Diagnostic thermique sur une amiénoise Par Jordi Hubert Ingénieur thermicien Bureau d études Pic Energie SCOP Ekidina
Note synthétique Isolation des murs : Laine de bois à privilégier Il s avère que lors d une rénovation thermique de ce genre d habitat, la laine de bois demeure l isolation la plus intéressante techniquement. *Très bonnes performances thermiques *Régulation de l hygrométrie dans l habitat et prévention de l humidité dans les murs *Très bonne inertie Le léger surcoût de ce type d isolant est très vite compensé par les économies financières qu il permet Isolation de la toiture : Ouate de cellulose à privilégier *Très bon isolant thermique *Très bonnes performances acoustiques *Bon marché *Particulièrement adapté pour les combles perdus dans une amiénoise *Facilité de pose Auto-rénovation possible Isolation de la cave : Panneaux de liège Si la cave est accessible et si sa géométrie le permet (difficile avec voûtes), l isolation la plus efficace est la pose de panneaux de liège. Menuiseries / Vitrages : Menuiseries bois Double vitrage 4/16/4 peu émissif Le bois est à privilégier pour les menuiseries puisqu il a de meilleures performances thermiques que l aluminium et le PVC, il est de plus fortement conseillé pour l intégration architecturale du bâtiment dans son quartier. Un double vitrage 4/16/4 peu émissif permet d obtenir des réductions de consommations d énergie importantes. 1 Solution 1 : Poêle à granulés hydraulique + ECS thermodynamique La première solution proposée est l installation d un poêle à granulés pour le chauffage et d un chauffe-eau thermodynamique pour l eau chaude sanitaire. *Investissement modéré *Ressource locale renouvelable *Maintenance réduite *Nécessité d ajouter des gaines pour la diffusion d air chaud *Incertitude sur l évolution du prix des granulés *Nécessité d ajouter un appoint électrique sur locaux non desservis par la diffusion 2 Solution 2 : Raccordement au réseau de chaleur Si la situation le permet, le raccordement au réseau de chaleur offre une solution thermiquement très intéressante avec un investissement réduit *Investissement faible
*Réutilisation des radiateurs existants *Evolution du prix du kwh de chauffage maîtrisée par la collectivité *Dépendance à un réseau collectif 3Solution 3 : Chaudière à granulés La chaudière à granulés permet la réutilisation des radiateurs mais offre également un grand confort dans l habitat. *Réutilisation des radiateurs existants *Confort élevé grâce à une régulation performante *Investissement élevé *Espace nécessaire (lieu de stockage des granulés) *Incertitude sur l évolution du prix des granulés 4Solution 4 : Rénovation BBC poêle à granulés et ECS Solaire Dans cette variante, il a été prévu une rénovation au standard BBC rénovation soit pour cette habitation 104 kwh/m²/an. Les systèmes énergétiques retenus sont un poêle à granulés et un chauffeeau solaire. *Facture d énergies considérablement réduite *Chaleur rayonnante agréable * Maintenance réduite *Surcoût très important pour isolation (murs, toitures), traitement de l étanchéité et triple vitrage 5Solution 5 : PAC Air-Eau + chauffe-eau thermodynamique Dans l étude menée, l amiénoise possédant déjà des radiateurs eau chaude, il est possible d installer une PAC Air-Eau pour alimenter les radiateurs existants. Après la rénovation thermique, les radiateurs seront de fait surdimensionnés et pourront donc être raccordés à la pompe à chaleur air-eau. *Chauffage entièrement renouvelable *Chaleur rayonnante agréable *Réutilisation des radiateurs *Possibilité d alimenter la PAC avec panneaux solaires photovoltaïques *Consommation d électricité élevée en périodes de grands froids (> - 10 C) 6 Solution 6 : Chauffage et ECS Solaire *Réutilisation des radiateurs *Energie produite *Possibilité de diminuer l appoint électrique par alimentation photovoltaïque *Investissement élevé *Consommations électriques élevées en cas d absence de soleil (nuits, chutes de neige diurnes)
I. Présentation de l étude L étude type menée sur cette maison ouvrière a permis de mettre en lumière plusieurs éléments, de la viabilité et de l adaptabilité d une solution technique de chauffage jusqu à l esquisse d une stratégie d investissement pour la rénovation thermique. La première partie présente les caractéristiques de l amiénoise étudiée, les conditions de base avec lesquelles l étude a été réalisée. On y trouve également les consommations d énergie actuelles du bâtiment détaillées par poste et une analyse pour permettre d introduire la réflexion sur la rénovation thermique. Sont présentées ensuite 5 solutions d amélioration énergétique du bâti indépendantes ou complémentaires. Elles permettent de montrer l impact qu elles ont sur les réductions de consommation d énergie et donc sur l économie financière. Enfin, 6 solutions complètes sont proposées où sont étudiées différents types de systèmes énergétiques pouvant alimenter le chauffage et l eau chaude sanitaire de l habitat. Ces solutions complètes sont finalement comparées entre elles pour mettre en évidence les avantages et inconvénients de chacune.
II. Caractéristiques de l amiénoise 1) Bref historique Le XIXe siècle est une période de fort développement industriel dans les villes principales et certaines vallées du département. Apparaissent, près des usines, des ensembles de maisons pour loger les ouvriers et les employés des industries. Par leur nombre et leur impact dans le paysage départemental, ces maisons comptent au titre d une mémoire sociale à préserver, le témoignage d un art de vivre ensemble autant que d un savoir-faire. Thérèse Rauwel Mieux comprendre pour préserver - doc CAUE 80 2) Evolution du bâti et état actuel La plupart des maisons de contremaîtres ou maisons ouvrières sur Amiens ont connu des extensions pendant la période de la reconstruction (années 1950 1960). Ces extensions sont principalement construites en parpaings, avec une isolation très faible et leur superficie peuvent quelques fois égaler voire dépasser la superficie de l habitation originelle. Il arrive également d y trouver des cloisons très fines en placoplâtre faisant office de murs et des couvertures en tôles posés à même les chevrons. Il existe plusieurs cas de figures pour l évolution de l habitation d origine. - Rénovation avec les techniques d une construction neuve conventionnelle (laine de verre et plâtre) - Isolation de la toiture seule pour établir une pièce de vie dans les combles (2eme étage) - Remplacement des menuiseries simple vitrage par des menuiseries double vitrage PVC ou bois
III. Diagnostic thermique modèle 1) Carte d identité du bâtiment étudié Maison ouvrière du XXe siècle Maison en briques rouges à 2 étages 105 m² Date de construction : début du XXe siècle Deux parties : Habitat d origine en briques et extensions en parpaings Etat de l habitat originel : Combles isolés 10cm de laine de verre Pas d isolation sur autres parois Menuiseries bois simple vitrage Chaudière gaz Eau chaude sanitaire instantanée Etat de l extension Parpaings + placoplâtre Isolation en polystyrène 2cm 2) Déperditions thermiques Les déperditions thermiques sont les pertes de chaleur que subit un bâtiment à travers les parois et la ventilation. Plus un bâtiment est isolé et plus les déperditions thermiques sont faibles. Elles sont exprimées en W ou en W/K (Watt pour une unité de température Kelvin).
Diagnostic Amiénoise Etat actuel : Déperditions (W) Toiture 2008 13% Murs 9460 59% Menuiseries 2301 14% Plancher bas 524 3% Ponts thermiques 1332 8% Ventilation 412 3% TOTAL (W) 16036 100% Les déperditions totales sur cette amiénoise atteignent 16 kw répartis principalement sur 3 postes : les murs, la toiture et les menuiseries. Les déperditions totales sur cette amiénoise atteignent 16 kw répartis principalement sur 3 postes : les murs, la toiture et les menuiseries. Etant donné que la toiture a déjà été partiellement traitée (10cm de laine de verre), le poste prépondérant demeure les parois verticales avec près de 60 % du total des déperditions. Ceci s explique par la physionomie même de l amiénoise qui est construite verticalement et qui offre donc beaucoup plus de surfaces de murs que de planchers. De plus, les briques de terre cuite ont une conductivité thermique élevée, c est-à-dire qu elles retiennent peu les flux de chaleur et ont une porosité élevée qui permet l entrée de flux d air humide important dans l habitation. Malgré l isolation de la toiture, celle-ci pèse encore 14% des déperditions totales (2kW), ce qui indique que la solution est loin d être suffisante pour parvenir à une rénovation thermique convenable. Les
vitrages étaient véritablement les points faibles des constructions d époque, ceux-ci représentent plus de 2,3kW pour cette habitation de 100 m². Les ponts thermiques (8% des déperditions) sont intimement liés à la qualité des menuiseries et à la non-isolation des murs qui permet le passage de chaleur au niveau de la jonction de deux parois. Veuillez nous consulter si vous souhaitez avoir accès à l intégralité du diagnostic