La suppléance à la communication orale livret informatif destiné aux familles et partenaires du programme Enfants et adolescents Centre de réadaptation Estrie, 2008
Qu est-ce que la suppléance à la communication orale? La suppléance à la communication orale (aussi dite SCO), c est l ajout de stratégies compensatoires ou d aides techniques pour faciliter l interaction entre deux personnes. C est l utilisation de tout ce qui aide à communiquer de façon efficace lorsque la parole ne suffit pas à elle seule (Cress, 2002). Tout le monde, même les personnes sans difficultés, utilisent souvent des principes de suppléance à la communication : pensez aux gestes ajoutés pour se faire comprendre lorsqu on est loin de l autre (le pouce en l air pour féliciter, le geste de l index pour appeler quelqu un) ou aux objets qui servent à appuyer certains messages (prendre son manteau pour indiquer qu il est l heure du départ). L humain, depuis toujours, communique en combinant simultanément une variété de signaux verbaux et non verbaux : il se sert de la parole, de la vue et même du toucher (Hustad et al., 2002). Quel en est le but? La suppléance à la communication sert à augmenter l efficacité de la conversation et permet à la personne en difficulté de se faire comprendre par les autres. La suppléance permet d être plus actif dans l interaction sociale. Elle permet de formuler un nombre infini de messages et de phrases dans le but d initier la conversation, de raconter, de décrire, de demander et d exprimer des idées et des sentiments (Blischak, Lombardino Cyson, 2003). Ce moyen efficace de communication a aussi pour but de diminuer le sentiment de frustration, très souvent associé à la difficulté d expression, ressenti par les deux interlocuteurs, aussi bien celui qui ne se fait pas comprendre que celui qui ne comprend pas. Cette frustration amène des comportements d opposition, de colère, d agitation et d agressivité qui, souvent aussi, permettent d obtenir ce qu on veut sans être parfaitement compris. Ces réactions inadéquates tendent à diminuer avec la suppléance à la communication (Sevcik al., 2004). page 2
À qui cela s adresse-t-il? La suppléance à la communication orale s adresse aux personnes, enfants ou adultes, ayant de la difficulté à se faire comprendre par les autres, aux personnes ayant des problèmes de langage et de parole importants comme la dysphasie, la dyspraxie et autres troubles neurologiques ou moteurs. Quels sont les types de SCO? Les supports ajoutés à la communication se divisent en deux catégories : basse technologie et haute technologie. Le choix de suppléances à la communication orale, à basse ou à haute technologie, est étonnant et les orthophonistes sauront vous conseiller. Basse technologie On retrouve dans la suppléance à la communication qui est qualifiée comme étant de basse technologie: 8 les gestes naturels et le langage signé, 8 les tableaux de communication alphabétiques, 8 les cahiers de communication à pictogrammes où on pointe des images pour se faire comprendre. Les cahiers de pictogrammes, très utilisés avec les enfants, sont construits par les parents et l orthophoniste. C est un répertoire d images significatives, photos, dessins et/ou pictogrammes, organisés par thème ou catégorie. Un grand choix d images est disponible sur Internet ou dans les logiciels informatiques que possèdent les orthophonistes. Haute technologie 8 les appareils de communication à sortie vocale. Une variété de ces appareils existe. Certains permettent de préenregistrer des messages qui seront entendus en actionnant les touches. D autres demandent la création de messages en combinant plusieurs images. Avec d autres encore, il faut écrire les messages qui sont ensuite prononcés par une voix synthétique. page 3
Comment choisir? Ce choix doit se baser sur les caractéristiques langagières, physiques et personnelles de l enfant. Il faut considérer la nature et la sévérité des déficits langagiers et/ou moteurs ainsi que les capacités de l enfant à se développer davantage. L environnement dans lequel l enfant vit et les caractéristiques et préférences de ses partenaires de communication sont aussi à considérer dans la décision : c est à la maison, à l école, à la garderie que l enfant utilise la SCO et c est avec les partenaires proches que l interaction langagière sera la plus fréquente (Siegel k Cress, 2002). La décision se prend donc conjointement avec l enfant, les parents et proches ainsi que les professionnels de la santé concernés (orthophonistes, ergothérapeutes, physiothérapeutes, etc.). Pourquoi votre implication est-elle si importante? La suppléance à la communication devient bien souvent le mode de communication principal que l enfant et les parents ou autres interlocuteurs doivent utiliser, comprendre et même apprécier cette nouvelle méthode d interaction afin de la rendre agréable et efficace. Les interlocuteurs doivent créer des occasions de communication pour que l enfant apprenne à l utiliser. Ils doivent l encourager, le motiver, lui faire apprécier les bénéfices de la suppléance afin d optimiser le succès de l intervention. En fait, l efficacité maximale de la SCO sera atteinte si celle-ci est intégrée naturellement à la routine quotidienne de l enfant, à la maison, à l école et dans toutes ses situations de vie (Siegel k Cress, 2002). L implication des parents et proches est donc importante en intervention avec une SCO et diminue beaucoup les risques d abandon (Goldbart et Marshall, 2004). page 4
La SCO peut-elle nuire au développement verbal? Non, la littérature scientifique et l expérience clinique prouvent que les suppléances ne viennent pas interférer avec les habiletés verbales (Cress k Marvin, 2003). L être humain a tendance à privilégier la parole comme mode de communication car, malgré tous les développements technologiques, elle demeure le mode le plus rapide et le plus efficace pour être compris par tout le monde (Locke, 1996). La suppléance à la communication orale peut même faciliter les productions verbales en augmentant les occasions d interactions sociales. En effet, la SCO permet à l enfant de raconter, d écrire, d exprimer ses sentiments et d avoir des conversations, tout en composant des phrases et en développant son vocabulaire (Cress k Marvin, 2003). Un enfant qui se fait soudainement comprendre grâce à la suppléance devient plus actif dans la conversation et apprend à se servir du langage. Son entourage a alors tendance à lui parler davantage puisqu il peut maintenant répondre. Toutes ces expériences positives de communication permettent à l enfant de développer un intérêt et une motivation pour parler davantage. Si un appareil à sortie vocale est utilisé, l enfant entend un modèle immédiat du mot qu il veut prononcer. Il a alors tendance à imiter et répéter à la manière d un perroquet. L exercice répété permet de développer ses capacités langagières, d améliorer sa parole et d augmenter ses productions verbales adéquates (Sigafoos J., Didden R. k O Reilley M., 2003). Il ne faut donc pas voir l introduction de la suppléance à la communication comme une intervention de dernier recours, mais bien comme une stratégie compensatoire utilisée conjointement et même dans le but d améliorer le développement du langage oral. page 5
Existe-t-il de l aide financière pour l achat d appareil technologique? Si le choix d un d appareil technologique s avère la meilleure solution, deux ressources sont disponibles pour faciliter l emprunt ou l achat de tels appareils : 8 Le programme des aides techniques à la communication du Ministère de la Santé et des Services sociaux, géré par l Hôpital Ste-Justine, permet l emprunt d équipement technique incluant les aides à la communication orale (PMATCOM, 2005). 8 Le programme d allocation pour les besoins particuliers géré par le Ministère de l Éducation. Il permet de faire une demande de subvention pour défrayer les coûts reliés à l achat d une aide technique pour un enfant fréquentant un établissement scolaire du Ministère (MEQ, 2005). Ressources pour obtenir de plus amples informations page 6
Auteures Document original conçu par Nathalie Nogarède, B.Sc.OA, juillet 2005. Mise à jour réalisée par Christiane Dupont, M.O.A, Centre de réadaptation Estrie, 2007. références bibliographiques Blischak D.M., Lombardino L.J. Dyson A.T. (2003), Use of speech generating devices : In support of natural speech, Augmentative and alternative communication, vol. 19, no. 1, pp. 29-35. Cress, C.J.; Marvin, C.A. Common questions about AAC services in early intervention. AAC: Augmentative Alternative Communication. Vol 19 (4) Dec. 2003, pp. 264-272. Goldbard J. Marshall J. (2004), «Pushes and Pulls» on the Parents of Children who use AAC, Augmentative and Alternative Communication, vol. 20, no. 4, pp. 194-208. Reichle J., Beukelman D.R. Light J.C. editors, Exemplary Practices for Beginning Communicators, Implications for AAC, Baltimore, Paul H. Brookes Publishing Co., Siegel E. B. Cress J.C., chap. 2; Cress J.C., chap. 8; Hustad K.C., Morehouse T.B. Gutmann M., chap. 13. Sigafoos, J., Didden, R. O Reilly, M. (2003) Effects of speech output on maintenance of requesting and frequency of vocalizations in three children with developmental disabilities., AAC: Augmentative Alternative Communication, Vol 19, no 1, pp. 37-47. PMATCOM (2005), Programme ministériel des aides techniques à la communication. Site internet visité le 15 juillet 2005. http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/groupes/pers_handicapees.html MEQ (2005), Programme d allocation pour les besoins particuliers, Aides financières aux études, Ministère de l Éducation, du Loisir et du Sport, site internet visité le 15 juillet 2005. http://www.afe.gouv.qc.ca/renseigner/autresprogrammes/allocationbesoin sparticuliersjeunes.asp page 7
w w w. c e n t r e d e r e a d a p t a t i o n e s t r i e. o r g Centre de réadaptation Estrie 300, King Est, bureau 200 Sherbrooke (Québec) J1G 1B1 T : 819 346-8411 F : 819 346-4580