TECHNIQUES DE SOINS SUR LE PATIENT DIABÉTIQUE PORTEUR D UNE PLAIE



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Transcription:

TECHNIQUES DE SOINS SUR LE PATIENT DIABÉTIQUE PORTEUR D UNE PLAIE Catherine MASSERON Service de Dermatologie du Pr Taïeb-Dr Labrèze CHU- BORDEAUX PRISE EN CHARGE DES PLAIES CHEZ LE DIABETIQUE Catherine Masseron - IDE Antenne de Dermatologie du Professeur TAIEB Hôpital Pellegrin Avec la collaboration du Docteur Christine Labrèze Praticien Hospitalier Octobre 2007 1

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE PLAIE DU PIED La vision de l infirmière Ce qu il faut savoir avant d aborder une plaie Ce qu il faut éviter Ce qu il faut faire 2

Conf. de Consensus Escarres - 2001 A éviter Pas ou plus d antiseptiques au long cours sur des plaies chroniques Les antiseptiques sont à réserver aux plaies aigues et cas ponctuels : pied diabétique surinfecté, morsure d animal, gestes chirurgicaux Conf. de Consensus Escarres - 2001 A éviter Pas ou plus : LES ANTISEPTIQUES LOCAUX SUR UNE PLAIE CHRONIQUE: Détruisent la flore bactérienne Favorisent des résistances Toxicité / Allergie / Intolérance Polyvidone iodée en traitement chronique: Incompatible avec les nouveaux pansements (Ex : Alginate de Calcium) Allergisant, caustique, cartonne la peau Détruit la flore bactérienne Il faut la rincer et pas d application au long cours de compresses à polyvidone (risque de brûlures) 3

Conf. de Consensus Escarres - 2001 A éviter Pansements hydro-colloïdes et toute forme de pansement clos sur une plaie infectée +++ Lavage des plaies à l Eau stérile : Hypotonique et déminéralisée -> Douleur et éclatement des cellules Antibiotiques locaux au long cours: Toxique Allergisant Favorisent les résistances Les incontournables Prise en charge étiologique par le médecin : Équilibrer un diabète Pratiquer une exploration vasculaire Traiter une infection, Mais aussi Objectif des différents intervenants Bien connaître le patient Personne âgée invalide, etc : Kinésithérapie Malnutrition / Dénutrition : Diététicienne Le cadre de vie (seul, entouré, valide, ) : Assistance sociale, Infirmière à domicile, 4

Les incontournables L hygiène corporelle du patient : (++) Laver eau et savon puis rincer le membre porteur de la plaie «Douche avec eau du robinet, potable et non stérile» Bien sécher, surtout dans les plis et entre les orteils Apprécier le seuil, la réalité clinique de la douleur / Traiter Selon la prescription médicale Situer la plaie dans son contexte, Médecin, IDE Selon prescriptions médicales Ulcères veineux > Contention Escarre talon-> Décharge du pied Définition des plaies chroniques Plaies non cicatrisées après 6-8 semaines d évolution. Les plus fréquentes : Escarres Ulcères de Jambe Plaies du pied diabétique Plaies infectées (ex: pied tropical) Mais toute plaie aiguë peut se «chroniciser» Causes les plus fréquentes : Terrain (vasculaire, diabète, dénutrition, ), infection, traitements (corticoïdes, immunosuppresseurs ) 5

Facteurs de retard de cicatrisation L infection : Nécrose Fibrine Sang abcès Plaie du Siège -> Insister sur la détersion des plaies. Facteurs ou pathologies associés : Tabac -> Hypoxémie et vasoconstriction Diabète -> Troubles neurovégétatifs et risque infectieux dû à l hyperglycémie Malnutrition Pathologie vasculaire Insuffisance rénale -> Hyper uricémie Déficits immunitaires (VIH) Certaines anomalies génétiques Troubles de la coagulation et pathologies Hémato (drépanocytose) Facteurs de retard de cicatrisation L hypoxie tissulaire: Les artérites Les insuffisances veineuses Les insuffisances respiratoires L anémie L âge : Baisse de la réponse inflammatoire, ralentissement de la synthèse collagène Pathologie multiples Prises médicamenteuses Dénutrition Altération de l état général 6

Plaies chroniques et colonisation / infection Staphylocoque doré Entérocoque Pyocyanique Streptocoque Pyocyanique et streptocoque 94.9% 50.8% 32.2% 22% 15% Dès qu il y a une plaie la présence de bactéries est quasi constante, mais cette colonisation bactérienne ne signifie pas forcément qu il y a infection Madsen.PMIS, 1996; 104: 895-9 13 Risques d infection à partir de la plaie Inoculation: tétanos, érysipèle Infection locale: Multiplication des bactéries en profondeur d où apparition de signes locaux d infection. Tissus mous et structures sous jacentes infectées (risque d ostéite +++) Infection systémique : Diffusion des bactéries par voie sanguine Septicémie Infection à distance (spondylodiscite ) 7

Exemples de plaies colonisées par des bactéries : prélèvements positifs mais pas encore de signes évidents d infection Plaies infectées : Plaie inflammatoire Exsudats +++ Odeur nauséabonde 8

Evaluation locale de la plaie Définir le type de plaie et les objectifs à atteindre Si plaie nécrotique et fibrineuse : Détersion : Manuelle (curette, ciseaux, bistouris ) Autolytique (hydrogel, pansements humides) Chirurgicale (parage) LA DÉTERSION PENSER LES MAUX Il s agit d enlever la nécrose et la fibrine qui empêchent la phase de bourgeonnement. Il y a 3 méthodes selon le type et l état de la plaie 9

PREMIÈRE MÉTHODE La méthode physique et mécanique Détersion à la compresse humide au sérum physiologique Détersion à la curette Détersion au bistouri Détersion par système à eau pulsée Jetox : jets à pression moyenne : O 2 (IDE) Versajet (sous analgésique ou AG) : Médecin Système VAC (pression -) sur fibrine seulement après débridement AIMER A PANSER DEUXIÈME MÉTHODE La méthode chimique et autolytique Hyperhydrater et créer un milieu humide Hydrogel Irrigo-absorbant Hydrocolloïde pas sur plaies infectées PANSER LES MAUX Détersion enzymatique Débrisan Elase Sucre Miel Très douloureux et toxique pour peau périlésionnelle 10

TROISIÈME MÉTHODE La méthode biologique PENSER LES MOTS Larvothérapie (Asticothérapie) Enzymes protéolytiques entraînent une dégradation des tissus nécrotiques et action antibactérienne mais PSYCHOLOGIQUEMENT DIFFICILE D ACCEPTATION Éliminer les tissus fibrino-nécrotiques 11

Éliminer les tissus fibrino-nécrotiques Quel type de pansement choisir? Plaies hémorragiques : Alginate de calcium Plaies exsudatives : PAS D ADHÉSIF Hydrocellulaire Alginate de calcium Hydrofibre 12

Quel type de pansement choisir? Plaie non infectée: Possibilité d utiliser du REGRANEX (facteur de croissance) Plaies infectées : Traitement local Alginate de calcium Pansement à l argent La plaie en voie de guérison : Booster + ou - Antibiothérapie par voie générale sur prescription médicale Ne pas changer le protocole sans évaluation médicale Réfection d un pansement Préparation du chariot de soins pour éviter les allées venues qui risquent d apporter des germes (infections nosocomiales) Vérifier l hygiène du membre porteur de la plaie Penser à protéger la peau périlésionnelle Enlever l hyperkératose : VASELINE SALYCILEE ou grattage avec curette Nettoyage des plaies au sérum physiologique Savoir qu il existe des kits tout prêts pour chaque stade de la cicatrisation. Ex : kit nécrose. 13

Idées essentielles - Toute plaie du pied peut s infecter et/ou devenir chronique - Le choix du pansement doit se faire de manière concertée avec le médecin et le patient - Faire comprendre au malade et à sa famille que le pansement miracle n existe pas et que la plaie fermera grâce au traitement de sa cause et des facteurs associés de retard de cicatrisation 1. Avant le soin : Anesthésie locale Emla patch, crème Xylocaïne gel Autres: 2. Soins locaux péri-lésionnels Nettoyer le membre Bain de pied Douche Savon de Marseille eau Nettoyer la plaie Douchette Sérum physiologique Pr Débrider la plaie à la curette Appliquer le pansement prescrit Kit à pansement Mettre en place la Contention prescrite Décharge Pansement à renouveler tous les. Patient à revoir dans Date : Numéro de téléphone du service si besoin : 29/10/2007 14