38 ème Festival de Cinéma de Douarnenez Cérémonie d ouverture Vendredi 21 août 2015 18h Allocution de Philippe Paul, sénateur-maire de Douarnenez Mesdames, Messieurs, A l'ouverture de cette 38 ème édition du Festival de Cinéma, permettezmoi de vous souhaiter la bienvenue à Douarnenez, et un plein succès à ce cru 2015 consacré aux Peuples des Andes. Je forme également le vœu d'un temps clément dans les jours prochains afin de vous permettre de passer une semaine certes studieuse mais aussi agréable, avec, je l'espère, la possibilité pour nos visiteurs de découvrir notre cité. Avec les représentants de l'etat, de la Région, du Département, et bien sûr, de l'association, nous nous sommes retrouvés en Mairie il y a quelques instants pour signer une nouvelle convention triennale. Cette convention apporte de la visibilité à l'association sur les financements dont elle bénéficiera jusqu'en 2017, et est donc de nature à l'aider à préparer l'avenir et les prochaines éditions du festival dans de bonnes conditions. 1
Je souligne la stabilité de l'aide municipale sur ces 3 années, stabilité pas nécessairement évidente dans un contexte de raréfaction de l'argent public et, en particulier, de baisse sévère des dotations aux collectivités territoriales par l'etat. Cette convention constitue aussi une reconnaissance par les partenaires publics de l'action conduite par le Festival depuis bientôt 40 ans, et une invitation à poursuivre sur cette voie utile de l'ouverture aux autres, de l'acceptation des différences, à travers ce regard particulier sur les peuples et cultures minoritaires qui, inévitablement, interpelle. Cette invitation conserve plus que jamais tout son sens quand on sait que les Nations unies évaluent à un milliard le nombre de personnes qui, dans le monde (nous sommes aujourd'hui plus de 7 milliards 300 millions), appartiennent à des groupes minoritaires, dont beaucoup sont victimes de discriminations, quand ce n'est pas de violences ou de persécutions. Au fil des éditions, le Festival de Cinéma s'est imposé comme un rendez-vous incontournable de la saison estivale à Douarnenez, et bien au-delà. Nombreux sont, en effet, les participants qui viennent de loin. 2
Lieu d'expression, lieu de confrontation, lieu de vie, le Festival de Cinéma fait partie du patrimoine culturel de Douarnenez, et contribue à sa notoriété. Chaque année, le thème de l'édition à venir est toujours très attendu, pour le coup de projecteur qu'il entraînera sur une partie du monde, sur un peuple ou une culture dont les difficultés et les combats ne nous sont pas familiers, ou dont ne nous proviennent que des échos épars. Des difficultés et des combats qu'il est important de faire connaître, de sortir de l'ignorance ou de l'oubli. Ce coup de projecteur y concourt. L'espace de quelques jours, Douarnenez devient un forum où l'histoire d'un peuple, son quotidien, les luttes qu'il a menées, qu'il porte, donnent lieu à information, éclairage et débat, grâce aux témoignages de réalisateurs, d'auteurs, d'acteurs de ces luttes. Ce rendez-vous a son importance en cette époque de globalisation, d'intégration accrue des territoires, où l'uniformisation prend le pas sur la diversité et le droit à la différence, où l'instantanéité du moment, la quête de l'immédiat, réseaux sociaux et chaînes d'info en continu obligent, prennent le pas sur la réflexion et le recul. 3
Les peuples des Andes, à l'honneur cette année, ces peuples de montagne souvent marginalisés, tenus à l'écart des processus de prise de décisions et des programmes de développement, sont une criante illustration de ces civilisations au passé riche, dont les coutumes, les traditions et les langues ont traversé les siècles, et relèvent en quelque sorte du patrimoine de l'humanité, de notre patrimoine. Pouvoir continuer à pratiquer ces coutumes, ces traditions, ces langues, les préserver, est un des défis auxquels ces peuples sont confrontés. Être partie prenante à la définition de l'avenir de leurs territoires, à la gestion des ressources naturelles qu'ils contiennent en est un autre face à des pouvoirs centraux ou des multinationales, trop souvent peu enclins à la concertation et au respect de l'identité et des droits des peuples autochtones. Il ne fait pas de doute que les invités et intervenants qui vont se succéder tout au long de la semaine aborderont ces défis majeurs, qui ne sont qu'une quête d'une juste reconnaissance de droits légitimes, souvent ancestraux. 4
Merci, donc, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur, merci à l'ensemble de l'équipe du Festival et aux bénévoles, sans qui rien ne serait possible, pour cette pause salutaire sur l'état du monde que vous nous proposez à travers une offre culturelle dont je voudrais saluer à la fois la qualité et la variété. Cette offre prend différentes formes : cinématographique bien sûr, mais aussi littéraire, musicale, radiophonique, picturale ou photographique. De quoi satisfaire tous les appétits et aider à cet élargissement que vous souhaitez, Madame la Présidente, de l'audience du Festival vers de nouveaux publics, ambition que partage la Ville et à laquelle elle s'associe, notamment par la mise en place d'activités communes avec le Port-musée et la Médiathèque Georges-Perros. Cette offre culturelle riche se retrouve également dans les rendez-vous traditionnels consacrés à la production cinématographique bretonne ou à la mise en lumière d'œuvres cinématographiques remarquables. Je voudrais aussi relever l'attention portée depuis plusieurs années maintenant à la culture sourde avec la volonté de rendre le maximum d'évènements du Festival accessible aux Sourds et la mise en œuvre, cette année, d'une résidence internationale intersexe qui s'est tenue à la 5
fin du mois de juin, concrétisation d'un travail mené depuis 2011 sur ce "peuple invisible", pas ou mal connu, mais, lui aussi, en proie à des discriminations. Le Musée du quai Branly à Paris, musée des arts premiers, propose cet été une exposition intitulée "L'Inca et le Conquistador", sur la conquête de l'empire Inca par les colons espagnols au 16 ème siècle, période charnière dans l'histoire des peuples des Andes. Aussi, vous me permettrez de terminer mon propos par ces mots prononcés par le Président Chirac en conclusion de son allocution lors de l'inauguration de ce musée le 20 juin 2006 : " Plus que jamais, le destin du monde est là : dans la capacité des peuples à porter les uns sur les autres un regard instruit, à faire dialoguer leurs différences et leurs cultures pour que, dans son infinie diversité, l'humanité se rassemble autour des valeurs qui l'unissent réellement. Puisse le visiteur qui franchira les portes du musée... naître à la conscience de ce savoir irremplaçable et devenir à son tour le porteur de ce message, un message de paix, de tolérance et de respect des autres. " 6
N'est-ce pas également une des missions que s'est assigné le Festival? Très bonne soirée et très bon festival à toutes et tous. * * * 7