LETTRE INTRODUCTIVE AU RAPPORT ANNUEL DE LA BANQUE DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI ADRESSEE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI

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Transcription:

LETTRE INTRODUCTIVE AU RAPPORT ANNUEL DE LA BANQUE DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI ADRESSEE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI PAR LE GOUVERNEUR AU NOM DU COMITE DE DIRECTION Excellence Monsieur le Président, J ai l honneur de Vous adresser le quarante troisième Rapport de la Banque portant sur l exercice clos le 31 décembre 2006. Après un aperçu sur l environnement économique international, le rapport développe l évolution économique et financière du pays ainsi que les activités et le bilan de la Banque. L expansion de l économie mondiale s est poursuivie en 2006 avec un taux de croissance de 5,1 au lieu de 4,9 p.c. en 2005 et s est généralisée dans les différentes régions du monde. Dans les pays avancés, l activité est restée soutenue aux Etats-Unis (3,4 contre 3,2 p.c.), les économies de la zone euro ont connu une nette amélioration (2,4 contre 1,3 p.c.). De même, le redressement s est raffermi au Japon (2,7 contre 2,6 p.c.). L activité économique est demeurée vigoureuse dans les pays émergents et en développement (7,3 contre 7,4 p.c.) dont la Chine (10,0 contre 10,2 p.c.) a été le principal acteur. La croissance s est accélérée en Amérique latine (4,8 contre 4,3 p.c.) et dans la communauté des Etats Indépendants (6,8 contre 6,5 p.c.) tandis que l Afrique a maintenu le même niveau de croissance enregistré l année précédente (5,4 p.c.).

ii Le commerce international a été marqué par un accroissement du volume des échanges de biens et services (8,9 au lieu de 7,4 p.c.) en rapport avec les bonnes performances de l activité économique mondiale. Le marché des matières premières s est caractérisé par l envolée des cours du pétrole et la hausse généralisée des cours des produits de base non énergétiques. Aussi, les tensions inflationnistes sont-elles apparues au cours de l année 2006. Dans ce contexte, les banques centrales des principaux pays avancés ont été contraintes de resserrer leur politique monétaire en relevant le niveau des taux directeurs. Le marché des changes a été caractérisé par la dépréciation du dollar américain par rapport aux autres principales monnaies. La dette extérieure des pays émergents s est faiblement accrue. Celle des pays africains a même régressé en raison des différentes initiatives prises par la communauté internationale dans le sens de l allègement de la dette des pays pauvres très endettés. * * * L économie burundaise a enregistré un taux de croissance du PIB réel de 5,1 au lieu de 0,9 p.c. l année précédente. Cette évolution a résulté des bonnes performances du secteur primaire qui a bénéficié d une abondante récolte caféière. La croissance du secteur secondaire s est ralentie (4,7 au lieu de 7,4 p.c.) suite essentiellement aux difficultés du secteur énergétique, alors que le rythme d activité du secteur tertiaire a été maintenu à un niveau satisfaisant (6,2 contre 9,0 p.c.). Le coût de la vie de la population s est faiblement renchéri de 2,7 contre 13,2 p.c. suite à la disponibilité des produits de première nécessité pendant les neufs premiers mois de l année.

iii Sur le plan des finances publiques, les opérations financières de l Etat se sont clôturées par un déficit «base droits constatés» plus lourd que celui de l exercice précédent (-30.969,5 au lieu de -19.477,6 MBIF), représentant 3,1 p.c. du PIB. Cette évolution s explique par une expansion des recettes et dons (+2,9 p.c.) moins prononcée que celle des dépenses (+6,5 p.c.). Le financement a été assuré aussi bien par des ressources extérieures (19.419,5 MBIF) qu intérieures (37.218,0 MBIF). Concernant la dette publique, le stock global a connu un accroissement de 118.070,0 MBIF, trouvant son origine dans l expansion de l encours de la dette extérieure (80.664,7 MBIF) qui représente 85,2 p.c. de l encours global. L analyse du ratio du service de la dette par rapport aux recettes d exportations (45,2 contre 47,0 p.c.) montre que le poids du service de la dette extérieure sur l ensemble de l économie du pays s est alourdi d une période à l autre, traduisant ainsi l insoutenabilité persistante de la dette. Dans le domaine monétaire, la Banque a mené une politique visant le renforcement des mécanismes de marché dans la régulation de la liquidité et la formation des taux d intérêt. Dans ce contexte, des opérations d apport et de reprise de liquidité ont été effectuées. En outre, le système des réserves obligatoires a été élargi sur les dépôts en devises. Par ailleurs, la Banque a mis en place pour le compte de l Etat un marché des bons et obligations du Trésor négociables. Ainsi, le financement intérieur du budget serait désormais assuré par l émission des titres du Trésor au lieu du recours systématique aux avances de la Banque centrale. Concernant la politique de change, un nouveau règlement portant sur la libéralisation totale des transactions internationales courantes a été édicté. La croissance des ressources monétaires a enregistré une décélération (+16,7 contre +18,7 p.c.). Cette évolution a concerné la quasi-monnaie (+13,2 contre +23,5 p.c.), les disponibilités monétaires ayant augmenté à un rythme plus rapide (+18,1 contre +16,8 p.c.). La hausse du crédit intérieur (+29,9 p.c.) a contribué à la création additionnelle de la masse monétaire. L élargissement du volume du crédit intérieur a résulté de l accroissement à la fois de l endettement net de l Etat (+40,4 p.c.) et des créances sur l économie (+22,4 p.c.)

iv Enfin, le taux de liquidité de l économie a légèrement diminué, revenant de 30,2 à 28,2 p.c., les liquidités ayant augmenté moins rapidement que le PIB nominal ; ce qui se traduit par une maîtrise de l inflation (2,7 contre 13,2 p.c.). Les échanges extérieurs du Burundi se sont clôturés par un excédent de 17.526,5 contre 30.943,0 MBIF grâce au solde excédentaire du compte de capital et d opérations financières (+153.471,2 MBIF) partiellement contrebalancé par le déficit courant (-135.944,7 MBIF). Cette évolution est liée aux flux de capitaux sous forme de dons projets (48.778,0 MBIF), de remise de dette (27.046,3 MBIF) et de tirages sur crédits extérieurs (82.402,2 MBIF). Cette situation montre la dépendance structurelle de l économie burundaise vis-à-vis de l épargne extérieure. * * * Les perspectives économiques de l année 2007 s annoncent sous des horizons prometteurs. En effet, malgré les mauvaises conditions atmosphériques qui ont marqué la première saison culturale, la bonne tenue de la deuxième saison augure une bonne production agricole sur l ensemble de l année. En outre, le retour de la sécurité et la mise en place des réformes économiques devraient stimuler la communauté internationale à accorder une assistance financière plus accrue. Après l échec de la première saison culturale, il est à espérer que la deuxième saison, qui est généralement la plus productive, inverse la tendance. De plus, la redynamisation de l encadrement, l intensification de la lutte antiérosive, la réhabilitation des centres semenciers, le développement des cultures maraîchères plus résistantes et l amélioration de l élevage devrait aboutir à l augmentation des productions agricoles et à la restauration de la sécurité alimentaire.

v En revanche, l agriculture d exportation devrait pâtir de la cyclicité du caféier. En effet, après la bonne récolte de la campagne 2006/2007, la campagne 2007/2008 connaîtrait une baisse de la production. Cependant, la récolte de thé devrait augmenter en rapport avec les promesses de l Union Européenne de réhabiliter l équipement vétuste des complexes théicoles. La production cotonnière s améliorerait en rapport avec le renforcement de l encadrement et la motivation des agriculteurs. Dans le domaine des Finances Publiques, des efforts devraient être déployés dans le sens de réduire le déficit budgétaire en jouant sur la maîtrise des dépenses et la rentabilité fiscale. Les autorités devraient poursuivre les négociations avec les créanciers bilatéraux pour demander un allégement de la dette et renforcer les réformes économiques en vue d atteindre le point d achèvement au titre de l initiative PPTE. Le service de la dette serait assuré régulièrement pour éviter l accumulation à nouveau des arriérés de paiement extérieurs. Sur le plan de la politique monétaire, la mise en place des bons et obligations du Trésor négociables constitue un pas décisif vers la création du marché monétaire. En outre, ces titres du Trésor permettraient d utiliser l épargne intérieure et réduire le financement monétaire du déficit budgétaire Ainsi, la Banque pourrait réguler de façon efficace et souple l offre de monnaie centrale. Concernant la politique de change, le marché interbancaire des devises serait instauré et faciliterait la régulation du taux de change. Dans le cadre de l intégration régionale, le Burundi, en plus du COMESA, va adhérer à la Communauté de l Afrique de l Est, ce qui élargirait les opportunités d échanges entre les partenaires. Par ailleurs, le pays tirera profit de la réhabilitation de la CEPGL annoncée par les chefs d Etat de la sous-région Bien que des efforts louables aient été fournis dans le sens de réduire la pauvreté, le chemin à parcourir pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement est encore long. Avec la mise en œuvre du CSLP et la poursuite des réformes économiques, des espoirs sont permis pour la relance économique et asseoir un développement durable.

vi Pour sa part, la Banque de la République du Burundi continuera, dans les domaines de ses compétences, à appuyer le Gouvernement dans sa détermination à conduire le pays sur la voie d une croissance durable. * * * En Vous assurant de mon entier dévouement, je Vous prie, Excellence Monsieur le Président de la République, de bien vouloir agréer, l expression de ma plus haute considération. G. SINDAYIGAYA Gouverneur.-