L autonomie alimentaire

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Transcription:

Viser l autonomie alimentaire dans les élevages bovins : facteurs limitants, éléments à prendre en compte et pistes à envisager Yves Beckers Gembloux Agro-Bio Tech Unité Zootechnie Département des Sciences agronomiques Université de Liège Yves.Beckers@ulg.ac.be Gembloux 7 mars 2013 L autonomie alimentaire Capacité de l exploitation agricole de produire un maximum d aliments nécessaires pour réaliser les objectifs de production animale Aliments produits/aliments consommés Valeur comprise entre 0 et 100 % Quelles sont les motivations? Economiques Maîtrise des risques confiance du consommateur Convictions personnelles Réglementaires 2 1

Motivations économiques Tallon d Achille des productions animales Approvisionnement en matières premières alimentaires Frais d alimentation/coût de production Le cours des matières premières est élevé Et le restera probablement Réduire les frais alimentaires Un automatisme pour maintenir le revenu? 3 Impact de la réduction des coûts alimentaires sur le revenu Soit une exploitation Coût alimentaire = 50 % des coûts totaux Revenu = 10 % des recettes Quel est l impact sur le revenu d une réduction de 10 % des coûts alimentaires? Revenu Revenu x 2 Recettes Coût alimentaire Autres coûts Recettes Coût alimentaire Autres coûts 4 2

Impact de la réduction des coûts alimentaires sur le revenu Impact non négligeable Même impact en réduisant les autres coûts! Chaque «détail» compte sur la rentabilité Prendre les bonnes décisions Diminuer son risque d exposition à la volatilité des prix Revenu Revenu x 2 Recettes Coût alimentaire Autres coûts Recettes Coût alimentaire Autres coûts 5 L autonomie alimentaire Bon levier pour réduire les coûts alimentaires Selon l importance des coûts alimentaires dans les coûts totaux A nuancer selon Les conditions pédoclimatiques de l exploitation Le niveau des performances animales La nature et l origine des aliments consommés Quelle est la situation et les possibilités d amélioration? 6 3

Que mangent les animaux de ferme? Fourrages 49% Source : www.fefac.eu Céréales autoconsom mées 11% Aliments simples 8% Aliments composés 32% EU-27 : 470 millions de tonnes Fourrages : 230 millions de tonnes Céréales autoconsommées : 53 millions de tonnes Aliments achetés Composés : 152 millions de tonnes Simples : 35 millions de tonnes Autonomie : 60 % 7 Ration type par UGB (Données françaises)? Herbe 65% Source : Institut de l Elevage, 2012 Concentrés 14% Maïs ensilage 19% Autres frourrages 2% Par UGB/an 3,72 tonnes herbe 1,12 tonnes maïs ensilage 0,13 tonnes autres fourrages 0,795 tonnes concentrés 0,572 tonnes achetées 0,223 tonnes produites sur l exploitation Autonomie alimentaire : 88 %! De 71 à 92 % selon l exploitation De la marge pour certains! Mais moins pour d autres 8 4

Que mangent les bovins en Belgique : aliments composés http://www.fefac.eu/publications.aspx?categoryid=2061 9 Aliments composés par classe de bovins Lait 48% Veaux 12% Engraisse ment 28% Elevage 12% Consommation intérieure Veaux : 126 619 T Elevage : 132 717 T Engraissement : 307 647 T Lait : 527 374 T Total = 1 094 357 T Importation à ajouter Source : BEMEFA, annuaire statistique 2011-2012 10 5

Autonomie alimentaire Réduire les concentrés achetés Un automatisme pour réduire les coûts alimentaires Au profit Des aliments simples achetés ou si possible produits sur l exploitation Ok pour certains d entre-eux Pour d autres : les métiers du feed au sein des exploitations? Pour tous, fonction des conditions pédoclimatiques : 7 régions agricoles en Région wallonne Des fourrages produits sur l exploitation 11 Davantage d aliments simples utilisés sur l exploitation Quels aliments simples? Graines diverses produites sur l exploitation Coproduits humides Coproduits déshydratés Capacité de Les produire sur l exploitation Les stocker Les travailler Les doser et les mélanger dans les rations 12 6

Composition type d un aliment composé Bovin viande Minéraux Luzerne Pois Autres tourteaux Tourteau de soja Matières grasses Mélasses Pulpes Coproduits céréales Céréales Vaches laitières Autres Fourrages séchés Produits laitier Huiles Manioc CMV Protéagineux Tourteaux Coproduits Céréales Belgique Source : Institut de l Elevage, 2012 0 10 20 30 0 10 20 30 40 50 Source : BEMEFA, annuaire statistique 2011-2012 13 Les fourrages les bovins Le ruminant pour la production de lait et de viande est l animal qui peut Le plus facilement s émanciper des graines Le mieux valoriser les fourrages et les coproduits des industries agroalimentaires Tendre vers l autonomie alimentaire via les fourrages Production massale des fourrages Ajuster la valeur alimentaire des fourrages produits aux besoins des animaux Vache allaitante vs vache laitière Vêlage précoce vs tardif : GQM demandé Ajuster les productions animales aux fourrages produits «en garder sous la pédale» avec les moins bons fourrages 14 7

Les fourrages leur qualité Produits de la prairie En frais : densité énergétique et protéique ± Ok Conservés : densité énergétique et protéique souvent Ko La conservation entraîne des pertes au champ et au stockage VEM : moins10 % lors de l ensilage DVE : moins 25 % lors de l ensilage Vers de meilleurs produits de la prairie Composition floristique Intervention ne signifie pas labour systématique Stade d exploitation technique de conservation 15 L autonomie protéique : protéines totales vs utiles à l animal Source : Delaby, 2006 Source : http://www.geo.fr/environnement/actualite-durable/cultures-ogmdes-rendements-tres-faibles-37235 Prairie : 8 tonnes MS/ha Graines de soja : 3 tonnes/ha 1300 kg MAT/ha 1060 kg MAT/ha En frais 640 kg DVE/ha Soit 49 % des MAT En silo 480 kg DVE/ha Soit 37 % des MAT Tourteau de soja 550 kg DVE/ha Soit 52 % des MAT 16 8

L autonomie protéique Priorités Mieux valoriser les protéines des fourrages produits Meilleure adéquation entre les besoins des animaux et les apports des aliments Alimentation protéique est souvent pléthorique Valeurs OEB des rations et excès de DVE Solutions diverses pour diminuer la dépendance 17 Autonomie alimentaire - échelle Polyculture élevage Autonomie est potentiellement plus facile à atteindre Cf. conditions pédoclimatiques L autonomie alimentaire Peut se construire à l échelle de plusieurs exploitations, Produits du maïs et les légumineuses (fourrages et graines) Cultivés dans les meilleures régions agricoles Utilisés dans les régions herbagères Doit intégrer les industries agro-alimentaires Coproduits des industries agro-alimentaires 3 millions de T de coproduits secs utilisés dans les aliments composés Produits humides conservés à la ferme 18 9

Conclusions L autonomie alimentaire est un moyen de réduire les coûts de production, mais pas le seul moyen! Elle doit se construire dans les exploitations bovines En priorité sur les fourrages des exploitations A une échelle dépassant les limites de chaque exploitation Elle sera toujours limitée Par la nature et l importance de la SAU en Belgique Par des niveaux élevés de production Par certaines mauvaises habitudes 19 En résumé http://infos.cniel.com/fileadmin/user_upload/promotion/autonomie%20alimentaire%20soja%20colza.pdf 20 10