SYSTÈME FINANCIER DE L UEMOA ET CONTRIBUTION DU SECTEUR DES ASSURANCES



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Transcription:

UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE ------------------------- La Commission 35 e ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE LA FANAF Dakar du 21 au 24 février 2011 SYSTÈME FINANCIER DE L UEMOA ET CONTRIBUTION DU SECTEUR DES ASSURANCES COMMUNICATION DE S.E. M. SOUMAÏLA CISSÉ PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DE L UEMOA Dakar le 21 février 2011

Monsieur le Président de la FANAF, Mesdames, Messieurs les Directeurs Généraux des Compagnies d Assurance, Honorables invités, Mesdames, Messieurs, Je voudrais, avant tout, vous exprimer toute ma gratitude et celle de l ensemble des membres des Organes de l Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, pour l invitation à participer à cette 35 ème Assemblée générale de la FANAF. Vos présentes assises, Monsieur le Président, plus qu'une tradition, constituent un signe manifeste de l'intérêt que vous portez aux problèmes économiques et financiers de l Afrique. Les thèmes retenus témoignent également de l'engagement de votre institution à assumer, en plus de ses actions quotidiennes sur le terrain, son rôle de catalyseur des réflexions sur les enjeux économiques, financiers et sociaux qui interpellent tous les acteurs du développement du continent. Je salue donc l'intérêt de ces échanges au moment où les pays d Afrique s interrogent sur les conséquences des récentes crises financière et économique avec, notamment les incertitudes sur la disponibilité des ressources financières extérieures face aux besoins importants de financement de leurs économies. Dans ce contexte, le secteur financier en général, et plus particulièrement celui des assurances, a un rôle important à jouer dans la satisfaction des besoins de financement des économies africaines, en raison de ses fonctions de mobilisation de l épargne nationale et de protection des agents économiques contre les aléas économiques et financiers. 2

Pour ce faire, j ai choisi de vous parler du système financier au sein de l UEMOA et de la contribution attendue du secteur des assurances à l animation dudit système. Pourquoi ce thème? D abord, pour exprimer nos félicitations aux acteurs du système financier de la sous-région ouest-africaine, en général, et, à la FANAF, en particulier, pour leur dynamisme qui se traduit, aujourd hui, par une expansion très remarquable dans l espace UEMOA. Ensuite, pour rappeler l importance d un système financier solide et fiable dans le développement de nos économies car, comme le dit l adage : «l argent est le nerf de la guerre», et il n est point d économie qui puisse prospérer sans l appui et l implication étroite du système financier dont vous faites partie intégrante. Enfin, mon souci est d explorer, à travers ces échanges, les pistes d une plus grande implication du système financier dans l amélioration des conditions de vie des populations, notamment les plus vulnérables. Mesdames, Messieurs, L environnement créé par les politiques et programmes de l UEMOA vise à améliorer le climat des affaires en vue de faciliter l exercice d activités pouvant contribuer au bien-être des populations. Ces activités pour réussir ont besoin d être soutenues par un système économique et financier fiable. 3

Au niveau de l UEMOA, le système économique, financier et monétaire mis en place a notamment permis une maîtrise du taux d inflation et une stabilité du taux de change et des déficits budgétaires soutenables. L UEMOA veille donc à ce que le système fonctionne efficacement dans un environnement assaini. En effet, il convient de rappeler que la crise survenue dans les années 80 et qui a abouti à la fermeture de plusieurs institutions financières de l Union avait principalement pour origine des défaillances dans la gouvernance politique et économique des Etats, à travers notamment la faiblesse de la réglementation en vigueur et un certain laxisme dans la gestion. C est pour toutes ces raisons que l UEMOA a pris d importantes mesures visant à restaurer un système financier régional sain et crédible. Ces mesures ont porté sur l amélioration de la gestion des finances publiques, ainsi que celle de l environnement des affaires. Ainsi, pour préserver l intégrité du système financier régional, un dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment d argent et le financement du terrorisme a été mis en place au sein de l Union. Ce dispositif organisé autour de textes portant sur la prévention, la détection et l incrimination des opérations de blanchiment d argent, a conduit à la mise en place, dans tous les Etats membres de l Union, d une Cellule de Traitement des Informations Financières (CENTIF) chargée notamment, de recevoir, d analyser et de traiter les renseignements relatifs à l origine des transactions et la nature des opérations faisant l objet de déclarations de soupçons. Pour assurer la solidité du système financier, un dispositif autonome de surveillance des institutions financières a été mis en place. 4

Il s agit, plus particulièrement de la Commission bancaire, organisme communautaire de supervision. Dans le secteur des assurances, la Commission Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA) joue ce rôle de supervision. Par ailleurs, dans le cadre de l assainissement de l environnement économique et financier de l espace communautaire, l UEMOA s est également engagée dans un processus de coordination des politiques économiques avec la mise en place d un mécanisme de surveillance multilatérale, d une union douanière, et l adoption de règles communes de gestion des finances publiques et de la fiscalité. Enfin, il a été mis en place un marché financier régional comportant : un système moderne de paiement, une bourse régionale des valeurs mobilières (actions, obligations et bons du trésor) qui fonctionne depuis 1998, et, des institutions financières régionales crédibles, notamment des banques commerciales : ECOBANK, BOA, UBA. Entre autres atouts de l Union, il convient de souligner l existence d une monnaie unique, le franc CFA, arrimé à l euro, ce qui constitue un facteur de stabilité monétaire permettant aux entreprises installées dans cette région d accéder à un marché européen de 320 millions de consommateurs, sans coût de transactions. De même, la libre transférabilité des capitaux entre l UEMOA et la France est étendue de facto-sinon de jure- à l ensemble de la zone euro. L UEMOA s est également engagée, au cours de la deuxième décennie après sa création en 1994, à approfondir son processus d intégration régionale qui se traduit en premier lieu, par la consolidation des acquis et le renforcement des atouts autour d une vision stratégique. 5

C est ainsi qu un Programme Economique Régional :le PER, a été initié comme plan d actions du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté régional adopté en janvier 2007, par la Conférence des Chefs d Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. Le PER est ainsi le cadre de référence pour le renforcement de la croissance et la réduction de la pauvreté au sein de l Union. A travers toutes ces réformes, il apparaît clairement que l intégration a pour but de promouvoir un environnement favorable à l exercice d activités économiques susceptibles d assurer le bien-être des populations. Alors, quelles sont les opportunités qui s offrent au système financier de l espace UEMOA? La mise en œuvre de tous ces chantiers ne peut se poursuivre que si elle est soutenue par un système financier viable. De ce fait, l ensemble des chantiers de l UEMOA constitue un cadre global pour le financement des économies. Ainsi, l intervention du système financier me semble fondamentale pour mettre à la disposition des opérateurs économiques et des Etats, les moyens financiers nécessaires pour faciliter leurs interventions. A cet effet, plusieurs niveaux d intervention du système financier sousrégional, dans le développement des économies, peuvent être envisagés. Le premier niveau d intervention est la participation aux divers fonds mis en place pour le financement des activités de l Union. Il s agit d instruments de financement nécessitant la mobilisation d importantes ressources, pour renforcer les apports des institutions communautaires, à savoir : la Commission de l UEMOA, la BCEAO et la BOAD. 6

Je citerai, à titre d exemple : le Fonds Régional de Développement Agricole : le FRDA, pour le soutien aux activités de production et de transformation des produits agricoles ; le Fonds Régional de Développement de l Energie : le FDE, pour le financement des activités de renforcement des capacités de production énergétique des Etats membres. Le deuxième niveau d intervention est celui du financement des divers programmes : le Programme Economique Régional constitue le cadre idéal de mobilisation des ressources financières. Les projets inscrits dans le cadre de ce programme sont notamment des projets d infrastructures routières et de facilitation des transports. Ces projets et programmes nécessitent des ressources que les institutions financières devraient injecter pour soutenir les entreprises privées qui s engagent dans leur réalisation, qu il s agisse de la construction des routes ou de la prise en charge des postes de contrôles juxtaposés pour lesquels l UEMOA délègue la gestion à des entreprises du secteur privé. Le troisième niveau d intervention est celui du soutien au secteur de production de base regroupant les petites et moyennes entreprises et industries et les unités artisanales. Les institutions financières devraient donc développer des outils adaptés pour soutenir ces structures afin de contribuer au développement d un tissu industriel de production et de transformation de nos produits, en vue d éviter de faire de nos pays des marchés de distribution au profit de ceux venant d Europe ou d Asie. Au niveau de l UEMOA, des initiatives ont été prises, pour permettre à ces entreprises d adapter leurs outils de production aux normes internationales, 7

avec le Programme Qualité et le Programme de Restructuration et de Mise à Niveau de l Industrie. Après cette phase d intervention, il faut nécessairement que ces entreprises diversifient leurs activités et intensifient leur capacité de production pour, non seulement répondre aux besoins des populations, mais encore, s attaquer au marché international. C est là surtout que je voudrais appeler les institutions de financement à avoir plus d audace et à prendre des risques pour faciliter le développement des nos pays. C est la raison pour laquelle, au niveau de l UEMOA d importantes mesures ont été prises pour garantir au système financier la couverture de risques, tant au niveau juridique que judiciaire. Mesdames et Messieurs, S agissant plus spécifiquement du secteur des assurances, je voudrais partager avec vous quelques constats. En effet, malgré des avancées significatives enregistrées en matière de croissance, d investissement, d épargne, de mobilisation des ressources internationales et d allégement de la dette, le bilan relatif à la réduction de la pauvreté n est pas à la hauteur des attentes souhaitées. La crise financière et économique mondiale récente menace même de freiner les progrès accomplis à ce jour par les pays africains, en particulier ceux de l UEMOA qui doivent faire face à la chute des recettes d exportation et à la baisse des envois de fonds et des flux d investissement étrangers directs. Dans ce contexte, le secteur des assurances, en raison de ses fonctions de mobilisation de l épargne nationale et de protection des agents économiques 8

contre les aléas économique et financier, a un rôle important à jouer dans la satisfaction des besoins de financement de nos économies. C est en raison de cette double vocation, que les Ministres des Finances de la Zone franc, en avril 1991 à Ouagadougou, ont mis en place un Comité d experts chargé de réfléchir sur les réformes du secteur des assurances, notamment en matière de réglementation applicable à l assurance vie. Cette refonte de la réglementation a abouti à des propositions concrètes en matière de fiscalité et de promotion de l épargne. En effet, cette préoccupation des Autorités se justifiait, en son temps, par la volonté politique de faire de l assurance un instrument de mobilisation de l épargne intérieure, étant entendu que les ressources financières extérieures ne devraient venir qu en appoint des efforts internes dans les Etats. Depuis l entrée en vigueur de cette réglementation, il y a lieu, aujourd hui, de réfléchir sur la capacité du secteur des assurances à contribuer efficacement à sa vocation première, à savoir la mobilisation de l épargne intérieure mais également, au regard du contexte, à participer pleinement au financement des économies africaines. Ma contribution à ces débats vise donc, à conforter votre élan pour l émergence économique de l Afrique qui, j'en suis convaincu, doit davantage reposer sur l'initiative privée. En ce qui concerne le marché financier de l UEMOA, il connaît d importantes avancées. Aujourd hui, le marché financier régional a en effet fait preuve de son utilité en tant qu instrument de mobilisation de l épargne et de financement des économies. 9

Il a offert du coup aux opérateurs économiques de nouvelles opportunités de financement de leurs activités, en complément aux financements traditionnels du système bancaire. Cependant, le montant des capitaux levés sur le marché représente à peine 5% du volume global des investissements dans l Union et 6% des crédits bancaires au secteur privé. Traduisant la faiblesse du nombre d entreprises cotées, la capitalisation boursière apparaît particulièrement faible, car ne représentant que 4,7% du PIB de l Union. En comparaison, la capitalisation de la Bourse de Casablanca a représenté 80% du PIB en 2008 contre 33% du PIB 2000. Au sein du marché financier de l UEMOA, la contribution du secteur des assurances reste encore timide : seuls 20 % des placements vie et non vie concernent des obligations émises sur les marchés financiers de la Zone et seules 2 compagnies d assurances ont réalisé en 2003 et 2006 des emprunts obligataires par placement privé ; aucune société d assurance n est cotée en bourse ; Enfin au niveau du marché obligataire de l Union, sur un total de : 1 088 milliards de FCFA mobilisés, la part émise par les compagnies d assurances ne représente que : 0,27%, soit 3 milliards de FCFA. Les raisons généralement évoquées sont l état encore embryonnaire du marché financier, caractérisé par l absence d une gamme très variée d opportunités de placements rentables et suffisantes pour assurer le recyclage dans l économie de l ensemble des ressources mobilisées par les compagnies d assurance. 10

Cette situation contraint les compagnies d assurance à effectuer des placements en Dépôts à Terme (DAT) auprès du secteur bancaire ou dans l immobilier. En effet, en 2005, les sociétés d assurance de la zone CIMA avaient 47% de leurs placements en DAT ou en liquidités bancaires. Rapportés au montant total des engagements réglementés, les dépôts en banque représentent une proportion de 46% alors que la proportion maximale règlementaire est de 35%. Cette faible intégration du marché des assurances au marché financier prouvent que des efforts restent à accomplir pour permettre au secteur de l assurance de jouer pleinement son rôle de catalyseur de ressources destinées au financement des économies. Consciente des réelles potentialités du marché financier liées notamment à sa dimension régionale, la Commission de l UEMOA, pour sa part, s attèlera : 1) à poursuivre les efforts de stabilisation du cadre macroéconomique des pays de l Union, avec la mise en œuvre de politiques économiques saines au niveau national et coordonnées au niveau régional de manière à préserver les conditions d une croissance économique forte et durable ; 2) à accompagner la dynamique du marché par la mise en œuvre d une fiscalité harmonisée et incitative sur les valeurs mobilières et sur les entreprises accédant au marché, afin de garantir la compétitivité des opérations ; Sur le plan politique et institutionnel, il y a lieu de constater qu en ce qui concerne le secteur des assurances, l Union ne dispose pas de politique communautaire dans ce domaine. 11

Cependant, pour assurer une bonne stabilité financière de l espace, les Autorités de l Union ont mis en place un comité de stabilité financière dans le cadre du Plan d Action du programme d évaluation du secteur financier (PESF) de l UEMOA qui a été adopté en décembre 2008 à Niamey par le Conseil des Ministres de l Union. L élaboration de ce plan d action du PESF et sa mise en œuvre constituent un signal fort pour la cohérence et l homogénéité des différentes politiques sectorielles dans le domaine des banques, des assurances, des valeurs mobilières, des fonds d investissement et des infrastructures de marché. Au titre du marché financier, Il n y a pas de doute que son approfondissement et son extension vers les populations démunies et les zones rurales demeurent un défi majeur pour la croissance dans la sous-région. Dans cet élan, une attention particulière devra être accordée à deux aspects : le développement d instruments pour le financement à long terme pour soutenir l investissement ; l amélioration des services financiers pour les populations démunies. Concernant les capitaux à long terme, il s agira d améliorer le fonctionnement de la bourse régionale UEMOA, et de l utiliser comme tremplin pour l investissement étranger, y compris pour les grands projets d infrastructures. Ce projet est structuré autour de certaines composantes principales et complémentaires, notamment : 1. L Assistance technique et le renforcement institutionnel des acteurs-clés du marché : CREPMF, BOAD, BCEAO, Commission de l UEMOA, BRVM et intermédiaires commerciaux du marché ; 2. Une Ligne de crédit Infrastructures en faveur de la BOAD pour le financement des projets routiers, en favorisant l intégration régionale 12

par la facilité de la libre circulation des personnes, des biens et services ; 3. La Facilité de garanties de risques politiques et commerciaux et d assurance pour promouvoir les investissements privés dans la sous-région. Monsieur le Président de la FANAF, Mesdames et Messieurs, Pour développer nos pays, il nous faut prendre appui sur la dimension sousrégionale. Je souhaite donc que cette rencontre d échanges soit mise à profit pour explorer les pistes nouvelles et les opportunités qu offre désormais l intégration économique sous-régionale. Au vu du nombre et de la qualité des participants, issus de tous les secteurs concernés, je suis convaincu que tous ces défis sont à la mesure de vos ambitions et que la 35 ème Assemblée générale de la FANAF fera date dans les annales de l histoire économique du continent. Je vous remercie de votre attention 13