Rapport d études Etudes des spécificités du marché du SaaS en France Rapport de synthèse février 2013 Conception Caisse des Dépôts (Service communication DDTR) février 2013
Veille stratégique, conseil stratégique et marketing sur les métiers du numérique
Etude des spécificités du marché du SaaS en France Rapport de synthèse Février 2013
Passons à la vitesse Cloud! Au cœur de la transformation de l économie, l avènement du Cloud Computing représente a fortiori une véritable révolution pour notre industrie. Les indicateurs sont là qui en attestent : + 50% de croissance des revenus liés au SaaS des éditeurs français du Top 100 (source Global Software Leaders France) à mettre en perspective avec les 11% de croissance annuelle de l ensemble du Top 100 français. Mais cette révolution représente également un défi majeur pour chaque éditeur et pour l ensemble de l économie du numérique. Depuis 2010, sous l impulsion de ses adhérents, l AFDEL se mobilise évidemment pour relever ces défis : création d une commission interne sur le SaaS, lancement d un Cloud Services pour ses membres et contribution à l action des pouvoirs publics sous forme d ouvrage (feuille de route du Cloud Computing) et initiatives concrètes (relais des investissements d avenir). Dans la continuité de ces actions, la Caisse des Dépôts, que je remercie beaucoup pour son intérêt marqué pour le sujet, et l AFDEL, se sont associés pour décrypter cette filière SaaS française, en comprendre ses atouts, ses défis et ses opportunités. Cette étude a donc contribué de façon majeure à établir notre Feuille de route 2013 pour le SaaS/Logiciel destinée à accompagner le développement d une filière conquérante! Bonne lecture! Jamal Labed, président de l AFDEL
Sommaire Executive Summary... 3 Introduction... 5 Le «Cloud Computing», mythes et réalités... 7 Le Cloud Computing, les concepts théoriques... 7 Une définition du Cloud Computing... 7 Les caractéristiques du Cloud Computing... 8 Le Cloud Computing, services et usages... 9 Le Cloud Computing dans la pratique... 11 Vrai Cloud et faux Cloud... 11 Les promesses du SaaS... 13 Les freins à l adoption du SaaS... 14 Le SaaS et les nouveaux usages numériques... 17 Une définition du SaaS... 17 Une révolution pour les logiciels d entreprise... 19 Vers de nouveaux usages numériques pour les particuliers... 21 Le Cloud au service de la modernisation des services publics... 22 THEME 1 PANORAMA DES ACTEURS... 25 Le marché du SaaS en France... 27 L offre SaaS en France... 27 Le marché français... 27 La segmentation des offres... 29 Les acteurs du marché... 32 Les acteurs français... 32 Les concurrents étrangers... 34 Analyse des tendances... 35 Les tendances par segment et les segments stratégiques... 35 Les tendances à plus long terme... 46
Les nouvelles chaines de valeur du Cloud... 54 L écosystème Cloud, vers une nouvelle chaine de valeur... 55 Les acteurs du Cloud... 55 Les chaines de valeur du Cloud... 59 Vers une mutation des rôles... 62 La mutation des éditeurs vers le service... 62 Les hébergeurs et opérateurs acteurs clefs de la distribution... 63 Sociétés de services, l atout de la proximité client... 63 THEME 2 OPPORTUNITES ET MENACES POUR LES ACTEURS FRANÇAIS DU LOGICIEL... 67 Les modèles économiques du SaaS... 68 Le paradigme du modèle SaaS... 68 Indicateurs pertinents pour un éditeur SaaS... 68 Le modèle économique d un Pure Player SaaS... 70 Comparaison avec quelques éditeurs emblématiques... 73 Lecture fiscale... 75 Les logiques de distribution des solutions... 76 La transition des éditeurs traditionnels... 77 Quelle stratégie de transition?... 77 Quel modèle économique pour les acteurs en transition?... 78 Effet d entraînement des éditeurs sur l écosystème... 81 La transformation des acteurs... 83 Développer un savoir-faire SaaS autour des pure players... 83 Réussir la transition des éditeurs traditionnels... 87 Les intégrateurs, des spécialistes bien préparés... 92 Le rôle des opérateurs... 94 Le développement de la filière et ses impacts territoriaux... 96 L attractivité des territoires pour les éditeurs... 96 La stimulation du tissu économique local... 98 Les limites de l impact sur l emploi... 99
«Le Numérique est au carrefour des priorités de ce quinquennat. Cela fait 40 ans que nous vivons sous l emprise de la loi de Moore et que nous devons nous adapter à la convergence entre les télécommunications et l informatique, entre les supports et les usages, avec des modes de production des contenus de plus en plus décentralisés. Des secteurs entiers ont été bouleversés : la musique, les médias, le tourisme, d autres sont en mutation» Fleur Pellerin, discours du 4 juin 2012 sur la feuille de route numérique du gouvernement «Ne pas posséder en France ou en Europe une filière digne de ce nom reviendrait à se trouver demain complètement exclus d une nouvelle révolution industrielle. Les écosystèmes français et européen du logiciel se trouveraient [ ] dépendants, pour leur développement, des stratégies d autres acteurs.» Livre blanc de l AFDEL Cloud Computing, une feuille de route pour la France 1 Etude du marché SaaS en France 2012
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EXECUTIVE SUMMARY Le terme SaaS (Software-as-a-service) désigne la mise à disposition d un logiciel administré et configuré majoritairement par un fournisseur, et auquel l utilisateur accède directement via internet, sans se soucier des ressources informatiques correspondantes (1.1.3). Le SaaS représente aujourd hui la couche la plus mûre au sein du marché du Cloud Computing un marché en croissance rapide, avec 1,792 Md de chiffre d affaires prévu en 2015 pour le SaaS, contre 735M cette année (2.1.1). Cette étude s est appuyée sur des échanges avec un panel d éditeurs français, représentatifs des principaux segments du marché (2.2.1). En dehors des logiciels de gestion de l infrastructure, les domaines applicatifs les plus importants du SaaS en France sont actuellement (2.3.1) ceux de : la gestion de la relation client ; la gestion des ressources humaines et de la paie ; la comptabilité et la finance ; la gestion des achats. A plus long terme, d autres domaines fonctionnels présentent un potentiel d activité SaaS important, comme le jeu, la création d expérience consommateur, la santé, la culture, le PLM et la sémantique (2.3.2). L activité des éditeurs SaaS s inscrit dans une nouvelle chaîne de valeur, constituée autour de trois pôles (3.1) : le pôle logiciel, le pôle services et le pôle infrastructures. Les solutions SaaS se positionnent à la jonction des sphères logiciel et infrastructure. Dans cette chaine de valeur, l activité des différents intervenants s oriente vers la fourniture de services. Les éditeurs traditionnels et leurs partenaires intégrateurs, se trouvent directement concurrencés par les fournisseurs de solutions SaaS, qui sont en position d adresser directement les clients pour l ensemble des activités de déploiement des logiciels. La transition d un éditeur traditionnel vers le modèle SaaS est cependant complexe, tant sur le plan économique, qu opérationnel, car les différences entre les deux modèles sont très marquées. Le modèle économique d un éditeur SaaS est construit autour du principe de l abonnement. Il se distingue par des indicateurs adaptés (4.1.1.), comme le revenu mensuel récurrent signé, le taux de perte des clients, le résultat opérationnel, le coût d acquisition d un nouveau client ou encore la valeur 3 Etude du marché SaaS en France 2012 Cloud Computing, mythes et réalités
totale d un client sur son existence. D une manière générale, le modèle SaaS, de par l étalement des revenus, et l importance considérable des frais commerciaux, se distingue par une certaine difficulté à dégager des bénéfices immédiats (4.1.3) durant la phase de développement de l éditeur. Pour les éditeurs classiques, la transition vers ce modèle suppose pour eux un effort financier conséquent, sur une durée de 3 à 5 ans (4.2.2), lié à l investissement en R&D et à la baisse des revenus annuels. L avènement du SaaS entraîne des changements fondamentaux dans les équilibres entre les acteurs établis du marché logiciel (5.1). Dans les secteurs les plus dynamiques, comme le CRM ou la RH, l émergence des spécialistes SaaS remet en cause la suprématie d éditeurs traditionnels établis. Par ailleurs, le mode SaaS, permet au pure player de se lancer à la conquête de nouveaux marchés, y compris à l étranger, plus vite qu elles n auraient pu le faire en développant et distribuant une solution classique. Pour les éditeurs traditionnels, négliger les possibilités spécifiques du SaaS dans leur domaine reviendrait à risquer, à terme, une marginalisation ou un débordement technologique. Du point de vue territorial, les principaux critères d attractivité pour les activités SaaS (6.1) sont la qualité du réseau haut débit, la présence régionale de filières de formation adaptées, et, dans le cas des services aux organisations, la proximité des grandes métropoles. Bien qu il tende à faciliter l exportation, le SaaS ne représente donc pas une révolution pour la géographie économique. S il tend à stimuler, économiquement, les zones d implantation d un éditeur, cet effet est relativement limité, car l entreprise peut fonctionner avec une équipe relativement réduite, et n a pas besoin d infrastructures sur site. 4
INTRODUCTION Cette étude pilotée par la Caisse des Dépôts et Consignations est la première étude publique traitant du marché français du Cloud Computing et en particulier de sa branche logicielle. Elle a été réalisée en association avec le cabinet Deloitte Conseil et l Association Française des Editeurs de Logiciels et Solutions Internet (AFDEL). Un enjeu économique et territorial Le Cloud Computing en général, et le Software as a Service (SaaS) en particulier, représentent une mutation technologique majeure, dont la France ne peut négliger les opportunités et les conséquences en termes d emplois, de souveraineté industrielle comme d environnement. Istockphoto La ligne fixée par les autorités publiques est claire : elle consiste à lancer intelligemment et résolument nos forces économiques dans cette bataille, qui semble appelée à refondre en profondeur la chaîne de valeur, sur l ensemble de l économie de la connaissance. C est dans ce contexte que la Caisse des Dépôts et Consignations, forte de son action de long terme en faveur du développement économique territoriale, propose ici une première lecture du marché français, en vue de contribuer à la structuration d une filière logicielle française viable et pérenne à l heure du Cloud Computing. Au-delà d un simple panorama du secteur, cette étude vise donc à mieux appréhender la résultante future des mutations en cours sur l écosystème des acteurs du logiciel et sur les perspectives d aménagement et de développement du territoire français et à proposer aux pouvoirs publics un plan d action afin de soutenir le développement d une filière SaaS française. 5 Etude du marché SaaS en France 2012 Cloud Computing, mythes et réalités
Le point de vue de Deloitte Le Cloud Computing est bien plus qu un concept marketing omniprésent : en rendant accessible en tout lieu et à la demande, de nouveaux services numériques, il constitue une mutation technologique majeure, qui déplace les enjeux de l informatique de l infrastructure vers la gestion de l information et des connaissances. La conjoncture est favorable à une adoption progressive du Cloud et à la constitution d une filière industrielle : La crise économique incite les organisations à rationaliser leurs coûts en accélérant la transformation de la fonction IT La démocratisation du haut débit et de l internet mobile a entraîné une adoption massive des nouveaux usages numériques Le développement des services en ligne est amené à se généraliser au niveau des administrations publiques Les technologies de base utilisées sont désormais matures La croissance économique est portée, de plus en plus, par les entreprises du secteur des TIC La dématérialisation des ressources pourrait être une réponse aux enjeux du développement durable et de la protection environnementale L émergence du Cloud Computing voit s opérer une rupture dans l écosystème IT, aussi bien dans la sphère privée que professionnelle. Elle annonce une transformation des rapports aux services informatiques qui concerne les particuliers, comme les entreprises, PME et grands comptes, ou le secteur public. Elle est marquée par : La consommation de l informatique comme une commodité Le passage d une logique de propriété exclusive à un modèle de partage et de mutualisation Le développement de nouveaux usages, qui placent les services numériques au cœur du quotidien des consommateurs La montée en puissance de nouveaux acteurs, qui poussent les acteurs historiques à investir à leur tour le marché Le SaaS, en particulier, est déjà une réalité concrète pour diverses catégories d utilisateurs en témoigne le succès grandissant des services de messagerie et des réseaux sociaux auprès des particuliers, l essor du e- commerce dans nos habitudes de consommation et la généralisation des démarches d externalisation des services informatiques dans les entreprises. 6
Le «Cloud Computing», mythes et réalités Le Cloud Computing, ou «informatique en nuage», est en passe de transformer en profondeur notre rapport à l informatique. En passant d une logique matérielle à une logique de commodité, l informatique devient un simple service, que les entreprises et les particuliers consomment au gré de leurs besoins sans avoir à s équiper eux-mêmes des ressources nécessaires à leur fonctionnement. En permettant de s affranchir des contraintes matérielles, le Cloud Computing est également en train de démocratiser les services IT auprès d un plus grand nombre d utilisateurs, d entreprises et d administrations. Le Cloud Computing, les concepts théoriques Quelle définition pour le Cloud Computing? Le Cloud Computing est un nouveau paradigme pour le monde de l informatique, qui voit les usages se transformer radicalement en consacrant la consommation des solutions informatiques sous forme de services. Une définition du Cloud Computing Cloud computing is a model for enabling ubiquitous, convenient, on-demand network access to a shared pool of configurable computing resources (e.g., networks, servers, storage, applications, and services) that can be rapidly provisioned and released with minimal management effort or service provider interaction Le modèle du Cloud Computing annonce la consommation des ressources l informatique comme de simples commodités «Le Cloud Computing est un modèle proposant un ensemble de ressources partagées (réseaux, serveurs, stockage, applications et services numériques) accessible partout et à la demande à travers le réseau et qui peut être rapidement alloué et libéré avec un minimum de maintenance ou d interaction avec le fournisseur du service» La définition du Cloud Computing par le NIST (l équivalent états-unien de l Afnor) Le Cloud Computing désigne la fourniture de services numériques reposant sur les standards Internet et les technologies de virtualisation et permettant de s affranchir des contraintes matérielles. Ces services numériques peuvent être de différentes natures comme des services matériels ou d infrastructure (espace de stockage, puissance de calcul, ), 7 Etude du marché SaaS en France 2012 Panorama des acteurs
des services de plateforme (environnement de développement, base de données et serveurs d application, ) ou des services logiciels (applications logicielles pour les entreprises et les particuliers, ). Ces services sont mis à disposition en ligne et accessibles par Internet. Ils sont déployés sur des environnements totalement partagés et mutualisés entre tous les utilisateurs (Cloud Public) ou sur des environnements dédiés à une population de client limitée (Cloud Privé). Les caractéristiques du Cloud Computing Dans le modèle du Cloud Computing, le fournisseur du service Cloud opère l ensemble des systèmes et ressources informatiques mis en œuvre. En ce sens, la démarche Cloud complète les stratégies d externalisation suivie depuis plusieurs années par les entreprises pour la gestion de leur fonction informatique. Mais le Cloud Computing se distingue des solutions traditionnelles par 5 caractéristiques supplémentaires : L abstraction et la mutualisation des ressources matérielles et logicielles : grâce aux technologies de virtualisation, les solutions peuvent être déployées sur de multiples ressources matérielles partagées. De multiples serveurs distants peuvent ainsi être connectés pour ne former qu une seule ressource virtuelle plus puissante et performante. Mutualisation des ressources, élasticité, ubiquité des accès, souscription par abonnement et multilocativité de la solution sont les 5 caractéristiques majeures d un service L élasticité immédiate de l allocation des ressources en fonction des besoins : en cas de pic de charge, des ressources supplémentaires peuvent être allouées automatiquement au service Cloud afin de maintenir un niveau de performance optimal. De même, si le service est inutilisé, ces mêmes ressources sont automatiquement desallouées pour être mis à disposition d une autre application. L ubiquité des accès aux services ; à travers le réseau, les services deviennent accessibles partout dans le monde et sur tout type de plateformes (PC, smartphone, tablette, TV connectée, ). Les solutions Cloud accompagnent ainsi le développement des usages mobiles où le terminal de l utilisateur se transforme en point d accès à l information. Elles favorisent les pratiques ATAWAD : Any Time, Any Where, Any Device. Un mode de paiement flexible sous forme d abonnement privilégiant le paiement à l usage en fonction de la consommation réelle des services La dimension multi-locative, ou multi-tenancy, permettant le partage d une ressource entre plusieurs organisations tout en garantissant l étanchéité entre les environnements de chacune. 8
L architecture multi-tenant garantit une scalabilité optimale de la solution et la réduction efficace des coûts de maintenance Le rôle de l architecture multi-tenant L architecture multi-tenant est un point clef des solutions Cloud. Son principe est qu une même instance d un logiciel peut être utilisée de façon transparente et indépendante par plusieurs organisations. C est le cas par exemple d une solution de CRM pouvant être utilisée par plusieurs entreprises pour gérer chacune leurs processus de vente, chacune disposant d un environnement adapté à ses commerciaux, avec des fonctionnalités spécifiques, une interface utilisateur particulière, L architecture multi-tenant permet d opérer une réelle mutualisation des ressources, puisqu une même instance de la solution est partagée par l ensemble des clients. C est également la seule architecture qui permette de répondre aux enjeux de réduction des coûts pour les éditeurs, qui ne maintiennent donc plus qu une seule version de leur solution pour l ensemble de leurs clients. L adoption d une solution multi-tenant permet à l éditeur de concentrer ses ressources R&D sur le développement de nouvelles fonctionnalités et non plus sur la maintenance des différentes versions de sa solution. Le Cloud Computing, services et usages Parmi les différentes solutions proposées en mode Cloud, on distingue 3 types de services : La classification NIST répartit les services Cloud en 3 catégories : application (SaaS), plateforme (PaaS) et infrastructure (IaaS) Software-as-a-Service (SaaS) : mise à disposition d une application administrée et configurée majoritairement par un fournisseur. Ces applications peuvent être des logiciels métiers, à destination des entreprises ou des particuliers, mais aussi des solutions techniques à destination des DSI pour intégrer et administrer l ensemble de leur parc applicatif. Platform-as-a-Service (PaaS) : mise à disposition d un environnement logiciel de développement et d exécution utilisant les outils et langages mis à disposition par un fournisseur. Le PaaS fournit l ensemble des outils permettant de construire des applications, en ce sens il constitue un élément clef de l écosystème du SaaS permettant de garantir l interopérabilité des solutions. Infrastructure-as-a-Service (IaaS) : mise à disposition d une ressource matérielle virtualisée (serveur, stockage, réseau), gérée et administrée par un fournisseur. Le IaaS permet de disposer d une infrastructure matérielle complètement externalisée sans se soucier des contraintes d administration d un parc matériel. 9 Etude du marché SaaS en France 2012 Panorama des acteurs
Cloud public et Cloud privé Comme expliqué précédemment, le principe du Cloud est de mutualiser les ressources afin d optimiser leur utilisation. Cependant, en fonction du niveau d accessibilité du Cloud, on distingue 4 modalités d usage : Cloud public : environnement externe et mutualisé, accessible à toutes les organisations, hébergé et opéré totalement par le fournisseur du service Cloud privé / privatif 1 : environnement dédié et exploité par une seule organisation, hébergé à demeure chez le client ou à distance par le fournisseur Cloud Communautaire : environnement dédié et partagé au sein d une communauté ou d un regroupement d organisations, hébergé et opéré par le fournisseur Le Cloud Privé est privilégié par les entreprises souhaitant garder le contrôle de leur infrastructure. Cloud hybride : environnement mixte associant des infrastructures privées et publiques Différence entre Cloud Public, Cloud Privatif et Cloud Privé Critère Cloud Public Cloud Privatif Cloud Privé Environnement Environnement externe Environnement interne Possédé et opéré par le fournisseur ou hébergé dédié au client Multi-locatif Possédé par le client Utilisé uniquement par le client Flexibilité Oui Limitée Accessibilité Accès par un lien Accès interne ou par Accès par internet sécurisé depuis un lien sécurisé internet Elasticité Oui Limitée Paiement Souscription / facturation à l usage Souscription / facturation à l usage ou par projet Coût fixe Le Cloud Public offre ainsi la possibilité de mutualiser des ressources sans limite puisque celles-ci sont partagées par l ensemble des organisations clientes. Il privilégie l élasticité et la flexibilité pour les clients, à des tarifs plus attractifs. Cependant, ce partage des ressources entraîne une difficulté plus grande pour le fournisseur de garantir un niveau de service spécifique à certains clients. Le Cloud Privé repose sur le déploiement d une infrastructure entièrement dédiée à un seul client, mais dont les ressources sont par définition limitées. Cette architecture permet de conserver un niveau de contrôle plus important en termes de sécurité, de localisation des données ou de performance pour des applications critiques. Il reste la solution privilégiée pour les applications les plus critiques en termes de performances et de sécurité. 1 Cloud privatif : encore appelé Cloud Virtuel Privé 10
Ce type d infrastructure est plus coûteux qu un Cloud Public, car le client utilisateur doit supporter l ensemble des investissements nécessaires à sa construction. Afin de réduire ces coûts et de bénéficier de possibilité de mutualisation supérieure, il pourra s orienter vers une infrastructure hébergée chez un prestataire (mais qui lui reste dédiée), c est le modèle du Cloud Privatif ou partager son infrastructure avec des tiers de confiance au sein d un Cloud Communautaire. Le Cloud Computing dans la pratique Dans la pratique, la culture du service propre au Cloud s inscrit dans la continuité des usages propres aux solutions hébergées ou ASP 2. Toutefois, ces deux modèles sont différents et n impliquent pas les mêmes contraintes et bénéfices du côté des éditeurs. Vrai Cloud et faux Cloud Le Cloud devenant un argument incontournable de vente des logiciels, il règne parfois sur le marché un certain flou entre les solutions respectant les standards du Cloud et les solutions hébergées, qui offrent un service similaire du point de vue du client final. Distinguer les solutions Cloud Une solution Cloud, au sens strict du terme, doit respecter les 5 caractéristiques décrites précédemment. Dans les faits, ces caractéristiques peuvent se traduire par les critères d acceptance suivants. Critères d acceptance d une solution Cloud Caractéristique Critère d acceptance Critère d exclusion Mutualisation des Infrastructure de stockage et de Infrastructure non distribuée ressources calcul partagée et distribuée / Grid Computing Infrastructure non virtualisée Virtualisation Accessibilité Disponibilité via internet, en tout lieu, sur de multiples plateformes Pas d accès distant Protocole d accès spécifique Obligation d utiliser un client lourd Elasticité immédiate Allocation dynamique des Attribution fixe des ressources ressources Mesure de la consommation des ressources Provisionning en temps réel Paiement Plan de paiement flexible Plan de paiement fixe Souscription Multitenancy Une instance partagée par plusieurs environnements clients Une instance spécifique par client L architecture multi-tenant est une caractéristique majeure des solutions Cloud et s avère essentiel pour assurer la rentabilité du modèle économique d un éditeur. Cependant, du point de vue du client, elle n est une obligation, dans la mesure où le service rendu au client est le même quelle que soit l instance de la solution à laquelle il se connecte. 2 ASP: Application Service Provider, en français fournisseur d applications en ligne ou fournisseur d applications hébergées 11 Etude du marché SaaS en France 2012 Panorama des acteurs
Une solution hébergée n est pas une solution Cloud Par rapport à une solution hébergée, une solution Cloud apporte un niveau de flexibilité supérieur à l usage, mais des possibilités de customisation plus restreintes. Le tableau ci-dessous liste les différences fondamentales entre le Cloud et l hébergement traditionnel. Différence entre modèle Cloud et modèle hébergé Critère Cloud Hébergement traditionnel Environnement Environnement mutualisé Environnement dédié Flexibilité Customisation minimale Maintenance réduite Forte flexibilité Customisation extrême Forte maintenance Flexibilité réduite Accessibilité Disponibilité via internet, en tout lieu, sur de multiples plateformes Disponibilité via un lien sécurisé (VPN) Elasticité Paiement Multitenancy Allocation / désallocation des ressources en fonction des besoins Faible coût initial, paiement à l usage Environnement supportant la multi-instanciation (1 environnement pour plusieurs clients) Ressources allouées de façon fixe et nécessitant une mise à jour pour s adapter à une nouvelle demande. Coût initial fixe et plan de paiement fixe Environnement mono-instance (1 environnement par client) mais peut convenir à certains usages Les solutions hébergées ne satisfont pas à l ensemble des critères d acceptance du Cloud, en particulier pour le multitenancy. Cette architecture a un réel avantage du point de vue d un éditeur. En utilisant une seule instance de sa solution pour l ensemble de ces clients, il peut d une part : Limiter le nombre de plateforme à exploiter Ne maintenir qu une seule version de sa solution Le mode hébergé permet au mieux de virtualiser les infrastructures, mais sans garantir la scalabilité des solutions, puisqu il faut toujours déployer une instance par client. L architecture multi-tenant permet également de s adapter facilement à la montée en charge du système et de garantir sa scalabilité 3. L augmentation du nombre d utilisateurs sera absorbée, en allouant automatiquement des ressources matérielles supplémentaires à la solution. Une architecture mono-tenant ne peut pas garantir la même élasticité. Une même instance ne peut gérer qu un nombre limité d utilisateurs et une situation de montée en charge nécessite de déployer des instances supplémentaires. Cette architecture ne peut donc être utilisée que dans des situations où le nombre de client est limité et où la rapidité de déploiement n est pas un facteur de choix déterminant. 3 Le terme anglais scalability désigne la capacité d une solution à s adapter à une situation de montée en charge. 12
Les promesses du SaaS Parmi les services de Cloud Computing, le SaaS est celui qui séduit le plus les entreprises. Alors que son modèle parait particulièrement adapté à l équipement des PME, ce sont les grands comptes qui se montrent le plus opportunistes sur ces solutions, souvent sur des périmètres fonctionnels bien délimités. Les raisons de l adoption du SaaS peuvent être résumées en quatre points : L optimisation des investissements et le contrôle des dépenses opérationnelles via le mode de paiement par souscription Le Cloud Computing marque une nouvelle étape dans l outsourcing du système d information Le mode de facturation des solutions Cloud contribue à améliorer le retour sur investissement des dépenses TIC en déplaçant les dépenses d investissement (CapEx) vers les dépenses d exploitation (OpEx). Par ailleurs, le client peut interrompre à tout moment son abonnement et ainsi limiter ses engagements financiers sur le long terme. La réduction des coûts de déploiement et de migration La standardisation des solutions permet de réduire les coûts de construction et de paramétrage. Par ailleurs, la maintenance transparente de la solution permet d éviter les projets coûteux de migration lors des montées de version. Le Cloud peut donc être considéré comme une nouvelle étape pour l outsourcing avec l avantage d accéder à des nouvelles technologies à un moindre coût. La flexibilité et l agilité des solutions, en termes de rapidité de déploiement, de facilité d usage, de mobilité et d élasticité La mise en service rapide des solutions métiers permet d améliorer la réactivité des entreprises lors de l adoption d un processus innovant. Les capacités de provisionning dynamique des infrastructures Cloud permettent de déployer rapidement la solution et d équiper à moindre frais de nouvelles entités d une entreprise. L essor des offres PaaS offre également de nouvelles perspectives aux entreprises en leur donnant la capacité de construire leurs propres applications SaaS, répondant en cela aux besoins de customisation plus poussés pour certains cas d utilisation. La réduction des coûts n est pas le seul argument pour basculer vers le Cloud La «liberté retrouvée» des métiers et la concentration des forces de l entreprise sur son cœur de métier La barrière de l intégration disparaissant, le choix des solutions Cloud est piloté par les directions métiers, qui s affranchissent de la conduite d un lourd projet informatique. Par ailleurs, le déplacement des opérations de maintenance et d administration du côté du fournisseur du service permet à l entreprise de concentrer les efforts de ses ressources sur ses activités opérationnelles. 13 Etude du marché SaaS en France 2012 Panorama des acteurs