Suivi thérapeutique et pharmacologique des aminosides

Documents pareils
Mise au point sur le bon usage des aminosides administrés par voie injectable : gentamicine, tobramycine, nétilmicine, amikacine

Propriétés pharmacologiques, indications, posologies et modes d administration, surveillance du traitement

!! "#$%&$'()*!+'!),'(-(.$'()*!/&!012+3$,+&'(4! 53&6!7)*(')3(*68!+*!*9)*$')%)6(+!

Mise en place du contrôle du bon usage des carbapénèmes: expérience d une équipe pluridisciplinaire

Modélisation pharmacocinétique-pharmacodynamique et techniques de simulation appliquées à l évaluation de stratégies thérapeutiques en infectiologie

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

Nouveaux anticoagulants oraux (NOAC)

Professeur Diane GODIN-RIBUOT

Les nouveaux anticoagulants oraux : quelles interactions médicamenteuses?

Définition de l Infectiologie

: Stratégies de réduction de l'utilisation des antibiotiques à visée curative en. réanimation (adulte et pédiatrique)

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

ANTIBIOGRAMME VETERINAIRE DU COMITE DE L ANTIBIOGRAMME DE LA SOCIETE FRANCAISE DE MICROBIOLOGIE

INFECTIONS POST- TRAUMATIQUES SUR MATÉRIEL D'OSTÉOSYNTHÈSE. Accidentologie et épidémiologie bactérienne

La filtration glomérulaire et sa régulation

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Existe t il des effets pervers à l identification du portage de BMR?

Pharmacologie des «nouveaux» anticoagulants oraux

Les Infections Associées aux Soins

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

BMR/ BHR en EHPAD Prise en charge des résidents

Gestion périopératoire et des évènements hémorragiques sous nouveaux anticoagulants oraux

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

Surveillance biologique d'un traitement par Héparine de Bas Poids Moléculaire (HBPM)

QU EST-CE QUE LA PROPHYLAXIE?

Collection Avis et Rapports

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

Traitement antibiotique probabiliste des urétrites et cervicites non compliquées

Jean-Christophe Richard Véronique Merle CHU de Rouen

Générique d antibiotique : info ou intox! Le point de vue de la pharmacovigilance

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 3 septembre 2008

ACTUALITES THERAPEUTIQUES. Dr Sophie PITTION (CHU Nancy) Metz, le 2 Juin 2012

Bulletin N 47 AU SOMMAIRE BLOC-NOTES ERRATUM. Octobre Trimestriel. Bloc-Notes. Erratum. Annuaire web du CCLIN Ouest.

Données de Pharmacovigilance et les NOACs. Haleh Bagheri

1 - Que faut-il retenir sur les anticoagulants oraux?

Diagnostic et antibiothérapie. des infections urinaires bactériennes. communautaires de l adulte

Informations sur le rivaroxaban (Xarelto md ) et l apixaban (Eliquis md )

Suivi Biologique des Nouveaux Anticoagulants

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

RIVAROXABAN ET TESTS DE BIOLOGIE MEDICALE

Activité 38 : Découvrir comment certains déchets issus de fonctionnement des organes sont éliminés de l organisme

E04a - Héparines de bas poids moléculaire

COMITE DE L ANTIBIOGRAMME DE LA SOCIETE FRANCAISE DE MICROBIOLOGIE

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

INFECTIONS URINAIRES CHEZ L ENFANT

DOCUMENTATION TECHNIQUE

Conflits d intérêts. Consultant: Financement d études: Optimer: fidaxomicine Astra Zeneca : Ceftaroline Novartis: daptomycine

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 10 mars 2010

Essais cliniques de phase 0 : état de la littérature

Efficacité et risques des médicaments : le rôle du pharmacien

Fièvre chez un patient immunodéprimé.

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

Rapport d expertise. Caractérisation des antibiotiques considérés comme «critiques»

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 janvier 2006

Le RIVAROXABAN (XARELTO ) dans l embolie pulmonaire

Les nouveaux anticoagulants oraux sont arrivé! Faut il une surveillance biologique?

RELPAX. hydrobromure d élétriptan

La résistance d'agents infectieux aux médicaments antimicrobiens

Anti-Inflammatoires Non stéroïdiens

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

ANTICORPS POLYCLONAUX ANTI IMMUNOGLOBULINES

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

La migraine : une maladie qui se traite

Traitement de l insuffisance rénale chronique terminale: Place de la greffe de donneur vivant

Développez votre propre. guide d autoapprentissage. Les médicaments dans l exercice de l hygiène dentaire :

En considérant que l effet anticoagulant du dabigatran débute dans les 2 heures suivant la prise du médicament :

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Deux nouveaux anticoagulants oraux : Dabigatran et Rivaroxaban

ATTENTES DE L ÉQUIPE & MFP

Le traitement de l'insuffisance cardiaque chez le chien

DOSSIER - AEROSOLTHERAPIE PAR NEBULISATION

Détermination de la sensibilité aux antibiotiques. Méthode EUCAST de diffusion en gélose

Les Nouveaux Anticoagulants Oraux (NAC) Société STAGO -HOTEL MERCURE 22 Novembre Troyes

Dossier d information sur les bêtabloquants

Les Centres de Référence pour les Infections Ostéo-articulaires

Interactions médicamenteuses des médicaments psychotropes. Florence Chapelle

Fiche Produit Profils Médicalisés PHMEV

De nombreux composés comportant le squelette aryléthanolamine (Ar-CHOH-CH2-NHR) interfèrent avec le

Suivi ambulatoire de l adulte transplanté rénal au-delà de 3 mois après transplantation

Infiltrats pulmonaires chez l immunodéprimé. Stanislas FAGUER DESC Réanimation médicale septembre 2009

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

Suivi ADOM. Claude Boiron Oncologie Médicale

POURQUOI L HYGIENE HYGIENE = PROPRETE HYGIENE = PREVENTION DES INFECTIONS COMMUNAUTAIRES ET DES INFECTIONS ASSOCIEES AUX SOINS

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

D. EVEN-ADIN - S. PLACE, Hôpital Erasme SBIMC - 26 octobre 2006

La maladie de Berger Néphropathie à IgA

Faq 1 - Mener l interrogatoire et l examen clinique d un enfant fébrile

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

RÉSUMÉ DES CARACTÉRISTIQUES DU PRODUIT. Bisolax 5 mg comprimés enrobés contient 5 mg de bisacodyl par comprimé enrobé.

D Gardez votre objectif en vue DRÄGER SMARTPILOT VIEW

Les facteurs de croissance lignée blanche Polynucléaires neutrophiles Grastims

BACCALAURÉAT TECHNOLOGIQUE

Transcription:

Suivi thérapeutique et pharmacologique des aminosides DESC pharmacologie médicale 23 et 24 Novembre, Nantes Marie BRETAGNE Interne en oncologie médicale Ile de France Encadrant : Professeur Stanke

Pharmacodynamie Gentamicine, tobramycine, amikacine Activité Bactéricides rapide Activité concentration dépendante Effet post antibiotique prolongé Synergique : Beta-lactamines, glycopeptides

Pharmacodynamie Spectre large Sensibles : BGN (E.coli, Proteus, Klebsiella, Salmonella, Shigella) Campylobacter, SASM, Listeria, Haemophilus Inconstamment sensibles : Enterobacter, Pseudomonas, Serretia, Acinetobacter, Citobacter, SARM Résistantes : Méningocoque, treponema, anaérobies, streptocoques, entérocoques, bactéries intracellulaires

Pharmacodynamie Indications Choc septique Neutropénies fébriles si choc septique, sepsis sévère ou infection documentée Infections urinaires Infections respiratoires (mucoviscidose) Listérioses

Pharmacocinétique Absorption Molécules polaires Pas d absorption per os; IM : absorption rapide et complète Distribution Faible volume de distribution (Vd) / Fixation aux protéines : 20% Diffusion tissulaire faible : sauf rénal (tubule proximal) et cochléo vestibulaire TOXICITE

Pharmacocinétique Métabolisme Pas Elimination Filtration glomérulaire et réabsorption tubulaire (TOXICITE) 1/2 vie d élimination : 2 heures (fonction rénale normale)

PK PD Bactéricide : concentration-dépendante Efficacité liée à la relation qui existe entre la Cmax après une injection et la CMI du germe Effet thérapeutique maximal : ratio Cmax/CMI 8 à 10 Efficacité des aminosides non influencée par la densité bactérienne

PK PD

Modalités d administration IVL, IT, Intra ventriculaire, IM. SC déconseillée En 30 minutes, maximum 5 jours Association Dose unique journalière (hors endocardite) gentamicine, tobramycine : 3 à 8 mg/kg/jour amikacine : 15 à 30 mg/kg/jour

Suivi thérapeutique pharmacologique (STP) Définition Mesure de la concentration sanguine du médicament pour adapter individuellement sa posologie : augmente EFFICACITE / SECURITE Recommandé Zone thérapeutique étroite Variabilité interindividuelle importante Absence d autre moyen d évaluer l'efficacité Mesure de la concentration sanguine réalisable en pratique

STP des aminosides Une efficacité et une toxicité liées aux concentrations : Cmax vs Cmin Une variabilité pharmacocinétique intra et interindividuelle Volume de distribution Elimination rénale Nécessité d adapter la posologie à la sensibilité du germe isolé

STP des aminosides Pic plasmatique = Cmax EFFICACITE Concentration résiduelle = Cmin TOXICITE Non systématique En cas de traitement à 3 jours, aucun dosage (absence de modification des paramètres de PK)

Cmax Absence de dosage Traitement à 3 jours Pas de modification des paramètres PK Après la 1ère injection Modifications PK : augmentation du Vd / diminution de la diffusion tissulaire 30 minutes après la fin de la perfusion Recommandations ANSM 2011

Cmax Taux inférieurs aux objectifs attendus Augmentation de la posologie de l injection suivante Nouveau contrôle à 48h Cmax en mg/l Cmin en mg/l Gentamicine, nétilmicine, tobramycine 30 à 40 < 0,5 Amikacine 60 à 80 < 2,5 Recommandations ANSM 2011

Cmin Dosage à 48h Durée de traitement est > 5 jours Insuffisance rénale Elevés : nécessite d espacer les injections Cmax en mg/l Cmin en mg/l Gentamicine, nétilmicine, tobramycine 30 à 40 < 0,5 Amikacine 60 à 80 < 2,5 Recommandations ANSM 2011

Méthodes de dosage Méthodes immuno enzymatiques Chromatographie liquide couplée à une détection en ultraviolet ou fluorescente, ou couplée à la spectrométrie de masse

Variabilité inter individuelle Insuffisance rénale Alternatives non néphrotoxiques Dose unique journalière, Cmax et Cmin, durée courtes, surveillance rénale et auditive Posologie de la première injection identique à celle du sujet avec une fonction rénale normale Aucune réinjection tant que le taux résiduel est supérieur au seuil de toxicité Recommandations ANSM 2011

Variabilité inter individuelle Obèse Hydrosolubles/ mauvaise distribution graisseuse Vd rapporté au poids est diminué Posologie en mg/kg doit être calculée en fonction du poids corrigé Personne agées Adaptation à la fonction rénale Recommandations ANSM 2011

Variabilité inter individuelle Sepsis sévère / choc septique / grands brulés Risque de sous-dosage par augmentation du Vd et/ou diminution de la diffusion tissulaire Risque important d infection avec des souches de sensibilité diminuée Utiliser les posologies les plus élevées Pédiatrie Meme posologie (en mg/kg) chez le nourrisson et l enfant que chez l adulte et la DUJ reste la règle Recommandations ANSM 2011

Intérêt PK de population Définition : Modélisation de la variabilité interindividuelle des paramètres PK Estime les paramètres PK moyens ainsi que leur variabilité dans la population étudiée Identifier les marqueurs qui influencent cette variabilité Détermine les relations reliant ces marqueurs aux paramètres de PK

Intérêt PK de population Adaptation a priori de la posologie (dose / intervalle) Détermination de groupes de patients à risque de sous ou sur dosage Adaptation a posteriori de la posologie par l estimation bayésienne des paramètres PK individuels Estimer des paramètres à posteriori à partir de l information à priori et de l information apporté par le patient

Intérêt Administration en plusieurs prises journalières (2 à 3) : STP améliore l efficacité et réduit la toxicité avec un rapport coût-efficacité favorable. Dans ce cadre, le STP peut être considéré comme indispensable (Nicolas Venisse, 2011) Administration des aminosides en dose unique journalière l intérêt du STP n est pas aussi précisément démontré mais reste fortement recommandé (Nicolas Venisse, 2011)

Conclusion Recommandations de bonnes pratiques (ANSM) STP : améliorer l efficacité et diminuer la toxicité Limité à certaines situations Dosages standardisés Informations sur les dosages et CAT