GOUVERNANCE LOCALE DES RESSOURCES FORESTIERES COMME REPONSE AUX CONFLITS ET A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE EN MILIEU RURAL AU BURKINA FASO Daniel Désiré OUEDRAOGO Chargé de Programme Gestion des Ressources Naturelles TREE AID WWW.treeaid.org.uk
Au Burkina: Introduction La majorité des pauvres vivent dans les zones rurales et leurs moyens de subsistances sont basés sur l exploitation des ressources naturelles. Les revenus proviennent dans une large mesure d agriculture pluviale, d élevage extensif, de la pêche, de la cueillette de fruits, le ramassage de bois etc. Les forêts claires, forêts galeries, savanes arbustives, savanes arborées, steppes couvrent + de 13 300 000 ha, soit 48,75% du territoire national (BDOT 2002) : Le Centre et le Nord du pays sont caractérisés par un faible taux de couverture végétale ; les zones les plus boisées se trouvent à l Ouest, au sud au Centre Ouest et à l Est du pays.
Problématique Démographie galopante Changements climatiques Mauvaises pratiques anthropiques :feux de brousses, l élevage extensif, exploitation anarchique, etc.
Conflits entre utilisateurs Insécurité alimentaire Conséquences Fragilisation de la cohésion sociale Exclusion de certaines couches sociales à l accès aux ressources forestières Perte de parcours pour les animaux Pression plus forte sur les ressources naturelles Perte de la biodiversité Dégradation continue des ressources forestières Accentuation de la culture sur brûlis et de la déforestation, Exploitation de nouvelles terres arides, fragiles et peu productives,
Importance de la contribution des ressources forestières Contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. PFNL entrent dans l alimentation et l équilibre nutritionnel de plus de 43,4% des ménages burkinabés, Amélioration de la santé de 75-90% des habitants, Procurent 23% des revenus et de l emploi aux ménages ruraux. Selon la FAO (1987), Plus de 20 milliard /an générés par l'exploitation des seuls PFNL, et représenteraient +au moins 0.63 % du PIB du pays. Source d énergie: il représente 84% du bilan énergétique national, contre 14% et 2% pour les hydrocarbures et l électricité, 94% des besoins énergétiques des ménages
GOUVERNANCE LOCALE COMME REPONSE
La vision de TREE AID est de voir se développer des communautés épanouies et autosuffisantes dans les terres arides d Afrique. La mission de TREE AID est de réduire de façon durable la pauvreté tout en conservant et améliorant l environnement
L initiative La gouvernance locale des ressources forestières est une initiative de TREE AID en partenariat avec les associations locales et les collectivités pour la promouvoir d un environnement politique favorable assurant la durabilité et l équité dans la décentralisation et la privatisation de la gestion des forêts Elle vise de façon concrète à améliorer l accès aux ressources forestières et le contrôle de ces ressources par les populations locales notamment les plus démunies pour une amélioration de leurs conditions de vie à travers une exploitation rationnelle et une gestion durable de ces ressources.
Approche de la gouvernance locale des RF
1. Amélioration de la compréhension des acteurs sur les politiques et textes en matière de GRN, GDRF et GLRF 2. Renforcement des capacités organisationnelles des utilisateurs des forêts pour plus de participation dans les prises de décisions
3. Développement des outils de gouvernance (CL, PGF, SCGDRF..) 4. Renforcement des capacités institutionnelles
5. La délimitation et matérialisation des zones forestières 6. Appui à la sécurisation des zones forestières Négociation de la Concession des forêts Classement Immatriculation
Quelques résultats clés
Sur le plan Economique Amélioration des revenus des ménages à travers les entreprises forestières de PFNLs - Plus de 200 groupes d entrepreneurs de PFNLs opérationnels u Burkina - 66 villages touchés - 3123 bénéficiaires directs dont 79% de femmes Diversification des sources de revenus des ménage.
Sur le plan social Conventions locales comme des accords sociaux de gestion des ressources Une réduction des conflits liée à la gestion des ressources des forêts Amélioration des conditions de vie notamment les femmes Promotion du dialogue social sur la GRF
Sur le plan environnemental Récupération des terres forestières dégradées: 45 000Ha de forêts communautaires Amélioration des potentialités des forêts Elaboration de plans de gestion forestière pour chaque zone. Définition de stratégies communales de gestion décentralisée des ressources forestières S enrichir de l arbre sans le détruire
Sur le plan institutionnel Création d instances locale de gestion des forêts Etablissement d u groupe de réflexion sur la gouvernance forestière (GAGF) Renforcement des compétences et capacités des communes en GRF Amélioration des relations de travail entre les communautés et les services techniques de l Etat Création de Point Focal décentralisation / MEDD en faveur de l ancrage des acquis en vue d une mise à l échelle nationale
Contrainte majeure Contrainte d ordre juridique et réglementaire: entrave de la bonne gouvernance des ressources forestières à l échelle des communautés et des communes Manque de textes d application de la loi sur la décentralisation dans le secteur forestier.
SYNTHESE SUR LES CONFLITS LIES A LA GOUVERNANCE FORESTIERE Actions sensibles Types / sources de Causes possibles Leçons apprises conflits Délimitation Droit de propriété foncière Jeux d intérêts Connaissance et implication de tous les forestière Droit d usage Limites culturelles et Considérations culturelles (respect, règles,etc.) acteurs Concertation participative et inclusive villageoises Méconnaissance Respect des Us et coutumes positifs Affrontements Dualité lois moderne et Considération du genre Tensions sociales traditionnel Connaissance des textes et des lois Approche Conventions Locales Non application des règles Méconnaissance des règles Adoption et appropriation du bien ou Chartes Foncière Affrontements Non appropriation Non adoptions des règles commun par tous les acteurs Connaissance et implication de tous les Exclusion de couches sociales acteurs Démarche d élaboration Concertation participative et inclusive Respect des Us et coutumes positifs Considération du genre Aménagement et Non Respect des règles Jeux d intérêts Considération du genre gestion forestière Accès et contrôle Affrontements Exclusions de couches sociales Planification réaliste Partage équitable des bénéfices Tensions et déchirements Méconnaissance Transparence sociales Concertation participative et inclusive
ETUDE DE CAS
Gestion de conflit dans la délimitation de la zone forestière de Tanyendé / Gomponsom/Nord Burkina Gomponsom Commune rurale au nord du Burkina Faso 15 villages 18000 habitants. Personne moteur: Souleymane ZIDA, chef coutumier et Maire de Gomponsom. Priorité à la protection des ressources forestières dans la lutte contre la pauvreté
2008: Identification d une zone forestière d intérêts communautaires appelée«tanyendé»d unesuperficiede3002ha. 2009 2010: organisation et élaboration de la convention locale 2011: Début de la délimitation et matérialisation Naissance d un conflit foncier entre 2 villages riverains sur la propriété des terres de la zone forestière en relation avec la disponibilité de terres agricoles Suspension de l opération de délimitation participative
2011 2012: gestion du conflit Négociation entre les acteurs des 2 villages sous l égide du chef de canton soldéparunéchec Implication des autorités administratives aux concertations sans résolution du conflit Recourt à la technique coutumière de confrontation par le sacrifice du poulet ayant départagé les protagonistes et mettre fin au conflit 2013: Achèvement de la délimitation et de la matérialisation et poursuite des activités.
Leçons tirées par le Chef de Canton: Les Coutumiers demeurent des acteurs incontournables pour la gouvernance locale des ressources forestières malgré la modernisation. La gouvernance forestière est un outil qui répond aux préoccupations de la gestion durable des ressources forestières et de la lutte contre la pauvreté Autrefois nous étions garants de la conservation de la nature mais aujourd hui nous sommes impuissants face aux enjeux de la vie moderne. Malgré tout, nous sommes plus que jamais convaincus que «c est en associant les connaissances des uns et des autres qu on porte le toit sur la case». Pour Gomponsom en particulier, notre disponibilité à s associer aux techniciens qui maîtrisent les aspects non maîtrisés par les chefs coutumiers a contribué à faire avancer les choses sur le terrain.
Y BARKA (Merci)