0 2 41 5 L EXPERTISE DE MÉTÉO FRANCE DANS LE CADRE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE La contribution au développement durable ne saurait se limiter à la seule action en réponse aux acteurs nationaux. L enjeu est plus large. De plus, l étendue du territoire national et les implantations de Météo-France dans les deux hémisphères placent l établissement public en situation d apporter une contribution en lien direct avec ses activités de coopération internationale, que ce soit dans un cadre multilatéral ou bilatéral.
2 1 5 0438 L EXPERTISE DE MÉTÉO FRANCE DANS LE CADRE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE LA COOPÉRATION ENTRE SERVICES MÉTÉOROLOGIQUES Sur tous les continents, les services hydrométéorologiques nationaux sont des acteurs de la gestion des risques naturels, quel que soit le niveau de développement de leur pays. En fonction de leurs capacités, ils ont pour mission de fournir les informations nécessaires à la définition et à la mise en œuvre des politiques publiques de prévention, d alerte et de gestion des ressources exposées à l aléa météorologique et climatique. Dans les pays les moins développés et les plus vulnérables, notamment en Afrique, la pertinence de ces politiques et des informations qui les nourrissent constitue un enjeu de développement durable qui prend une nouvelle dimension avec la nécessité de relever le défi de l adaptation au changement climatique. En effet, il leur faut désormais non seulement disposer de services d avertissement précoce pour protéger les populations des phénomènes dangereux, mais également disposer de diagnostics et de prévisions météorologiques, saisonnières et climatiques pour anticiper les aléas à toutes les échelles d espace et de temps et prévenir les menaces qu ils font peser sur la sécurité alimentaire ou sanitaire des populations. Sur le terrain, la satisfaction de ces exigences suppose la mise en place et la pérennisation de capacités, la mobilisation d un savoir-faire scientifique de pointe, et des programmes de formation à l exploitation des connaissances et des capacités acquises. C est en s appuyant sur ce constat que les chefs d État et hauts responsables participant à la troisième Conférence mondiale sur le climat (CMC-3), organisée par l Organisation météorologique mondiale (OMM) du 31 août au 4 septembre 2009, ont adopté une déclaration appelant à la Participants à la 3 e conférence mondiale sur le climat. De gauche à droite : John Zillman, président du comité d organisation de la conférence, Kofi Annan, président du Forum humanitaire mondial, Michel Jarraud, secrétaire général de l OMM, Hans-Rudolph Merz, président de la Suisse.
39 L Afrique souffre d une couverture insuffisante en stations météorologiques. Aider les pays à s équiper est indispensable, non seulement pour leur développement propre, mais aussi pour une la connaissance générale de l évolution du climat. définition d un Cadre mondial pour les services climatiques (CMSC). L objectif est de rapprocher, par un dialogue renouvelé, le potentiel scientifique et technique actuel des besoins exprimés, pour développer la production des services climatiques nécessaires à l adaptation au changement climatique, et améliorer leur accès et leur utilisation, notamment par les pays les moins développés et les petits états insulaires. Météo-France contribue à la mise en place de ces services climatiques. L offre devra être aussi large que possible, harmonisée avec celle des autres services météorologiques, et prévoir un appui spécifique aux services météorologiques des pays les moins développés. C est dans cet esprit que Météo-France a maintenu et renforcé sa collaboration avec le centre africain de météorologie implanté au Niger, l Acmad (African Centre for Meteorological Applications for Development). Le développement d outils comme Drias (évoqué page 21) contribuera à cette démarche. Plus largement, la coopération entre services hydrométéorologiques sera essentielle à la mise en œuvre des politiques d adaptation au changement climatique.
0 2 1 5 40 L EXPERTISE DE MÉTÉO FRANCE DANS LE CADRE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE LA DIFFUSION DU CONCEPT DE VIGILANCE MÉTÉOROLOGIQUE Météo-France s attache à faire bénéficier les pays intéressés des acquis de sa propre réflexion sur la gestion et la prévention des risques. L objectif est le transfert de savoir-faire et la diffusion de bonnes pratiques, mais aussi l accompagnement d actions de développement de capacités soutenues par la France. Celles-ci peuvent être réalisées en particulier avec le concours de Meteo France International, la filiale de Météo-France chargée d industrialiser les systèmes de production d information météo-climatiques et de les adapter aux besoins locaux. Une des lignes d action est la diffusion, dans le cadre de l OMM, du concept de «vigilance» développé par Météo-France et la Direction de la sécurité civile après les tempêtes de 1999, et son adaptation aux aléas rencontrés sous d autres latitudes. Les systèmes d avertissement de ce type, destinés à la fois aux pouvoirs publics et à la population, constituent le coeur de la chaîne d alerte et permettent de faire travailler ensemble les météorologues et les décideurs publics. Considéré par l OMM comme un exemple, le système français a été retenu et adapté par de nombreux pays. Il a été présenté lors du «deuxième colloque d experts sur les systèmes d alerte précoce multi-dangers», organisé du 5 au 7 mai 2009 à Toulouse par l OMM et Météo-France, avec la participation de pays comme le Bangladesh, la Chine, Cuba, le Japon, l Afrique du Sud. Des ateliers de formation ont également été organisés par l OMM sur le même sujet, en Chine et en Croatie, avec la participation d experts de Météo-France. 2 e Colloque d'experts sur les systèmes d'alerte précoce multirisque à Toulouse le 5 mai 2009. Cyrille Honoré, directeur adjoint de la prévision de Météo-France, présente le système de vigilance.
41 MÉTÉO FRANCE, PARTENAIRE DES PROJETS D AIDE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE Météo-France a participé en 2009 à la définition de nouveaux projets financés par le Fonds français de l environnement mondial (FFEM) pour développer des capacités permettant au pays les moins développés de faire face aux impacts du changement climatique. Ainsi, Météo-France participe au projet Acclimate de renforcement des capacités des pays de la Commission de l océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice, Réunion, Seychelles), en apportant son savoir-faire sur l analyse des données climatiques et sur les cyclones tropicaux. Un atelier a été organisé à Maurice du 19 au 23 octobre avec les services météorologiques concernés, pour préciser la climatologie de la région. En Afrique, l établissement soutient le projet Vigirisk dont le FFEM a confié la maîtrise d ouvrage à l Acmad (African Centre for Meteorological Applications for Development, basé à Niamey), pour mettre en place des systèmes de vigilance adaptés à l aléa climatique et à la gestion des risques associés, en s appuyant sur la mise en réseau des capacités existantes. Météo-France apporte son savoir-faire dans la prévision des cyclones tropicaux. Dans l océan Indien, trajectoire du cyclone Gael analysée (noir) et prévue par diverses simulations du modèle Aladin-Réunion partant d instants initiaux différents (une couleur par instant initial).
0 2 1 5 42 L EXPERTISE DE MÉTÉO FRANCE DANS LE CADRE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE LA COOPÉRATION SCIENTIFIQUE ENTRE LES DEUX RIVES DE LA MÉDITERRANÉE La compréhension de la prévisibilité des phénomènes hydrométéorologiques extrêmes en Méditerranée est un enjeu pour les deux rives du bassin, vulnérables à des degrés variables. C est pourquoi Météo-France a engagé, en 2009, des discussions avec les services météorologiques du Maghreb sur leur possible participation à la campagne Hymex, prévue en 2012 comme une composante du «Chantier Méditerranée», dont l objectif est de faire progresser la connaissance dans ce domaine, en combinant des moyens expérimentaux et opérationnels (avions, satellites, navires, réseaux d observation météo-climatiques) et la simulation numérique. Les services météorologiques d Algérie et du Maroc ont donné leur accord de principe pour contribuer au déploiement d un réseau de stations GPS afin de mieux observer le champ d humidité sur l Afrique du Nord, et pour donner accès aux observations de leurs réseaux d observation. Le renforcement de la fréquence des radiosondages opérationnels est aussi envisagé. Des travaux de modélisation communs, exploitant le modèle Aladin de prévision du temps et des modèles de simulation des interactions entre l atmosphère et les surfaces continentales, devraient permettre le suivi du bilan hydrique des surfaces. Schéma conceptuel de la campagne Hymex, dont l objectif est une meilleure compréhension des phénomènes hydrométéorologiques extrêmes, et de leur évolution possible dans le contexte du changement climatique.
43 LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LA CONTINUITÉ DE L OBSERVATION DU CLIMAT La continuité des observations du niveau de la mer produites depuis 1992 par les satellites altimétriques Topex-Poséidon, Jason-1 et Jason-2 est indispensable à la surveillance du climat. Elle ne pouvait être assurée au-delà de 2013 sans une décision d engagement du programme Jason-3 proposé par Eumetsat, le Centre national d études spatiales (Cnes), l Administration américaine pour l aéronautique et l espace (Nasa) et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), avec le soutien de la Commission européenne. Météo-France, qui représente la France au sein d Eumetsat, s est mobilisé avec le Cnes et le Ministère de l Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), pour faire aboutir le processus de décision du programme optionnel Jason-3 d Eumetsat. Évolution du niveau moyen de la mer mesuré depuis janvier 1993 par les satellites altimétriques Topex/Poseidon, Jason-1 et Jason-2. Le taux d élévation moyen calculé sur dix-sept ans est de 3,3 (+/- 0,4) mm par an. (Source CLS-Legos-Cnes)