Des MBA ès services financiers ramènent des conseillers sur les bancs d école De nombreux conseillers n hésitent pas à investir temps, argent et énergie pour décrocher ce diplôme auréolé de crédibilité et, avouons-le, de prestige. Voici pourquoi. Claude Couillard Isabelle Dion a de quoi être fière. Non seulement son MBA lui a valu un prix d excellence de son institution financière, mais son projet de fin d études a aussi été largement mis en pratique. «Courtage direct Banque Nationale passe graduellement d une culture axée sur le service à la clientèle à une culture axée sur la vente, explique la planificatrice financière lavalloise. On a fait une série de suggestions pour que les conseillers deviennent plus proactifs à cet égard.» La moitié d entre elles ont été suivies. Voilà qui couronne bien la réalisation d un rêve longuement mûri.
Sa collègue Johanne Tremblay s est aussi offert ce beau cadeau, juste avant Noël. «J ai toujours voulu faire une maîtrise, confie la planificatrice financière de la Caisse populaire de Saint-Eustache/Deux-Montagnes. Et la gestion m a toujours intéressée.» Ils sont plus nombreux qu on le croit, les conseillers intéressés, après quelques années d expérience, à entreprendre pareil projet. «Plusieurs planificateurs et courtiers sont inscrits chez nous. Cela leur permet d élargir leurs horizons professionnels», confirme Marie-Hélène Noiseux, directrice du MBA pour cadres en services financiers offert par l Université du Québec à Montréal (voir aussi Deux MBA pour conseillers en services financiers). Contrairement à la croyance répandue, la maîtrise en administration des affaires est moins théorique que le baccalauréat. Elle abonde même en cas concrets, souvent plus réels que fictifs, que les futurs diplômés sont appelés à résoudre. Il n empêche que le programme requiert du temps. Beaucoup de temps. Même à temps partiel, formule que privilégient la plupart des conseillers (voir Faire son MBA en ligne). «Facilement un bon 10 à 15 heures par semaine, estime Isabelle Dion. J y ai consacré mes fins de semaine.» Et ce, de janvier 2003 à juin 2005, période où elle réalisait son MBA en services financiers. Finissante de fraîche date, Johanne Tremblay, elle, a dédié trois ans à ses études supérieures, à raison de deux ou même trois cours par trimestre. Les congés annuels ont été rares. «À peu près un mois, mais pas plus, raconte-t-elle. On finit en juillet et on recommence en août.» Les jeunes parents, on le comprend, auront sans doute du mal à jongler avec un horaire aussi serré. «Je ne pense pas que j aurais été capable de le faire avec mes deux bébés, affirme Isabelle, qui a accouché deux fois plutôt qu une depuis la fin de son MBA. Je n avais alors pas d enfant.» Autrement, concilier travail, études et vie personnelle ne constitue pas une tâche insurmontable. La règle d or : l organisation. «La gestion du temps, de ses priorités, c est le plus gros défi», souligne Johanne Tremblay. Un défi qu elle a su relever tout au long de son MBA, mais au prix d une vie sociale passablement réduite. «J avais déjà un bon sens de l organisation. Mais là, cela s est quadruplé, déclare sa collègue de la Banque Nationale. On fonctionne beaucoup par courriel. Il ne faut pas déroger à notre horaire, sinon on ne s en sort pas.» Elle insiste néanmoins pour préciser qu elle n a pas vécu l enfer pendant ses 30 mois d études. «Il faut faire certains deuils, mais j ai tout de même eu des activités personnelles», signale-t-elle. Heureusement, nombre d institutions financières encouragent leur personnel à poursuivre des études avancées liées au travail. Ces programmes offrent aux candidats admissibles une foule d avantages qui facilitent le mariage travail-études. «La Banque Nationale a payé mes cours», dit Isabelle Dion. Un vendredi par mois, elle se rendait à l UQAM. «J étais absente du bureau, mais j étais payée quand même», ajoute-t-elle. Idem si elle devait réaliser des entrevues ou des travaux d équipe. Et ce, pendant toute la durée de sa maîtrise. «Il faut dire que, comme planificateur financier, on est un peu comme des travailleurs autonomes. Il faut atteindre nos objectifs, raconte-t-elle. Je les ai dépassés pendant ces deux années et demie.» Desjardins offre aussi un programme semblable. Il verse, par exemple, une prime de 1 000 $ aux nouveaux finissants. MBA spécialisé ou non? Lorsque Sylvain Houde a acquis son grade de l Université de Sherbrooke, les MBA étaient plus généralistes. C était pourtant il n y pas si longtemps, en 1991. «Mes collègues Isabelle Dion Johanne Tremblay Sylvain Houde février 2007
Des MBA ès services financiers ramènent des conseillers sur les bancs d école Deux MBA pour conseillers en services financiers À l UQAM, le MBA pour cadres en services financiers fête déjà ses 10 ans et compte plus de 700 diplômés. Il est offert par l École des sciences de la gestion en collaboration avec l Institut des banquiers canadiens. «Nos professeurs ont beaucoup d expérience», souligne la directrice du programme, Marie-Hélène Noiseux. Le MBA donne une formation de pointe aux gestionnaires des services bancaires, des assurances, du courtage en valeurs mobilières et d autres domaines connexes. Leur moyenne d âge : 35 ans. Offert à Montréal et à Gatineau, le MBA peut être réalisé sur deux ou trois ans. Son coût total? Environ 8 000 $, tous frais compris [www.mbaservicesfinanciers.uqam.ca]. Du côté anglophone, l École de gestion John-Molson de l Université Concordia dispense le seul programme combiné au monde qui permet à la fois d acquérir un MBA et d obtenir le titre de CFA (chartered financial analyst ou analyste financier agréé). Offert le soir et le samedi, il prépare notamment les étudiants à passer les trois examens exigés par le CFA Institute [www.johnmolson.concordia.ca]. Faire son MBA en ligne MBA obtenu en 53 semaines intensives ou à son rythme, sur trois ans. MBA avec ou sans mémoire. À plein temps, le soir ou le week-end. Plus que jamais, les formules abondent pour décrocher le prestigieux diplôme. Un exemple courant : l Université de Sherbrooke offre son programme à temps partiel, à son campus principal estrien ou à Longueuil. En plus du français et de l anglais, certains cours de HEC Montréal sont disponibles en espagnol. Télé-université songe à offrir le MBA sur Internet, en collaboration avec l UQAM. «Cela fait partie de nos projets», confirme son directeur de l enseignement et de la recherche, Raymond Duchesne. À Québec, l Université Laval propose déjà trois de ses 16 concentrations MBA en ligne : affaires électroniques, gestion agroalimentaire et gestion des technologies de l information. Ils comptent des étudiants jusqu en Chine! Les MBA offerts dans le réseau universitaire québécois Montréal HEC Montréal Université du Québec à Montréal École des sciences de la gestion 1 Université McGill Faculté de gestion Desautels Université Concordia École de gestion John-Molson Ailleurs au Québec Université Laval (Québec) Faculté des sciences de l administration Université de Sherbrooke Faculté d administration Université du Québec à Trois-Rivières Département des sciences de la gestion 1 Spécialisations à signaler pour les conseillers MBA en placement et gestion de portefeuille MBA pour cadres en services financiers MBA in Finance MBA in Investment Finance MBA in Investment Management Program MBA en finance De offrent plus, des les programmes Universités du de Québec MBA pour à Rimouski, cadres de à Chicoutimi, l UQAM. en Abitibi-Témiscamingue et en Outaouais Sources : Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, ministère de l Éducation, du Loisir et du Sport du Québec et sites Internet des universités. 10
Diplômés MBA au Québec Année Diplômes délivrés 2001 1 624 2002 1 561 2003 2 005 2004 1 966 2005 1 927 Source : ministère de l Éducation, du Loisir et du Sport du Québec. étaient médecins, ingénieurs et avocats, raconte le directeur en investissement et planificateur financier à la Caisse populaire de Gatineau. On était prêts à œuvrer dans toutes sortes de domaines». L éventail s est considérablement élargi depuis. Aujourd hui, le MBA de l Université Laval se décline en 16 concentrations; celui des HEC, en une douzaine. Alors, MBA général ou spécialisé en 2007? «C est un choix personnel, estime Johanne Tremblay. Comme je ne veux pas me limiter au domaine financier, je voulais davantage acquérir des connaissances générales.» C est pourquoi elle a opté pour le MBA généraliste offert à temps partiel par l Université de Sherbrooke. «Le milieu bancaire m a toujours fascinée», confesse Isabelle Dion. Elle a plutôt arrêté son choix sur le MBA spécialisé en services financiers. «Je souhaitais un jour accéder à des postes supérieurs», dit la jeune mère en congé de maternité. D ailleurs, ses efforts seront vraisemblablement récompensés. «J ai rencontré les ressources humaines dernièrement, se réjouit-elle. On va faire un suivi au courant de l été 2007.» Un des héritages du MBA qu affectionnent au plus haut point nos diplômés est leur vision élargie du monde financier, patiemment acquise au fil de leurs études. Elle se révèle plutôt utile au quotidien. «Cela me permet de voir davantage l impact des actions qui sont posées, par exemple, dans la gestion des placements ou de la planification de la retraite. Elle fournit aussi une meilleure compréhension février 2007 11
Des MBA ès services financiers des enjeux, autant sur le plan économique que financier», note Johanne Tremblay. Cette vue d ensemble s avère d autant plus profitable que nos conseillers interviewés desservent tous une clientèle plus fortunée, notamment composée de chefs d entreprise. «Je comprends beaucoup mieux leur réalité et leurs besoins», constate-t-elle. «J ai maintenant une aisance à rencontrer des gens d affaires qui HEC Montréal dans le gotha international Cinq des 10 meilleurs MBA offerts à plein temps à l extérieur des États-Unis se concentrent au Canada, a décrété Business Week. En octobre dernier, le magazine américain révélait son classement international 2006. HEC Montréal demeure la première et la seule école de gestion québécoise à y figurer : 1 Queen s School of Business (Kingston, Canada) 2 Ivey School of Business (London, Canada) 3 Rotman School of Management (Toronto, Canada) 4 IMD (Suisse) 5 London Business School (Royaume-Uni) 6 INSEAD (France) 7 ESADE (Espagne) 8 IESE (Espagne) 9 Schulich School of Business (Toronto, Canada) 10 HEC Montréal (Canada) Le classement international annuel de Business Week énumère les 30 meilleurs programmes américains de MBA et les 10 meilleurs offerts à l extérieur des États-Unis. Sources : Business Week et HEC Montréal m apportent des états financiers, enchaîne Sylvain Houde. C est plus facile de créer des liens avec eux, car j ai touché à plusieurs aspects de l entreprise.» Avec le recul, Johanne Tremblay se dit fort heureuse d avoir réalisé son MBA. «Mais si j avais su, je ne suis pas sûre que je l aurais fait, admet-elle, à cause du temps qu il exige constamment.» De son côté, Isabelle Dion n hésiterait pas une seconde à le refaire. «Et dans le même intervalle», insiste-t-elle. L obtention d un MBA ne procure pas nécessairement de meilleures conditions, salariales ou autres, au planificateur financier désireux de le rester, souligne à juste titre un diplômé. Mais il peut fournir au candidat intéressé un tremplin professionnel sans pareil. 12