Discours d Edouard PHILIPPE, Maire du Havre et Député de la Seine-Maritime Vœux aux Associations

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Transcription:

www.lehavre.fr Discours d Edouard PHILIPPE, Maire du Havre et Député de la Seine-Maritime Vœux aux Associations Mesdames et Messieurs les parlementaires, Monsieur le Président du Conseil Régional, Mesdames et Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les très nombreux Présidents des Associations, Mesdames et Messieurs. Samedi 10 janvier 2015 Il y a quelques jours et jusqu à hier des événements tragiques sont survenus dans notre pays et 17 Français ont perdu la vie dans des conditions presque inimaginables, ce qui a conduit le Président de la République à décréter un deuil national de 3 jours. C est ce qui explique le fait que quand vous êtes entrés dans cette mairie vous avez dû passer sous un drapeau qui était en berne, signe de deuil. Et je vous propose à la mémoire de ceux qui sont tombés, d observer une minute de silence. ( ) Je vous remercie. S exprimer après une minute de silence et s exprimer dans des conditions qui sont celles que nous connaissons depuis quelques jours est un exercice curieux. Célébrer des vœux dans un hôtel de ville en se réjouissant des perspectives qu offre l année, en se souhaitant à tous une belle année, en buvant un verre de champagne peut sembler terriblement déplacé alors que notre pays connait un deuil national. Et je dois avoir l honnêteté de dire que nous nous posons la question depuis mercredi soir de savoir si ce qui avait été prévu, ce qui avait été programmé devait être tenu. Si l inauguration mercredi soir du Volcan et les cérémonies de vœux qui tous les jours s égrènent devaient être conservées comptetenu des événements. Nous nous sommes posés la question bien entendu, mais n avons pas mis trop longtemps à trancher et à répondre à cette question car il nous est apparu que ce que les terroristes voulaient causer dans notre pays c était justement ça, la terreur, la peur, le sentiment que nous aurions plus à risquer en étant ensemble qu en s atomisant chacun de notre côté. Et il nous est apparu que ce n était pas la seule réponse qu il fallait donner, que ce n était même pas la plus importante, mais que maintenir les événements et les cérémonies telles qu elles avaient été envisagées pour montrer que nous étions heureux de nous retrouver et que nous envisagions l année 2015 le plus sereinement possible était au fond un début de réponse. Je suis donc évidemment très heureux de vous accueillir et peut-être, encore plus que chaque année, heureux de vous accueillir ici. (Seul le prononcé fait foi) -10 janvier 2015 /// 1

Néanmoins je me vois mal expliquer et égrener au fil d un discours que j aurai préparé les raisons que nous aurions de nous réjouir de l année 2014 parce que nous aurions réalisé tel ou tel projet, parce que tel ou tel politique publique ou grand travaux auraient pu être mené à son terme. Difficile également d expliquer de façon presque désinvolte tout ce que nous allons faire en 2015. Et pourtant, il va se passer beaucoup de choses en 2015. Plutôt que de vous parler de ça, plutôt que de faire cette liste, je voudrais insister sur quelques éléments simples. Et je ne le fais pas par hasard ici et devant vous. Le premier élément sur lequel je voudrai dire un mot, c est de dire que dans notre pays il y a trois jours, puis avant-hier puis hier, quelque chose a été attaqué, délibérément et avec une brutalité inouïe. Ce quelque chose, ce ne sont pas simplement des journalistes, même si ce sont avant tout des journalistes, ce ne sont pas non plus deux puis trois agents de police nationale et municipale, même si c est eux qui ont été victimes de cette brutalité. Ce qui a été attaqué depuis mercredi matin, c est nous. C est ce que nous sommes, c est notre pays dans ce qu il a de plus précieux, dans ce qu il a de central, c'est-à-dire sa liberté. La liberté de la presse bien entendu, essentielle, mais plus fondamentalement encore la liberté de penser, la liberté de s exprimer, la liberté d expression, la liberté avec un grand L. Qui sont des libertés individuelles mais qui au fonds sont la liberté politique au sens où c est celle qui nous permet de vivre ensemble en liberté dans notre société. Et c est ça qui a été attaqué, délibérément. Ça n est pas un hasard, ça n est pas un accident, ce n est pas une bombe qu on aurait placé à l improviste. C est une attaque contre la liberté, c est à dire le fondement de notre démocratie, de ce que nous sommes. De ce que nous tenons souvent pour acquis, parce que ça fait bien longtemps qu on n a pas eu à se battre pour la démocratie dans notre pays, se battre vraiment, et donc nous le tenons pour acquis. Et pourtant cette démocratie elle a été attaquée, et de quelle manière. Elle a été attaquée, elle a été défendue aussi. Défendue d abord par l action remarquablement efficace, incroyablement impressionnante des forces de l ordre, des forces de gendarmerie, des forces de police qui ont su en peu de temps apporter une réponse d une très grande fermeté, d une très grande efficacité et je ne crois pas déplacé pour le coup de dire combien les forces de police et les forces de gendarmerie ont fait honneur à notre pays au cours des derniers jours. Mais une réponse a été donnée, plus large encore que la réponse par la force et par la loi. Ça a été la réponse que nous avons donné, au Havre il y a encore quelques heures. Mais partout en France, et d ailleurs partout dans le monde, par des citoyens, par des simples citoyens, même s il n y a rien de simple dans la citoyenneté. Par des simples citoyens qui, bravant parfois les éléments, le froid, la pluie, ont choisi de se réunir, de se rassembler, pour montrer qu ils n avaient pas peur, ou en tout cas que la peur qu avaient pu susciter les images que l on a vu tourner en boucle ne nous laisseraient pas le sentiment qu il n y avait rien à faire. Et donc il y a eu des rassemblements, d une très grande dignité. D une très grande force aussi, partout dans le monde. C est une belle façon de répondre, mais ça ne peut pas être la seule. Nous allons avoir collectivement à défendre ce qu est notre démocratie, à défendre ce qu est notre liberté. Sans laisser aller libre court à sa colère ou à sa tristesse. Mais en ayant conscience que notre pays, notre vieux pays, notre beau pays, avait la capacité de rebondir. Il avait la capacité de dépasser ces événements. Qu il avait cette capacité s il était uni véritablement, rassemblé. Uni ça ne veut pas dire que tout le monde se ressemble et que tout le monde pense pareil. Et bon courage si on voulait imaginer qu en France tout le monde se ressemble et tout le monde pense pareil. Bon courage! Non l unité c est le fait que justement parce que nous ne pensons pas tous pareil, parce que nous sommes différents, nous considérons que nous devons nous rassembler pour faire quelque chose, et pour (Seul le prononcé fait foi) -10 janvier 2015 /// 2

défendre notre liberté et notre démocratie. Cette unité, elle est importante. Ça n est pas parce que des terroristes, au nom d une religion qu ils déshonorent et qui n a rien à voir avec ce qu ils sont. Ça n est pas parce que des individus choisissent de faire peur qu ils gagneront. Et nous avons tout ce qu il faut en nous pour réagir. Et quand je dis que nous avons tout ce qu il faut en nous pour réagir, c est véritablement en nous. Car mesdames et messieurs, si nous voulons apporter une réponse aux événements qui ont secoué la France, nous ne devons pas attendre que quelqu un trouve la solution. Ce ne sont pas les forces de police qui trouveront la solution. Ce n est pas l Etat. Qui peut faire beaucoup mais qui n a pas la possibilité, d un coup de baguette magique, de régler ce problème. Ça n est pas non plus le maire du Havre, même si il a sans doute sa part de responsabilité et que là aussi il va y avoir du travail. Tout à l heure avec peut être l un d entre vous j étais sur la place de l Hôtel de Ville et me reconnaissant il me saluait et il me disait «Bon courage Monsieur le maire, vous allez avoir du travail.» Je l ai remercié et je lui ai dit «Vous aussi Vous aussi!» Et vous mesdames et messieurs qui êtes actifs dans des associations qui sont terriblement variées, qui intervenez dans le domaine de la culture, du social, du développement, de l animation, du paramédical, que sais-je encore. Qui intervenez à des titres très variés. Qui êtes présidents de structures qui peuvent être très importantes par le nombre ou parfois très réduites par le nombre. Mais vous tous qui êtes ici vous avez une partie de la réponse. Et c est à vous, à nous, à nous tous qu il revient d essayer de montrer ce qu est notre pays. De reconstruire d une certaine façon ce qu est notre pays. Alors je me suis beaucoup posé la question et je pense que vous aussi vous vous posez la question de savoir comment est-ce qu on reconstruit un pays et comment on envisage l avenir dans des circonstances comme celles que nous vivons. Je ne suis pas sûr d avoir toutes les réponses mais je voudrai partager avec vous au moins quelques convictions. La première c est qu il faut avoir confiance. Ça ne se décrète pas la confiance, ça se construit. Mais il faut avoir confiance. Nous avons vécu d autres moments difficiles. Regardez-nous. Il y a dans cette salle une accumulation d enthousiasme, de compétences, d intelligences extraordinaires. Pour peu qu on travaille ensemble et qu on s y mette bien, rien ne peut nous résister. Et ce qui est vrai au Havre, est vrai ailleurs. On n est pas plus intelligents au Havre qu on ne l est dans d autres grandes villes. On ne l est pas moins non plus, quand même! Mais on ne l est pas plus. En revanche, on est capable de travailler ensemble. Et on est capable d avancer lorsque nous sommes unis. Il faut que nous ayons confiance. Il faut que nous ayons confiance en nous. Mais en France, j ai l impression que parfois on n a pas toujours confiance en soi. Nous devons avoir confiance en nous et nous devons avoir confiance dans notre pays. Nous devons avoir confiance dans les autres, même quand ils ne sont pas complètement d accord avec nous, même quand ils ne sont pas complètement sur la même ligne que nous. Nous devons avoir confiance en nous parce qu ensemble, et uniquement ensemble, nous pourrons relever la tête et regarder l avenir. C est la deuxième condition mesdames et messieurs : il faut regarder l avenir. Il ne faut pas rester terrorisé par le présent ou se poser mille questions sur le passé. Il faut envisager l avenir. Il faut préparer l avenir. Il faut se demander ce que nous sommes et ce que nous voulons être. Pour ça, les défis ne manquent pas. J en veux quelques-uns. Nous pouvons d ores et déjà, et nous sommes déjà engagés dans cette affaire. Nous pouvons préparer le 500ième anniversaire de la Ville du Havre. Ça peut sembler dérisoire de fêter le 500 e anniversaire de la Ville du Havre dans ces circonstances. Ça n est pas dérisoire, c est essentiel. (Seul le prononcé fait foi) -10 janvier 2015 /// 3

Car nous devons préparer ce que nous allons dire sur nous. Qu est-ce que Le Havre, 500 ans après sa création? Qu est-ce que Le Havre? Qui sommes-nous? Qu est-ce que nous voulons devenir? Quelle image voulons-nous renvoyer à nous-mêmes et aux autres? Celle d une grande métropole maritime et portuaire. Celle d une ville qui a été trois fois détruite. Et autant de fois reconstruite. Celle d une ville qui a été construite pour conquérir le monde. «Conquérir le monde», il ne s agit pas d être va-t en guerre! Mais quand on a construit Le Havre, c était pour participer à cette conquête du monde, à ce monde plus grand que ce qu on imaginait jusqu à présent et dont il fallait découvrir les endroits inexplorés. Le Havre, c est une grande cité maritime, industrielle, culturelle, portuaire, qui est fière de ce qu elle est et qui apporte beaucoup. C est la première ville de Normandie par la taille. C est son poumon économique. Elle doit le dire. Elle doit le montrer. C est bien de le dire, c est mieux de le montrer. Elle doit en être fière, c est-à-dire être à la hauteur car on n est fier que de ce dont on est à la hauteur. Mais c est une tâche collective de préparer tout cela. Nous devons également préparer un changement qui va intervenir à la fin de cette année 2015. Et toute l année 2015 va servir à le préparer d une certaine façon. Qui est la construction de cette Normandie, qui ne sera plus ni haute, ni basse. Qui sera simplement La Normandie. Comme elle aurait dû être dès le premier jour. Cette Normandie, nous devons la préparer. Pour faire valoir nos intérêts. Pour dire que dans ce grand ensemble, Le Havre devient central, et reste le poumon économique du grand ensemble. Nous devons faire valoir nos intérêts, sans expliquer aux autres que nous serions meilleurs, mais sans penser une seconde que nous serions moins bons. En disant que, pour la Normandie, le développement du Havre est important. Pour la France, le développement de l axe Seine est important. Que pour nous-mêmes, le travail avec Rouen, avec Caen est essentiel. Voilà des sujets dont nous allons devoir parler et que nous allons préparer. Il se trouve, mesdames et messieurs, que pour répondre à la situation qui est la nôtre, les acteurs publics vont être concernés, et les acteurs privés et les associations. Vous êtes, nous sommes, en première ligne de ce combat. Parce que dans une ville, les associations et la municipalité sont au contact direct avec nos concitoyens, avec leurs difficultés, avec leurs angoisses, avec leurs peurs, avec leurs revendications qui s expriment parfois de façon sonores, surtout ici, au Havre! Et c est notre combat. Ce combat il est difficile, mais nous allons le mener. Il va être rendu plus difficile, et je m en veux un peu de parler d argent avec vous ce soir, mais il va être rendu plus difficile par des circonstances qui ne sont pas réjouissantes et qui sont peut-être encore moins réjouissantes depuis quelques jours qu elles ne l étaient déjà auparavant. Je veux dire que, dans votre activité, vous êtes parfois pas tous mais souvent -, aidés par les collectivités territoriales. Par la Ville du Havre, par la CODAH peut être, par le Département, par la Région, par toute une série de collectivités territoriale. Dans les années qui viennent, ces collectivités territoriales vont devoir faire face, font déjà face en vérité, à une diminution rapide et importante de leurs ressources. Parce que d un côté l Etat va distribuer moins de ressources, et de l autre côté, il va prélever un peu plus sur les finances locales. Je ne conteste pas le bien-fondé de ces décisions, ce n est pas le lieu. Elles sont prises, chacun les assumera. En revanche, elles ont un impact sur ce que vous faites, sur la façon dont vous le faites parfois. Elles ont un impact parce qu elles vont nous contraindre à réfléchir à l affectation de nos moyens. Nous ne pouvons pas supprimer tous les investissements, nous ne pouvons pas supprimer toutes les dépenses de fonctionnement, nous ne pouvons pas supprimer les agents qui œuvrent au service du public et des Havrais. Donc nous devons intervenir dans tous les domaines et je sais que pour un certain nombre d associations, ça représente parfois des diminutions. Parfois seulement parce que nous avons essayé de ne pas perturber les associations qui perçoivent des subventions (Seul le prononcé fait foi) -10 janvier 2015 /// 4

limitées. Mais je sais bien que dans votre fonctionnement, dans notre fonctionnement, parce que ce qui est vrai pour les associations croyez-moi sera vrai pour la Ville. Nous allons devoir parfois repenser notre façon de fonctionner. Soyez certains que dans les jours, dans les semaines, dans les mois qui viennent, lorsque nous aurons des décisions à prendre, lorsque nous aurons des discutions à conduire avec vous, nous aurons en tête les événements qui viennent de se passer. Et nous essaierons de réfléchir à l affectation des moyens en fonction de l œuvre qui est conduite et de la défense dont je parlais tout à l heure. Mesdames et Messieurs, c est un discours un peu long que je vous fais et il n est pas aussi joyeux que j aurais aimé. Néanmoins l année 2015 commence, et les débuts d années c est souvent les moments des bonnes et des grandes résolutions. Alors je voudrai, avec vous, faire œuvre de bonne résolution. Prendre la résolution de renoncer aux faiblesses, qui sont parfois les nôtres et parfois les miennes. Je voudrai aussi vous dire que nous devons croire en notre pays et que nous devons sérieusement poursuivre notre travail. Je ne dirais pas nous mettre au travail parce que tous ceux qui sont ici travaillent déjà d arrache-pied. Mais poursuivre notre travail avec intensité, avec sérieux. Parce que les circonstances l exigent et que nous devons être à la hauteur, pour être fiers de nous-mêmes, pour être fiers de notre ville, Le Havre, et pour être fiers de notre pays. Très bonne année à vous tous. (Seul le prononcé fait foi) -10 janvier 2015 /// 5