Isabelle LOUATI 19 11 2008 Psychologue scolaire APPORT DE LA GESTION MENTALE A. LES DIFFERENCES INTER INDIVIDUELLES Personne n'apprend exactement de la même façon. Pour qu'un élève intériorise, deux processus sont en effet nécessaires, car parler ne suffit pas pour être compris : L'enfant doit d'abord percevoir. Cette perception se fait par la voie de nos cinq sens. L'enfant qui apprend a d'ailleurs tendance à privilégier une entrée sensorielle lors de la saisie d'informations. Certains vont par exemple se sentir plus à l'aise si l'information est présentée visuellement, d'autres préfèreront le langage verbal ou encore l'intervention du mouvement. Le second processus correspond à l'évocation, activité interne pour structurer donner du sens, interpréter, mettre en relation avec des éléments déjà connus. Au moment de l'évocation, il y a construction d' images mentales. L'élève a cependant des habitudes évocatives : plutôt visuelles ou auditives. Lors de la lecture d'un texte, l'élève plus visuel voit des images défiler, images dont il est spectateur. Il comprend parce qu'en lisant, il associe le texte ou des images ayant un sens pour lui. Lorsqu'il lit, l'élève plus auditif entend une voix, la sienne ou celle d'un lecteur plus imaginaire. Les mots entendus déclenchent des associations verbales qui lui reviennent. Il existe aussi la pensée kinesthésique, qui privilégie l'intuition, le traitement d'informations sensorielles. Elle est étroitement liée à l'habileté interne d'évaluation, sentir si un mot est correctement orthographié ou non par exemple. Pour certains auteurs, il semble important de rendre les enfants conscients des trois dimensions des expériences, de manière à ce qu'ils ne développent pas de rigidité cognitive. B. PARLONS DE L'ELEVE EN DIFFICULTE L'élève en difficulté peut avoir des difficultés d'évocation, soit : - parce qu'il ne comprend pas la signification des mots. - parce qu'il perçoit puis agit, sans réaliser d'évocations. L'anxiété face à la tâche peut entraîner de l'inhibition ou une précipitation et donc les empêcher. parce que les situations n'ont aucun sens pour lui et qu'il n'en a aucune expérience. - parce que la compétitivité, le fait de devoir répondre rapidement a gêné la réalisation d'évocations qui demandent du temps. L'évocation semble donc prendre beaucoup de place, voyons comment la développer dans le cadre de la gestion mentale.
Les préalables : C. L'ENTRAINEMENT A LA GESTION MENTALE 1) Les postures de l'élève Pour pouvoir être en démarche d'apprentissage, il est important que l'élève ait : une intention, comme par exemple lire un problème avec l'intention de le résoudre. Plus encore, l'élève a un projet de sens, qui va allier à la fois le but et les moyens mis en oeuvre pour y arriver. Il va devoir réaliser des gestes mentaux, comme le geste d'attention, mais aussi de réflexion, qui va l'amener à faire un retour sur ce qu'il sait déjà. 2) les postures du maître Aider un élève en difficulté, c'est partir avec lui à la recherche de sens, en particulier en l'amenant à ses donner des représentations, à maîtriser peu à peu ses moyens d'apprendre Il va être un médiateur, qui va enseigner comment penser en trois dimensions (gestion visuelle GV, gestion auditive GA, gestion kinesthésique GK) 2.a dans le discours Cela peut se faire par le biais de phrases courtes comme : «en même temps que tu regardes (GV), parle-toi (GA) pour savoir si tu comprends (GK) ou encore «maintenant que tu viens d'entendre parler de telle chose(ga), fais une image mentale dans ta tête de ce que tu entends (GV), pour voir si tu comprends (GK) 2.b : dans l'attitude éviter les jugements sur les représentations proposées par les élèves proposer plutôt que d'imposer 2.c dans la mise en condition demander à l'élève d'avoir une posture d'écoute lui demander d'imaginer une histoire (dans le cadre de résolution de problème par exemple) Les exercices possibles : On peut entraîner les élèves à la gestion mentale, à utiliser les différents modes de pensée (visuelle, auditive, kinesthésique) de manière générale par des exercices : comment voir et regarder : cacher un mot de vocabulaire qu'il ne connaît pas. Cacher le mot en suite. Lui demander de nommer les lettres qui le composent. Lui demander ensuite comment il a fait pour s'en souvenir. comment entendre et écouter : demander à l'enfant de retrouver dans ses souvenirs un endroit où il est déjà allé et de se rappeler les sons qu'il y a entendu comment ressentir et évaluer : présenter des mots et leur demander à chaque fois s'ils «sentent» que le mot est bien ou mal orthographié, et cela sans avoir recours au dictionnaire. Leur demander ensuite comment ils ont fait pour savoir que le mot est correctement orthographié.
BIBLIOGRAPHIE COTE C. (2000), Résolution de problèmes La gestion mentale au coeur de l'apprentissage. édition Chenelière Education TAURISSON A. (1990) Gestion mentale et pensée mathématique Bayard éditions GAGNE P. (1999) Pour apprendre à mieux penser édition Chenelière/McGraw-Hill