COMPTE RENDU DES ÉCHANGES



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1 ère JOURNÉES NATIONALES D ÉCHANGES TECHNIQUES MILIEUX AQUATIQUES ET PÊCHE «Gestion des ressources piscicoles et restauration morphologique des milieux» COMPTE RENDU DES ÉCHANGES Saint-Malo, 8-9 octobre 2007

SOMMAIRE PREMIERE JOURNEE EXEMPLES DE CONSERVATION ET DE GESTION PISCICOLE D ESPECES PATRIMONIALES OU D INTERET HALIEUTIQUE... 4 SESSION 1 : DEMARCHE DE CONSERVATION DES RESSOURCES PISCICOLES ET ASTACICOLES... 4 Démarche départementale d identification et conservation des populations de truites autochtones en Haute- Savoie... 4 De l Atlas de répartition au plan de conservation, démarche de préservation des écrevisses autochtones et exemples concrets... 8 État des populations d écrevisses à pieds blancs dans l Yonne et mise en place des arrêtés préfectoraux de protection de biotope... 12 Conservation et gestion des Salmonidés lacustres (omble chevalier, corégones) : exemples du lac du Bourget en Savoie... 17 SESSION 2 : CONSERVATION ET RESTAURATION DES POPULATIONS D ESPECES MIGRATRICES... 21 Restauration des poissons migrateurs sur le bassin de la Vienne dix ans après la réouverture du bassin... 21 La conservation des grands migrateurs dans le cadre de Natura 2000 en Ariège... 29 Les passes à anguilles sur le département de la Vendée : suivi de la migration anadrome et réflexion pour l amélioration de la montaison... 33 SESSION 3 : THEMES DIVERS : SUIVI HALIEUTIQUE, SECHERESSE, PATHOLOGIE... 38 Outils et méthodes de suivi des repeuplements en truite arc-en-ciel de la Réunion... 38 Bilan du suivi 2004-2006 de la reconquête piscicole naturelle suite à la sécheresse de 2003... 42 Description, identification et signification écopathologique des principales lésions et des principaux parasites externes des poissons en milieu naturel... 47

DEUXIEME JOURNEE RESTAURATION MORPHOLOGIQUE DES MILIEUX AQUATIQUES... 51 SESSION 1 : QUELS FINANCEMENTS POUR LA RESTAURATION DES MILIEUX... 51 Le programme de renaturation des rivières de Genève : historique, bases légales et financement... 51 Financement dans le cadre des neuvièmes programmes de l Agence de l eau Loire Bretagne... 58 SESSION 2 : EXEMPLES DE RESTAURATION GEOMORPHOLOGIQUE DES MILIEUX AQUATIQUES... 65 Synthèse des exemples d aménagements piscicoles et d amélioration des habitats dans le département de la Loire... 65 Exemple d effacement d ouvrages, de restauration des habitats et de réaménagement de zones humides sur un cours d eau de deuxième catégorie... 70 Exemples de réhabilitation des habitats piscicoles sur les rivières de la Drayac et du Langonnet dans le Morbihan... 71 Bilan de dix ans de renaturation des rivières à Genève : beaucoup de succès et quelques échecs!... 76 SESSION 3 : DIAGNOSTIC, SUIVI ET EVALUATION DES TRAVAUX DE FRANCHISSEMENT ET D AMELIORATION DES HABITATS AQUATIQUES... 82 Diagnostic, suivi et entretien des passes à poissons, situation régionale en Basse-Normandie et identification des besoins... 82 Tour d horizon illustré de la problématique du franchissement des buses... 87 Mise en place de suivis post-travaux : essai d évaluation des gains biologiques et physiques sur les écosystèmes restaurés, exemple du Dadon en Haute-Savoie... 88 Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 3

PREMIERE JOURNEE EXEMPLES DE CONSERVATION ET DE GESTION PISCICOLE D ESPECES PATRIMONIALES OU D INTERET HALIEUTIQUE SESSION 1 : DEMARCHE DE CONSERVATION DES RESSOURCES PISCICOLES ET ASTACICOLES Démarche départementale d identification et conservation des populations de truites autochtones en Haute-Savoie Résumé : Arnaud Caudron FDPPMA Haute-Savoie La volonté politique sur le département de Haute-Savoie est de baser la gestion piscicole des populations de truites sur une connaissance précise du patrimoine naturel existant, des résultats des pratiques traditionnelles de gestion et bien sur de la qualité des milieux. Cependant, la volonté de mettre en place une gestion patrimoniale nécessite de connaître précisément l état et les caractéristiques du patrimoine en place c'est-à-dire ici des populations naturelles de truites présentes. Cette connaissance indispensable à l établissement des plans de gestion locaux n est pas présente dans les PDPG. En effet, ce document reste trop généraliste et présente surtout un diagnostic acquis à partir d une méthodologie hasardeuse. Aussi, pour combler ce manque, un programme d études a été réalisé sur 3 années dans le cadre d un programme européen INTERREG III A afin d identifier et de caractériser les populations naturelles de truite commune. Une synthèse bibliographique sur le sujet a permis de mettre en place une méthodologie se calquant sur les principes de la biologie de la conservation. Cette discipline cherche a apporter aux gestionnaires les outils et les connaissances nécessaires pour gérer durablement une espèce en garantissant son potentiel évolutif c est à dire en essayant de maintenir un maximum de diversité génétique. Une étude génétique des populations de truite en place a donc été entreprise à grande échelle sur 163 secteurs de rivières. Cette première étape a permis de localiser la présence sur 11 zones géographiques de populations autochtones de truites méditerranéennes peu impactées par les repeuplements pratiqués pourtant depuis près d un siècle. Sur ces 11 zones, des investigations complémentaires permettant d affiner le diagnostic génétique ont abouti à la caractérisation de 6 souches différentes de truites natives représentant donc 6 unités de gestion d intérêt patrimoniale qu il est indispensable de gérer indépendamment les unes des autres. En complément, des études sur les milieux et les populations ont permis de caractériser le statut démographique et l état des populations en place. L ensemble de ces données a été synthétisé afin de proposer aux gestionnaires, sur les secteurs où la connaissance était suffisante et en fonction du diagnostic obtenu, des actions concrètes de conservation, de restauration et de gestion des populations natives de truites. Le but étant Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 4

de prendre en compte désormais dans la gestion des populations la diversité intraspécifique présente afin de garantir le potentiel adaptatif des populations naturelles et donc leur pérennité. Un Schéma Départemental de Conservation et de Restauration des Populations Autochtones a été établi. Echanges : Agnès BARILLIER, EDF CIH Avez-vous pu mettre en évidence dans votre étude des âges de maturation sexuelle différents selon les souches génétiques des truites? Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 Nous n avons pas sacrifié les poissons pour identifier leur sexe et leur stade de maturité. En revanche, des études menées en parallèle par l INRA ont montré des différences en termes de période de ponte et de durée d incubation des œufs. Nous avons également observé des différences sur le plan morphologique, en particulier sur la taille de la nageoire pectorale, laquelle joue un rôle prépondérant dans le maintien des poissons dans les courants. Nous n avons donc pas fait de la génétique «pour nous faire plaisir» : nous avons constaté qu il existait, derrière les différences génétiques, des différences d adaptation. Ce n est pas un hasard si les durées d incubation ou les périodes de ponte diffèrent d un bassin à un autre. Denis LEGRET, FDPPMA 28 Sur les trois zones viables, quelles sont les préconisations majeures en matière de gestion? Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 Tout dépend de ce qu il y a à gagner. Pour notre part, nous avons un certain linéaire colonisé et nous voulons que les populations viables des bassins versants s étendent. Concrètement, nous avons donc proposé des repeuplements de réhabilitation dans les secteurs où il y avait beaucoup à gagner. Cela supposait d avoir un stock de géniteurs et une production de juvéniles sauvages, l objectif étant d instaurer une population autochtone par repeuplement. Je précise que les repeuplements sont temporaires, c est-à-dire que nous nous engageons sur cinq à huit ans, avec un suivi régulier. Au bout de trois ans, ce suivi permet d observer s il y a effectivement une implantation. En fonction des résultats, nous décidons de poursuivre ou d arrêter l opération. Voilà pour cette première mesure possible, qui demeure cependant lourde et que nous réservons, de ce fait, aux bassins où il faut produire beaucoup de poissons pour réhabiliter la population. Une autre proposition concerne le transfert de géniteurs. C est le cas, par exemple, dans les zones où il n y a que quelques kilomètres à gagner au-dessus d un ouvrage, et où il est impossible de réaliser une passe à poissons. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 5

En fait, nous nous adaptons à chaque situation et nos propositions restent classiques. Il peut s agir de repeuplement de réhabilitation ou de réalisation de passes à poissons, ou encore de restauration d habitat si le problème est lié à l habitat physique. Olivier PLASSERAUD, FDPPMA 31 Avez-vous diagnostiqué des cas dans lesquels la non viabilité des poissons locaux s expliquait par la gestion piscicole et non par l état du milieu? Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 Absolument. Nous avons effectivement des zones où le problème majeur n est pas la souche utilisée. Celle-ci intervient peut-être dans l implantation des alevins, mais ce n est pas une solution miracle. Dans ces zones, le vrai problème vient de la qualité des alevins. Il s agit de trois zones classiques, avec un repeuplement en juvéniles réalisé chaque année. La population naturelle y est très rare, la plupart des poissons étant issus du repeuplement. Les densités sont également très faibles, en raison de la qualité des poissons introduits. Enfin, nous y observons des problèmes pathologiques et même morphologiques. En effet, des poissons obèses de pisciculture, même s ils font cinq centimètres, ne sont pas adaptés au milieu naturel. Dans ces zones, nous avons donc repris la gestion à zéro en changeant les quantités introduites. Nous disposons aujourd hui de trois ans de suivi sur certaines d entre elles, ce qui nous permet d observer les effets positifs de notre action. En modifiant le repeuplement, nous avons multiplié la quantité de poissons présents par cinq à dix. Nous allons maintenant poursuivre notre opération et, à terme, cesser toute intervention en espérant que la population se reproduise toute seule. En effet, nous ne faisons pas de repeuplement massif et pérenne, et nous restons dans des interventions temporaires. Jean-Christophe BOUT, FDPPMA 24 Concernant le repeuplement, continuez-vous à travailler avec des souches atlantiques ou avezvous prélevé des géniteurs sauvages? Avez-vous mis en place des pools de poissons sauvages enfermés en vue de produire des poissons génétiquement plus conformes à la souche originelle? Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 Nous ne préconisons plus du tout l utilisation des poissons atlantiques en Haute-Savoie. Nous ne l avons pas vraiment interdite, mais nous avons réussi à convaincre nos partenaires de ne plus la pratiquer. C est également le cas pour les souches méditerranéennes qui ne sont pas issues des bassins, puisqu il ne faut pas mélanger les souches. Cette problématique est importante pour nous car nous avons six souches différentes. Jean-Christophe BOUT, FDPPMA 24 Au niveau des poissons sur-densitaires déversés par les AAPPMA, nous avons travaillé, en Dordogne, pour favoriser la truite arc-en-ciel plutôt que la fario. Avez-vous mis en place une démarche similaire avec vos partenaires? Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 6

Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 La population sur-densitaire est très faible en Haute-Savoie. Dans les zones où il y en a, nous essayons effectivement de favoriser l arc-en-ciel. Agnès TRONCHE, FDPPMA 15 Pourquoi ne pas arrêter les repeuplements puisque ceux-ci ont des effets négatifs? Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 Je partage totalement votre avis, mais il faut encore réussir à le faire admettre, ce qui n est pas toujours évident. Lorsque nous avons soulevé le problème des repeuplements, on nous a demandé de prouver l inutilité ou l impact de ces opérations. On nous a également répondu que les effets variaient d une zone à une autre. D autre part, il faut tout de même reconnaître que, dans quelques rares secteurs, le repeuplement permet de maintenir le stock en place. Certes, ce maintien est artificiel, mais ce sont des zones pêchées. Toute la question est alors de savoir quoi faire : faut-il arrêter de repeupler et accepter que ces zones n aient plus de poissons et ne soient plus pêchées? Ce sont aussi, derrière, des choix halieutiques. Mais audelà de cet exemple particulier, force est de constater que le repeuplement, tel qu il est pratiqué aujourd hui dans la majorité des cas, ne permet pas d aboutir à une gestion patrimoniale. Tout le problème est de le prouver sur chaque secteur. Jean-Paul DORON, Président UR des fédérations de Bretagne Normandie Maine Merci pour cet échange. Vous constaterez que ce sujet a été abordé sans tabou pour ce qui intéresse le milieu associatif et les pêcheurs. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 7

Résumé : De l Atlas de répartition au plan de conservation, démarche de préservation des écrevisses autochtones et exemples concrets Philippe Huchet FDPPMA Haute-Savoie L écrevisse à pieds blancs, Austropotamobius pallipes (LEREBOULET, 1858), espèce autochtone en France, colonisait jadis bon nombre des cours d eau du territoire. Du fait de la pression anthropique croissante s exerçant sur les systèmes aquatiques, elle a vu son aire de répartition fortement régresser depuis les années 50. On ne compte plus aujourd hui que des populations isolées, cantonnées à de petits systèmes apicaux. Si la Haute-Savoie ne fait pas exception à ce constat, l évolution précise de la répartition de l espèce y était relativement méconnue. C est la raison pour laquelle une étude de la situation actuelle des écrevisses autochtones a été mise en place par la Fédération départementale de pêche à partir de 2002. Il s est agit de recenser les populations encore présentes dans le département et d évaluer l état de santé de chacune d entre elles, en vue de proposer de premières orientations de gestion nécessaires à la conservation de l espèce. La démarche adoptée a été la suivante : - Réalisation d un atlas départemental le plus exhaustif possible. (2002, 2003, 2004) - Réalisation d un état initial sur les populations recensées (linéaire colonisé, estimation quantitative) et les milieux qu elles occupent (occupation du sol sur le bassin versant, qualité de l habitat au niveau stationnel, macrobenthos, suivi physico chimique de l eau, suivi thermique, bilan des contaminations toxiques des sédiments). (2003, 2004, 2005) - Mise en place d un plan départemental de conservation de l espèce intégrant un suivi pluriannuel de la dynamique des populations (linéaire colonisé, estimation quantitative) et de la qualité des milieux (physicochimie, macrobenthos) visant à réaliser un diagnostic précis de la situation de chaque population, suivi de la prise de mesures de conservation (circonscription des perturbations diagnostiquées) en partenariat avec les acteurs locaux. (2006, 2007) Le but de cette étude étant d assurer la pérennité de l espèce au niveau départemental en passant en priorité par la conservation des populations existantes. Chaque étape décrite au cours de la présentation est illustrée par le biais d exemples locaux. Echanges : Fabrice MOULET, FDPPMA 10 Vous êtes-vous intéressés aux autres espèces d écrevisses pour essayer d évaluer l impact qu elles pourraient avoir, ou faites-vous partie des quelques départements encore exempts de toutes ces espèces? Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 8

Philippe HUCHET, FDPPMA 74 Dans le cadre de l Atlas, nous nous sommes systématiquement penchés sur la présence d écrevisses, quelle que soit l espèce. Cela a d ailleurs faussé quelques données, par exemple lorsque des Pacifastacus ont été prises pour des pieds blancs. Pour autant, l Atlas n est pas exhaustif des populations allochtones. Il se trouve que nous n avons pas de cas de disparition de population liée à la présence d écrevisses allochtones dans les groupes que nous étudions. Il y en a sûrement eu avant 2002 mais, pour notre part, dans le cadre de nos suivis, nous ne sommes pas confrontés à ce problème pour le moment. Nous n avons pas relevé de cas de peste ou de compétition vérifiés au moment de l étude. Cela n a donc pas été un sujet traité en priorité. Nous nous sommes avant tout attachés à traiter nos populations autochtones. Hubert CATROUX, FDPPMA 22 J aurais voulu en savoir plus sur le protocole de piégeage des captures. Philippe HUCHET, FDPPMA 74 Cela se fait de nuit, à la lampe, sur une station de la taille environ d une station de pêche électrique. Nous faisons généralement deux séries de deux passages à une heure d intervalle. À la première série, nous récupérons tous les individus présents, puis nous les marquons au vernis à ongles et les remettons dans le milieu. Nous repassons ensuite quarante-huit heures plus tard et refaisons deux passages à une heure d intervalle, en comptant le nombre de marqués et de non marqués. À partir de là, la formule de Petersen nous permet d estimer l effectif théorique. Jean COUDERC, FDPPMA 12 Quel est votre sentiment sur l avenir de l écrevisse dans votre département, tant à court terme qu à long terme? Philippe HUCHET, FDPPMA 74 Nous avons huit populations pérennes sur les critères posés de linéaire et de densité. La plus grosse difficulté est moins technique que politique. En effet, les cours d eau dont nous parlons ont souvent été négligés. Les usagers les ont fréquemment utilisés comme des fossés ou des décharges. Dès lors, toute la difficulté est de faire changer les usages locaux sur le terrain. Il est très difficile de demander aux usagers d arrêter les curages ou de dévier les rejets. Cela suppose de lourdes concertations politiques. Mais une fois que c est entré dans les esprits, la pérennité de l espèce peut être assurée. Pour notre part, nous allons tout d abord nous attacher à conserver les populations que nous avons recensées, puis tenter d étendre les populations sur lesquelles nous pouvons mener un travail. Cela dit, sur les trente populations que nous avons recensées, il en reste un petit nombre que nous ne pourrons pas sauver. Lorsqu il reste vingt individus sur un linéaire, nous les suivons pour générer des données et établir à terme des comparaisons avec des populations viables, mais nous n engageons pas d actions de restauration. Par la suite, c est encore sur le plan politique qu il nous faudra batailler. La pérennité de l espèce passera en effet, au niveau départemental, par un essaimage. Étant donné que nous avons déjà du mal sur les cours d eau Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 9

où il y a de l écrevisse, je pense que cela sera très difficile sur les rivières où il n y en pas encore. Véronique BEUNKE, Agence de l Eau Seine Normandie Pourriez-vous nous indiquer le surcoût induit par votre demande d aménagement de passage avec l autoroute? Quel est le pourcentage de ce surcoût par rapport au projet de buses initial? Philippe HUCHET, FDPPMA 74 L autoroute a été très évasive sur les coûts. C est de l ordre de dix à quinze millions d euros sur le viaduc. Compte tenu de ce qu ils nous ont dit, nous estimons le surcoût à dix millions d euros. En pourcentage, je dirai que nous avons multiplié par dix ou vingt le coût initial du projet. Michel BRAMARD, ONEMA Unité Régionale Poitou-Charentes Je voudrais faire le lien entre votre présentation sur les écrevisses en Haute-Savoie et celle sur la truite dans le département. Il y a en effet des problématiques communes en termes de gestion, de transferts de populations et de risques pathologiques, car on sait aujourd hui que la fréquence des interventions augmente les risques pathologiques. Avez-vous cerné ces problématiques et relié ces deux aspects? Philippe HUCHET, FDPPMA 74 Un cahier des charges spécifique détaille tous ces aspects. Concrètement, lorsque nous sommes en prospection et que nous tombons sur une population malade, nous interrompons notre travail, c est-à-dire que nous ne retournons pas sur un autre cours d eau où il y aurait une autre population, qu elle soit allochtone ou autochtone. Par ailleurs, le matériel est systématiquement désinfecté lorsque nous revenons du terrain. Nous essayons donc de prendre un maximum de précautions. Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 Concernant les truites, il n y a pas de gestion piscicole sur les secteurs abritant des populations d écrevisses. Nous avons réussi à faire cesser les quelques introductions de poissons qui étaient encore menées. Sophie GAUGUERY, DIREN de bassin Loire Bretagne Nous travaillons actuellement sur les nouveaux classements de cours d eau suite à la LEMA de 2006, et notamment sur la question des réservoirs biologiques. Pour délimiter ces réservoirs, nous essayons de travailler sur les inventaires existants et en particulier sur les inventaires d espèces patrimoniales. Ma question est de savoir s il existe, au niveau national, un inventaire des écrevisses à pieds blancs. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 10

Philippe HUCHET, FDPPMA 74 Il n y a pas aujourd hui d inventaire national précis, mais il existe des données départementales que l ONEMA fait remonter. En Haute-Savoie, la garderie avait fait remonter cinq sites au niveau national jusqu en 2002. La dernière carte réalisée par l ONEMA montre des apparitions de population dans notre département. Ce n est pas de la génération spontanée, c est simplement que nous avons réalisé des observations supplémentaires sur le terrain. Jean-Paul DORON, Président UR des fédérations de Bretagne Normandie Maine Je voudrais rappeler que bon nombre de fédérations départementales se sont lancées dans la réalisation d atlas du même type que celui de la Haute-Savoie. Je vous incite donc à vous rapprocher de vos fédérations respectives, car la couverture nationale de ces inventaires en espèces patrimoniales est malgré tout importante. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 11

État des populations d écrevisses à pieds blancs dans l Yonne et mise en place des arrêtés préfectoraux de protection de biotope Résumé : Olivier Blatter FDPPMA Yonne Le territoire français est au centre de l aire de répartition d Austropotamobius pallipes pallipes (A.P.P) dite écrevisse à pieds blancs. A. pallipes est la principale espèce d écrevisse autochtone sur le territoire français et à ce titre, la plus répandue sur l ensemble du territoire métropolitain. Malgré une large répartition nationale et européenne, les populations d écrevisses à pieds blancs sont en perpétuelle baisse depuis une vingtaine d années (Vigneux et al., 1993). Le département de l Yonne n échappe pas au déclin généralisé de cette espèce à forte valeur patrimoniale, présentant un intérêt certain dans le fonctionnement et l équilibre des écosystèmes aquatiques. Les études et prospections menées conjointement depuis quelques années par la Fédération de Pêche, la brigade de l Yonne du Conseil Supérieur de la pêche et par le Parc Naturel Régional du Morvan permettent de caractériser précisément l état des populations d écrevisses. Ces observations ont mis en évidence un contexte astacicole extrêmement précaire et fortement dégradé. Ainsi le département de l Yonne compte actuellement huit ruisseaux partiellement colonisés, ce qui représente un linéaire cumulé de 0,16% du linéaire hydrographique départementale. Les raisons de ce déclin sont nettement déterminées dans le département. D une part, la dégradation des milieux due aux pratiques agricoles et sylvicoles intensives, associées aux travaux de curage ou de rectification ont altéré la qualité de l eau. D autre part, les introductions historiques d écrevisses allochtones ont engendré un processus de compétition et provoqué d importantes attaques fongiques décimant les populations d A.P.P. L analyse diachronique des photographies aériennes des bassins versants concernées ainsi qu une approche à l échelle de la végétation rivulaire à permis de caractériser l habitat préférentiel de l espèce et d expliquer sa disparition de certains secteurs. Au vu de ces résultats, la fédération à mise en œuvre une politique de protection de A. pallipes, indispensable pour la conservation de cette espèce. Malgré un panel d outils réglementaires, les Arrêtés Préfectoraux de Protection des Biotopes (A.P.P.B) semblent l outil le plus approprié au vue des problématiques existantes. Cet instrument est d ailleurs largement utilisé pour la protection des milieux et notamment pour les biotopes à écrevisses à pieds blancs au niveau national. Cet engouement s explique par la souplesse de la procédure ainsi que par une relative simplicité et rapidité de mise en place. Cet acte qui s apparente à une mesure de police administrative permet de réglementer voire d interdire certaines activités. Dans l Yonne, les sites visés par cet acte s étendent sur un territoire restreint où les facteurs perturbant les populations sont récurrents facilitant d autant plus la conception des A.P.P.B. Echanges : Jérôme GUILLOUET, FISH-PASS Existe-t-il une synthèse nationale des atlas? Cela permettrait à la fois d avoir une vision globale et de poursuivre la série de cartes qui nous a été montrée. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 12

Olivier BLATTER, FDPPMA 89 À ma connaissance, il n existe que l enquête écrevisse de l ONEMA, qui a été récemment remise à jour. Pour notre part, nous n avons jamais été approchés au niveau national, mais nous avons mis en place un «Groupe écrevisse bourguignon» qui fonctionne bien. Nous tenons des réunions et élaborons un plan de prospection chaque année. Surtout, le groupe fournit une base de données relativement conséquente qui restitue toute la cartographie sous SIG, ainsi que tous les ruisseaux avec les différentes espèces. Bruno BARBEY, FDPPMA 36 En complément du recensement ONEMA, il existe un recensement par les associations de protection de la nature. Celles-ci élaborent le «Livre rouge des espèces menacées». Cet ouvrage est en cours de réalisation, et sa version actualisée va bientôt paraître. J invite donc toutes les fédérations à se rapprocher de leur association de protection de la nature. En région Centre, par exemple, ce recensement nous apprend que l écrevisse à pieds blancs passe du statut de «vulnérable» au statut dit «rouge», c est-à-dire en voie d extinction. J en viens à ma question qui concerne la mise en place des arrêtés de biotope : quelle a été la réaction des propriétaires riverains et de l administration, et en particulier la DDA? Olivier BLATTER, FDPPMA 89 On touche ici le point sensible. Les propriétaires sont peu nombreux, puisque nous sommes sur de faibles linéaires. Les mesures sont donc relativement simples. Au niveau des fonds, il est possible de financer tout cela. En revanche, il n y a pas de réelle volonté des pouvoirs publics de nous aider. Cela fait déjà deux ans que le projet d arrêté de biotope est «dans les tuyaux», mais il avance difficilement. Pour notre part, nous allons engager des concertations avec les propriétaires riverains de ces petits cours d eau dès la semaine prochaine. Il y aura forcément des mécontents mais, au final, nous devrions à peu près réussir à leur faire entendre raison. Je précise que les réunions que nous organisons sont purement consultatives, puisque les arrêtés de biotope ne supposent que deux avis obligatoires, le reste étant consultatif. Si nous nous sommes engagés dans cette démarche de concertation, c est pour éviter les mauvaises surprises, car il y a des risques. En découvrant que ces petits sites méconnus accueillent des écrevisses, certains pourraient être tentés d éradiquer les populations. C est donc à double tranchant. Mais le contexte nous oblige à aller vite. Nous verrons bien ce que donneront les concertations. Pour l instant, il y a un site qui n a posé aucun problème. C est une zone totalement boisée de forêt humide, en fond de vallée, avec sept cents propriétaires. En revanche, dès que les sites sont occupés par des agriculteurs, nous rencontrons de grosses difficultés. Pierre GRES, FDPPMA 42 Je voudrais apporter une note d espoir. En effet, les propos de la Fédération 74 nous montrent qu il y a peu de différence entre les sites possédant des populations saines et ceux dont les populations périclitent en termes de paramètres abiotiques mesurés. Dès lors, je voudrais s avoir s il y a parmi nous des personnes qui ont pu, grâce à des arrêtés de biotope ou tout autre mode de conservation, restaurer, améliorer ou au moins maintenir des sites qui étaient à la limite de la viabilité? Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 13

Alexandre WISARD, Service renaturation DT Genève Nous avons pu réhabiliter cinq sites en déclin sur Genève, grâce à des mesures constructives de développement de l habitat et surtout de réintroduction. Cette dernière s est faite dans des cages, à l aide de femelles grainées. Le décollage a pris cinq ans et, à présent, nous sommes en expansion. Nous avons réussi à viabiliser et assurer à long terme ces cinq populations. Je précise qu il s agissait d individus que nous avions capturé en milieu naturel dans des bassins versants proches, dans un rayon d environ cinq kilomètres. Au départ, nous avions fait un premier essai d introduction à l aide d une quarantaine d individus, mais cela s est soldé par un échec complet. Le facteur numéro un pour nous était l habitat. Il a fallu créer une succession de fosses et apporter de la diversité, sachant que nous avions déjà la nourriture et la qualité de l eau. Jean-Paul DORON, Président UR des fédérations de Bretagne Normandie Maine Étant issu d un département particulièrement couvert par les arrêtés de biotope, je voudrais montrer les limites de cet outil réglementaire. Chez nous, les arrêtés de protection de biotope ont été pris en 1989, consécutivement à l élaboration du Schéma départemental de vocation piscicole (SDVP). Depuis lors, nous avons engrangé un certain nombre d arrêtés. Nous sommes situés en tête de bassin versant, et nous avons essentiellement de très petits cours d eau. Les inventaires que nous menons révèlent une régression des populations d écrevisses à pattes blanches, ainsi qu une augmentation particulièrement inquiétante des autres espèces d écrevisses. Ces autres espèces, que je qualifierai d envahissantes, posent des problèmes de préservation. Au-delà de cet aspect, nous avons également le problème des installations, ouvrages, travaux et aménagements, sur lesquels nous avons de grandes difficultés à faire prévaloir les arrêtés de protection de biotope dans les procédures dites de simple déclaration, alors qu ils portent parfois atteinte à certaines populations. J émettrai donc une réserve quant à la portée même de l arrêté de protection de biotope. À mon sens, il ne faut pas espérer qu en lui-même l arrêté suffise pour assurer la préservation d une espèce qui est aujourd'hui davantage en voie de disparition que protégée. Au-delà des arrêtés, il y a une nécessité de partage de la connaissance, de l évaluation et des diagnostics. C est d ailleurs l un des enjeux de cette journée que de regrouper tout ce qui se fait en matière d évaluation et de recensement des populations. L objectif est d arriver à une confluence des intérêts et participations de tous les acteurs, qu il s agisse des associations de protection de la nature, des fédérations ou d autres acteurs (bureaux d études, administrations, etc.). Ainsi, je pense que l on se trompe quand on dit que les arrêtés de protection de biotope sont des mesures simples et rapides à mettre en place. Pour notre part, nous en sommes au vingtdeuxième arrêté. Cela fait plus de trois ans que la procédure est enclenchée, assortie de concertations diverses avec les conseils généraux et les chambres consulaires. Forts de cette expérience, nous voyons bien que nos partenaires ont pris conscience de l outil et des risques qu il fait peser sur certaines activités. Par conséquent, nous avons de plus en plus de difficulté à mettre en place ce dispositif. Benjamin HERODET, FDPPMA 01 La loi protège l écrevisse en elle-même. Dès lors, ne serait-il pas plus rapide d engager des concertations avec les propriétaires sur la base de la loi de protection de l habitat de Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 14

l écrevisse? Serait-il possible d informer les propriétaires de ce qu ils peuvent faire ou pas sans passer par les arrêtés de protection de biotope? N y gagnerait-on pas davantage de souplesse? Avez-vous des retours d expérience sur ce point? Olivier BLATTER, FDPPMA 89 Nous avons choisi de passer par un acte réglementaire parce que nous étions pressés. Aujourd hui, les riverains savent que les cours d eau accueillent de l écrevisse à pieds blancs. Pour l instant, leur pratique agricole n est pas trop pénalisante. En revanche, le problème risque de se poser si les retournements de prairies continuent à se multiplier en bordure de rivière. Pour répondre à votre question, il serait effectivement possible d aller discuter directement avec les riverains. Cela a d ailleurs été fait pour d autres espèces. Dans ce cas particulier, nous avons souhaité «marquer le coup», y compris au niveau institutionnel avec les pouvoirs publics, pour insister sur l importance de l enjeu. C est la raison pour laquelle nous avons souhaité passer par des arrêtés de biotope. Même si nous sommes conscients que ces textes ne vont pas protéger l écrevisse, nous pensons qu ils ont au moins le mérite d exister et d attirer l attention de nos partenaires. Michel BRAMARD, ONEMA Unité Régionale Poitou-Charentes Nous avons, nous aussi, un peu d expérience sur la prise d arrêtés de biotope et sur les outils de protection de l écrevisse à pieds blancs. Il est vrai qu il y a des nuances réglementaires. Par exemple, le fait qu il s agisse d une espèce protégée empêche de mettre en place des actions spécifiques à cette espèce. Ce sont là des subtilités d écriture des textes de droit qui visent la dégradation volontaire des habitats. Au total, cela ouvre la porte à de trop nombreux abus. Pour ce qui concerne l arrêté de biotope, je ne crois pas que ce soit la panacée. Normalement, la construction des arrêtés de biotope ne s appuie que sur un mode d interdiction. Cela limite énormément le champ d action, notamment au niveau des bassins versants. L intégration d un bassin versant dans un arrêté de biotope pourrait d ailleurs prêter à contentieux, ce qui freine beaucoup l administration. Si cet arrêté demeure intéressant, voire indispensable, il nécessite donc des mesures complémentaires. Il faut pouvoir engager des actions non pas prohibitives mais sur le mode de la restauration, et même des actions financières. Je pense d ailleurs que vous avez aussi exploré ce type d outil. Olivier BLATTER, FDPPMA 89 Le but est d abord de mener une concertation avec les propriétaires et, ensuite, de leur donner des solutions. Tout ce qui concerne la pose d abreuvoirs, de clôtures et autres fera l objet d un travail avec eux et sera financé. Des fonds ont d ailleurs été débloqués pour mettre en place des solutions. Jean-Paul DORON, Président UR des fédérations de Bretagne Normandie Maine Il y a urgence à intervenir sur la question de l écrevisse à pattes blanches. Nous avons évoqué les arrêtés de protection de biotope, mais il y a aussi, dans le cadre de la révision des schémas directeurs d aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), la notion de réservoir biologique. La DIREN de bassin Loire Bretagne l a dit, il faut saisir cette opportunité pour améliorer l état de la connaissance, de manière à ce que les habitats spécifiques à ces espèces soient pris Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 15

en considération dans les documents de planification de l eau. Mais cela doit être un diagnostic partagé par l ensemble de la collectivité des usagers. Jean-Alexandre DACHARY, FDPPMA 72 Dans la Sarthe, nous nous sommes aussi lancés dans la mise en place d un arrêté de biotope, après un inventaire départemental des populations. Je remercie au passage les collègues d autres départements qui ont fourni des données sur leurs propres arrêtés de biotope. Ces données révèlent que l analyse des dossiers par l administration varie fortement d un département à l autre. Pour notre part, nous avons voulu inclure dans le projet certaines mesures concernant le bassin versant. Ces mesures nous paraissaient pertinentes en termes biologiques et par rapport aux menaces pesant sur l espèce. Pourtant, la DDAF nous a opposé un refus catégorique, en soulignant qu un arrêté de biotope ne doit protéger que le biotope. Nous n avons donc pu inclure qu une bande le long du cours d eau correspondant à l emprise du système racinaire de la ripisylve. En dehors de cela, les interventions sur ce type de problématique ne sont définitivement pas possibles. L administration s y oppose car elle ne veut pas, comme l a dit Michel BRAMARD, prendre le risque de voir son arrêté attaqué. En bref, ils ne veulent pas «se rater» pour le premier arrêté, ce qui signifie que les mesures prises dans l Yonne à l échelle du bassin versant ne seront pas possibles pour nous, les Sarthois. Jean-Paul DORON, Président UR des fédérations de Bretagne Normandie Maine L arrêté de protection biotope protège l habitat spécifique de l espèce concernée, que ce soit la truite fario ou l écrevisse. C est donc à juste titre qu on l utilise dans ce but. Je me souviens qu il y a eu débat sur ces sujets en commission du milieu naturel aquatique du bassin Seine Normandie, mais aussi en Loire Bretagne. La question était de savoir comment étendre ces arrêtés au moins jusqu à l échelon du lit majeur. La réponse est que, d un point de vue technique et réglementaire, c est impossible. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 16

Conservation et gestion des Salmonidés lacustres (omble chevalier, corégones) : exemples du lac du Bourget en Savoie Résumé : Sébastien Cachéra CISALB Le lac du Bourget, plus grand lac naturel français, abrite des populations de salmonidés : ombles chevaliers (Salvelinus alpinus), corégones (Coregonus lavaretus) et truites (Salmo trutta L.) de lac, espèces sensibles à la dégradation des milieux. Dans la période 1960-1980, ce lac a connu une phase importante d eutrophisation avec des concentrations en phosphore atteignant 120 µg/l. Au cours de ces années, les captures des pêcheurs professionnels et amateurs pour les 2 espèces (ombles et corégones) se reproduisant en lac ont fortement décliné. Ce constat a permis d identifier la mauvaise survie des œufs comme étant le facteur limitant majeur de la production. Une démarche de restauration des milieux a donc été engagée et dès 1980, les apports trophiques ont été réduits par d importantes opérations de dérivation des eaux usées. Parallèlement, les gestionnaires et les scientifiques de l INRA de Thonon-les-Bains ont développé une approche raisonnée et maîtrisée du repeuplement, baptisée pacage lacustre. Il s agit de combler les déficiences du recrutement naturel en pratiquant des relâchers de juvéniles issus d œufs prélevés sur des géniteurs sauvages. Depuis le milieu des années 1990, on constate un retour significatif des ombles et des corégones dans les captures des pêcheurs. Ce stock nouvellement reconstitué reste cependant encore fragile et demande un suivi précis des populations afin de garantir une gestion raisonnée et durable qui profite aussi bien aux pêcheurs professionnels qu aux pêcheurs amateurs. Ainsi, depuis 1990, les captures par unité d effort des pêcheurs amateurs sont enregistrées et les pêcheurs professionnels continuent de déclarer leurs captures (statistiques existantes depuis 1920). En complément, des échantillonnages de type mensuration et prélèvement d écailles sont réalisés dans les captures afin d appréhender et de suivre la dynamique de la population exploitée. D autre part, l évaluation du pacage lacustre réalisée au cours des premières années demande d être actualisée. En effet, depuis les premiers travaux de restauration de la qualité de l eau du lac, les efforts d assainissement continuent au travers d un contrat de bassin versant. Ainsi, une étude récente montre que le lac du Bourget se situe désormais à un niveau mésotrophe. Dans ces nouvelles conditions de milieu, davantage favorables au développement des salmonidés, l INRA et le CISALB ont pris l initiative de mener de nouvelles campagnes de marquage afin d évaluer la part relative des poissons issus du pacage lacustre et du recrutement naturel. Ces résultats permettront de définir de nouvelles orientations de gestion pour la décennie à venir. Echanges : Grégoire RICOU, FDPPMA 37 Avez-vous une idée du coût du marquage et notamment du dépouillement de l otholite? Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 17

Sébastien CACHERA, CISALB C est une étude qui intéresse fortement l INRA, si bien que de nombreuses opérations se font sur «fonds propres» du chercheur. Arnaud CAUDRON, FDPPMA 74 Notre chiffrage global du projet donne, pour la truite, pour un marquage de trois millions d alevins par an pendant trois ans, un coût total de 80.000 euros temps de travail compris. Denis LEGRET, FDPPMA 28 Vous avez parlé des carnets de capture pour les pêcheurs en bateau, avez-vous également mis en place de tels carnets pour les pêcheurs au bord? Par ailleurs, comment s est déroulée cette mise en place des carnets de capture? Sébastien CACHERA, CISALB Pour l instant, nous ne suivons pas du tout la pêche en bordure, et je reconnais que c est une limite. Nous savons que les pêcheurs viennent là pour la perche mais aussi, de plus en plus, pour le brochet. Cette question de la pêche au bord est une prochaine étape, dans laquelle il s agira d estimer ce que prennent ces pêcheurs. Je pense que cela passera davantage sous le terme «d enquête halieutique» que sous celui de «carnet», car nous avons énormément de pêcheurs occasionnels d été qui ne prennent leur permis que pour deux mois, d où d éventuelles difficultés pour récupérer les carnets. Thérèse PERRIN, ONEMA Délégation Régionale Rhône-Alpes Étant dans la même région, nous suivons de très près ces travaux. Je voudrais d abord souligner l importance de l implication du CISALB. C est exceptionnel de voir une structure de cette nature s impliquer de manière aussi forte sur ce type de question. Je voudrais également saluer la qualité des études menées avec l INRA. D autre part, je souhaite vous poser une question qui nous préoccupe et qui n a pas été abordée. Les repeuplements aidés ne viennent-ils pas en concurrence avec les capacités de repeuplement naturel? Sébastien CACHERA, CISALB Oui, c est possible. Nous observons que les marqués ne se retrouvent pas uniquement dans les captures, ce qui signifie qu ils vont également grossir le nombre des géniteurs sur les frayères. Nous voyons que l impact est de plus en plus faible sur le lavaret, et nous prenons aussi ce problème en considération sur les ombles. Il reste que tout cela n est pas encore évident pour l instant. S agissant de l implication du CISALB, c est vrai que c est exceptionnel, mais c est aussi parce que cela part d un important conflit, sur le terrain, entre pêcheurs professionnels et amateurs. Il fallait donc une structure «neutre» pour mener ce genre d étude. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 18

Pierre GRES, FDPPMA 42 Concernant l impact de la prédation du brochet, y a-t-il des connaissances antérieures sur le niveau de population du brochet? Vous avez notamment parlé d un problème sur les herbiers, alors que l on sait bien que le brochet est complètement inféodé à la végétation rivulaire et à sa dynamique. Dès lors, je me demande si le retour observé n est pas simplement lié à la restauration de la végétation rivulaire qui fournit aux brochets des conditions idéales de développement? Ma deuxième question porte sur le rapport nitrates / phosphates qui conduit à la production des cyanobactéries. Où en sont les suivis physico-chimiques menés depuis plusieurs années sur ce sujet? Sébastien CACHERA, CISALB Nous avons un suivi constant et resserré. Des échantillons sont prélevés tous les quinze jours, et même toutes les semaines en été, sur l ensemble de la colonne d eau, au point le plus profond. L objectif est de mesurer tous les paramètres physico-chimiques, mais également l évolution de cette cyanobactérie. De nombreux laboratoires s y intéressent. Une nouvelle sonde a d ailleurs été implantée de manière permanente dans le lac, de manière à mesurer en quasi-continu l évolution de cette cyanobactérie. D autres mesures sont effectuées sur les bas d affluents, avec des systèmes de préleveurs automatiques qui essaient de quantifier l apport restant de phosphore provenant du bassin versant. Pierre GRES, FDPPMA 42 Y en a-t-il encore trop pour que l équilibre du lac soit trouvé en termes de production algale? Les cyanobactéries sont-elles toujours bien présentes? Sébastien CACHERA, CISALB Nous visons plutôt les vingt microgrammes par litre pour tous les lacs, mais cela demeure difficile. En fait, nous constatons que nous avons réussi à obtenir une chute rapide dans un premier temps, mais que le passage sous les trente microgrammes par litre est beaucoup plus compliqué, d autant plus qu il y a les phénomènes de relargage. Une étude spécifique a d ailleurs été lancée cette année pour évaluer cette part du relargage. Pour répondre à votre première question sur les brochets, nous avons surtout des données issues de déclarations de pêcheurs qui n ont, disent-ils, «jamais vu autant de brochets dans le lac». Au-delà de ces informations, les seules données quantifiables dont nous disposons sont celles des captures. Elles montrent que les prises de brochets évoluent assez peu, en tonnage, chez les professionnels. Pourquoi? Tout d abord parce que ce n est pas une espèce qu ils recherchent et, ensuite, parce que le brochet ne se capture au filet que sur une partie de l année, en septembre et octobre. En revanche, les captures sont importantes chez les pêcheurs amateurs, avec des rendements importants et stables depuis 2000, ce qui se constate également sur le lac Léman. Enfin, concernant l impact des salmonidés, nous demandons aux pêcheurs de noter leurs contenus stomacaux, ce qui nous a déjà permis de faire quelques constats. Par exemple, on trouve régulièrement de petits lavarets et même de petits ombles dans les estomacs. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 19

Michel BRAMARD, ONEMA Unité Régionale Poitou-Charentes Ma question porte sur les modalités de gestion de l augmentation des tailles de filets et des captures. Au regard des courbes que vous avez projetées, le transfert d un effort de capture sur des jeunes ne semble pas forcément négatif, dans la mesure où c est là que l on peut trouver le taux de mortalité le plus élevé. Avez-vous exploré la possibilité d établir un stock capturable et une cible d échappement pour, ensuite, arrêter la pêche? Sébastien CACHERA, CISALB Cela soulève le problème de la taille commercialisable du poisson, qui compte beaucoup pour les pêcheurs. En effet, ceux-ci ne souhaitent pas vendre de petits poissons. Il est vrai que l on a de plus en plus de 1+ à forte croissance. D autre part, il y a le problème de la consistance de la population. La solution serait de réduire le nombre de filets au lac, mais cela semble difficilement négociable avec la profession. Michel BRAMARD, ONEMA Unité Régionale Poitou-Charentes Et sur la durée d ouverture? Sébastien CACHERA, CISALB Nous pouvons bien évidemment jouer là-dessus, puisque nous sommes actuellement sur une ouverture de fin janvier à fin octobre. Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 20

SESSION 2 : CONSERVATION ET RESTAURATION DES POPULATIONS D ESPECES MIGRATRICES Restauration des poissons migrateurs sur le bassin de la Vienne dix ans après la réouverture du bassin Résumé : Mickael Lelièvre Loire Grands Migrateurs Audrey POSTIC Loire Grands Migrateurs Le bassin de la Vienne a connu jusqu au début du 19 e siècle d importantes remontées de poissons migrateurs amphihalins tels que le saumon atlantique, la truite de mer, les aloses ou bien encore les lamproies marines. Toutefois, à partir de 1820, l édification de nombreux barrages à vocation industrielle comme celui de Maisons Rouges ou de Châtellerault sur la Vienne et de Descartes sur la Creuse, a considérablement réduit l aire de circulation de ces espèces et les a empêché d accéder à leurs zones de reproduction. Ainsi, à l exception de l Anguille, les espèces migratrices ont quasiment disparu du bassin à partir des années 1930. La baisse spectaculaire des stocks de poissons migrateurs associée à la prise de conscience de la richesse patrimoniale que représentent ces espèces pour le bassin sont à l origine du premier programme de réhabilitation des espèces amphihalines en 1981. Il va ensuite s en suivre une série de programmes de mesures et d actions visant à restaurer les populations de migrateurs sur le bassin de la Vienne avec notamment l arasement du barrage de Maisons-Rouges en 1998, dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature. La reconquête de l axe migratoire a continué avec en 2004 l installation d une nouvelle passe à poissons au niveau du barrage de Châtellerault et se poursuit encore aujourd hui avec en 2007, la mise en place d un dispositif de franchissement sur le barrage de Descartes. Depuis 1999, le suivi des migrations annuel mis en place pour l évaluation de l impact de l effacement du barrage de Maisons-Rouges a mis en évidence une reconquête dynamique du bassin par les poissons migrateurs. L installation de stations de comptage sur le bassin a permis la mise en place d outils nécessaires et efficaces à l évaluation des actions menées pour la poursuite de la restauration des populations de poissons migrateurs. Depuis 2007, le suivi de la station de Descartes permet d avoir une connaissance complète des populations du bassin de la Vienne. Ainsi il est possible de quantifier l importance du bassin de la Vienne qui de par sa position géographique présente un intérêt majeur. Le suivi des migrations réalisé au niveau de la station de comptage de Châtellerault sur la Vienne, a permis de mettre en évidence le passage de 21 111 lamproies marines, 3 487 aloses, 2 681 anguilles, 11 saumons atlantiques, 3 truites de mer, 3 lamproies fluviatiles et 33 mulets porcs entre le 1 er janvier et le 31 décembre 2006. En terme d effectifs comptabilisés, l année 2006 est à rapprocher de 2004, année record pour la remontée des lamproies (23 620). Il est à noter que les conditions environnementales, à savoir le débit et la température de l eau, ont été nettement plus favorables à la migration des espèces amphihalines cette année qu en 2005. A l image des effectifs comptabilisés au niveau de la passe à poissons de Châtellerault, la colonisation de l axe Vienne-Creuse par les lamproies marines est importante en 2006. En effet, les fronts de migration se situent au niveau du barrage de Bonneuil-Matours, sur la Saint-Malo, 8-9 octobre 2007 21