Guide. Le covoiturage à la clé



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Guide Le covoiturage à la clé

Sommaire Vous êtes : - une autorité organisatrice des transports urbains - une collectivité locale - un service de l Etat Cette brochure vous est destinée! POURQUOI FAVORISER LE COVOITURAGE? Les conséquences de l utilisation excessive de la voiture - La perte de mobilité - Un réel problème de santé publique - Conséquences sociales - Conséquences économiques - En conclusion - Définition du covoiturage Un contexte de plus en plus favorable - Une véritable reconnaissance légale - Une pratique encouragée par des organismes qui font autorité 3 4 5 COMMENT REUSSIR UNE POLITIQUE DE COVOITURAGE? Appréhender le sujet et le contexte - Maîtriser tous les aspects du concept - Contacter les responsables de projets en cours - Bien connaître le contexte local Sélectionner les mesures et les outils appropriés - Outils informatiques et télématiques - Outils de communication - Mesures incitatives vis à vis des usagers et/ou des organisateurs - Aménagement d infrastructures Bâtir une stratégie adaptée - Des objectifs clairs - Un partenariat actif entre le secteur public et le secteur privé - Des actions pragmatiques - Conclusion POUR EN SAVOIR PLUS - Les ouvrages - Les organismes 6 7 8 9 10 11 12 13

P O U R Q U O I? Pourquoi favoriser le covoiturage aujourdõhui? L automobile a envahi l espace urbain et façonné de nouveaux paysages. La multimotorisation des ménages et la croissance des zones périurbaines accentuent encore ce phénomène. L utilisation excessive de la voiture compromet la mobilité ellemême ainsi que l équilibre social, économique et écologique de l espace urbain. Dans le cadre de l élaboration des Plans de Déplacements Urbains, les Pouvoirs publics souhaitent redéfinir la place de l automobile en ville et cherchent à développer des pratiques alternatives à l usage individuel de la voiture. Les conséquences de l utilisation excessive de la voiture La perte de la mobilité! La congestion du ržseau routier a augmentž de 60 % en 10 ans, passant de 500 000 heures.kilom tres en 1985 ˆ 800 000 heures.kilom tres en 1996. (Rapport National de lõifenðedition 1999) Un réel problème de santé publique Trois Žtudes ŽpidŽmiologiques ržcentes (ERPURS pour la ržgion parisienne, RAMSES pour la ržgion strasbourgeoise et lõžtude dite des 9 villes) confirment quõil existe bien un lien ˆ court terme entre pollution atmosphžrique et santž. LÕintensitŽ du trafic automobile dans les zones urbaines p se aussi sur la sžcuritž routi re, le bruit, lõenvironnement ržgional et contribue ˆ lõeffet de serre. Certes, la mobilité est synonyme de liberté et chacun sait que la liberté n a pas de prix, mais hélas la liberté a ( ) un coût élevé que nous cherchons à cacher. Yves Martin, président de la section technique du Conseil général des Mines (Transports urbains n 87-1995) Retour sommaire 3

Conséquences sociales La prždominance des moyens de transport individuels contribue ˆ renforcer lõisolement de ceux qui en sont privžs : Ò ghetto sation Ó de certains quartiers, sentiment dõexclusion des plus Ò fragiles Ó : personnes gžes, handicapžs, ch meursé Vous êtes : - une autorité organisatrice des transports urbains - une collectivité locale - un service de l Etat Cette brochure vous est destinée! Conséquences économiques LÕautomobile cožte cher ˆ la collectivitž : construction et entretien du ržseau routier, subvention de lõetat au secteur automobile (Jupette, BaladuretteÉ). Mais ses exc s cožtent plus cher encore : - cožts des accidents de la route (1998 : 124 387 accidents, 8 918 tužs) et 168 535 blessžs dont 33 977 graves (Source : SŽcuritŽ Routi re) - cožts des travaux pour ržparer les atteintes ˆ lõenvironnement (ravalement des fa ades, nettoyage des monumentsé) ou pour pržvenir ses effets (Žcrans anti-bruité) - cožts de santž publique dus aux džc s pržmaturžs et aux maladies provoqužes par la pollution atmosphžrique. - faible rentabilitž et moindre attractivitž des transports publics de surface, dans les conditions de circulation actuelles. Sans compter le cožt, pour les entreprises, de lõimmobilisation dans les embouteillages. Si lõon prend comme crit re la durže supplžmentaire de trajet (en pžriode de saturation du trafic par rapport ˆ un trafic fluide), le cožt des encombrements est estimž ˆ 2 % du PIB, dont pratiquement les trois quarts sont imputables aux zones urbaines (ConfŽrence europženne des Ministres des transports - OCDE, 1993). En conclusion, la ville a su s adapter à l automobile, l automobile doit maintenant s adapter à la ville. Le covoiturage, utilisé de façon complémentaire aux transports en commun, peut rendre plus efficace et plus rentable le transport des personnes en voitures particulières mais aussi en transports collectifs. Définition Le terme covoiturage désigne l usage d une seule voiture par plusieurs personnes (2 minimum!) qui effectuent ensemble un même trajet. Le covoiturage en France, répond à des critères précis : - mode de transport privé, intermédiaire entre le transport collectif et le transport individuel, - mode de transport complémentaire des transports publics en dehors des horaires normaux ou dans les secteurs où ces derniers sont insuffisants. Il favorise l intermodalité en offrant aux automobilistes la possibilité de se regrouper dans un même véhicule pour se rendre de leur domicile à une gare ou un arrêt de bus (ou même d une gare au lieu de travail). On parle alors de covoiturage de rabattement. Le covoiturage permet de lutter efficacement contre les encombrements aux heures de pointe car il entraîne la hausse du taux d occupation des véhicules (inférieur à 1,3 dans la plupart des grandes villes françaises). Retour sommaire 4

Un contexte de plus en plus favorable Une véritable reconnaissance légale Dans le cadre de la loi sur lõair et lõutilisation rationnelle de lõžnergie, quatre des six orientations du plan de džplacements urbains portent sur : - la diminution du trafic automobile - le džveloppement des transports collectifs et des moyens de džplacement Žconomes et moins polluants - lõorganisation du stationnementé en privilžgiant les vžhicules peu polluants - lõencouragement des entreprises et des collectivitžs publiques pour favoriser le transport de leur personnel, notamment par lõutilisation des transports en commun et du covoiturage. Une pratique encouragée par des organismes qui font autorité Le GART (Groupement des AutoritŽs Responsables de Transport) soutient le covoiturage en tant que mode de džplacement complžmentaire des transports publics traditionnels : mžtro, RER, bus, tramwayé ˆ džvelopper en prioritž sur des secteurs mal desservis par les transports en commun, notamment sur les trajets de banlieue ˆ banlieue. Le GART sõest engagž dans la promotion des plans de džplacement dõentreprise, outil idžal pour organiser le covoiturage. La PrŽvention Routi re, la CNAM (Caisse Nationale dõassurance Maladie) et les compagnies dõassurance soutiennent le covoiturage pour la m me raison. Il contribue ˆ des trajets plus sžrs : - par la ržgulation de la circulation automobile en zone urbaine, - par un comportement gžnžralement plus prudent, - par une diminution de la fatigue et du stress, notamment quand les covoitureurs prennent leur vžhicule ˆ tour de r le. La circulaire du 17 aožt 1998 relative aux plans de circulation dõurgence, en cas de pointe de pollution, pržcise que les personnes pratiquant le covoiturage ˆ trois minimum peuvent continuer ˆ circuler dans la zone touchže par des restrictions de trafic. Retour sommaire 5

C O M M E N T? Comment ržussir une politique de covoiturage? Une méthodologie du covoiturage s appuyant sur des expériences récentes, en France et à l étranger, vient d être élaborée dans le cadre du projet européen ICARO (Increase of Car Occupancy) - voir en dernière page. Les stratégies mises au point, les moyens techniques qui ont été testés, sont transposables et adaptables aux projets français de plans de déplacements urbains. Appréhender le sujet et le contexte Maîtriser tous les aspects du concept Culturels. Les mždias sõen font ržguli rement lõžcho ˆ lõoccasion des sondages et enqu tes : aujourdõhui, les Fran ais veulent vivre dans Ò une ville plus verte, plus sžre, avec moins de voitures Ó (sondage CSA/Opinion, ržalisž en fžvrier 1999, pour le minist re des Transports et du Logement ˆ lõoccasion du džbat national Ò Habiter, se džplaceré vivre la ville! Ó) Institutionnels. LÕEtat fran ais sõest lancž dans une politique dõincitations (article 14 orientation 6 de la loi sur lõair et lõutilisation rationnelle de lõžnergie). Les acteurs de la vie politique, qui sõemploient ˆ institutionnaliser le covoiturage, devraient amener de nouvelles dispositions juridiques et fiscales. Pour exemple : la proposition de la džputže Nicole Bricq, džposže ˆ la Commission des Finances de lõassemblže Nationale en juin 98, visait ˆ Ò pržvoir une adaptation du Versement Transport pour soutenir les entreprises qui encouragent leurs employžs ˆ pratiquer le covoiturage Ó. Techniques. Les Ò outils Ó disponibles sur le marchž sont džcrits dans plusieurs Žtudes diffusžes par certaines Directions GŽnŽrales de la Commission EuropŽenne. Site internet de la commission europženne : http://europa.eu.int Retour sommaire 6

GRENOBLE A Grenoble, la pratique du covoiturage pourrait représenter un véritable ballon d oxygène pour la ville. Contacter les responsables des projets en cours (en France et en Europe) et aller voir sur le terrain comment fonctionnent ces diffžrents syst mes. Cette džmarche est tr s efficace pour Žvaluer les tenants et les aboutissants dõune politique de covoiturage. Bien connaître le contexte local - Faire le point sur lõžtat des lieux (topographie, džmographie, Žconomie locale), lõoffre de transports et la demande de džplacements. - Evaluer le marchž du covoiturage ˆ lõžchelon local au moyen dõenqu tes. - PrŽvoir les impacts sur le trafic urbain et lõenvironnement, ainsi que les cožts des structures de promotion du covoiturage (projets dõinfrastructures et/ou dõorganisation centralisže). - Identifier les motivations et les freins des entreprises ou des usagers pour en lever le maximum. Un bon exemple de démarche en cours, engagée par le groupe de travail Covoiturage et Autopartage, dans le cadre de l élaboration du PDU de Grenoble. Les enquêtes menées en 1998 indiquent que des actions complétées par une politique forte de sensibilisation en faveur du covoiturage et des modes alternatifs permettraient de retirer, chaque jour, 5 à 6000 véhicules de la circulation. Le Syndicat Mixte des Transports en Commun de l agglomération grenobloise envisage, dans la première phase du PDU, la création d une agence de mobilité pour la région urbaine. «Ce sera un travail de longue haleine que d inciter les gens au covoiturage, mais si ça marche, et je demeure optimiste, on découvrira que la formule a sans doute plus d avantages que d inconvénients» déclarait Monsieur André VALLINI, conseiller général de l Isère et maire de Tullins, un fervent supporter du projet (Le Dauphiné Libéré, octobre 1998). On distingue 3 formes de pratique Le covoiturage spontané se pratique entre membres de la famille, entre amis ou voisins pour des déplacements de caractère plutôt exceptionnel. Le covoiturage régulier pratiqué par les pendulaires (trajets domicile-travail ou domicile/études). Il concerne environ 5 % des trajets en entreprise et ce taux peut doubler quand il n y a pas de système de transport collectif organisé par l entreprise ou la municipalité. Le covoiturage de crise est une pratique spontanée ou qui peut être initiée par l employeur en cas de grèves des transports publics ou de mesures de restriction de la circulation. Retour sommaire 7

Sélectionner les mesures et les outils appropriés Outils informatiques et télématiques Le logiciel d appariement est la base de tout dispositif de covoiturage.il permet de mettre en contact les candidats inscrits sur la m me base de donnžes qui effectuent habituellement les m mes trajets aux m mes heures. Pour une entreprise ou une association, un logiciel de gestion de base de donnžes ou un tableur est suffisant. En revanche, pour gžrer une organisation centrale de covoiturage*, un programme spžcialement con u, interfacž avec une base de donnžes gžographiques, est ˆ pržvoir. Il permettra de procžder ˆ des calculs dõitinžraires (facilitant les regroupements sur le parcours et les changements de vžhicule en cours de route), de gžrer les džpannages et de faciliter les questions financi res entre cožquipiers. Un tel syst me repržsente un budget minimum de 150 000 F. * ou un groupement d entreprises, situées sur une même zone, qui souhaitent utiliser pour leurs personnels une base de données commune. Les outils télématiques servent essentiellement ˆ maintenir la communication entre covoitureurs (simple tžlžphone, minitel ou messagerie Žlectronique). Ces outils sont adaptés au soutien d une pratique régulière du covoiturage. En Belgique, la Centrale régionale de covoiturage de Bruxelles fonctionne avec la dernière version du logiciel Smartpool conçu par la société flamande Taxistop. Son S.I.G. (Système d Information Géographique) et sa base de données couvrent la Belgique tout entière permettant ainsi aux 15 000 candidats au covoiturage, de trouver facilement des partenaires pour partager en voiture leurs trajets quotidiens vers Bruxelles ou Anvers. Beau succès pour cette expérience, le taux d appariement des candidats est actuellement de 90 %! (ICARO 97/99) Chez Nestlé France, Ecovoiturage, le service de covoiturage du site de Noisiel (77) créé en février 1996, est maintenant disponible sur l intranet de l entreprise. Un petit plus qui contribue à maintenir l intérêt des collaborateurs pour ce service. Le chiffre des covoitureurs se maintient : ils sont environ 12 % à pratiquer régulièrement le covoiturage* explique Gérard Angel Responsable Environnement de Nestlé-France. * soit 120 personnes sur les 1000 qui se rendent quotidiennement en voiture sur leur lieu de travail. Outils de communication Pour ržussir une politique du covoiturage il est fondamental de communiquer : pour mobiliser les personnes ou les entreprises qui sont favorables ˆ cette pratique pour faire avancer lõidže chez les sceptiques pour informer sur le retour dõexpžrience et lõžvaluation de ce qui est mis en place Quels que soient les outils choisis (affichage, guides, ržunions dõinformationé), les initiateurs du projet doivent expliquer les džcisions prises puis inciter les automobilistes ˆ changer de comportement. Plusieurs niveaux de communication sont possibles selon les objectifs : Actions de sensibilisation pour informer lõopinion publique. En Angleterre par exemple, les Pouvoirs publics ont choisi de faire appel au civisme mais surtout au bon sens de leurs concitoyens : Ç Ne rien faire, ce nõest pas le bon Retour sommaire 8

choix! È ou encore Ç Abandonner sa voiture un jour par semaine, cõest ržduire le probl - me de 20 %! È. Si le covoiturage est organisž par lõintermždiaire de lõentreprise, celleci peut pr ter une voiture de service. Campagnes de communication pour lancer des opžrations de covoiturage. Des journžes-tests comme Ò En ville, sans ma voiture? Ó organisže par le minist re de lõamžnagement du territoire et de lõenvironnement depuis 1998 ou la Ò JournŽe Ruban Vert Ó organisže ˆ lõinitiative du Conseil GŽnŽral du Bas-Rhin, en novembre 1997, pour la ville de Strasbourg et ses environs. Actions de mobilisation en direction des partenaires potentiels (administrations, Chambres RŽgionales de Commerce et dõindustrie, entreprises, associationsé) Exemple ˆ suivre : celui donnž par deux membres du RŽseau des Agences RŽgionales pour lõenvironnement (RARE). Les agences de Paris et de Toulouse ont lancž des actions de communication pour mobiliser les employeurs de leur ržgion. La communication doit être omniprésente pour soutenir toutes les phases du projet. Mesures incitatives vis à vis des usagers et/ou des organisateurs La garantie de retour au domicile fait tomber lõune des principales ržticences ˆ la pratique du covoiturage et se ržv le peu cožteuse. Plusieurs procždžs peuvent tre envisagžs : Rechercher un Ò džpanneur Ó sur la base de donnžes en assouplissant les crit res (itinžraires et horaires). Recourir ˆ la solution transport en commun en offrant un titre de transport ˆ la personne qui se trouve Ò coincže sur le lieu de travail Ó. Passer un contrat avec une compagnie de taxis qui, ˆ un tarif avantageux, assurera le retour au domicile. La centrale de covoiturage de Bruxelles (ICARO 97/99) dispose d outils informatiques permettant la gestion du covoiturage à grande échelle. Les incitations financières prennent la forme de tarifs pržfžrentiels ou dõexonžration de paiement sur les autoroutes ou les parkings. LÕemployeur accorde parfois des indemnitžs financi res basžes sur le bar me fiscal des remboursements kilomžtriques. Plus fržquemment, il finance certaines opžrations dõentretien du vžhicule : contr les techniques, vidanges et m me lavageé L autoroute A14, concždže ˆ la SAPN (SociŽtŽ des Autoroutes Paris-Normandie) depuis 1996, a permis dõexpžrimenter un nouveau mode dõincitation au covoiturage. Cet ouvrage est la premi re autoroute urbaine ˆ pžage dõile-de- France. Le minist re de lõžquipement et des transports en a fixž les r gles : la gratuitž du passage est accordže ˆ toute voiture circulant avec trois personnes ˆ son bord, effectuant un aller-retour quotidien du lundi au vendredi. Le conducteur doit possžder une carte magnžtique džlivrže par le service commercial situž au pžage de Montesson. En 1998, un millier de personnes figuraient dans le fichier des covoitureurs et, en moyenne, 190 personnes profitaient quotidiennement de deux passages gratuits. Certains pays (Belgique, AngleterreÉ) ont instaurž un double dispositif de mesures incitatives et dissuasives : - pžnaliser les autosolistes* (parking payant sur le lieu de travail ou suppression dõindemnitžs kilomžtriquesé), - favoriser ceux qui ont un comportement Žcologique ; ils bžnžficieront dõacc s aux voies ržservžes au transport public, de places de parking gratuites, dõincitations financi res versžes par lõemployeuré * personnes circulant seules dans leur voiture Retour sommaire 9

Ces mesures représentent le meilleur moyen d assurer le succès du covoiturage elles sont autant dõavantages qui viennent compenser les contraintes ližes ˆ la pratique ržguli re du covoiturage. Aménagement d infrastructures Ces mesures, qui repržsentent des investissements lourds, doivent tre financžes et conduites par les Pouvoirs publics, lõetat ou les collectivitžs territoriales. Il existe trois types dõinfrastructures : Les aires de stationnement et d attentes (ou parcs de regroupement), si possible gardžes, sont con ues pour faciliter le regroupement physique des automobilistes. Quelques emplacements sont ržservžs aux covoitureurs en ville ou ˆ proximitž de grands axes routiers, voire dõžchangeurs autoroutiers. Le vžhicule doit tre identifiable (vignette apposže sur le pare-brise) pour obtenir des ržductions (ou la gratuitž) de pžage. Aux Pays-Bas, les efforts des pouvoirs publics ont portž sur lõamžnagement de parcs de stationnement ržservžs aux covoitureurs (6 000 places au total) ˆ des points stratžgiques du ržseau routier (p les dõžchange). Certains de ces sites offrent des services qui facilitent lõattente (carpool plus) : restauration rapide, pressing, ventes de journaux et bo te ˆ lettresé (ICARO 97/99). Les corridors ou voies réservées sont amžnagžs sur des axes importants (souvent des autoroutes), džlimitžs par des murets en bžton. LÕacc s y est assurž par des bretelles ržparties le long du parcours et ržservž aux Ò vžhicules fortement occupžs Ó (H.O.V. Lanes - High Occupancy Vehicles ). La politique tarifaire est Žtablie en fonction du taux dõoccupation, des horaires et de lõžtat du trafic. La formule a beaucoup de succ s sur les ržseaux des autoroutes urbaines amžricaines. En Europe, il existe un exemple de ce type dõouvrage ˆ Madrid. La voie réservée la plus longue d Europe (13 km) a ŽtŽ inaugurže, ˆ Madrid, en džcembre 1994. Le taux dõoccupation des vžhicules y a progressž de 1,3 ˆ 1,5 et m me 1,8 aux heures de pointe. Et les bus circulent mieux et sont donc plus fržquentžs. (ICARO 97/99) Les autoritžs espagnoles font actuellement des simulations informatiques pour mettre en service la premi re Ò 3+ Lane Ó* dõeurope! * Voie ržservže aux voitures avec au moins 3 passagers ˆ bord. Le carpool plus permet de garer sa voiture en toute sécurité, mais aussi de bénéficier de services complémentaires qui facilitent l attente. Les voies réservées en pleine agglomération, simplement matžrialisžes au sol, se situent sur des tron ons de route ou des ouvrages dõart (tunnel ou ponté). Elles sont ržservžes Ò au transport de groupe Ó : bus, covoiturage et vžhicules dõurgence. Retour sommaire 10

En Angleterre, les villes de Leeds et Bristol ont inaugurž en 1998 des Ò 2+ Lanes Ó : portions de voies publiques situžes en pleine agglomžration et affectžes, pendant les heures de pointe, aux covoitureurs, aux bus et aux vžhicules dõurgenceé Apr s quelques mois, les retombžes positives sont nombreuses : ržduction du trafic automobile, amžlioration du service des transports publics et hausse de la pratique du covoiturageé Bâtir une stratégie adaptée Bâtir une stratégie de covoiturage, c est être particulièrement vigilant sur les trois points suivants : Des objectifs clairs Ils peuvent aller dõune simple džmarche de sensibilisation ˆ la construction dõune politique ambitieuse comme lõa fait le gouvernement nžerlandais. L expérimentation de Leeds a été cofinancée par la commission européenne dans le cadres d ICARO. En France, quelques villes projettent, dans le cadre de lõžlaboration de scžnarios pour les P.D.U., des amžnagements de voies ržservžes (Strasbourg et Saint-Denis de la RŽunion) ou une tarification incitative pour les covoitureurs qui se garent sur les parkings situžs aux p les dõžchanges (Rouen). L aménagement d infrastructures incite au covoiturage sous toutes ses formes : spontané, régulier, de crise. En 1990, ce gouvernement sõest fixž comme objectif de ržduire de 20 %, avant la fin de la džcennie, lõutilisation de la voiture sur les trajets domicile-travail. En impliquant fortement les entreprises, il a obtenu des ržsultats encourageants (moins 14 % entre 1990 et 1996). Ces efforts devaient tre poursuivis pour parvenir ˆ atteindre lõobjectif. Un partenariat actif entre le secteur public et le secteur privé Une stratžgie de covoiturage implique de cržer le maximum de synergies entre le secteur privž et le secteur public. Le r le des Pouvoirs publics est primordial. Ils doivent cržer des conditions favorables au džveloppement du covoiturage : - en encadrant et sžcurisant la pratique du covoiturage, - en la popularisant par des campagnes de communication aupr s du grand public. Retour sommaire 11

Conclusion Le covoiturage, un mode de transport durable à ne pas négliger dans toute politique de gestion de la mobilité urbaine. La création de voies réservées est l une des mesures incitatives les plus efficaces. Ici, à Madrid (ICARO 97/99). Ils doivent Žgalement tre pr ts ˆ soutenir les efforts des employeurs (entreprises privžes ou administrations) et des associations dõusagers džcidžs ˆ promouvoir et ˆ organiser la pratique du covoiturage. Des actions pragmatiques CÕest ˆ lõžchelon ržgional et local que les projets ont le plus de chances dõaboutir, car il est nžcessaire de : Rester ˆ lõžcoute du terrain pour satisfaire la demande. M me si celle-ci est encore faible, elle peut jouer un r le important dans lõorganisation des džplacements. Avancer progressivement, en mettant dõabord en route des projets de taille modeste. Il permet d étendre le choix de modes de transport ; il est appelé à se développer dans les zones urbaines peu denses et mal desservies par les transports en commun (ou en dehors des horaires normaux de ces derniers). Il contribue efficacement à lutter contre les nuisances dues à l intensité du trafic automobile. C est une activité génératrice d emploi : gestion des centrales de mobilité, surveillance des parcs de stationnement, coordination des déplacements dans les entreprises A Toulouse, lõagence RŽgionale pour lõenvironnement a, dõune part, apportž son soutien ˆ une association (Les Covoitureurs) pour lõaider ˆ concevoir son syst me informatique et, dõautre part, fourni ˆ quelques entreprises, dont la socižtž Motorola, des outils de promotion du covoiturage. Mettre en place des syst mes souples et adaptables pour pouvoir les ajuster en permanence en fonction des ržsultats. Les outils dõžvaluation des ržsultats font, ˆ ce titre, partie intžgrante dõune politique de covoiturage. Retour sommaire 12

Les ouvrages Pour en savoir plus Automobiles pour la ville à l horizon 2010 Groupe de réflexion sur l automobile urbaine : Travaux coordonnés par Claude Lamure /Presse des Ponts & Chaussées (mai 99) Nouvelles gestions de l automobile urbaine : Partenariat avec le transport public Collection du CERTU - Transport & Mobilité (mai 99) Le covoiturage en Ile-de-France Rapport d étude de la Direction des Investissements du Syndicat des Transports Parisiens (Fév. 99) Le covoiturage in Predit Déplacements & Innovations G. Klerr-Blanchard Semaly (décembre 97) La Clef & le Contact Guide du Covoiturage publié par l ARENE Ile de France, diffusé par l IAURIF (octobre 97) Les systèmes de voitures à usage partagé : Libre service, Multipropriété, Carpool. Publication de l INRETS & de l INRIA Actes n 61 (Août 97) ICARO Programme européen de covoiturage (1997/99) Si vous souhaitez vous procurer le Guide ICARO : consultez le site web : www.boku.acat /verkehr/icaro Les organismes Ministère de l Aménagement du Territoire et de l Environnement 20, avenue de Ségur 75302 Paris SP 07 tél. : 01 42 19 20 21 http://www.environnement.gouv.fr Ministère de l Equipement, des Transports et du Logement Direction des Routes Grande Arche 92055 La Défense cedex tél. : 01 40 81 21 22 http://www.equipement.gouv.fr Les Délégations régionales de l Agence De l Environnement et de la Maîtrise de l Energie (ADEME) Les Directions Régionales de Environnement (DIREN) Les Directions Régionales de l Industrie, de la Recherche et de l Environnement (DRIRE) Les Directions Départementales de l Equipement (DDE) Les Centres d Etudes Techniques de l Equipement (CETE) Le Réseau des Agences Régionales de l Environnement (RARE) CERTU 9, rue Juliette Récamier 69456 LYON CEDEX 06 Tél. : 04 72 74 59 59 GART 17, rue Jean-Daudin 75015 PARIS Tél. : 01 40 56 30 60 INRETS 2, avenue du Général Malleret-Joinville 94114 ARCUEIL CEDEX Tél. : 01 47 40 70 00 Rédaction, E.T.C. Sylvie Terret-Hoffmann - Conception-réalisation, agence PÉGASE - Photos : ICARO & Lionel Amans/Ciric Retour sommaire 13