La leptospirose en Polynésie française Rapport annuel 2017

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Transcription:

La leptospirose en Polynésie française Rapport annuel 217 I. Introduction La leptospirose est une zoonose favorisée par les inondations et les fortes pluies. Elle est causée par une bactérie appartenant à la famille des leptospires, qui peuvent survivre plusieurs années dans l environnement en zone humide et tiède à l abri de la lumière. La contamination se fait soit directement par contact de la peau (en particulier si elle est lésée) ou des muqueuses avec des urines ou des tissus d animaux infectés (rongeur et insectivore, chien, bovin, porc, chevaux, nouveaux animaux de compagnie etc), soit indirectement par l intermédiaire d eaux, de végétaux ou de sol humide souillées par ces urines. La période d incubation s étend de 4 à 14 jours (extrêmes 3 à 3 jours). Les formes cliniques sont nombreuses, allant du syndrome pseudo-grippal bénin à la défaillance multi-viscérale et au décès dans 5 à 3% des cas. Le diagnostic doit être confirmé par un examen bactériologique : PCR jusqu à J7 et sérologie après J7 [1]. II. Méthode Les cas confirmés de leptospirose sont signalés au Bureau de veille sanitaire (BVS) par les laboratoires qui réalisent le diagnostic : l Institut Louis Malardé et le laboratoire du Centre Hospitalier de Polynésie française. Les infirmiers du BVS réalisent une investigation et préconisent des conseils de prévention. Les données sont saisies sur EpiData et analysées sous Excel. III. Résultats 1. Incidence En 217, le nombre total de cas s élevait à 199, répartis en 131 cas confirmés (par PCR) et 68 cas probables (symptômes évocateurs et sérologie ELISA positive en IgM). Le taux d incidence global pour 217 s élevait à 72/1 habitants (contre 49 et 52/1 habitants en 215 et 216). Il s agit de l incidence la plus élevée depuis 26. L augmentation par rapport à 216 est de 4. Le nombre de cas était supérieur à 15 par mois pour la période de janvier à mai avec un pic de 35 cas en février, dans les suites de fortes précipitations avec inondations. Tableau 1 : Nombre de cas par année Année 28 29 21 211 212 213 214 215 216 217 Nb de cas 79 15 127 91 11 153 136 131 14 199 1

Figure 1 : Evolution de l incidence globale de la leptospirose, 26-217 2 confirmés probables Incidence 6 1 4 2 26 27 28 29 21 211 212 213 214 215 216 217 Figure 2 : Répartition mensuelle des cas par année depuis 215 4 35 3 25 2 15 1 5 215 216 217 Moyenne 26-217 2 Moy. mobile sur pér. (Moyenne 26-217) 2. Evolution Au total, on dénombre 67 hospitalisations, 21 passages en réanimation et 2 décès. 3. Caractéristiques démographiques La majorité des cas étaient des hommes (86%). Les enfants de moins de 1 ans et les personnes de plus de 6 ans étaient les moins touchés. Les personnes âgées de 4 à 59 ans ont été les plus touchées en 217. Figure 3 : Répartition des cas par tranche d âge [6ans et +] 1% [-4ans] [5-9 ans] 4% [1-19ans] 17% [4-59ans] 27% [2-29 ans] 19% [3-39ans] 21% 2

4. Répartition géographique En 217, la majorité des cas de leptospirose était située aux Iles-du-Vent (IDV) (65%) et près d un tiers aux Iles-sous-le-Vent (ISLV) (32 %). Aucun cas n a été déclaré aux Australes. Parmi les 128 cas des IDV, 89% étaient situés à Tahiti (114 cas). Les communes qui ont recensé le plus de cas étaient les Papeete, Faaa et Punaauia avec respectivement 2, 11 et 11. Par contre, les incidences étaient les plus élevées à Faaone et Afaahiti (respectivement 26 et 35/1 habitants). Parmi les 65 cas des ISLV, 31 (48%) étaient situés à Raiatea, 2 à Tahaa et moins de 1 à Huahine (9) et Bora Bora (5). L incidence était la plus élevée dans la commune d Uturoa (542/1 habitants). Malgré une forte baisse d incidence aux Marquises (et l absence de cas aux Australes), l incidence a augmenté dans tous les autres archipels. Figure 4 : Répartition géographique des cas de leptospirose en Polynésie française Tahaa 1% Marquises TG 1% Moorea 8% Raiatea 16% Huahine 5% Bora Bora Tahiti 56% Figure 5 : Répartition géographique des cas dans l archipel de la Société (effectif) 3

Incidence pour 1 hab Bureau de veille sanitaire, Direction de la santé Figure 6 : Répartition géographique des cas dans l archipel de la Société (incidence /1 habitants) Figure 7 : Incidence de la leptospirose par archipel et par année de 26 à 216 2 18 16 14 12 1 8 6 4 2 Iles-du-vent Iles-sous-le-vent Marquises Australes Tuamotu-Gambier Polynésie française 26 27 28 29 21 211 212 213 214 215 216 217 5. Facteurs de risque Une investigation a pu être menée pour 111 patients (56%).Parmi eux, 99 (9%) ont déclaré une activité à risque. Les principaux facteurs de risque identifiés étaient la baignade et les loisirs en eau douce (8%), la marché pieds-nus dans les flaques d eau ou dans la boue (78%), la présence de rats dans ou aux alentours de l habitation (77%), des plaies ou excoriations (33%), une activité d agriculteur (3%). 4

IV. Discussion et conclusion En 217, la majorité des cas (127) a été déclarée de janvier à mai. Les intempéries et inondations de fin janvier ont été suivies d un pic de leptospirose malgré la diffusion de messages de prévention. Chaque année, le nombre de cas déclarés est plus important pendant la saison des pluies (novembre à mars) que pendant la saison sèche (avril à octobre). L incidence de cette pathologie fluctue en fonction des précipitations. Chaque année, des recommandations et mesures de préventions sont diffusées par voie de presse [2]. Elles figurent également dans le Bulletin de surveillance sanitaire qui parait tous les 15 jours. Il est notamment recommandé de porter des gants et des chaussures fermées pour jardiner, de protéger les plaies avec un pansement imperméable, de ne pas marcher pieds-nus ou en savates dans la boue et l eau douce trouble et de contrôler la pullulation des rongeurs par la gestion des déchets. En présence de signes cliniques, il est urgent de consulter un médecin pour confirmer le diagnostic et débuter un traitement. Références 1. Fiche pratique leptospirose. Direction de la santé, Polynésie française. Janvier 215. 2. Communiqué de presse. Conduite à tenir face aux risques sanitaires liés aux fortes pluies et aux inondations. 23 janvier 217. Auteurs Marine Giard, Mihiau Mapotoeke, Janice Formont, Jean-Paul Pescheux (BVS) Remerciements Institut Louis Malardé Laboratoire du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPf) Services cliniques, notamment de médecine interne et de réanimation du CHPf 5