MIEUX PRENDRE EN COMPTE LE TABAC DANS LES CONSULTATIONS JEUNES CONSOMMATEURS (CJC): LE PROJET D UN KIT PRATIQUE Colloque «Vers un monde sans tabac» 29 mai 2015 Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes Cynthia Benkhoucha Chargée de projet Fédération Addiction c.benkhoucha@federationaddiction.fr
Le tabac, une préoccupation de santé publique chez les jeunes Précocité de l usage = sévérité de la dépendanceau tabac (Landoet coll., 1999) le tabagisme à l adolescence est associé au développement ultérieur d autres dépendances(golub et Johnson, 2001 ; Brook et coll., 2002) Le collège = période de forte initiation et un temps où les premières consommations régulières s installent (HBSC 2010) Niveau d expérimentation élevé : 68,4% des jeunes de 17 ans ont déjà fumé une cigarette (ESCAPAD 2014) Progression des usages quotidiens et mensuels chez les jeunes de 17 ans (respectivement 32,4% et 43,8% des jeunes de 17 ans en 2014) (source ESCAPAD 2014) 37% d usagers quotidiens chez les 18-25 ans (42% H et 31% F) (source: baromètre santé Inpes) Les spécificités du produit tabac : état de conscience non altéré, accessible et banalisé, une réponse à portée de main face à l angoisse et au manque, hautement addictif
Les CJC : un rôle à jouer dans la prévention, la RDR et l aide à l arrêt du tabac des jeunes Plusonagittôtsurlatabagisme,plusilestfaciled arrêter La quasi-totalité des jeunes reçus en CJC fument dont 80% quotidiennement (source: enquête CJC OFDT 2014) Les jeunes (15-24 ans) sont les plus nombreux à tenter d arrêter + tentatives en hausse(54%)(source: baromètre santé Inpes 2014) La CJC : une mission d intervention précoce à l interface de la prévention et du soin (circulaire CSAPA 2008, plan gouvernemental 2013-2017, guide sur les pratiques professionnelles en CJC ) Un dispositif«toutes addictions» Une expertise clinique de l adolescence mais une marge de progression importante dans la prise en compte du tabac par les professionnels des CJC UN PROJET EN PARTENARIAT AVEC LE RESPADD ET SOUTENU PAR L INCA POUR AMÉLIORER LA PRISE EN COMPTE DU TABAC EN CJC
FINALITÉS ET OBJECTIFS DU PROJET CONTRIBUER À LA DIMINUTION DE LA CONSOMMATION DE TABAC CHEZ LES JEUNES EN AUGMENTANT L IMPLICATION DES PROFESSIONNELS DES CJC SUR LES USAGES DE TABAC EN RENFORÇANT LE LIEN AVEC LE PREMIER RECOURS Phase I : Identifier le niveau d intégration de la problématique du tabac dans les pratiques professionnelles des CJC, les freins et les leviers associés Phase II : Adapter et modéliser des principes d actions et outils d aide à la pratique pour les intervenants spécialisés en addictologie Phase III: Diffuser, accompagner ces recommandations et Evaluer l action
Phase I du projet : méthode et bilan Un questionnaire «Jeunes et tabac» à l attention des professionnels diffusé dans toutes les CJC (N = 87, 31% des structures) Des entretiens collectifs -3 groupes organisés sur NPDC, Rhône-Alpes, Ile de France - Un total de 17 structures représentées
Le tabac fréquemment abordé par les professionnels Le tabac, une demande rare en première intention (6,9% de assez souvent à très souvent) Mais abordé par 8 répondants sur 10 Lorsqu un usage est repéré, il est évalué dans près de 7 cas sur 10 Aide à l arrêt proposée par 56,5% des répondants
mais une prise en compte du tabac jugée insatisfaisante par 61,5% des répondants Des professionnels démunis? Quels sont leurs besoins?
Marges principales de progression approuvées par les répondants Formation à la prise en charge du tabac (56,3% des répondants) Meilleure visibilité de la CJC sur la question du tabac (56,3%) Elaboration de supports à destination des jeunes et des familles (45%) Renforcer l intérêt des professionnels (38%)
Le tabagisme : pénalisé d être perçu comme une addiction «pas comme les autres»? Pas une priorité, pas de demande Pour les addictologues des CJC : une affaire de «spécialiste»= sans formation, on ne sait pas faire
Bilan (non exhaustif) des entretiens collectifs Freins Manque de connaissance qui inhibe l action Une forte ambivalence : banalisationet conscience du problème Crise de légitimité/crédibilitéchez les intervenants fumeurs Place du tabac au sein des structures qui interroge Une prise en charge perçue comme très médicalisée (=on ne sait/peut pas faire) Crainte de susciter un appel d air banalisation chez les professionnels de 1 er recours et chez les parents (surtout s ils fument ) Leviers Le tabac, un «outil» pour entrée en relationavec les jeunes et parler des autres consommations Ported entrée dans les établissements scolaires : plus facile de faire des stands tabac que sur les autres produits Approche similaire aux autres produits (repérage, évaluation, accompagnement ) Une envie forte de s interroger et d avancer des professionnels rencontrés
Quelques enjeux qui se dégagent Faire que le tabac soit pris en compte comme les autres produits par les CJC Déconstruire les représentations Rassurer les professionnels : ils sont aptes à agir sur le fonctionnement addictif et ont donc un rôle à jouer sur les consommations de tabac Clarifier l intention du repérage et de l évaluation Informer sur la palette d outils d évaluation et les options thérapeutiques, leurs avantages et leurs limites Focus nécessaire sur la réduction des risques : la RDR tabac, c est quoi? Place de la e-cigarette? Sensibiliser aux autres modes de consommation du tabac : chicha, snus
Autre dimension à prendre en compte : impliquer les acteurs de 1 ère ligne et les pairs Ils sont les mieux placés pour le repérage La prise en compte du tabac chez les jeunes est une responsabilité collective Prise en compte dans le kit du point de vue des jeunes (FARES, DaAdd-Plan B, FAGE )
Prochaines étapes 1. Rédaction et publication du kit pratique 2. Communication et accompagnement des 2. Communication et accompagnement des structures à son appropriation
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