné en vaccins contre la grippe normale que courant novembre, les pharmacies ayant été dévalisées. Le plus riche patrimoine de l'espèce animale du continent Au moment où le virus a été détecté dans le Delta, seulement 10 % des 700 à 800 000 oiseaux migrateurs (entre 1000 et 5000 cygnes, 300 000 oies sauvages, 500 000 canards) qui viennent y hiverner ou s'en servent comme point de passage de leur migration vers la Méditerranée, l'afrique ou le Proche Orient, s'y étaient déjà installés, les autres étant attendus fin octobre et courant novembre. Les oies sauvages séjournent jusqu'aux premiers grands froids, quand le thermomètre descend audessous de 0, vers le 20 dé-cembre. Elles émigrent alors vers le sud de la Dobroudja et la Bulgarie, alors que les canards s'installent sur les lacs côtiers qui ne gèlent pas, comme le lac Techirghiol, et que les cygnes restent sur place, une mortalité importante étant enregistrée, faute de nourriture disponible. Deux couloirs de migration sont empruntés par ces oiseaux, très peu s'en éloignant et ceux porteurs de virus préférant rester à l'intérieur de leur groupe, économisant ainsi l'énergie qui leur reste. La menace de la grippe aviaire ne concerne pas seulement l'homme. Elle souligne aussi qu'en Roumanie existe le plus riche patrimoine de l'espèce animale du Vieux continent. Les judets touchés où la chasse est interdite et les localités du Delta mises en quarantaine. Adhésion: sept points noirs font toujours planer le doute pour l'entrée dans l'ue. Toutefois Bruxelles ne précise pas si Bucarest recevra son feu vert pour devenir membre de la famille européenne au 1er janvier 2007, renvoyant sa décision à avril prochain et laissant ainsi planer le doute sur l'utilisation de la clause de sauvegarde qui lui permettrait de repousser cette échéance d'un an. Sept chapitres, déjà soulignés en juin dernier par la Commission, font toujours problème: la lutte contre la corruption, notamment celle de haut niveau où aucun résultat probant n'est enregistré, malgré les promesses réitérées, la réforme du système judiciaire, bien que des progrès soient notés, les affaires internes, le contrôle aux frontières, l'agriculture, l'environnement, la concurrence et les marchés publics. 3

4 BAIA MARE SUCEAVA ORADEA CLUJ TARGU MURES IASI ARAD TURDA BACAU DEVA GALATI TIMISOARA SIBIU BRASOV PITESTI TULCEA CRAIOVA BUCAREST Pas de mariage en dessous de 18 ans L'assemblée parlementaire du Conseil de l'europe de Strasbourg a proposé d'instaurer un âge minimum à travers l'europe pour se marier, qu'il a fixé à 18 ans, l'union pouvant être annulée s'il y était dérogé. Cette initiative a pour but de lutter contre le laxisme de certains Etats qui, invoquant le respect de traditions et de coutumes de certaines minorités, tolèrent les mariages arrangés ou forcés d'enfants, victimes ainsi d'atteinte aux droits de l'homme. Cette pratique concerne notamment les Tsiganes. L'adultère et le vagabondage ne sont plus des délits Le code pénal roumain poursuit sa modernisation. Après avoir décriminalisé l'homosexualité, voici trois ans, le gouvernement a fait adopter un projet de loi d'où disparaissent des infractions comme les délits d'adultère, de vagabondage, de calomnie et d'insulte, au niveau public. Dans ces derniers domaines ne seront poursuivis que les faits constituant une menace à l'égard de l'etat de droit. Une taxe sur le vice! Le ministre de la Santé, a annoncé son intention d'instituer un Fonds spécial de santé alimenté par une taxe appelée "taxe sur le vice", censée apportée 200 M par an. Les paquets de cigarettes seraient taxés d'un euro, doublant leur prix actuel, et l'alcool de deux euros par litre. Les "vicieux" - fumeurs ou buveurs - n'ont pas encore réagi à ce projet, peut-être déjà assommés par la hausse faramineuse du prix de l'essence. Politique Actualité "Procureurs incompétents et serviles, fuites, services secrets inefficaces" Constat brutal du nouveau patron du parquet National Anti-corruption Quelques semaines après avoir pris ses fonctions, le nouveau procureur général du Parquet National Anti-corruption (PNA), a fait un état des lieux accablant sur le fonctionnement de ses services, chargés de traquer la grande corruption. "Ce n'est pas normal qu'en deux ans, un procureur boucle seulement un ou deux dossiers" s'est indigné Daniel Morar, ancien procureur de Cluj, nommé par la ministre de la Justice, Monica Macovei, pour remplacer Ioan Amarie, dont l'inefficacité était flagrante. Voici un an, trois mois avant les élections, alors qu'il était évident que la lutte contre la corruption, entreprise par le gouvernement Nastase à la demande de l'ue, était un échec, Ioan Amarie (proche du PSD et dont le frère a été élu député de cette formation post-communiste) avait annoncé qu'il avait quarante dossiers de grande corruption finalisés qui étaient près à être transmis à la justice. Son successeur n'en a trouvé que cinq et, encore, étaient-ils loin d'être terminés. "Les procureurs rechignent à poursuivre les personnalités haut placées" a constaté Daniel Morar, ajoutant "et la police judiciaire fait preuve d'une grande passivité". Le patron du PNA évoque ainsi le cas de l'ancienne ministre d'adrian Nastase, Hildegard Puwak, suspectée d'avoir détourné des fonds de l'ue, dont le dossier a été fermé sans que des investigations sérieuses aient Daniel Morar se montre déterminé été menées, notamment pour savoir où avait terminé l'argent. à faire le ménage au sein du PNA. Daniel Morar a reconnu qu'il avait autour de lui quelques procureurs compétents, professionnels, passionnés par leur métier mais qu'ils étaient malheureusement peu nombreux, s'exclamant : "Ah, si j'avais une équipe de 20 bons procureurs, intelligents et décidés quel bon boulot on ferait!". "Les services secrets ne nous apportent que des potins" Le chef du PNA est tout aussi dur avec les administrations, au premier rang des manquements desquelles il place les services secrets, chargés de conforter par leurs informations les dossiers. "Moins de 20 % des données qu'ils nous transmettent sont utilisables ; le reste ce sont des potins, des ragots, des généralités comme on trouve dans les journaux, sans renseignements précis". Le procureur général a aussi dénoncé les fuites intentionnelles, notant qu'il était étrange de voir des personnalités enquêtées changer brusquement leur comportement, alors qu'elles venaient juste d'être mises sur écoute téléphonique. Daniel Morar prend ainsi conscience qu'une des plus délicates tâches qui l'attend sera d'éliminer la corruption au sein de ses services anti-corruption. Mais il réclame également une réforme du fonctionnement du PNA, demandant qu'e celui-ci soit chargé vraiment d'enquêter sur la grande corruption, à partir de pots de vins de 10 000, au lieu de 3000 actuellement, et de préjudices s'élevant à 200 000, au lieu de 10 000, afin de désencombrer son activité noyée sous les dossiers de petite et moyenne corruption. Le procureur général souhaite également que les institutions publiques saisissent le PNA uniquement pour des cas de corruption et non pour d'autres infractions qui sont de la compétence du Ministère public. Enfin, il voudrait que ses services deviennent un département du Parquet général, afin de pouvoir enquêter sur les affaires où sont impliqués d'anciens et actuels parlementaires.

Politique Le gouvernement a rendu public son projet de budget pour 2006, construit sur la base d'une croissance de l'économie de 6 %, jugée optimiste par les analystes, lesquels estiment d'ailleurs que l'élimination de la pauvreté passe par un taux de 8 %, sur plusieurs années. Le budget général, qui comprend le budget de l'etat, de ses agences, des collectivités locales, et de la Sécurité sociale, se monte à 29 milliards d'euros, soit 31,2 % du Produit intérieur brut (90 milliards d'euros). Bâti sur l'hypothèse d'un euro à 3,55 lei, il prévoit un déficit équivalent à 0,5 % du PIB, un déficit du compte courant de 6,9 %, et une inflation de 5,5 %. Les priorités du gouvernement sont le co-financement des programmes européens, la sécurisation des frontières, la réfection des infrastructures détruites ou endommagées par les inondations. Les autorités misent sur la création de 100 000 emplois, une croissance des investissements de 12 %, d'environ 10 % des échanges commerciaux (9,8 % pour les exportations, 12 Actualité Le budget 2006 construit sur la base d'une croissance de 6 % % pour les importations). La demande interne devrait augmenter de 7,2 %, la consommation des ménages de 6,2 %, l'activité de l'industrie de 5,2 %, de l'agriculture de 2,8 %, de la construction de 10 %, des services de 6,5 %. Le point de retraite sera majoré de 9,3 %, la retraite moyenne s'élevant à 85. Démission du ministre de l'education nationale 19,6 % du budget sera consacré au développement économique, 16,6 % aux dépenses sociales, 15,5 % à celles concernant la sécurité nationale et l'ordre public, 12,6 % à la Défense, 3,3 % à la santé. Mécontent de la part qui lui était attribué (3,7 % du PNB), alors qu'il voulait obtenir au minimum 5% pour être au niveau des pays européens (moyenne de 5,3 %), le ministre de l'education nationale, Mircea Miclea a démissionné de ses fonctions pour protester contre le sous-financement chronique de son ministère. La privatisation des hôpitaux envisagée Parce que l'etat et la CNAS (Caisse Nationale d'assurance Sociale) ne peuvent pas couvrir les dépenses d'une centaine d'hôpitaux, sur les 450 que compte le pays, le ministre de la Santé, Eugen Nicolaescu, a laissé entendre qu'il envisageait d'en privatiser environ 400, une cinquantaine, hôpitaux d'urgence, restant propriété de l'etat, soit environ un par judet. Le ministre a aussi indiqué que la CNAS prendrait en charge un " paquet " des services offerts par ces établissements privés aux assurés sociaux, mais, pour la partie restante, ceux-ci devraient avoir recours à des assurances privées. Parlement européen : le Parti Démocrate membre du PPE Le bureau politique du PPE (Parti Populaire Européen), groupe le plus important du Parlement européen, réunissant l'essentiel des partis conservateurs européens, a décidé, à l'unanimité, d'accepter l'adhésion du Parti Démocrate Roumain, la formation du Président Basescu, dirigée actuellement par Emil Boc. Le PD s'était retiré de l'international socialiste au cours du premier semestre, et c'est la première fois que le PPE accueille un de ses anciens membres. Le Parti Démocrate rejoint deux autres formations roumaines au sein du PPE : le PPCD (ancien parti paysan et chrétien-démocrate) et l'udmr (Union Démocratique des Magyars de Roumanie). Leurs députés-observateurs à Strasbourg - ils seront députés à part entière après l'adhésion - y siègent déjà, depuis le 1er octobre. Par contre le PPE a refusé la candidature du PC (Parti Conservateur) de Dan Voiculescu, ancien Parti Humaniste, proche voici encore peu des anciens communistes du PSD, et qui a rejoint l'actuelle coalition gouvernementale au lendemain des élections de décembre dernier, abandonnant son ancien partenaire. 5 Economie Les inondations ont ralenti la croissance économique La croissance du PIB a été de 4,9% au premier semestre 2005 par rapport au premier semestre 2004. Elle était de 6,6% l'année précédente à la même période. Elle a été principalement entraînée par l'évolution des services qui enregistrent une hausse de 6,9% contre 6,8% l'année précédente. Il faut rappeler que les services représentent environ 49,8% du PIB, lequel approche les 60 milliards d'euros annuellement.. L'industrie a elle connue une croissance de seulement 3,6% et représente 29,5% du PIB. La construction (part du PIB estimée à 4,8%), ne se porte pas beaucoup mieux avec une croissance de 3,9%, en raison des blocages intervenus au sujet des contrats publics de constructions d'autoroutes. Enfin la principale raison de ce ralentissement économique est due aux inondations et aux conditions climatiques non favorables qui ont eu pour répercussion une croissance négative du secteur agricole de 7,1% (4,2% du PIB). Le 1er semestre 2005 a marqué un nouveau record de la consommation : + 11,2% par rapport au premier semestre 2004, la consommation croît pour la première fois depuis 2001 plus rapidement que les investissements (+7,6%).

Actualité 6 SUCEAVA BAIA MARE ORADEA TARGU IASI MURES ARAD PIATRA CLUJ BACAU NEAMT BRASOV TIMISOARA SIBIU BRAILA TG JIU PLOIESTI BUZAU CRAIOVA BUCAREST CONSTANTA Petrom-OMV: + 600 % de bénéfices nets au premier semestre Les compagnies pétrolières présentes en Roumanie ont réalisé des bénéfices nets de plus de 300 M pendant le premier semestre 2005, montant difficile à imaginer il y a quelques années, quand les opérateurs faisaient des efforts pour ne pas enregistrer des pertes. La forte hausse du prix du pétrole et la libéralisation du marché des carburants en Roumanie ont dégagé des revenus importants pour Petrom-OMV, Rompetrol, LukOil, MOL, OMV Romania, Mineraloel et Agip. La distribution de produits pétroliers est devenue profitable en Roumanie depuis le début de cette année, notamment pour l'autrichien OMV, propriétaire de la Société Nationale du Pétrole-Petrom SA. S'agissant des plus importantes compagnies, Petrom OMV, le leader du marché roumain, a réalisé pendant les 6 premiers mois de cette année un chiffre d'affaires de 1,25 milliards d'euros et des bénéfices nets de 164 M, soit respectivement + 29% et + 600% par rapport à la même période de l'année passée. Quatrième usine pour Michelin La compagnie Michelin România envisage d 'investir 10 M dans la réalisation d'une nouvelle usine en Roumanie (40-50 ha), probablement dans le département de Cluj. L'investissement créerait près de 1.000 emplois dans les 5 prochaines années. Présent en Roumanie depuis 2001,le groupe y contrôle 3 usines dont la dernière, Romsteel Cord Zalau, a représenté un investissement de 25 M. Economie Achats spéculatifs de terres agricoles à bas prix par des étrangers, grâce aux subventions de Bruxelles Main basse sur la campagne roumaine Des milliers d'hectares de terrains agricoles ont changé de mains, ces six dernières années, devenant la propriété d'étrangers, essentiellement des Italiens, des Français, des Grecs et des Arabes. Ceux-ci ont découvert qu'on pouvait acheter des superficies immenses pour une bouchée de pain, attendant l'entrée de la Roumanie dans l'ue en 2007 pour bénéficier de ses subventions ou bien espérant les revendre avec un profit énorme, l'adhésion risquant de provoquer une flambée des prix. Les étrangers, en tant que personnes physiques, n'ont pourtant pas le droit de devenir propriétaires fonciers ; mais il n'est pas difficile de contourner la loi, en créant des sociétés mixtes ou en trouvant un Roumain servant de paravent. Les simples paysans qui vendent ainsi leurs terres pour presque rien, perdant leur gagne-pain, se retrouvent vite à la charge de l'etat ou bien sont contraints de se faire embaucher comme ouvrier agricole sur celles-ci. De véritables rentes sur le dos de l'ue Le directeur de l'agriculture pour le judet de Bihor (Oradea) explique comment se déroule le processus : "Ces étrangers ont reçu de l'ue des prêts non remboursables de 800 à 1000 pour un hectare, afin d'acheter des terrains agricole en Europe de l'est pour les mettre en valeur. Ils sont venus che nous et les paysans leur ont vendu à 400, au début. Les plus nombreux étaient les Italiens, au départ, mais il y a des ones avec beaucoup de Français, de Grecs, d'arabes. Les prix ont grimpé depuis et atteignent maintenant 2000 l'hectare. Tous veulent des grandes surfaces, jusqu'à un millier d'hectares; quand ils n'y arrivent pas, ils prennent des fermages ou des baux, mais préfèrent acheter car les subventions européennes sont beaucoup plus importantes pour les propriétaires. Pour l'instant, Les vignobles sont particulièrement recherchés par les investisseurs étrangers. ils laissent ces terres en friche et cela risque de continuer: après 2007, il est possible qu'ils reçoivent de l'argent de l'ue pour ne rien faire, afin que l'agriculture roumaine ne casse pas le marché européen ". Près d'un quart des terres du judet de Timisoara concernées Aucune statistique ne permet de mesurer exactement l'ampleur du phénomène, car si la loi oblige les propriétaires à se faire enregistrer, les transactions demeurent souvent confidentielles, au niveau d'actes notariés. Dans chacun des judets de Mehedinti (Turnu-Severin) et Dolj (Craiova), les Italiens auraient acheté environ 10 000 ha; 5000 ha ont été acquis dans celui de Bihor, 6000 ha par des Grecs à Braila, 2 à 3000 ha à Buau et Giurgiu. Mais c'est dans le Banat, et notamment dans le judet de Timisoara, que le phénomène est le plus flagrant : sur les 450 000 ha de terres agricoles de ce dernier, 100 000 seraient déjà dans des mains étrangères, dont 45 000 détenus par quelques sociétés italiennes.

Actualité Cette situation a généré de nombreux litiges et des centaines de procès. Des Italiens ont payé des hommes de paille qui ont fait signer des promesses de vente à des paysans qui allaient recevoir leurs terres de l'etat et, le plus souvent, les meilleures leur ont été attribuées par les mairies ou les commissions foncières, ce qui a entraîné de vives disputes entre villageois. Vignobles attractifs D'autres terres agricoles attirent les étrangers, mais cette fois-ci sans esprit spéculatif. Il s'agit des vignobles. La réglementation européenne ne permet pas d'augmenter la superficie cultivable au sein de l'ue. Le seul moyen de développer l'activité et d'augmenter la production est donc de se tourner vers des pays à vocation et potentiel viticoles comme la Roumanie. Le prix d'acquisition d'un hectare y est de l'ordre de 2 à 3000 pour une vigne ancienne et de 15 000 pour une jeune, au lieu de, respectivement, 15 000 et jusqu'à 200 000 dans les pays de l'ue. Autre intérêt : après son entrée dans l'union Européenne, la Roumanie disposera d'un délai de grâce de 8 ans pour reconvertir ces vignes à cépages hybrides en vignes à cépages nobles. Près de 3000 hectares seront alors concernés, ce qui offre de belles opportunités. Des Français, des Hollandais, également des Allemands, des Anglais ont déjà investi mais on retrouve encore les Italiens au premier rang, le premier producteur de mousseux de ce pays envisageant d'acquérir un millier d'hectares dans le vignoble de Dealu Mare. En fonçé, les judets où les acheteurs étrangers se précipitent, en plus ou moins grisé, ceux où ils sont encore relativement peu présents. Vingt milliards d'euros d'ici 2013 pour améliorer les infrastructures des transports 7 Le coût des différents programmes que le Ministère des transports roumains souhaite mettre en oeuvre entre 2007 et 2013 pour améliorer les infrastructures des transports est évalué à 20 milliards d'euros, dont 10,7 seront apportés par les fonds de cohésion européens et par le budget de l'etat roumain. Le reste sera emprunté auprès des institutions financières internationales ainsi qu'auprès des banques commerciales. Le gouvernement roumain entend apporter des mesures destinées à améliorer la situation actuelle et à permettre au secteur des transports de contribuer pour au moins 10% du PNB en 2015, au lieu de 7% actuellement. Un certain nombre d'objectifs stratégiques ont été arrêtés jusqu'en 2013 : - infrastructures routières : 8.400 km dont 5484 de routes nationales, soit 54% du réseau, seront réhabilités aux standards européens; 1.263 km d'autoroutes, 307 km de périphériques urbains et 2.025 ponts seront construits. - transport ferroviaire: 4300 km de voies ferrées seront réhabilitées afin qu'en 2013, 25% des marchandises et 35% des voyageurs soient transportés par rail à des vitesses plus élevées (120 km/h pour les marchandises et 160 km/h pour les voyageurs). - transport naval et fluvial : la modernisation des infrastructures permettra le développement de l'activité du secteur sur les canaux navigables (35 millions de tonnes en 2013), dans les ports maritimes (80 millions de tonnes) et dans les ports fluviaux (45 millions de tonnes); une meilleure utilisation du potentiel du Danube sera recherchée et le port de Constanta deviendra la base du transport multimodal de la Mer Noire au débouché du corridor européen IV. - transport aérien : la modernisation et le développement des infrastructures et des équipements de protection des 4 principaux aéroports du pays permettront de porter leur capacité totale à 11,3 millions de passagers/an; de même, des platesformes multimodales seront créées. Le projet d'extension de l'infrastructure de l'aéroport International "Henri Coanda" sera finalisé d'ici 2015. Une fois les travaux achevés, la capacité de l'aéroport sera triplée (10 à 12 millions de passagers par an, par rapport à 3,2 millions en 2004). - transports urbains : une meilleure complémentarité sera recherchée entre les chemins de fer, le métro et les autobus, notamment pour la future desserte des deux aéroports de la ville de Bucarest par une nouvelle ligne de métro. De même, l'étude de faisabilité de la première section (Universitate-Ghencea) de la 5ème ligne du métro de Bucarest sera lancée en 2006.

8 BAIA MARE SATU MARE SUCEAVA BISTRITA ORADEA TARGU MURES IASI ZALAU ARAD M. CIUC DEVA SF. GHEORGHE TIMISOARA SIBIU BRASOV BRAILA PITESTI TULCEA CRAIOVA BUCAREST CONSTANTA 500 M pour refaire le centre de Bucarest Au cours des 3 prochaines années, la mairie de Bucarest investira 500 M dans la mise en place de projets d'infrastructures portant sur la réhabilitation du centre historique et la réalisation de parkings souterrains et supraterrains au centre-ville et dans les ones Obor et Piata Sudului. Par ailleurs, la construction du Passage Basarab (investissement qui créera 1.500 emplois) démarrera cet automne, a déclaré la préfète de Bucarest, Mioara Mantale. Kent et Dunhill en Roumanie? BAT (British American Tobacco), deuxième fabriquant mondial de cigarettes, propriétaire des marques Kent, Dunhill, Pall Mall, Rothmans, Lucky Strike, envisage de fermer ces deux usines d'irlande et d'angleterre et de s'installer en Roumanie ou en Pologne. Le cigarettier doit faire face aux nouvelles normes de l'ue qui interdit la production de cigarettes destinées à l'exportation, ayant un niveau élevé de goudron et de nicotine, ce qui est le cas dans son usine de Southampton, d'où sortent chaque année 50 milliards de cigarettes. BAT subit le contre-coup des mesures interdisant de fumer dans les lieux publics, notamment en Irlande. En délocalisant en Europe de l'est, la firme espère aussi pouvoir tirer ses coûts de production vers le bas. Elle a calculé qu'elle gagnerait ainsi 60 M par an, le transfert de ses deux usines lui revenant à 240 M. BAT dispose déjà d'une usine en Roumanie, à Ploiesti, mise en service en 1997, dans laquelle elle a investi 85 M. Economie Actualité La logan serait-elle si dérangeante qu'elle susciterait les pires critiques, même injustifiées? C'est la question que se pose Stéphane Lauer dans un article du "Monde", après la polémique qui s'est développée cet été en Allemagne autour de la voiture à bas coûts fabriquée par Renault (Les Nouvelles de Roumanie, n 31). "La très sérieuse ADAC, la fédération des automobile-clubs allemands, avait publié dans sa revue officielle les résultats catastrophiques d'essais réalisés sur la Logan. Ceux-ci mettaient notamment en cause la tenue de route de la voiture, qui n'aurait pas réussi à passer le "test de l'élan". Ce test, qui avait valu en son temps des ennuis à la Mercedes Class A et à la Smart, consiste à slalomer entre des obstacles à une vitesse constante. Les essais réalisés par l'adac avaient fini par mettre sur le flanc la Logan. Après enquête, l'adac a fait, peu avant le Salon de Francfort, un mea culpa sans ambiguïté, qui disculpe totalement la Logan. Celle-ci ne se serait renversée qu'au terme d'un nombre inhabituel de tests, qui avaient conduit à une usure extrême des pneus. "La mise au point de l'adac conforte nos convictions, mais le mal est fait, déplore-t-on che Renault. En effet, alors que les ventes de Logan démarrent en trombe dans le reste de l'europe, les débuts sont plutôt laborieux en Allemagne. A Pitesti, Dacia tourne à plein régime La voiture lavée des soupçons soulevés par les critiques Allemandes La Logan, démarre en trombe en France et dans le reste de l'europe En France, malgré une polémique sur des risques de déjantage, qui avait conduit Renault à suspendre la commercialisation de certaines versions, la Logan a dépassé ses objectifs. Là encore, la voiture a été mise hors de cause. "Les 5 000 unités prévues initialement cette année seront largement dépassées", affirme Jan Ptacek, directeur du marketing Logan, qui se défend d'organiser la pénurie: les quotas alloués à la France seront revus à la hausse, assure-t-il. Pourtant, l'usine roumaine qui fabrique la Logan à 175 000 unités par an, tourne déjà à plein régime. Le lancement de nouvelles usines comme en Colombie fin août ou en Iran, probablement en septembre 2006, devrait permettre de décharger partiellement la Roumanie, qui produit pour l'exportation des véhicules en pièces détachées. Le lancement prochain en Italie, Autriche, Suisse et Benelux pourrait cependant amener le constructeur à augmenter ses capacités de production. La Logan a en tout cas reçu à Francfort ses premiers encouragements publics de la part du nouveau patron de Renault, Carlos Ghosn, qui a parlé à son propos d'un "potentiel immense". Quant aux craintes de cannibalisme sur les ventes de Clio ou Mégane, celles-ci commencent à se dissiper. "Nous touchons vraiment une nouvelle clientèle, qui, jusqu'à présent, n'achetait pas de véhicule neuf", souligne Luc-Alexandre Meynard, directeur des opérations internationales de Renault. Il souligne que les anciens véhicules de ces nouveaux clients, lorsqu'ils négocient une reprise, ont une moyenne d'âge de 13 ans. Le vœu de l'ancien PDG de Renault, Louis Schweiter, qui était de reculer les frontières de l'accession au marché du neuf, serait-il en train de se réaliser?". Rythme des réformes: bien et mal La Roumanie se place en 8 ème position dans un classement des pays enregistrant le rythme le plus rapide des réformes en 2004, révèle un rapport de la Banque Mondiale qui recense 155 pays, en prenant en considération 10 critères d'évaluation des réformes initiées récemment, dont la facilité de démarrer une affaire, le niveau des taxes et des impôts et la législation du travail. Néanmoins, au regard de ces 3 derniers critères, la Roumanie se place à la queue du peloton, occupant respectivement les 78ème, 116ème et 149ème positions.

Social Selon une étude d'eurostat, il existe dans 18 pays des 25 pays de l'ue et che les trois candidats à l'adhésion (Roumanie, Bulgarie, Turquie) un salaire minimum national fixé par le gouvernement, généralement en concertation avec les partenaires sociaux. L'écart va de 1, en Roumanie, où il est le plus faible, à 16 au Luxembourg, où il est le plus élevé. L'étude note qu'entre 1999 et 2005, son augmentation a été plus forte que celle du coût de la vie dans plusieurs pays de l'est, notamment en Roumanie et Bulgarie, mais aussi aux Pays Bas et au Royaume Uni, mais inférieure en France, Belgique, Luxembourg, Pologne, Hongrie et Lituanie. Le pourcentage de salariés à plein temps percevant ce SMIC varie considérablement d'un pays à l'autre, de 0,4 % en Slovaquie à 16,9 % au Luxembourg (13,4 %) et, bien sûr, il est plus élevé che les femmes, l'égalité des sexes n'étant pas encore de ce monde. Aux USA, il est de 666. Actualité Salaire minimum: l'écart va de un en Roumanie à 16 au Luxembourg Voici le classement des 21 pays qui ont instauré un salaire minimum : 1. Luxembourg, 1467 brut par mois, 2. Pays Bas, 1265, 3. Belgique,1210, 4. Royaume Uni et France, 1197, 6. Irlande, 1183, 7. Grèce, 668, 8. Espagne, 599, 9. Malte, 557, 10. Slovénie, 490, 11. Portugal, 437, 12. Turquie, 240, 13, République tchèque, 235, 14. Hongrie, 232, 15. Pologne, 205, 16. Estonie, 172, 17. Slovaquie, 167, 18. Lituanie, 145, 19. Lettonie, 116, 20. Bulgarie, 77, 21. Roumanie, 72. Eurostat pondère cet écart, en relevant que le niveau de ce salaire minimum, selon les pays, n'est que de 1 à 5, si on calcule ces montants en parité de pouvoir d'achat, c'est à dire en supprimant l'effet des différences de prix sur la consommation finale des ménages. Cela relève d'une vue de l'esprit pour la Roumanie, où ce rapport se situe entre 1 à 10 et 1 à 15. Restrictions pour les crédits aux particuliers La Banque Nationale Roumaine a décidé de durcir les conditions d'accès aux crédits pour les particuliers. Désormais, le total des remboursements mensuels devra être inférieur à 40% des revenus nets du particulier et de sa famille. Dans le cas d'un crédit à la consommation ou d'un crédit immobilier, ils seront inférieurs à respectivement 30% et 35%. En ce qui concerne les crédits immobiliers, la contribution du demandeur et l'hypothèque s'élèveront à respectivement 25% (au minimum) et 133% du montant du crédit. Pourtant, les banques ont trouvé des solutions au bénéfice des clients pour contourner ces restrictions imposées par la BNR et conserver leurs profits. Ainsi, la durée des crédits a augmenté de 5 à 6 ans, voire même de 15 à 25 ans dans certains cas, de sorte que le montant des versements mensuels a diminué (mesure prise par HVB, la Banque "Ion Tiriac" et la BRD- Groupe Société Générale pour les crédits immobiliers et hypothécaires). Arad : les SDF taxés La mairie d'arad envisage de faire payer les "boschetari" (sans domicile) hébergés dans son centre d'accueil, à partir du 1er janvier 2006. Ceux-ci devraient acquitter 0, 15 par nuit, s'ils sont immatriculés dans la ville, et le double autrement ou s'ils n'ont pas de papiers. Mais cette taxe sera perçue au minimum pour sept nuits, représentant ainsi une somme de un ou deux euros (pour un SDF en France, cela équivaudrait à 15 ou 30 ). La municipalité espère ainsi couvrir une partie des frais d'entretien du centre. Elle n'a pas précisé si elle servira aussi à payer les dépenses d'enterrement des vagabonds laissés dehors la nuit quand il fait moins vingt degrés L écart de salaire des Roumaines dans la moyenne européenne Représentant 82,4 % du salaire moyen des hommes, celui des Roumaines se situe exactement dans la moyenne européenne (82,7 %) selon une étude publiée par l'institut Européen pour les Relations Industrielles. Malte (96,4 %) et la Slovénie (90,5 %) sont les pays qui se rapprochent le plus de la parité, alors que la République tchèque et l'allemagne, avec moins de 75 %, s'en éloignent le plus. Ces différences de traitement entre hommes et femmes perdurent alors qu'elles sont interdites aussi bien par les législations nationales qu'européenne, lesquelles sont par contre respectées dans le cadre des conventions collectives. Par ailleurs, l'an passé, les salaires roumains ont crû de 12 %, hors inflation, soit trois fois la moyenne européenne. Il n'en reste pas moins que la Roumanie et la Bulgarie figurent toujours, et de très loin, en queue du classement européen pour le niveau des salaires, à commencer par le salaire minimum brut, 70, alors qu'il est de 190 en Pologne, 210 en Hongrie et République tchèque, 490 en Slovénie et en Espagne, 560 en Grèce et aux environs de 1200 en Belgique, Hollande et France. Retraités: plafond pour les cotisations de santé Le ministre du Travail, Gheorghe Barbu, a indiqué, qu'à partir du 1er janvier prochain, l'etat se substituerait aux retraités ou personnes touchant des pensions inférieures à 2 millions de lei (60 ), c'est à dire non imposables, pour payer leurs cotisations de santé, qui s'élèvent à 6,5 % de ce qu'elles reçoivent. Cette mesure s'appliquera jusqu'à ce seuil pour les pensionnés qui perçoivent des sommes plus importantes. 9

10 ARAD ORADEA TIMISOARA DEVA BAIA MARE CLUJ SIBIU HUNEDOARA PITESTI CRAIOVA TARGU MURES BRASOV SUCEAVA BUCAREST IASI GALATI BRAILA CONSTANTA Cadeau recyclable Un fonctionnaire reçoit une bouteille de whisky pour délivrer en urgence un document. Il la remet au prof de maths de sa fille pour qu'elle puisse passer en classe supérieure. Le professeur, qui a des problèmes de prostate, la donne à un médecin spécialiste, lequel l'offre à un collègue médecin militaire pour le remercier du "piston" accordé afin de permettre à son fils de faire son régiment près de che lui. Le grand-père de ce dernier médecin se dispute depuis des années avec un voisin et a besoin d'une intervention de la mairie de son village. Finalement, qui boira la bouteille? Anniversaire Des douaniers discutent entre eux, après le boulot. L'un rappelle que la semaine prochaine, c'est l'anniversaire de leur collègue Ion et tout le monde s'interroge sur le cadeau qu'on pourrait lui faire. Vasile réfléchit et propose de lui offrir une BMW. -Ecoute, il a déjà trois Mercedes et deux 4x4, il ne saura pas où la garer. Cornel a une meilleure idée : -On pourrait lui acheter une villa à la Mer Noire? -On lui en a déjà donné une il y a deux ans. Sa mère en a une, sa belle-mère aussi il ne sait plus quoi en faire. Le groupe se replonge dans la réflexion, sans avancer, jusqu'à ce que Radu s'exclame : -Je crois que j'ai trouvé Si on lui proposait tous de nous remplacer un jour? Et tout le monde de s'exclamer d'un même chœur : -Ah non! çà, c'est beaucoup trop! Dossier spaga Société La lutte contre la "petite corruption" Comment lutter contre un phénomène qui menace gravement la société et empêche son développement, si celle-ci n'en a pas conscience? C'est à partir de cette question de bon sens, que plusieurs associations et organismes non gouvernementaux ont décidé, à l occasion des élections de fin 2004, de lancer la campagne "Nu da spaga" ("Ne donne pas de pourboire"), destinée à sensibiliser en priorité les jeunes afin qu'ils ne tombent pas dans les mêmes travers que leurs parents. L'objectif paraît sans-doute trop ambitieux, voire totalement irréaliste à la quasitotalité des Roumains, habitués depuis toujours à l'univers de corruption et de bakchich dans lequel ils sont contraints d'évoluer, qui a dégénéré depuis la "Révolution", et dont ils désespèrent de pouvoir un jour se débarrasser. Deux ans et demi d'investigations journalistiques Cette initiative, accueillie dans l'indifférence et les haussements d'épaules, si ce n'est même dans l'hostilité des autorités précédentes, n'en est que plus méritoire. Elle voit loin et pose les jalons d'un avenir libéré de cette hypothèque. Un peu comme les campagnes anti-tabac en Occident, entreprises voici vingt ans et qui commencent seulement à porter leurs fruits. L'union Européenne ne s'y est pas trompée, en s'y associant et en lui apportant son concours financier. "Nu da spaga", sous la forme d'un petit livret portant ce nom, distribué notamment dans des établissements scolaires, est le résultat de deux ans et demi d'investigations menées bénévolement pas des journalistes partis à la chasse à travers tout le pays des pratiques, des acteurs, des circuits, des règles du jeu, associés à la petite corruption Peut-être la plus dangereuse parce que celle-ci touche les simples citoyens qui ne demandent qu'à être honnêtes, soupirent d'être nés sous une telle latitude, mais qui en ont fait un mode de vie. S'appuyant sur des exemples concrets, ce manuel pratique que l'on peut aussi consulter sur Internet (www. nudaspaga.ro) explique les formes de corruption auxquelles les Roumains sont confrontés quotidiennement dès leur plus jeune âge, depuis Fonctionnaires de la mairie, de la préfecture, juges, procureurs, inspecteurs du fisc, policiers, douaniers, contrôleurs des chemins de fer aucune administration n'échappe au règne du pourboire. Mais ici, quand on entre dans le dédale des bureaux, il ne s'arrête pas à un seul fonctionnaire corrompu, il alimente tout un système, passe de main en main, de service en service, remonte la hiérarchie. Pour obtenir un simple acte d'état civil, il est naïf de croire que "cotiser" au seul guichet d'accueil sera suffisant. Il faut prévoir paquets de café, cartouches de cigarettes et enveloppes si on veut réveiller l'apathie générale. Il ne faut pas espérer que quelqu'un lèvera le petit doigt pour s'occuper de votre cas, s'il ne reçoit rien en échange. "Si tu ne donnes pas tu ne reçois pas" "Nu da spaga": mobilisation La maxime des fonctionnaires : semble être la maxime de la fonction publique. Si le pourboire est suffisant, arrive où il faut, il aura suivi le "circuit fermé"; dans le cas contraire, et s'il se perd en cours de route, ayant été donné en vain, il aura emprunté le "circuit ouvert". Une de ses victimes raconte la scène suivante, au ministère de la justice à Bucarest : "Un fonctionnaire s'est écrié :" Quoi, seulement 200 000 (3 ) Pour çà, çà ne mérite vraiment pas que je bouge mon cul de la chaise! "en présence des cinq personnes qui faisaient la queue derrière moi et étaient ainsi prévenues". La "spaga" peut aller très loin : verser 3000 à un secrétaire de mairie pour qu'il délivre le certificat fiscal nécessaire afin de permettre la vente d'un terrain urbain de 1000 m2.

Société fait aussi partie du combat pour les Droits de l'homme contre le bakchich sous la forme d'un manuel pratique même la maternelle, pour les accompagner jusqu'à l'université et le service militaire, et venir empoisonner leur vie d'adulte quand ils seront confrontés à l'hôpital, à la justice, à l'administration, qu'ils voudront voyager, trouver un travail, un logement, se marier, passer le permis de conduire "Nu da spaga" est une réaction de défense contre un fléau qui ronge les fondements de la société, mais elle est aussi une manifestation d'espoir car elle est le signe que des Roumains placent l'avenir de leur pays et de sa jeunesse dans une Europe dont ils veulent partager toutes les valeurs. Accompagnée d'affiches, la campagne, ciblée principalement sur les jeunes de 15-20 ans, visait en premier lieu à les sensibiliser et à les informer, en identifiant clairement ce qu'est la corruption, différente de l'incompétence, alors que, pour beaucoup, elle va de pair avec elle, les gens étant persuadés que pour bénéficier d'un meilleur service, il leur "faut graisser la patte". Dans un second temps, il s'agissait de voir comment les jeunes réagissent et identifier les raisons qui poussent à payer deux fois le même service, comme le médecin pour arriver à faire passer le même message: spaga = voleur. Les associations qui ont réuni leurs moyens pour mener ce combat s'illustrent déjà dans ceux entrepris depuis quine ans pour la cause des Droits de l'homme. On y trouve la Fondation Concept (www.concept.ro), qui a pris son envol après avoir été aidée par la Fondation du milliardaire d'origine hongroise George Soros (Lire Les Nouvelles de Roumanie, N 27), la section roumaine de Transparency International (www.transparency.org.ro), des organisations de journalistes (Editeurs de presse en ligne, Association de communication par le câble, OOPS Média), ainsi que le théâtre pour enfants et jeunes Ariel. Sortir du cercle vicieux Spaga = voleur Rappelant que les Roumains ont à faire chaque jour avec 15 000 maires et vice-maires, 80 000 conseillers municipaux et départementaux, 200 000 directeurs, sous-directeurs, chefs de services de l'administration, des banques et autres entreprises d'etat, des diaines de milliers de responsables de partis, syndicats, groupes d'influence, plus d'un million de fonctionnaires de l'enseignement, de la santé, de l'armée, de la police, de la justice "Nu da spaga" situe l'énorme mérite de ceux qui refusent de rentrer dans le système du bakchich et souligne aussi l'immensité de la tâche à entreprendre pour espérer en venir à bout. Avec une ironie attristée, le manuel évoque la journée ordinaire du Roumain. Le matin, en découvrant dans le journal la liste des nouveaux scandales de la corruption, il s'emporte et explose; le midi, il va piteusement faire la queue à la mairie pour quémander le papier dont il a besoin, n'oubliant pas de remettre un paquet de café à un bureaucrate arrogant qui devrait le lui fournir sans contre-partie. En rentrant che lui, le soir, tout fier, il montrera à sa femme le poulet qu'une mère d'élève lui a donné pour faciliter le passage du "petit" en classe supérieure. Dans un cas comme l'autre, faut-il lui jeter la pierre? S'il ne s'arrangeait pas, la vie serait impossible; s'il n'acceptait pas, vu son salaire, elle serait invivable. Qu'il sera dur de vaincre ce cercle vicieux! (Voir notre dossier pages suivantes) 11 "Si tu ne donnes pas tu ne reçois pas" Elle peut être annoncée d'emblée par la redoutable Garde financière, avant même qu'elle n'effectue un contrôle: "Vous me donne dix millions (300 ) et je ne vous embête pas plus longtemps à moins que vous ne préférie une amende". Ana avait oublié qu'elle n'était plus en Allemagne Mais c'est surtout au quotidien, pour les gestes de la vie courante, qu'on y est confronté. Ana s'est mariée en Allemagne et a besoin de faire transcrire son acte de mariage allemand dans le registre de l'état civil roumain pour pouvoir obtenir un passeport à son nouveau nom. Lors d'un séjour à Timisoara, sa ville d'origine, elle pose sa demande et on lui dit de revenir deux mois après, car il faut l'envoyer à Bucarest. Ce qu'elle fait. Dans les administrations, il faut savoir combien et à qui donner, comme l indique ici l ancien ministre de la fonction publique, Octav Comânca. (Caricature de Gadaru) A son retour, la fonctionnaire lui indique que les papiers sont bien arrivés, mais qu'il reste un formulaire rose à compléter. N'ayant pas le temps de le faire sur le champ, elle lui demande de revenir à 13 heures. A l'heure dite, Ana se présente l'employée est déjà partie. Elle revient le lendemain, attend plus d'une heure. Sous des prétextes futiles, la fonctionnaire fait savoir qu'elle ne peut pas remplir le papier et lui dit de repasser le lendemain. Même scénario, ce troisième jour. Ana se fâche, tempête, menace d'aller voir le maire. Rien n'y fait, il ne consulte pas avant deux semaines. Elle revient alors la tête basse au bureau de l'état civil, avec un bouquet de fleurs et un paquet de café. Elle reçoit son papier trois minutes plus tard. Ana avait oublié qu'elle n'était plus en Allemagne

12 ARAD ORADEA DEVA TIMISOARA T. SEVERIN CLUJ BAIA MARE CRAIOVA TARGU MURES BRASOV SIBIU PITESTI BOTOSANI SUCEAVA BUCAREST IASI BACAU GALATI BRAILA TULCEA CONSTANTA Un million de dollars de "spaga" chaque jour pour le personnel médical Le ministère de la Santé a provoqué un véritable choc en rendant public, pour la première fois, le résultat d'une enquête effectuée dans le cadre d'un programme de la Banque Mondiale. Il en ressort que les Roumains versent chaque année 360 millions de dollars (290 M ) de pourboires aux médecins et au personnel médical, soit un million de dollars chaque jour, cette pratique étant particulièrement développée à l'hôpital. Si 10 % des médecins exigent une enveloppe pour leur intervention, 42 % en reçoivent une sans l'avoir expressément sollicitée, ce pourcentage grimpant à 55 % pour les assistants et le personnel hospitalier. L'étude, qui souligne le faible salaire des médecins, estime à 10 000 dollars annuels, les sommes ainsi reçues. Elle met aussi en relief le fait que le système de santé ne fonctionne pas dans l'intérêt des patients, qui ont pourtant payé leurs cotisations et assurances, mais dans celui des prestataires de services médicaux et des intérêts commerciaux qui les entourent (laboratoires, firmes pharmaceutiques, etc.). Dossier spaga Société A l'hôpital, tout a un tarif, Donner un pourboire à l'hôpital est aussi nécessaire que l'insuline au diabétique" peut-on lire en préambule au chapitre concernant la santé du manuel "Nu da spaga". Il existe des tarifs de "spaga" fixes, bien que les soins médicaux soient gratuits et pris en charge par la Caisse Nationale d'assurance Santé. Le geste du médecin de "recevoir" est devenu un réflexe, celui du malade de donner, une obligation, d'autant plus qu'il y va de sa vie ou de celle d'un de ses proches. "Jamais je n'ai entendu un médecin me dire "il ne fallait pas" constate un patient dans un témoignage, qui reconnaît cependant qu'il ne s'est pas senti blâmable d'avoir donné, considérant qu'il s'agissait d'une forme de remerciement. Encore faut-il savoir donner - quand, combien, à qui? - ce qui est embarrassant pour bien des personnes, comme le montre cet échange entre plusieurs femmes hospitalisées dans la même salle, à Craiova : - "J'ai parlé avec mon fils avant l'opération et on a convenu qu'on ne pouvait pas donner plus de 3 millions (90 ). On les a donnés au médecin avant, mais je crois qu'il s'attendait à plus. Enfin, j'ai été opérée et j'espère maintenant qu'il n'y aura pas de complications". - "Mais quand faut-il donner? Avant ou au moment de la sortie?" - "Le problème, ce n'est pas le docteur, c'est ses assistantes ; à elles, il faut donner tous les jours " - "Moi, j'ai donné 300 000 (9 ) à l'assistante-chef, ce n'est pas bien?" - "Quelle idiotie! Elle n'a besoin que de 100 000 ; le reste, il faut le partager avec les autres filles qui viennent, nous apportent les médicaments, nous changent les bandages. La chef, tu la vois une fois et tu crois qu'elle va partager?" - "J'ai 84 ans ; je ne sais pas combien donner " - "Tu sais, que tu donnes plus ou moins, les vieux ils s'en fichent ; c'est pas des clients pour longtemps " Unité de mesure en lei, euros, dollars, grammes d'or, kilos de café, parfums français Lors d'une consultation normale, la "spaga" varie suivant l'importance des investigations à mener, relève le manuel, mais il faut compter au moins 100 000 lei (3 ) pour que le médecin écoute attentivement. Il existe des unités de mesure, en lei, en euros, en dollars, mais aussi en grammes d'or, pour les Tsiganes, en kilos de café, en flacons de parfums de France Une évaluation a été faite de ce qu'il faut donner lors d'une hospitalisation : -au moment de l'internement, 50 000 lei (1,5 ), entre 100 000 et 500 000 pour un bon lit, bien placé, loin des courants d'air, avec vue sur la cour intérieure et 100 000 encore, si on veut être près d'une personne avec laquelle on a sympathisé. Babette, doctoresse à Botosani : "S il n'y Vivant le phénomène de "spaga" au sein même de son métier, Babette, doctoresse à Botosani, l'a expliqué sans détour, dans une lettre ouverte aux auteurs du manuel "Nu da spaga". "Je suis médecin depuis 20 ans et je suis stupéfaite de découvrir les pratiques des collègues de Bucarest. Je vous assure que dans la poche d'un médecin de province, il n'entre pas autant d'argent. A la polyclinique où je travaille, un patient sur cinq - j'en reçois en moyenne dix à quine par jour - laisse 100 000 lei (3 ) ou un paquet de 250 g de café et seulement après avoir obtenu un arrêt de travail ou une ordonnance avec médicaments compensés (remboursés intégralement par la Sécurité sociale). A l'hôpital, j'ai une diaine de patients. Ceux avec des maladies chroniques ou les retraités ne donnent en génréral rien. Ceux qui ont des enfants offrent entre 300 000 et 500 000 lei (9 et 15 ) pour un suivi d'une ou deux semaines.

et mieux vaut venir les poches pleines - pour l'assistante-chef, entre 100 000 et 500 000, plus des paquets de café, de cigarettes à distribuer au cours du séjour. Pour ses aides, les infirmières, 20 000 à 50 000 qu'on glisse dans leurs poches pour chaque piqûre, 20 000 à 50 000 chaque jour pour qu'elles apportent les médicaments à heure fixe, 50 000 à 100 000 pour les soins pré-opératoires, 20 000 à 30 000 pour chaque changement de pansements, changer la position du lit, balayer au-dessous. - pour chaque analyse ou examen, 100 000 à 200 000. - pour l'anesthésiste, 500 000 à 1,5 millions (15 à 45 ) - "Enveloppe" finale pour le médecin : 50 à 100 pour les retraités et les plus pauvres jusqu'à en fonction de la complexité de l'intervention. - pour sortir plus vite: 50 000 à 100 000. Opérée des amygdales sans anesthésie : "Il fallait penser à graisser la patte avant" Mariana S., hospitalisée dans un établissement municipal pour une fracture de la hanche, après un accident de la circulation témoigne: "J'ai donné 300 au chirurgien, 150 à son assistant, 50 à l'anesthésiste, 60 à l'assistante chef et 30 pour qu'on m'apporte les médicaments, que, soi-disant, les infirmières avaient achetés ellesmêmes, l'hôpital n'en possédant pas. Au total: 600. Catalina S.: "Parce que je n'avais pas donné de "spaga", j'ai été opérée des amygdales sans anesthésie. Quand je me suis plainte de douleurs insupportables, l'assistante m'a dit que j'aurais dû pensé avant l'opération "sa unga rotile" ("graisser la patte")". Les accouchements ont aussi un prix de "spaga", estimé au minimum à 50 dans une maternité d'une petite ville et Société 100-150 dans une ville plus grande, s'ils sont sans complication. Ils peuvent atteindre 300-500 dans les établissements plus côtés et jusqu'à 2000 dans des cliniques particulières. Pour une césarienne, il faut compter 500, des médecins refusant parfois de les pratiquer gratuitement, même si elles sont indispensables. Il existe des pratiques plus conviviales: remettre au médecin-accoucheur une bonne bouteille, si le nouveau-né est un garçon, ou un flacon de parfum, si c'est une fille. Tarifs doublés avec l'introduction de l'euro Mon pauvre Marin, voilà où çà te mène d écouter notre président et de ne pas donner de spaga au docteur! (Caricature de Vali) Les simples certificats de santé, pour pouvoir se marier, passer le permis de conduite, etc. sont aussi tarifés. Stelica (Bucarest) qui voulait convoler, a remis 500 000 lei (15 ) pour obtenir rapidement son certificat, plus une cartouche de Kent pour la secrétaire qui l'a tapé. Il n'a pas eu besoin de passer d'examen médical. Pour deux paquets de café, Stefan, de Iasi, a obtenu un arrêt-maladie d'une semaine, délivré par le médecin de famille. Pour obtenir sa pension de maladie (60 par mois), lui permettant d'arrêter de travailler, Ionela (Cluj) a déposé préalablement 100, lors de la remise de sa demande. Puis elle a rajouté 100 pour que le dossier soit favorablement examiné, somme qu'elle doit renouveler chaque année. Avant l'introduction de l'euro, le tarif était de 100 marks, soit la moitié. Des exemples ont été donnés aussi, où pour décrocher un poste dans un hôpital renommé ou pour obtenir les sujets du concours d'admission, des médecins ont remis à la commission de sélection des pourboires de l'ordre de 2500 (4000 avaient été réclamés). Mais là, on passe de la "spaga" à la corruption. 13 avait pas de spaga, il y a longtemps que je serais partie dans l'ue" Si je fais un calcul sincère, ce n'est pas avec çà que je vais m'acheter une villa ou m'offrir une belle voiture, alors que mon salaire est de 150, imposable, que j'ai fait six à sept ans d'études et que je mourais pratiquement de faim jusqu'à l'âge de trente ans, ma famille ne pouvant pas m aider. S'il n'y avait pas de "spaga", il y a longtemps que je serais partie dans l'ue, où je gagnerais en un jour ce que je touche en un mois. Je n'ai pas du tout mauvaise conscience de recevoir des pourboires. Dans le domaine de la santé, les gens donnent pour être rassurés, tranquilles, être sûrs que leur cas sera pris en considération, mais j'ai eu l'occasion de refuser, dans des cas graves, quand j'ai senti le désespoir des familles. Pour moi, la "spaga" est une motivation pour faire mon travail consciencieusement; elle m assure de ne pas avoir à courir après autre chose pour joindre les deux bouts et me permet de mieux me concentrer sur ma tâche".

14 SUCEAVA BAIA MARE IASI ORADEA TARGU CLUJ MURES VASLUI ARAD ALBA IULIA SF. GHEORGHE SIBIU HUNEDOARA GALATI TIMISOARA BRASOV BUZAU PLOIESTI TULCEA CRAIOVA CONSTANTA BUCAREST CALARASI Policiers piégés Deux policiers de Calarasi qui effectuaient un contrôle de vitesse sur l'autoroute du soleil (Bucarest- Constantsa) ont été déférés devant le procureur du Parquet Anti- Corruption, après avoir reçu un bakchich d'un de leurs collègues de Bucarest, lequel faisait partie d'une opération montée par la direction de la police routière pour démasquer les agents véreux. Arrêté pour avoir dépassé la vitesse autorisée, ce dernier, qui roulait incognito, a été menacé de se voir retirer son permis de conduire sur le champ pour cette infraction, ce qui était déjà un abus de pouvoir et un mensonge car la réglementation ne prévoit pas cette sanction, pour se voir proposer immédiatement d'"arranger" l'affaire. Le policier en mission a remis deux billets de 500 000 lei anciens (13,5 chacun), dont il avait préalablement noté les numéros. Autorisé à repartir, il a prévenu sa direction qui a dépêché le Parquet Anti-Corruption sur les lieux, où les deux policiers continuaient à faire du èle, verbalisant les automobilistes bien que leur service soit terminé depuis plus d'une heure. On a retrouvé sur eux les deux billets qu'ils s'étaient partagés. Dossier spaga Société Comme les médecins, les professeurs se plaignent de leurs faibles salaires. Mais à la différence de ceux-ci, ils ne jouent pas avec la vie de leurs patients seulement avec l'avenir de leurs élèves" résume le manuel "Nu da spaga", qui se montre cependant plus optimiste, la situation lui paraissant davantage contrôlable. Pour autant, l'effet ne lui en semble pas moins désastreux: c'est non seulement l'avenir de chaque enfant qui est en cause, mais celui de la société. "Quel repère aura le futur citoyen quand, dès la maternelle, il faudra savoir donner, entrant dans un processus où pour passer d'une classe à l'autre, réussir ses examens, s'inscrire à la faculté, soutenir sa thèse de doctorat, il aura appris pendant près d'un quart de siècle que la clé de la réussite, ce n'est pas l'effort mais le pourboire?" se demandent les auteurs. Petre qui pleure, Calin qui rit Pour résumer la situation, le manuel cite le cas de deux élèves de 14 ans dans une même classe. Petre a des résultats médiocres, mais est plein de bonne volonté, travailleur. Son père est au chômage et la famille vit avec le petit lopin de terre qu'il cultive. Calin est intelligent, mais plutôt paresseux, ne fait pas ses devoirs, se laisse aller. Son père a une bonne place dans une firme. Les deux enfants ont des problèmes en mathématiques. La professeur convoque les parents. Le père de Petre vient avec un poulet, du vin de sa fabrication et un morceau de fromage, pour la remercier de l'attention qu'elle lui prête. Les cadeaux sont acceptés avec le sourire mais la professeur insiste sur la nécessité pour Petre de recevoir "une préparation supplémentaire", soulignant au passage qu'elle donne aussi des cours particuliers. Le pauvre homme n'ayant pas de sous décline la proposition mais assure que son fils travaillera encore plus dur, rencontrant un regard dubitatif. Le père de Calin, lui, s'attend à la demande. Il arrive avec un beau bouquet de fleurs et convient tout de suite que son fils a besoin de soutien. Mais, Madame la professeur aurait-elle du temps pour s'occuper de lui? Bien sûr, c'est un élève intéressant, mais qui a besoin d'être secoué Accord est pris sur le nombre et le tarif des "méditations" (leçons), accompagné du large sourire de la professeur. A l'époque où se décide la passage en classe supérieure, les deux élèves ont le même niveau en maths. Petre parce qu'il a bûché, Calin par sa facilité, son dilettantisme n'ayant pas varié. Le premier redoublera ce qui assurera un nouveau poulet, l'an prochain, au professeur. Le second passera, montrant l'efficacité des leçons aux parents. Calin sait désormais qu'il peut se tourner les pouces ; plus tard, quant il lui viendra l'idée de manquer des cours, ses absences trouveront toujours une justification avec un billet Savoir faire "le bon geste" De la maternelle au doctorat, Une formation Campagne de Basescu Citoyens ne donne pas de spaga. Le Président à la Justice: Qui t as donné une spaga?, La grande corruption. (Caricature de Gadaru) Mme Ionescu déplorait que sa fille soit dans une classe "parallèle", c'est à dire de niveau médiocre, d'un lycée de Bucarest et voulait lui en faire changer. Après avoir remis une boite de chocolats à la secrétaire, elle obtient un rende-vous avec la directrice qui se montre imperméable à ses suppliques et à son bouquet de fleurs, lui dit que les classes sont surchargées et met fin à l'entretien, en prétextant un travail urgent.

Société on apprend à se débrouiller avec les pourboires continue assurée dès l'école Le lendemain, opiniâtre, Mme Ionescu revient, toujours avec un bouquet de fleurs et, cette fois-ci, un coffret de bonbons que la directrice accepte avec suspicion. En l'ouvrant, elle y découvre aussi une enveloppe avec 150, "destinée à améliorer l'équipement du laboratoire d'anglais". La semaine suivante, sa fille rejoignait la classe désirée Le processus est le même, si on veut changer d'établissement. Mais si Mme Ionescu veut que sa fille conserve son rang, elle devra contribuer avec les autres parents aux menues dépenses que l'établissement engage "pour que les élèves évoluent dans un meilleur cadre" appelées "fonds pour l'école", "fonds pour la classe", soit entre 30 et 60 annuellement, suivant la réputation du lycée, sans quittance. Au total, pour un établissement de 1500 élèves, 50 000, dont la répartition échappe à tout contrôle. Quant elle sera en âge de passer le baccalauréat, il faudra aussi prévoir "le protocole" la somme que la classe de terminale réunit pour accueillir la commission d'examen, composée de plusieurs professeurs extérieurs : payer le restaurant pendant plusieurs jours, offrir des cadeaux. Il s'agit en fait de "spaga" déguisée pour s'attirer ses bonnes grâces ou, plutôt, pour ne pas la mettre de mauvaise humeur, si on se conformait pas à cette tradition. Il en coûte de 25 à 45 par élève en province et jusqu'à 60 à Bucarest. En 1983, une professeur chargée de surveiller les épreuves du bac dans un lycée de la capitale a découvert un journal sur son bureau et, à l'intérieur, une enveloppe avec 60. Ce geste, destiné à solliciter "l'indulgence" des surveillants, avait été répété dans chaque salle d'examen. Le chemin le plus court pour entrer en fac Pour s'assurer d'entrer en faculté, de futurs étudiants prennent des cours particuliers pendant un an auprès de professeurs membres de la commission d'admission, ce qui s'appelle pour les initiés "spaga mascata"; d'autres remettront des cadeaux au doyen ou une enveloppe contenant au moins 100. Parce qu'elle n'avait pas les moyens de le faire, une jeune bucarestoise brillante, qui s'était particulièrement bien préparée à l'examen d'entrée, n'a été admise qu'en dernière position, avec une note faible. Les jeunes provinciaux se heurteront à une autre difficulté s'ils veulent étudier à Bucarest: obtenir une chambre en cité universitaire ce qui n'est possible d'après le règlement qu'à partir de la deuxième année, et décourage nombre d'entre eux. Un pourboire de 200 peut fournir le fameux Sésame encore faut-il savoir à qui le donner. Un garçon de Deva a voulu brûler les étapes en le remettant directement à l'administrateur du " camin " (cité universitaire), qui l'a mis à la porte " parce qu'il ne mangeait pas de ce pain là ". Il s'est ouvert du problème à un ami, familier de la situation, qui lui a indiqué la marche à suivre : donner la somme à un intermédiaire qui, pour une bouteille de whisky et une cartouche de cigarettes, centralise ce genre de demandes et joue un rôle "d'isolateur" permettant de préserver la réputation de l'administration. Et obtenir son diplôme Le président Basescu: Roumains, ne donne pas de spaga. Mais les étrangers peuvent donner des commissions? (Caricature de Gadaru). Un étudiant en troisième année de la faculté de médecine de Timisoara a apporté son témoignage à "Nu da spaga". Pour réussir ses cinq examens qu'il devait repasser à la session d'automne, il a donné au total 1000, ajoutant : "Je suis un petit garçon à côté de certains de mes camarades qui, depuis le début de l'université, ont donné des milliers d'euros, n'ont pratiquement jamais appris le programme et deviendront un jour médecin". Le diplôme coûterait entre 200 et 500. Pour les étudiants étrangers, il est quasiment impossible de réussir ses examens sans verser une cotisation de 200-300, même si on a travaillé dur au cours de l'année. A la fin des études, pour boucler le dossier et recevoir le diplôme, il faudra laisser encore 50 à 200 au secrétariat. Dans d'autres établissements, il faut payer à certains professeurs une taxe de "promovare" ("promotion") pour s'assurer qu'ils ne vont pas "pica la examene" ("coller aux examens") et empêcher le passage en classe supérieure. La menace d'être "corigent" (ajourné) amène l'étudiant ou un groupe d'étudiants à "cotiser". Un professeur de Polytechnique a indiqué qu'il décrochait son téléphone à l'époque des examens car il était assailli de demandes de ses élèves lui proposant jusqu'à 400. "Spaga" d'investissement A la sortie de l'université, l'étudiant en a-t-il fini avec la "spaga"? Adina, d'une famille modeste de Galati, a été nommée pour son premier poste d'enseignante dans un village obscur, distant de 30 km. Elle doit faire deux heures de navette en bus chaque jour, qui lui coûtent 30 par mois, alors que son salaire est de 80. Ses élèves sont pauvres et elle ne peut pas donner de leçons particulières. Sa copine Raluca, dont les parents sont plus aisés, a donné 1000 à l'inspection d'académie du département et a obtenu un poste sur place. En un an, elle a récupéré "sa mise" par les cours qu'elle a donnés aux élèves en difficulté, dont elle avait convoqué les parents 15

16 SUCEAVA BAIA BISTRITA MARE TARGU IASI ORADEA MURES ARAD BACAU CLUJ M. CIUC GALATI TIMISOARA SIBIU BRASOV PITESTI BRAILA CRAIOVA BUCAREST TULCEA CONSTANTA Journée ordinaire à la douane de Nadlac Une descente impromptue d'une équipe d'inspecteurs des douanes a pris par surprise douaniers et policiers des frontières du poste de Nadlac (Arad) qui ne s'y attendaient vraiment pas à un tel moment. Dans le bureau du chef douanier, les inspecteurs ont trouvé une somme de 920, 5000 forints hongrois (20 ) et 700 lei (200 ), caché sous son ordinateur et dont il n'a pu justifier la provenance. Dans la guérite d'un policier, ils ont récupéré un billet de 50, dissimulé sous une pile de dossiers et la somme de 150 dans les chaussettes de son collègue. Un billet de 10 a été également ramassé sur le parking, sansdoute abandonné dans la précipitation quand l'inspection a commencé. Furetant dans tous les recoins imaginables, les inspecteurs ont découvert 1210 dans la niche du chien policier du poste qui les a conduit vers les deux fonctionnaires chargé de sa garde Une autre descente a eu lieu au poste de Petrea, à la suite de la plainte d'une femme à laquelle on avait réclamé 50 pour "oublier" qu'elle avait dépassé le terme du séjour autorisé dans l'espace Schengen. Un billet de 50 a été retrouvé dans la carcasse d'un ordinateur, mais surtout les inspecteurs ont découvert qu'on avait laissé entrer sans les taxer une voiture avec 380 téléphones mobiles, d'une valeur totale de 83 000, et deux mini-bus transportant un chargement de café pour un montant de plus de 50 000. A la suite de ces interventions, deux officiers et six sous officiers ont été destitués et poursuivis. Dossier spaga Société L'uniforme n'apporte pas que le prestige il donne des passe-droits et permet d'améliorer l'ordinaire. Il y a celui du curé qui, pour pouvoir administrer une "bonne" paroisse, aura auparavant donné son obole à sa hiérarchie. Les militaires de carrière ne sont pas en reste. Pour échapper au service obligatoire, il en coûte entre 500 et 1000 aux appelés sortant de l'université et destinés à devenir officiers, 300 pour les hommes de troupe. Il leur faut auparavant trouver un intermédiaire qui, pour une bouteille de whisky et une cartouche de cigarettes, établira le bon contact avec un gradé influent ou un médecin militaire. Une fois incorporé, le procédé est le même, si on veut être réformé. Andrei a été ainsi renvoyé dans ses foyers après avoir versé 1500 au médecin de son unité ce qui lui a valu cette réflexion empreinte de colère de son capitaine : "Tu aurais mieux fait de m'en parler avant, çà t'aurait coûter beaucoup moins cher lui, il s'est mis déjà asse d'argent dans la poche". Tout est un calcul de rentabilité. Suivant les conseils à peine voilés du commandant de l'unité, Ivan avait remis 300 pour être affecté à un régiment proche de che lui, ce qui lui permet d'y aller passer le week-end. Pavel n'a pas voulu suivre le même chemin. Maintenant, chaque fois qu'il va en permission, du vendredi après-midi au lundi, il doit négocier sa prolongation car il habite à 400 km ce qui lui coûte près de 10 et une bouteille ou un fromage qu'il ramène de la campagne. Billets glissés dans le permis de conduire "Prestige" Des Roumains ont pris l'habitude de laisser en permanence un billet de 500 000 lei (15 ) dans les documents de leur voiture, estimant que c'est beaucoup plus rapide que de partir en palabres inutiles avec le policier qui les a arrêté, même si la faute est inexistante. Et cela évite des complications procédurales. Les conducteurs ont parfois appris comment se comporter, dès le moment où il leur a fallu passer le permis de conduire, afin d'en faciliter une issue heureuse. Mais les chemins sont parfois surprenants. A Cluj, pour accéder à la salle où se déroule l'examen du code, il fallait acquitter à la caisse une taxe de 40 000 lei (1,2 ) sauf qu'au moment de s'installer, le policier contrôlant l'entrée précisait que ce n'était pas nécessaire. A 160 candidats par jour çà faisait toujours çà de pris! Lors de l'épreuve de conduite, il faut acquitter 150 000 lei pour une promenade de dix minutes, sans quittance bien sûr, le moniteur collectant les sommes parfois à l'avance. Voici deux ans, Adrian, 40 ans, de Brasov, se rendait en train à Munich où il était invité, tous ses papiers étant en règle. Au poste de Curtici (Arad), le policier des frontières lui signifia que son assurance médicale, reçue d'allemagne n'était pas valable, car elle devait être roumaine. Adrian lui a demandé alors de qui il tenait çà, le policier citant un numéro d'ordonnance. Le voyageur ne se laissa pas Courageux ou téméraire, Adrian impressionner et lui mit sous le ne la liste entière de toutes les pièces nécessaires, qu'il avait emportée par précaution. Le policier s'énerva, lui indiqua que c'était les ordres, lui prit son passeport et lui demanda de descendre. Adrian n'en fit rien, se rassit et ouvrit une revue pendant que l'autre faisait les cent pas dans le couloir, attendant visiblement le pourboire qui mettrait fin à l'affaire. En vain. Il lui ordonna à nouveau de descendre.

de l'uniforme et poches bien remplies La "spaga" prend vite des allures de corruption. Deux Tsiganes soupçonnés de brigandage sont remis en liberté après avoir glissé cent euros dans la poche du policer chargé de les arrêter. Des bandes de voleurs peuvent s'assurer, contre une taxe de protection, la bienveillance de la police et de la gendarmerie, voire être averties à l'avance des menaces qui pèsent sur elles. A Miercurea Ciuc, la police économique avait découvert un magasin qui faisait du commerce d'appareils électroniques sans autorisation. L'inspecteur avait exigé 3000 pour fermer les yeux, se contentant finalement de 700 ; malheureusement pour lui il a été pris en flagrant délit par le PNA (Parquet National Anti-corruption). Les porteurs d'uniforme trouvent peut-être une justification dans les agissements de la corporation des hommes en robe. Simplement pour pouvoir se présenter au concours d'admission au barreau, le candidat avocat doit débourser 2000. S'il réussit, pour s'y inscrire, cela lui coûtera 10 000. Quant aux notaires, la somme est de 25 000. Douanes : autobus rackettés Au-dessus des policiers et des juges, les Roumains placent les douaniers au premier rang de la corruption, et les faits ne sont pas là pour les démentir. Le phénomène n'apparaît pas toujours aux yeux des étrangers lorsqu'ils voyagent dans leur voiture, mais est déjà tout de suite plus évident quand il s'agit de faire entrer des chargements "humanitaires". Pour les autochtones, la spaga a remplacé le visa, quand il manque une pièce ou deux pour sortir du pays. Mais aussi, pour y revenir: si le séjour à l'étranger a duré trop longtemps, un billet de 50 dissuadera le policier des frontières d'apposer sur le passeport la mention "Interdiction de quitter la Roumanie". Quant aux autobus, suivant la complaisance des compagnies, ils sont soumis à un "droit de péage". Cinq à dix euros par passager que le conducteur, le plus souvent de mèche avec les douaniers, collecte. Il ne faut pas avoir peur du regard de ses voisins quand on refuse de cotiser. Pour les travailleurs immigrés de retour che eux, le tarif est supérieur, de l'ordre de 1000 pour le car. Maria, après trois ans passés en Espagne où elle dispose Courageux ou téméraire, le Brasovean campa dans son refus, lui indiqua qu'il faisait un abus de pouvoir et qu'il ne sortirait que par la force, prêt à être emmené par les gendarmes, les menottes aux poignets. "Pourquoi ce scandale?" lui-fût-il alors demandé. "Parce que si je descends, le train partira, vous me dire que c'est une regrettable erreur et je n'aurais plus de témoin car cette affaire va vous mener devant le parquet militaire". Le policier changea de tactique, lui dit qu'il le laissait partir, mais qu'il gardait son passeport et qu'il serait arrêté au poste-frontière hongrois. Sans se démonter, Adrian répliqua: "Alors, il faudra expliquer pourquoi vous m'ave laissé passer sans papiers ", puis il lui demanda son numéro de matricule et son nom. Le policier devint rouge de colère et commença à hurler, puis alla chercher un chef, homme à la carrure imposante qui Société d'une carte de séjour, s'en est rendue compte. A Nadlac (Arad), ses compagnons de voyage avaient tous glissé un billet de 50 dans leur passeport sauf elle, dont les papiers étaient en règle et qui était bien décidée à ne rien donner. Passeport confisqué sans aucune raison, elle fût obligée de descendre. Rien n'y fit. Les passagers commencèrent à s'énerver et à crier sur elle. Au bout d'une heure, elle avait compris qu'il fallait s'exécuter. "Au choix, c'est dix euros par personne ou dix heures d'attente" L'exemple déteint sur les frontières voisines, hongroises et même autrichiennes, montrant que le problème n'est pas seulement celui de la société mais aussi des hommes. La Bulgarie est à la même enseigne que la Roumanie, comme le montre l'aventure suivante survenue à un car de Bucarestois de retour au pays, au début de l'hiver. Après avoir discuté avec les douaniers bulgares, le chauffeur a annoncé la couleur : "C'est dix euros chacun ou bien dix heures d'attente", provoquant l'indignation et le refus général, d'autant qu'il n'y avait pas âme qui vive à ce postefrontière. Au bout de deux heures d'attente, les douaniers ont commencé a fouiller de fond en comble les bagages, faisant descendre les voyageurs qui grelottaient. Quelques passagers, surtout des femmes, commencèrent à céder, mais la majorité campa sur ses positions. Changeant de tactique, les douaniers annoncèrent qu'ils suspectaient le car de transporter de la drogue et qu'ils allaient le "désosser". Finalement, après avoir battu la semelle dehors pendant plus de quatre heures, les Bucarestois purent rejoindre leur place. Un accord avait été trouvé : ils donneraient chacun trois euros. Mais "à ce prix-là", interdiction leur fut signifiée de s'arrêter aux magasins duty free shops, où ils espéraient pouvoir acheter quelques cartouches de cigarettes! On estime en général que les policiers des frontières se font quotidiennement 50 de "spaga" l'hiver, et jusqu à 100 l'été, les douaniers empochant environ 200, indifféremment de la saison, notamment avec le contrôle des camions. Ces sommes sont partagées avec les supérieurs et les supérieurs des supérieurs. ne s'en est pas laissé conter par les policiers des frontières donna tort à Adrian et l'invita à le suivre voir son supérieur, en tête du train. Celuici regarda longuement les documents du voyageur, avant de reconnaître, sur un ton apaisé, "Monsieur est en règle. Adrian récupéra son passeport, mais insista pour obtenir les coordonnées du policier, exigeant en outre des excuses ce qui lui valut une bordée d'injures de ce dernier et de ses chefs qui, finalement, descendirent du train. 17

18 ORADEA ARAD TIMISOARA BAIA MARE SIMLEU ZALAU CLUJ TARGU MURES SIBIU PITESTI CRAIOVA BRASOV SUCEAVA BUCAREST IASI GALATI BRAILA TULCEA CONSTANTA Le Préfet de Timisoara veut la dissolution d une Justice "pourrie de corruption" Ovidiu Draganescu, préfet du judet de Timisoara, aux prises avec les juges de cette ville au sujet de certaines de ses décisions, n'y est pas allé par quatre chemins pour donner son sentiment : "La Justice, ici, est pourrie de corruption et doit être dissoute" s'est-il emporté, fin septembre, osant affirmer tout haut ce que bon nombre de Roumains pensent tout bas, dans une attaque sans précédent contre une institution qu'il accuse de gouverner le pays. Le préfet a proposé de faire table rase de la Justice en la dissolvant, "le pays pouvant bien fonctionner un mois ou deux sans" et, ensuite, de remplacer les magistrats actuels par d'autres, à la suite d'un concours visant à contrôler leurs compétences et honnêteté, "sans oublier de vérifier l'état de leur fortune". Pour justifier son point de vue, le préfet a cité plusieurs exemples similaires à travers le monde. Ainsi la police mexicaine a été dissoute à cause de sa corruption généralisée et remplacée à partir de éro par de nouveaux agents. Une initiative similaire s'est déroulée à la Nouvelle Orléans où la population ne supportait plus ses policiers corrompus. Les déclarations d'ovidiu Dragenescu ont provoqué l'émoi des juges de Timisoara, une trentaine se réunissant en assemblée générale et décidant de saisir le Conseil Supérieur de la Magistrature. Justice Société Les Roumains estiment que les juges sont les fonctionnaires les plus corrompus du pays, avec les douaniers. Mais alors qu'on en est quitte avec ces derniers en donnant son obole, autant le déni de justice permanent révolte les citoyens qui n'ont aucune confiance dans cette institution, laquelle leur apparaît aux ordres des puissants, les réduisant souvent au désespoir, sachant que leur cause ne sera pas entendue. La situation de la justice roumaine est si grave que l'ue fait de sa réforme un préalable à l'adhésion de la Roumanie. Mais, malgré les efforts énergiques et tenaces déployés par la nouvelle ministre de la Justice, Monica Macovei, pour transformer celle ci, encouragée par Bruxelles, le vent du changement a bien du mal à l'atteindre, la ministre se heurtant à un corporatisme qui soude les intérêts menacés, pourtant La ministre de la Justice, Monica Macovei, a reçu les encouragements du commissaire européen Franco Frattini, dans sa lutte pour réformer une Justice corrompue. Dans la Roumanie candidate contraires à l'intérêt national. Dans la Roumanie candidate à l'europe, on juge comme au temps de Louis XIV et des Plaideurs de Racine. Illustration, ci-dessous: un matin d'audience ordinaire à la Cour d'appel de Timisoara, le 13 septembre dernier, sous la conduite du juge Ionel Barba Des dossiers pas étudiés trente secondes d'audience Mascarade Premier cas: Un homme d'une cinquantaine d'années dont le dossier a été ajourné de nombreuses fois s'étonne de son absence, alors qu'on peut d'habitude le consulter en début d'audience. Il interroge le juge qui bafouille qu'il est parti ailleurs. "Où estil?" "Je ne sais pas". " Vous voule m'empêcher de voir ce qu'il y a dedans" s'indigne le plaignant qui explose: "Mais pourquoi vous m'ave fait venir encore une fois pour rien de Lugoj?". En colère, il quitte la salle en lançant au juge: "Je vais vous récuser et déposer plainte auprès de la Procurature". Peu habitué à ce genre de réaction, ce dernier vire tout à coup au cramoisi. Second cas. Une enseignante, originaire du judet voisin d'arad, attend la décision du juge Ionel Barba pour la restitution d'un terrain de plus de 7000 m2, propriété qu'elle a héritée de ses parents, qu'occupe illégalement Petrom, à travers une station de carburants Peco, à la sortie de la ville de Simleu Silvaniei, dans le judet de Zalau. C'est la cinquième fois qu'elle se trouve face à ce juge, mais le scénario ne varie pas. Parfois, il prend 30 secondes, mais cela peut durer le double quand il faut lui faire répéter sa décision, à peine audible. De toutes façons, la conclusion est toujours la même: il manque invariablement une pièce et il faudra revenir une sixième fois. Bien sûr, cette pièce figure dans le dossier, qui fait maintenant vingt centimètres d'épaisseur Mais le juge l'a-t-il seulement ouvert? Une nouvelle fois, il n'a pas examiné le fond et a surtout omis de demander à la richissime et influente société Petrom d'apporter la preuve écrite de la légitimité de l'occupation du terrain en question, se satisfaisant des affirmations verbales de son avocate. A la sortie de l'audience, l'enseignante, livide, à la fois abattue et révoltée, prévient son conseiller juridique: "la prochaine fois je m'asperge d'essence et j'y mets le feu". Une colère qui s'explique par près de 15 ans de démarches, de fatigue, de stress, de frais, pour faire triompher ses droits, et qui butte sur une "justice" utilisant toutes les procédures pour décourager les citoyens qui n'ont pas d'appuis ou les moyens de se faire entendre.

Société à l'europe on juge comme au temps de Louis XIV de justice à Timisoara En avril dernier, à Bucarest, un septuagénaire voulant récupérer un terrain de 700 m2 n'a pas supporté d'entendre le juge reporter pour la 37ème fois son procès, car il manquait, là aussi et encore, une pièce. Il est mort d'une crise cardiaque à l'énoncé de la décision. L'expérience de cette plaignante illustre le chemin de croix que doivent affronter ses compatriotes, notamment quand ils veulent rentrer en possession des biens confisqués par le régime précédent, et ce malgré les déclarations lénifiantes des gouvernements successifs. La jeune professeur était confiante quand, en 1991, le jour de son 38ème anniversaire, elle a sollicité à l'amiable la restitution de son terrain, qui n'avait été ni exproprié, ni nationalisé, mais occupé abusivement par la station service Peco, au temps du communisme. Pendant doue ans, malgré toutes ses démarches, elle ne recevra aucune réponse, ni du groupe pétrolier, ni de la mairie de Simleu Silvaniei alors que la loi faisait obligation à celle-ci de répondre dans les trente jours. Un fonctionnaire: "Peu importe les documents que vous ave, ici, la loi c'est moi!" La jeune femme allait découvrir le fonctionnement de l'administration. Accumulant les preuves montrant qu'elle était la propriétaire du terrain, elle se heurtait à l'arrogance et à l'obstruction du maire et du secrétaire de mairie de Simleu, lesquels refusaient à son conseiller juridique l'accès au cadastre puis affirmaient un autre jour que les documents avaient brûlé lors de la "Révolution" alors que ceux concernant les parcelles voisines étaient intacts! Tout au long de la procédure qui allait aboutir à une action en justice en 2002, la mairie multiplia les déclarations mensongères, les faux, les manipulations de la carte cadastrale, répondant à côté quand les questions se faisaient précises, avec l'assentiment du juge local chargé des affaires foncières. Un jour les côtes du terrain en question ne correspondaient pas à la réalité, le suivant, elles n'étaient pas mentionnées. Sans que les juges ne s'en offusquent. Une attestation de propriété fut même remis à PECO, qui s'avéra par la suite être un faux. Le secrétaire de mairie, Vasile Popa, qui sera plus tard destitué, enleva toute illusion à l'enseignante en lui déclarant: "Peu importe les documents que vous ave, vous n'aure jamais ce terrain parce que, ici, la loi c'est moi!". Archives subitement disparues Chemin de croix ou calvaire... La justice est une rude épreuve pour les Roumains qui n ont aucune confiance dans cette institution fonctionnant comme au temps des Plaideurs de Racine. La jeune femme s'entêta, saisit l'avocat du peuple (équivalent du médiateur français) qui classa le dossier sans rien vérifier. Son conseiller saisit alors le Parquet National Anti-corruption (PNA), qui lui réclama à nouveau les actes de propriété, déjà remis à quatre ou cinq reprises. Cette démarche amena cependant le secrétaire de mairie à reconnaître qu'elle était bien la propriétaire en titre Après doue ans! Mais l'officier de justice du cadastre, chargé par la préfecture de Zalau de récupérer en mairie les documents pour en terminer, ne put mettre la main dessus, constatant qu'ils avaient disparu des archives N'y tenant plus, la jeune femme abandonna sa démarche à l'amiable et se tourna en 2003 vers la Cour d'appel de Timisoara, compétente au regard de son domicile. Elle ne se doutait pas de l'épreuve qui l'attendait. L'affaire fut confiée à la juge Rodica Olaru. Par cinq fois, la décision fut repoussée sous des prétextes dilatoires: il fallait ré-ré-réactualiser des actes déjà fournis, présenter une carte foncière inextenso, préciser la situation des voisins, etc. Quant l'avocat de Petrom était absent, l'audience était repoussée S'il était là, la juge ne lui posait aucune question, ne lui demandait même pas d'indiquer dans quelles conditions son client s'était retrouvé sur un terrain qui ne lui avait jamais appartenu, et passait immédiatement au dossier suivant qui subissait le même traitement. Finalement la juge Olaru, sans jamais avoir examiné le fond du dossier, se déclara incompétente (!) et renvoya l'affaire à la juridiction de Zalau, c'est à dire dans le judet où avaient été commis des faux et des abus au détriment de la plaignante. Quine ans de démarches, 130 déplacements dans le pays, 330 jours dans les administrations Saisie, la Haute Cour de Cassation et de Justice de Bucarest cassa cette décision et renvoya à nouveau l'affaire à Timisoara. C'était au tour du juge Barbu d'entrer en scène pour cinq nouveaux actes aussi pitoyables. Petrom changea son fusil d'épaule, présenta des nouvelles pièces qui s'avérèrent également des faux sans que le magistrat ne sourcille pour autant. Entre temps, la plaigante avait la stupéfaction de constater que sur les 60 documents et preuves qu'elle avait envoyés au Parquet National Anti-corruption pour étoffer son dossier et qui avaient voyagé, on ne sait trop pourquoi, de parquets en parquets pour aboutir à la police de Simleu-Silvanei, 52 manquaient, les pièces restantes n'étant que des actes d'état civil. Le 13 septembre dernier, le juge Barba a donc renvoyé encore une fois l'affaire, mais l'a aussi scindée en deux, contrairement à la loi et aux dispositions obligatoires de l'instance suprême, en expédiant une partie à nouveau à Zalau, ce qui promet de nouveaux épisodes (Lire page suivante) 19

20 ORADEA ARAD TIMISOARA SATU MARE ZALAU TARGU MURES BRASOV SUCEAVA IASI M. CIUC BACAU BRAILA TULCEA PITESTI T. SEVERIN TARGOVISTE SLOBOZIA SLATINA BUCAREST CRAIOVA CONSTANTA Mascarade de justice à Timisoara (suite) Depuis 1991, l'enseignante et son conseiller juridique se sont déplacés à 130 reprises à travers le pays pour faire avancer leur dossier: 80 à Simleu-Silvanei et 10 à Zalau, ce qui nécessite chaque fois trois jours de déplacement, car ils n'ont pas de véhicule; 30 à Timisoara entre les dix audiences, les pièces qu'il a fallu aller déposer au tribunal ou retirer ; cela a pris chaque fois la journée; 10 à Bucarest pour les démarches auprès du PNA et de la Cour Suprême. Au total, cela fait 330 jours de déplacement et 10 000 de frais, sans compter les honoraires. Une somme colossale en Roumanie pour un professeur. En route pour Strasbourg L'enseignante a repris confiance quand elle a vu l'action volontariste menée par la ministre Monica Macovei, voulant encore croire que dans son pays le Droit pouvait être respecté. Saisissant le Conseil Supérieur de la Magistrature, en juillet dernier, elle a eu la surprise de recevoir une réponse dans les jours suivants, lui annonçant qu'une enquête était déclenchée. Apparemment, la volonté de réforme du gouvernement n'arrive cependant pas jusqu'à Timisoara. Alors, comme nombre de ses compatriotes, pour obtenir justice, cette professeur désabusée mais opinâtre se prépare à déposer son dossier à la Cour Européenne des Droits de l'homme de Strasbourg. Evénements Société Un haut fonctionnaire en grève de la faim dénonce les trafics de l'émigration L'inertie de la Justice en cause Le directeur de l'office Roumain pour l'emigration a entrepris une grève de la faim, début octobre, pour protester contre l'inertie de la Justice, dans le cadre des nombreuses poursuites qu'il avait engagées. Aurel Teodorescu dénonçait depuis longtemps le racket auquel sont soumis les travailleurs désireux de partir en Espagne. Le haut fonctionnaire soutient, qu'avec la complicité ou l'assentiment de certaines autorités roumaines et employeurs espagnols, des réseaux illégaux d'intermédiaires se sont mis en place, qui exigent jusqu'à 300 euros de dessous de table des candidats sélectionnés, lesquels, s'ils refusent de se soumettre à ce chantage, perdent leur contrat et sont remplacés. Les sommes en cause seraient très importantes, partagées par les acteurs de ce trafic et des entreprises de transport à l étranger. Bien qu'il ait saisi les autorités roumaines et espagnoles depuis un an et demi, et apporté les preuves, Aurel Teodorescu indique qu'aucune action pénale n'a été initiée par le Parquet général, alors que plus de 1700 travailleurs roumains victimes de ces procédés ont déposé plainte. Ecœuré, le directeur, qui est le seul légalement à avoir autorité sur les contrats de travail à l'étranger, s'est donc résolu à entamer son geste spectaculaire, interrompu 48 heures plus tard, son ministre de tutelle, Gheorghe Barbu ayant décidé le Parquet général à l'auditionner. Difficile mise en place de la loi sur l'adoption Entrée en vigueur aen janvier, la loi sur la protection de l'enfance réglemente l'adoption en la limitant quasiment aux parents roumains, les adoptions internationales étant réservées à la famille de l'enfant orphelin ou abandonné. Mais les nouvelles dispositions ont beaucoup de mal à entrer en application. Du 1er janvier au 30 juin, 550 enfants avaient été abandonnés dans les hôpitaux roumains, mais du fait des blocages administratifs, du peu d'empressement à appliquer les nouvelles dispositions et du manque de moyens, seulement 56 procédures d'adoption étaient en cours, dont 6 avaient abouti, alors que 800 familles agréées attendaient de recevoir un enfant. Neuf judets sur 42 avaient pris des dispositions en ce sens: Arges (Pitesti), Dâmbovita (Târgoviste), Dolj (Craiova), Ialomita (Sloboia), Iasi, Mehedinti (Turnu-Severin), Olt (Slatina), Salaj (Zalau), Vaslui. Au niveau national, 58 assistantes sociales, 34 psychologues, 13 juristes, 8 travailleurs sociaux et 2 pédagogues sont détachés auprès des services d'adoption, ce qui est insuffisant. Sur le plan des adoptions internationales, 15 procédures qui étaient en cours suivant l'ancienne réglementation, sont en attente de réalisation alors que les parents adoptifs ont reçu l'autorisation définitive, les enfants, encore dans des orphelinats, portant déjà leurs noms, pour certains. En cinq ans, 731 enfants ont disparu L'organisation "Salvatii copii" ("Sauve les enfants") a indiqué que 731 enfants roumains avaient disparu entre 2000 et 2005, 470 d'entre-eux étant recensés comme mendiant, se prostituant ou travaillant au noir à l'étranger, exploités par des réseaux de trafic d'êtres humains. On n'a aucune trace de 260 autres, dont 27 ont moins de 5 ans, 65 entre 5 et 10 ans, 61 entre 10 et 14 ans, 108 entre 14 et 18 ans. Les disparitions entre 1990 et 2000 sont estimées à plusieurs milliers. Baisse du nombre d'orphelins De janvier 2004 à juin 2005, le nombre d'enfants recueillis dans les orphelinats roumains est tombé de 57 181 à 32 679, soit une baisse de 43 %. Parmi eux, un peu plus de 10 000 sont accueillis dans des unités de type familial (274 maisons, 346 appartements, 386 centres d'accueil dépendant d'ong).