La suppléance à la communication orale. livret informatif destiné aux familles et partenaires du programme Enfants et adolescents



Documents pareils
Demande d admission au Centre pédagogique Lucien-Guilbault Secteur primaire

Comprendre les différentes formes de communication

La réadaptation après un implant cochléaire

Quels sont les indices observés chez les enfants présentant un trouble de traitement auditif?

questions/réponses sur les DYS

Mes parents, mon éducatrice, mon éducateur, partenaires de mon développement! Parce que chaque enfant est. unique. mfa.gouv.qc.ca

Guide d accompagnement à l intention des intervenants

MON LIVRET DE COMPETENCES EN LANGUE (Socle commun) Niveau A1/A2 / B1

Guide et Recommandations pour une Transition Réussie

Pistes d intervention pour les enfants présentant un retard global de développement

RÉSUMÉ DES NORMES ET MODALITÉS D ÉVALUATION AU SECONDAIRE

À l école pour développer des compétences

Fiche de synthèse sur la PNL (Programmation Neurolinguistique)

Devoirs, leçons et TDA/H1 Gaëtan Langlois, psychologue scolaire

Quand les enfants apprennent plus d une langue

Protection individuelle

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

AVIS DE LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DE L AUTISME DANS LE CADRE DE LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LA LUTTE CONTRE L INTIMIDATION

Epilepsies : Parents, enseignants, comment accompagner l enfant pour éviter l échec scolaire?

Introduction à l évaluation des besoins en compétences essentielles

La paralysie cérébrale. 4 - La motricité et les déplacements. livret informatif destiné aux familles du programme Enfants et adolescents

DEVENIR TUTEUR DANS LE MEILLEUR INTÉRÊT DE L ENFANT

Les troubles spécifiques des apprentissages

La chronique de Katherine Lussier, psychoéducatrice M.Sc. Psychoéducation.

Définition, finalités et organisation

SOUTENIR LES ÉLÈVES AYANT DES PROBLÈMES DE MÉMOIRE DE TRAVAIL

DESCRIPTEURS NIVEAU A2 du Cadre européen commun de référence pour les langues

Questionnaire pour enfants avec trouble de voix

Circonscription de. Valence d Agen

Implantation de la vidéoconférence par Internet au programme des adultes sourds de l IRDPQ

Coup d oeil sur. Le langage. Votre bébé apprend à parler

École : Maternelle. Livret de suivi de l élève. Nom : Prénom : Date de naissance : Année d entrée à l école maternelle :

Qu est-ce qu une tâche?

Communication par l image chez les enfants autistes Les technologies tactiles dans le monde du handicap http ://bit.ly/discoverindiarose

LIVRET DE SUIVI SCOLAIRE ET DE PROGRÈS

TDAH et adaptations scolaires - niveau primaire et secondaire-

Les enfants malentendants ont besoin d aide très tôt

Pour le parent à la recherche de son enfant enlevé par l autre parent

Le trouble oppositionnel avec. provocation ou par réaction?

Recommandations pour la réalisation pratique et la diffusion des mémoires

Rapport d activités de. l Association Québécoise. pour les Enfants Dyspraxiques (AQED)

L organisation des services éducatifs aux élèves à risque et aux élèves handicapés ou en difficulté d adaptation ou d apprentissage (EHDAA)

La lecture... un univers à découvrir!

UE11 Phonétique appliquée

QUELQUES CONSEILS AU PROFESSEUR STAGIAIRE POUR ASSEOIR SON AUTORITE

Données de catalogage avant publication (Éducation, Citoyenneté et Jeunesse Manitoba) ISBN

Expérimentation «Tablettes Tactiles en maternelle» (Octobre Février 2014) Ecole maternelle Les Alouettes, Champhol

TDAH ET LA CONDUITE AUTOMOBILE

Entraînement à la communication 2. Révisions sur les bases de la communication... La communication auprès des entreprises...

I/ CONSEILS PRATIQUES

OLIVER L ENFANT QUI ENTENDAIT MAL

5172, des Ramiers Québec QC G1G 1L3 (418)

C est quoi un centre d apprentissage Les centres d apprentissage sont des lieux d exploration et de manipulation qui visent l acquisition de

Questionnaire pour les parents

LIVRET PERSONNEL DE COMPÉTENCES

S'intégrer à l'école maternelle: indicateurs affectifs et linguistiques pour des enfants allophones en classe ordinaire

PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE DES ORTHOPHONISTES. SDOFOLi ANNEE 2015

eduscol Ressources pour la voie professionnelle Français Ressources pour les classes préparatoires au baccalauréat professionnel

Nom et coordonnées des personnes qui fourniront des lettres de recommandations :

N SIMON Anne-Catherine

Spécial Praxies. Le nouveau TVneurones est enfin arrivé! Les métiers. NOUVEAUX JEUX de stimulation cognitive, orientés praxies.


Doit-on craindre les impacts du rapport Trudeau sur la fonction de technicienne ou technicien en éducation spécialisée?

Synthèse Mon projet d emploi

Les enfants ayant des troubles moteurs en 5 e année et en 6 e année : Ressource à l intention des éducateurs

Questionnaires sur les étapes du développement

CHOIX D UNE AIDE TECHNIQUE DE COMMUNICATION ET DOMOTIQUE. Salvador Cabanilles Plate-Forme Nouvelles Technologies Hôpital Raymond Poincaré

Les bonnes pratiques pour les travaux scolaires à la maison

Sarah W. Blackstone, Ph.D. Mary Hunt Berg, Ph.D.

Favoriser le développement des enfants

Guide à l intention des familles AU COEUR. du trouble de personnalité limite

SOCLE COMMUN: LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE. alain salvadori IA IPR Sciences de la vie et de la Terre ALAIN SALVADORI IA-IPR SVT

Ariane Moffatt : Je veux tout

ANAMNÈSE Création : Dre Josée Douaire, psychologue

NOM : Prénom : Date de naissance : Ecole : CM2 Palier 2

Et avant, c était comment?

Compte rendu de la formation

VI- Exemples de fiches pédagogiques en 3 ème année primaires

Pas d installations ou d équipement particuliers.

À VOS OREILLES! PRÊT À PORTER UNE PROTHÈSE AUDITIVE?

Scolarisation et adaptations pour enfants dyspraxiques au collège

REPERTOIRE DES INTERPRETATIONS DE LA CCT DU SECTEUR SANITAIRE PARAPUBLIC VAUDOIS ETAT au

Quelques stratégies pédagogiques pour enseigner à un enfant atteint d autisme ou autres TED en maternelle Communication Interactions sociales

F aits. C oncepts S tratégies. La fiche SCF-3. La fiche SCF-5

Logiciels ou outils pouvant aider des élèves atteints de dyslexie, dysorthographie,

Langue Française. Syllabus A1. Description globale du niveau A1 utilisateur élémentaire

(CC )

Accueillir un sourd en entreprise

7 octobre 2014 Entretiens Jacques Cartier

Document à l attention de l enseignant Grande section

Directives. 1. Je lis beaucoup. 2. J aime utiliser la calculatrice, un chiffrier électronique ou un logiciel de base de données à l ordinateur.

1. L enfant de 0 à 3 ans 1.1 Le développement moteur et intellectuel

Application en classe de la progression des apprentissages en musique 1 er cycle du secondaire

PACTE : Programme d Amélioration Continue du Travail en Equipe Phase d expérimentation

GESTION DU DOSSIER SCOLAIRE DE L ÉLÈVE. Adoption le Amendement le Mise en vigueur le 6 mai 2004 Résolution #

J e commencerai par vous donner une définition de

Écrire à la main ou à l ordinateur Telle est la question!

BABEL LEXIS : UN SYSTÈME ÉVOLUTIF PERMETTANT LA CRÉATION, LE STOCKAGE ET LA CONSULTATION D OBJETS HYPERMÉDIAS

Français langue étrangère Savoir-faire - Actes de paroles - Supports d apprentissage -Tâches

Transcription:

La suppléance à la communication orale livret informatif destiné aux familles et partenaires du programme Enfants et adolescents Centre de réadaptation Estrie, 2008

Qu est-ce que la suppléance à la communication orale? La suppléance à la communication orale (aussi dite SCO), c est l ajout de stratégies compensatoires ou d aides techniques pour faciliter l interaction entre deux personnes. C est l utilisation de tout ce qui aide à communiquer de façon efficace lorsque la parole ne suffit pas à elle seule (Cress, 2002). Tout le monde, même les personnes sans difficultés, utilisent souvent des principes de suppléance à la communication : pensez aux gestes ajoutés pour se faire comprendre lorsqu on est loin de l autre (le pouce en l air pour féliciter, le geste de l index pour appeler quelqu un) ou aux objets qui servent à appuyer certains messages (prendre son manteau pour indiquer qu il est l heure du départ). L humain, depuis toujours, communique en combinant simultanément une variété de signaux verbaux et non verbaux : il se sert de la parole, de la vue et même du toucher (Hustad et al., 2002). Quel en est le but? La suppléance à la communication sert à augmenter l efficacité de la conversation et permet à la personne en difficulté de se faire comprendre par les autres. La suppléance permet d être plus actif dans l interaction sociale. Elle permet de formuler un nombre infini de messages et de phrases dans le but d initier la conversation, de raconter, de décrire, de demander et d exprimer des idées et des sentiments (Blischak, Lombardino Cyson, 2003). Ce moyen efficace de communication a aussi pour but de diminuer le sentiment de frustration, très souvent associé à la difficulté d expression, ressenti par les deux interlocuteurs, aussi bien celui qui ne se fait pas comprendre que celui qui ne comprend pas. Cette frustration amène des comportements d opposition, de colère, d agitation et d agressivité qui, souvent aussi, permettent d obtenir ce qu on veut sans être parfaitement compris. Ces réactions inadéquates tendent à diminuer avec la suppléance à la communication (Sevcik al., 2004). page 2

À qui cela s adresse-t-il? La suppléance à la communication orale s adresse aux personnes, enfants ou adultes, ayant de la difficulté à se faire comprendre par les autres, aux personnes ayant des problèmes de langage et de parole importants comme la dysphasie, la dyspraxie et autres troubles neurologiques ou moteurs. Quels sont les types de SCO? Les supports ajoutés à la communication se divisent en deux catégories : basse technologie et haute technologie. Le choix de suppléances à la communication orale, à basse ou à haute technologie, est étonnant et les orthophonistes sauront vous conseiller. Basse technologie On retrouve dans la suppléance à la communication qui est qualifiée comme étant de basse technologie: 8 les gestes naturels et le langage signé, 8 les tableaux de communication alphabétiques, 8 les cahiers de communication à pictogrammes où on pointe des images pour se faire comprendre. Les cahiers de pictogrammes, très utilisés avec les enfants, sont construits par les parents et l orthophoniste. C est un répertoire d images significatives, photos, dessins et/ou pictogrammes, organisés par thème ou catégorie. Un grand choix d images est disponible sur Internet ou dans les logiciels informatiques que possèdent les orthophonistes. Haute technologie 8 les appareils de communication à sortie vocale. Une variété de ces appareils existe. Certains permettent de préenregistrer des messages qui seront entendus en actionnant les touches. D autres demandent la création de messages en combinant plusieurs images. Avec d autres encore, il faut écrire les messages qui sont ensuite prononcés par une voix synthétique. page 3

Comment choisir? Ce choix doit se baser sur les caractéristiques langagières, physiques et personnelles de l enfant. Il faut considérer la nature et la sévérité des déficits langagiers et/ou moteurs ainsi que les capacités de l enfant à se développer davantage. L environnement dans lequel l enfant vit et les caractéristiques et préférences de ses partenaires de communication sont aussi à considérer dans la décision : c est à la maison, à l école, à la garderie que l enfant utilise la SCO et c est avec les partenaires proches que l interaction langagière sera la plus fréquente (Siegel k Cress, 2002). La décision se prend donc conjointement avec l enfant, les parents et proches ainsi que les professionnels de la santé concernés (orthophonistes, ergothérapeutes, physiothérapeutes, etc.). Pourquoi votre implication est-elle si importante? La suppléance à la communication devient bien souvent le mode de communication principal que l enfant et les parents ou autres interlocuteurs doivent utiliser, comprendre et même apprécier cette nouvelle méthode d interaction afin de la rendre agréable et efficace. Les interlocuteurs doivent créer des occasions de communication pour que l enfant apprenne à l utiliser. Ils doivent l encourager, le motiver, lui faire apprécier les bénéfices de la suppléance afin d optimiser le succès de l intervention. En fait, l efficacité maximale de la SCO sera atteinte si celle-ci est intégrée naturellement à la routine quotidienne de l enfant, à la maison, à l école et dans toutes ses situations de vie (Siegel k Cress, 2002). L implication des parents et proches est donc importante en intervention avec une SCO et diminue beaucoup les risques d abandon (Goldbart et Marshall, 2004). page 4

La SCO peut-elle nuire au développement verbal? Non, la littérature scientifique et l expérience clinique prouvent que les suppléances ne viennent pas interférer avec les habiletés verbales (Cress k Marvin, 2003). L être humain a tendance à privilégier la parole comme mode de communication car, malgré tous les développements technologiques, elle demeure le mode le plus rapide et le plus efficace pour être compris par tout le monde (Locke, 1996). La suppléance à la communication orale peut même faciliter les productions verbales en augmentant les occasions d interactions sociales. En effet, la SCO permet à l enfant de raconter, d écrire, d exprimer ses sentiments et d avoir des conversations, tout en composant des phrases et en développant son vocabulaire (Cress k Marvin, 2003). Un enfant qui se fait soudainement comprendre grâce à la suppléance devient plus actif dans la conversation et apprend à se servir du langage. Son entourage a alors tendance à lui parler davantage puisqu il peut maintenant répondre. Toutes ces expériences positives de communication permettent à l enfant de développer un intérêt et une motivation pour parler davantage. Si un appareil à sortie vocale est utilisé, l enfant entend un modèle immédiat du mot qu il veut prononcer. Il a alors tendance à imiter et répéter à la manière d un perroquet. L exercice répété permet de développer ses capacités langagières, d améliorer sa parole et d augmenter ses productions verbales adéquates (Sigafoos J., Didden R. k O Reilley M., 2003). Il ne faut donc pas voir l introduction de la suppléance à la communication comme une intervention de dernier recours, mais bien comme une stratégie compensatoire utilisée conjointement et même dans le but d améliorer le développement du langage oral. page 5

Existe-t-il de l aide financière pour l achat d appareil technologique? Si le choix d un d appareil technologique s avère la meilleure solution, deux ressources sont disponibles pour faciliter l emprunt ou l achat de tels appareils : 8 Le programme des aides techniques à la communication du Ministère de la Santé et des Services sociaux, géré par l Hôpital Ste-Justine, permet l emprunt d équipement technique incluant les aides à la communication orale (PMATCOM, 2005). 8 Le programme d allocation pour les besoins particuliers géré par le Ministère de l Éducation. Il permet de faire une demande de subvention pour défrayer les coûts reliés à l achat d une aide technique pour un enfant fréquentant un établissement scolaire du Ministère (MEQ, 2005). Ressources pour obtenir de plus amples informations page 6

Auteures Document original conçu par Nathalie Nogarède, B.Sc.OA, juillet 2005. Mise à jour réalisée par Christiane Dupont, M.O.A, Centre de réadaptation Estrie, 2007. références bibliographiques Blischak D.M., Lombardino L.J. Dyson A.T. (2003), Use of speech generating devices : In support of natural speech, Augmentative and alternative communication, vol. 19, no. 1, pp. 29-35. Cress, C.J.; Marvin, C.A. Common questions about AAC services in early intervention. AAC: Augmentative Alternative Communication. Vol 19 (4) Dec. 2003, pp. 264-272. Goldbard J. Marshall J. (2004), «Pushes and Pulls» on the Parents of Children who use AAC, Augmentative and Alternative Communication, vol. 20, no. 4, pp. 194-208. Reichle J., Beukelman D.R. Light J.C. editors, Exemplary Practices for Beginning Communicators, Implications for AAC, Baltimore, Paul H. Brookes Publishing Co., Siegel E. B. Cress J.C., chap. 2; Cress J.C., chap. 8; Hustad K.C., Morehouse T.B. Gutmann M., chap. 13. Sigafoos, J., Didden, R. O Reilly, M. (2003) Effects of speech output on maintenance of requesting and frequency of vocalizations in three children with developmental disabilities., AAC: Augmentative Alternative Communication, Vol 19, no 1, pp. 37-47. PMATCOM (2005), Programme ministériel des aides techniques à la communication. Site internet visité le 15 juillet 2005. http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/groupes/pers_handicapees.html MEQ (2005), Programme d allocation pour les besoins particuliers, Aides financières aux études, Ministère de l Éducation, du Loisir et du Sport, site internet visité le 15 juillet 2005. http://www.afe.gouv.qc.ca/renseigner/autresprogrammes/allocationbesoin sparticuliersjeunes.asp page 7

w w w. c e n t r e d e r e a d a p t a t i o n e s t r i e. o r g Centre de réadaptation Estrie 300, King Est, bureau 200 Sherbrooke (Québec) J1G 1B1 T : 819 346-8411 F : 819 346-4580