Idéopolis : Le travail en mouvement Les travailleurs canadiens sont de plus en plus mobiles en 2014. Nous sommes plus nombreux à changer d emploi, de carrière et même de province pour le travail. Il s avère que le changement est une des conditions de la réussite à long terme. Le travailleur moyen occupe un plus grand nombre d emplois qu avant En analysant l historique de travail de plus de 7 000 000 de profils de travailleurs présents dans la banque de CV de Workopolis, nous constatons qu un changement s opère depuis le début des années 90. Plus tôt cette année, nous constations que le changement était devenu la norme : 51 % des travailleurs occupent un même emploi pendant moins de deux ans. Plusieurs commentateurs ont voulu savoir s il s agissait d un phénomène générationnel et dans quelle mesure ce phénomène variait selon le groupe d âge. Eh bien, les travailleurs de la génération X occupent un emploi environ 20 % plus longtemps que ceux de la génération Y. Les travailleurs qui ont terminé leurs études postsecondaires en 1992, c.-à-d. les membres de la génération X, ont occupé 3,2 emplois après 12 ans sur le marché du travail et ils ont occupé chacun de ces emplois pendant 41 mois (3,4 ans) en moyenne. Une décennie plus tard, les travailleurs de la génération Y, c.-à-d. ceux qui ont terminé leurs études postsecondaires en 2002, ont occupé 3,9 emplois au cours des 12 dernières années, conservant chaque emploi pendant 32,5 mois (2,7 ans) en moyenne. Les «Y» ont donc changé d emploi 22 % plus souvent que les «X» après 12 ans sur le marché du travail. À titre de comparaison, les deux-tiers des baby-boomers ont franchi le cap de la cinquantaine dans un emploi qu ils occupaient depuis au moins 12 ans! En fait, plus de la moitié des «boomers» occupent le même emploi depuis plus de 20 ans. Si la tendance se maintient, les Canadiens peuvent s attendre à occuper environ 15 emplois au cours de leur carrière. Nous avons mené un sondage auprès de 4 000 travailleurs en septembre et octobre derniers seulement 6 % d entre eux ont occupé un seul emploi depuis le début de leur carrière, tandis que 16 % affirment avoir déjà eu plus de dix emplois.
Combien d emplois avez-vous occupés jusqu à présent? 1 6% 2 8% 3 14% 4 15% 5 13% De 6 à 10 28% Plus de 10 16% Ce qui surprend dans cette analyse, c est que ces changements d emploi fréquents semblent être devenus nécessaires pour une majorité de travailleurs. Les travailleurs changent d emploi par nécessité Pour gravir les échelons, il faut maintenant changer d entreprise. En effet, pour une majorité de travailleurs, il est devenu normal d occuper un emploi pendant deux à trois ans avant de changer d entreprise. Il s agit souvent du seul moyen d obtenir une promotion. Paradoxalement, lorsque nous avons demandé aux travailleurs canadiens ce qui leur importait le plus lorsqu ils se cherchaient un nouvel emploi, outre le salaire, les avantages sociaux et l emplacement, la réponse la plus fréquente fut «les possibilités d avancement». Notre analyse des historiques de travail contenus dans la banque de CV de Workopolis nous permet de constater que dans 88,5% des cas, les travailleurs ont dû changer d entreprise pour obtenir un poste comportant des responsabilités plus importantes. Seulement 11,5 % sont parvenus à obtenir une promotion (vers un poste de superviseur ou de niveau supérieur) au sein de la même entreprise. Il s agit d une tendance qui s alourdit. De 1990 à 2004, 15 % des travailleurs parvenaient à obtenir une promotion au sein de la même entreprise. Au cours des cinq dernières années, seulement 9,4 % ont été promus. Si un employeur n offre pas à ses employés la possibilité de croître, les travailleurs iront voir ailleurs. Ces derniers sont prêts à quitter pour faire avancer leur carrière. Fait à noter, la situation est différente dans les échelons supérieurs. Un cadre supérieur a 50 % plus de chances d obtenir une promotion au sein de la même entreprise. Notons également que les travailleurs en ressources humaines, les travailleurs des métiers spécialisés et les travailleurs du secteur de l énergie ont de meilleures chances d obtenir une promotion sans devoir changer d employeur. Quant à eux, les travailleurs des métiers spécialisés, des arts et médias et des soins de santé ont les moins bonnes chances d être promus.
Les employeurs préfèrent le neuf La majorité des employeurs sondés nous ont dit qu ils n avaient pas de plan de relève et que si un dirigeant clé devait quitter subitement, ils iraient probablement à l extérieur pour trouver un remplaçant. 40% des employeurs affirment qu ils agiraient de la sorte parce qu aucun employé actuel n est suffisamment qualifié. La gazon semble toujours plus vert chez le voisin; c est souvent ce qui vous empêche d obtenir la promotion tant convoitée. Sans surprise, les employés qui parviennent à convaincre leur employeur qu ils ont ce qu il faut pour passer au niveau supérieur sont ceux qui connaissent le plus de succès au cours de leur carrière. Ils progressent plus rapidement et plus loin que les travailleurs qui doivent faire un pas de côté pour faire un pas en avant. Un employeur qui accepte de promouvoir ses employés jouit d une plus grande loyauté de la part de ces derniers. Un employé promu par son employeur travaille en moyenne 7,5 ans chez cet employeur, c.-à-d. deux fois plus longtemps que la moyenne. Combien de temps pour gravir les échelons? Il faut compter en moyenne 12 ans pour passer d un poste débutant à un poste de superviseur ou supérieur. Dans l intervalle, le travailleur moyen occupera quatre ou cinq emplois et il portera quatre titres d emploi différents. Les titres d emploi les plus fréquents chez les travailleurs ayant gravi les plus hauts échelons de leur industrie sont les suivants : conseiller/consultant, vente, service à la clientèle, et adjoint administratif/adjoint à la direction, ce qui semble indiquer que les relations avec les clients et les aptitudes à la résolution de problèmes comptent parmi les ingrédients clés de la réussite. Fait intéressant, les travailleurs qui débutent leur carrière en tant qu adjoint à la direction sont beaucoup plus nombreux à démarrer une entreprise en cours de route. Il leur faut environ 15 ans pour passer de simple employé à patron de leur propre entreprise. Déménager pour le travail Les Canadiens sont de plus en plus enclins à déménager pour le travail. De 1990 à 2004, 12 % des travailleurs ayant un profil sur Workopolis ont changé de province pour le travail. De 2005 à 2009, 13,5 % ont fait de même. Cette tendance à la hausse s est maintenue de 2010 à 2014, alors que 16,5 % déménageaient à l extérieur de leur province pour le travail. Les déménagements hors province sont donc 21 % plus fréquents qu il y a 10 ans, et presque 30 % plus fréquents qu il y a 20 ans.. Déménager, c est payant! Les travailleurs ayant obtenu une promotion au sein de leur entreprise sont également 46 % plus nombreux à avoir déménagé pour le travail.
Réorientation professionnelle Les Canadiens sont également plus nombreux à changer de carrière, pas seulement d emploi. Nous avons demandé à 4 500 d entre eux : Combien de fois avez-vous changé de carrière? 1 24% 2 35% 3 24% 4 9% 5+ 8% La grande majorité, soit 76%, a changé de carrière au moins deux fois. Les raisons les plus fréquemment mentionnées sont la découverte d un nouveau domaine passionnant (35 %), l ennui/le désillusionnement (24 %) et les obstacles tels que l absence de possibilités d avancement, les coupures et les mises à pied (19 %). La plupart des Canadiens ne croient pas leur carrière sera linéaire. Lorsqu on a sondé plus d un millier de travailleurs, 73 % d entre eux nous ont dit ne pas s attendre à exercer la même profession toute leur vie. Sachant cela, il n est pas surprenant de constater que les Canadiens hésitent de moins en moins avant de changer d emploi. Une réorientation professionnelle n est pas aussi angoissante qu elle pouvait l être par le passé, et une carrière est perçue plutôt comme la succession des différents emplois et domaines dans lesquels les travailleurs ont œuvré au fil des ans. Il semble que les travailleurs ne se posent plus les mêmes questions qu avant. Plutôt que d emprunter un chemin tracé d avance, ceux-ci sont davantages prêts à considérer d autres avenues et à acquérir d autres compétences. Ils recherchent la variété et ils veulent se perfectionner par la même occasion. En somme, le changement est devenu est des ingrédients de base du progrès. Conclusion En 2014, la changement est devenu la norme. Il faut accepter le changement pour assurer sa survie sur le marché du travail. Dans l avenir, les travailleurs peuvent s attendre à changer d emploi beaucoup plus souvent que les générations précédentes. Les travailleurs qui connaitront le plus de succès seront ceux qui accueilleront le changement à bras ouverts, soit en changeant d emploi, de carrière ou encore de province. Cette réceptivité au changement augmentera les chances de ces travailleurs d obtenir les promotions qu ils convoitent.
Cela dit, les employeurs peuvent conserver les meilleurs talents s ils donnent l occasion à leurs employés de croître au sein de leur entreprise. Pour plus de renseignements et de statistiques sur le marché canadien de l emploi, visitez http://www.workopolis.com/recherche.