Liste de contrôle de la sécurité chirurgicale en obstétrique-gynécologie



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N 286, janvier 2013 Liste de contrôle de la sécurité chirurgicale en obstétrique-gynécologie La présente directive clinique a été analysée par le comité de pratique clinique - gynécologie et analysée et approuvée par le comité exécutif et le Conseil de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. AUTEURS PRINCIPAUX Sukhbir S. Singh, MD, Ottawa (Ont.) Neeraj Mehra, MD, Ottawa (Ont.) Laura Hopkins, MD, Ottawa (Ont.) ComitÉ DE PratiQUe CliniQUE - GynÉcologIE Nicholas Leyland, MD (coprésident), Ancaster (Ont.) Wendy Wolfman, MD (coprésidente), Toronto (Ont.) Catherine Allaire, MD, Vancouver (C.-B.) Alaa Awadalla, MD, Winnipeg (Man.) Sheila Dunn, MD, Toronto (Ont.) Mark Heywood, MD, Vancouver (C.-B.) Madeleine Lemyre, MD, Québec (Québec) Violaine Marcoux, MD, Ville Mont-Royal (Québec) Chantal Ménard, inf. aut., Ottawa (Ont.) Frank Potestio, MD, Thunder Bay (Ont.) David Rittenberg, MD, Halifax (N.-É.) Sukhbir S. Singh, MD, Ottawa (Ont.) Vyta Senikas, MD, Ottawa (Ont.) Tous les membres du comité nous ont fait parvenir une déclaration de divulgation. J Obstet Gynaecol Can 2013;35(1 suppl. élec. B):S1 S6 Mots clés : Patient safety, surgical safety checklist Résumé Objectif : Offrir des conseils quant à la mise en œuvre d une liste de contrôle de la sécurité chirurgicale pour ce qui est de la pratique de l obstétrique-gynécologie. Issues : Parmi les issues évaluées, on trouve les effets de la liste de contrôle sur la sécurité chirurgicale sur la morbidité et la mortalité chirurgicale. Résultats : Des recherches ont été menées dans les bases de données Medline en vue d en tirer les articles traitant de sujets liés à la «liste de contrôle sur la sécurité chirurgicale» et ayant été publiés en anglais entre janvier 2001 et janvier 2011. Les résultats ont été restreints aux analyses systématiques, aux essais comparatifs randomisés / essais cliniques comparatifs et aux études observationnelles. Les recherches ont été mises à jour de façon régulière et intégrées à la directive clinique jusqu en janvier 2012. Valeurs : La qualité des résultats a été évaluée au moyen des critères décrits par le Groupe d étude canadien sur les soins de santé préventifs. Les recommandations visant la pratique ont été classées conformément à la méthode décrite par le Groupe d étude (Tableau). Avantages, désavantages et coûts : La mise en œuvre des recommandations de la directive clinique améliorera la santé et le bien-être des femmes devant subir une chirurgie obstétricale ou gynécologique. Déclarations sommaires et recommandations Déclarations sommaires 1. La chirurgie pourrait être à l origine de jusqu à 40 % de tous les événements indésirables constatés à l hôpital. (II-2) 2. La qualité de la communication constitue un élément essentiel des efforts visant à améliorer la sécurité des soins chirurgicaux, et ce, car les problèmes de communication sont courants au sein de la salle d opération. (III) 3. Le concept de liste de contrôle de la sécurité chirurgicale a été étudié à l échelle mondiale et des baisses en matière de complications et de mortalité ont été constatées là où la liste de contrôle a été mise en œuvre. (II-1) Ce document fait état des percées récentes et des progrès cliniques et scientifiques à la date de sa publication et peut faire l objet de modifications. Il ne faut pas interpréter l information qui y figure comme l imposition d un mode de traitement exclusif à suivre. Un établissement hospitalier est libre de dicter des modifications à apporter à ces opinions. En l occurrence, il faut qu il y ait documentation à l appui de cet établissement. Aucune partie de ce document ne peut être reproduite sans une permission écrite de la SOGC. JANUARY JOGC JANVIER 2013 S1

Critères d évaluation des résultats et de classification des recommandations, fondés sur ceux du Groupe d étude canadien sur les soins de santé préventifs Niveaux de résultats* Catégories de recommandations I: Résultats obtenus dans le cadre d au moins un essai comparatif convenablement randomisé. II-1: Résultats obtenus dans le cadre d essais comparatifs non randomisés bien conçus. II-2: Résultats obtenus dans le cadre d études de cohortes (prospectives ou rétrospectives) ou d études analytiques cas-témoins bien conçues, réalisées de préférence dans plus d un centre ou par plus d un groupe de recherche. II-3: Résultats découlant de comparaisons entre différents moments ou différents lieux, ou selon qu on a ou non recours à une intervention. Des résultats de première importance obtenus dans le cadre d études non comparatives (par exemple, les résultats du traitement à la pénicilline, dans les années 1940) pourraient en outre figurer dans cette catégorie. III: Opinions exprimées par des sommités dans le domaine, fondées sur l expérience clinique, études descriptives ou rapports de comités d experts. A. On dispose de données suffisantes pour appuyer la mesure clinique de prévention. B. On dispose de données acceptables pour appuyer la mesure clinique de prévention. C. Les données existantes sont contradictoires et ne permettent pas de formuler une recommandation pour ou contre l usage de la mesure clinique de prévention; cependant, d autres facteurs peuvent influer sur la prise de décision. D. On dispose de données acceptables pour déconseiller la mesure clinique de prévention. E. On dispose de données suffisantes pour déconseiller la mesure clinique de prévention. L. Les données sont insuffisantes (d un point de vue qantitatif ou qualitatif) et ne permettent pas de formuler une recommandation; cependant, d autres facteurs peuvent influer sur la prise de décision. *La qualité des résultats signalés dans les présentes directives cliniques a été établie conformément aux critères d évaluation des résultats présentés dans le Rapport du Groupe d étude canadien sur les soins de santé préventifs 13. Les recommandations que comprennent les présentes directives cliniques ont été classées conformément à la méthode de classification décrite dans le Rapport du Groupe d étude canadien sur les soins de santé préventif 13. 4. Les cas d urgence (comme les cas exigeant la tenue d une césarienne «prioritaire») nécessiteront l adoption d une approche modifiée en fonction du centre et de la situation. (III) 5. La SOGC sanctionne l adoption de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale dans le domaine de l obstétriquegynécologie. (III) Recommandations 1. La liste de contrôle de la sécurité chirurgicale devrait être adoptée par tous les fournisseurs de soins chirurgicaux et leurs établissements respectifs en vue d améliorer la sécurité des patients. (II-1A) 2. Les chirurgiens devraient bien connaître les trois composantes de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale, en promouvoir l utilisation et y participer. (II-1A) 3. La liste de contrôle de la sécurité chirurgicale peut être modifiée et adaptée en vue d être utilisée pour des cas relevant de la chirurgie obstétricale. (II-2A) Le résumé du présent document a été publié antérieurement dans : J Obstet Gynaecol Can 2013;35(1):84 85 CONTEXTE L industrie de l aviation a depuis longtemps adopté une culture de la sûreté, reconnaissant ainsi le rôle intégral que jouent les facteurs humains et organisationnels dans la prévention des accidents. Un examen tout aussi minutieux est maintenant mené dans le domaine médical. Au cours des 10 dernières années, les hôpitaux ont mis un accent de plus en plus intense sur l amélioration de la sécurité des patients. Cette attention accrue est en grande partie attribuable à la publication, en 1999, du rapport de l Institute of Medicine intitulé «To Err is Human», lequel avançait que de 44 000 à 98 000 patients meurent à l hôpital chaque année aux États-Unis en raison d erreurs médicales évitables 1. L étude intitulée The Canadian Adverse Events Study a constaté des statistiques tout aussi alarmantes, y compris 185 000 admissions dans des hôpitaux de soins actifs qui étaient possiblement associées à un événement indésirable et jusqu à 70 000 événements potentiellement évitables 2. Une récente analyse systématique a laissé entendre que près d un patient hospitalisé sur dix connaît un événement indésirable, les opérations étant à l origine de 40 % de ces événements 3. En plus de la sécurité des patients, une attention particulière est portée aux relations et à la communication au sein des équipes d intervention. Tout comme un pilote d avion doit se fier à l équipe au sol, au personnel navigant et aux contrôleurs de la circulation aérienne pour mener un vol sûr et réussi, un chirurgien doit se fier à l anesthésiste et au personnel infirmier au cours d une opération. Au sein de ces équipes, la qualité de la communication constitue l élément crucial commun pour la réussite. Des problèmes de communication surviennent dans environ 30 % des échanges d équipe au sein de la salle d opération; le tiers S2 JANUARY JOGC JANVIER 2013

Liste de contrôle de la sécurité chirurgicale en obstétrique-gynécologie de ces problèmes exercent des effets immédiats tels que l inefficacité ou l apparition de tensions au sein de l équipe 4. Les problèmes de communication peuvent exercer des effets significatifs sur la sécurité des patients au sein de la salle d opération et leur réduction constitue un élément essentiel de toute liste de contrôle visant l amélioration de la sécurité chirurgicale. Déclarations sommaires 1. La chirurgie pourrait être à l origine de jusqu à 40 % de tous les événements indésirables constatés à l hôpital. (II-2) 2. La qualité de la communication constitue un élément essentiel des efforts visant à améliorer la sécurité des soins chirurgicaux, et ce, car les problèmes de communication sont courants au sein de la salle d opération. (III) LISTE DE CONTRÔLE DE LA SÉCURITÉ CHIRURGICALE DE L OMS En 2008, une initiative de l Organisation mondiale de la santé visant l amélioration de la sécurité chirurgicale et la réduction des dommages périopératoires infligés aux patients a mené à la conception de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale (LCSC). Une étude menée au sein de huit hôpitaux dans huit villes de divers pays de par le monde a indiqué que l utilisation d une liste de contrôle entraînait une réduction des complications chirurgicales de plus du tiers (de 11,0 % à 7,0 %) et une réduction du nombre des décès de près de la moitié (de 1,5 % à 0,8 %) 5. Les sites étudiés se trouvaient tant des pays en développement que développés, dont le Canada. Une autre étude mettant en cause six hôpitaux hollandais comptant des normes élevées en matière de soins a indiqué une réduction semblable de la fréquence des événements indésirables : les complications (1 ou plus) sont passées de 15,4 % à 10,6 % et la mortalité est passée de 1,5 % à 0,8 % 6. Aucune amélioration n a été constatée au sein des hôpitaux témoins. De nouvelles versions de la liste de contrôle, du manuel de mise en œuvre et des lignes directrices ont été publiées en septembre 2009, y compris des versions dans six langues et des modifications terminologiques visant à améliorer la convivialité de la liste de contrôle 7. Déclaration sommaire 3. Le concept de liste de contrôle de la sécurité chirurgicale a été étudié à l échelle mondiale et des baisses en matière de complications et de mortalité ont été constatées là où la liste de contrôle a été mise en œuvre. (II-1) Recommandation 1. La liste de contrôle de la sécurité chirurgicale devrait être adoptée par tous les fournisseurs de soins chirurgicaux et leurs établissements respectifs en vue d améliorer la sécurité des patients. (II-1A) DESCRIPTION DE LA LISTE DE CONTRÔLE DE LA SÉCURITÉ CHIRURGICALE La liste de contrôle actuelle de l OMS identifie trois phases au cours d une opération; chacune de ces phases correspond à une période particulière dans le déroulement normal d une intervention (Figure 1). 1. La «réunion d information» (ou «instructions») désigne la période précédant l induction de l anesthésie. Le coordonnateur de la liste de contrôle confirme l identité de la patiente, l intervention et le consentement. Le coordonnateur passe en revue, avec l anesthésiste, le risque de perte sanguine, d intubation difficile et de réactions allergiques auquel est exposé le patient. La présence du chirurgien est fortement recommandée, puisqu il ou elle pourrait ainsi être mieux en mesure d anticiper la perte sanguine et les complications potentielles; toutefois, il est reconnu que la présence du chirurgien pourrait ne pas être essentielle au cours de cette phase de la liste de contrôle. 2. La «pause» survient avant le début de l opération. Au cours de cette période, chacun des membres de l équipe se présente en indiquant son nom et son rôle. Cette étape peut être sautée plus tard au cours de la journée, tant et aussi longtemps que les membres de l équipe demeurent les mêmes. Le bon patient et la bonne intervention seront identifiés en lisant le formulaire de consentement à voix haute. Cette phase constitue une occasion de confirmer l administration d antibiotiques préopératoires et d une prophylaxie de la thromboembolie veineuse. Enfin, les membres des équipes de chirurgie, d anesthésie et de soins infirmiers ont alors l occasion de faire mention de leurs préoccupations, le cas échéant, avant le début de la chirurgie. 3. Le «retour sur l intervention» survient dès la fin de l opération, avant le début du nettoyage ou le transfert du patient. L équipe analyse les points suivants : L opération qui vient de prendre fin L exécution du décompte des compresses et des instruments L étiquetage de tout prélèvement chirurgical JANUARY JOGC JANVIER 2013 S3

Figure 1 Liste de contrôle de la sécurité chirurgicale liste De contrôle De la SécuRIté chirurgicale www.safesurgerysaveslives.ca INSTRUCTIONS Avant l induction de l anesthésie Transfert de la salle d urgence, d une unité de soins ou des soins intensifs Vérification du matériel d anesthésie complétée confirmation de l information sur le patient 1 - Identification (2 identificateurs) - consentement(s) - Site et intervention - Identification et marquage du site, côté et niveau - Documentation clinique - Anamnèse, examen physique, labos, biopsie et radiographies Révision des résultats des plus récents examens confirmation de l imagerie médicale essentielle sur place classification ASA Allergies médication - Prophylaxie antibiotique : double dose? - maîtrise de la glycémie - Bêtabloqueurs - Anticoagulothérapie (p. ex. warfarine)? Prophylaxie de la thromboembolie veineuse - Anticoagulant - mécanique Risque d intubation difficile ou d inhalation - confirmation de la disponibilité du matériel et d une aide Surveillance - Oxymétrie, ecg, ta, cathéter intra-artériel, PVc, sonde de température et sonde vésicale INSTRUCTIONS (suite) Révision(s) du (des) chirurgien(s) - considérations particulières relatives au patient, étapes cruciales et implants ou instruments spéciaux Révision(s) du (des) anesthésiologiste(s) - considérations particulières relatives au patient et plans de réanimation cruciaux Révision(s) des infirmières - considérations particulières relatives au patient, résultats des indicateurs de stérilité, facteurs liés au matériel / aux implants Positionnement et soutien du patient / matériel pour tenir le patient au chaud Précautions spéciales Durée prévue de l intervention / destination postopératoire PAUSE Avant l incision de la peau tous les membres de l équipe se présentent (nom et rôle) le chirurgien, l anesthésiologiste et l infirmière confirment verbalement - l identité du patient - le site, le côté et le niveau - l intervention - la prophylaxie antibiotique : répéter la dose? - le positionnement optimal final du patient «quelqu un a-t-il d autres questions ou préoccupations avant de procéder?» RETOUR SUR L INTERVENTION Avant que le patient ne quitte la salle d opération le chirurgien revoit avec toute l équipe - l intervention - les événements peropératoires importants - la gestion de l équilibre hydro-électrolytique l anesthésiologiste revoit avec toute l équipe - les événements peropératoires importants - les plans du suivi postopératoire (y compris la ventilation postopératoire, la gestion de la douleur, de la glycémie et de la température) les infirmières revoient avec toute l équipe - le décompte des instruments / des compresses / des aiguilles - l étiquetage et la gestion des prélèvements - les événements peropératoires importants (y compris les défaillances du matériel) changement de la destination postopératoire? quelles sont les principales préoccupations relatives au réveil et à la prise en charge postopératoire du patient? Aurait-on pu faire autre chose pour que cette intervention ait été plus sûre ou plus efficace? Transfert à la salle de réveil, à l unité de soins ou aux soins intensifs INFORMATION SUR LE PATIENT Perte sanguine - Prévue : plus de 500 ml (adulte) ou plus de 7 ml/kg (enfant) - Produits sanguins requis et disponibles - Groupe sanguin et tests de compatibilité Adaptée de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale de l OMS, Organisation mondiale de la santé, 2008 Liste de contrôle de la sécurité chirurgicale : Canada Version 1, 12 février 2009 Toute défaillance du matériel ou toute autre question devant être traitée Toute préoccupation relative à la prise en charge postopératoire Depuis son lancement, la LCSC a été vastement acceptée et mise en œuvre dans des salles d opération de partout dans le monde. L Institut canadien pour la sécurité des patients sanctionne la LCSC et en offre une version canadienne 8. Depuis avril 2010, l utilisation de la LCSC est devenue obligatoire dans les hôpitaux de certaines provinces; d autres provinces sont susceptibles d en rendre la mise en œuvre et la surveillance obligatoire. Rappel clinique Les trois composantes de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale sont la «réunion d information» (ou «instructions»), la «pause» et le «retour sur l intervention». Recommandation 2. Les chirurgiens devraient bien connaître les trois composantes de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale, en promouvoir l utilisation et y participer. (II-1A) LISTE DE CONTRÔLE DE LA SÉCURITÉ CHIRURGICALE EN OBSTÉTRIQUE La LCSC devrait être mise en œuvre dans le cadre de toutes les interventions chirurgicales obstétricales et gynécologiques, et particulièrement dans celui des interventions obstétricales au cours desquelles des facteurs tant maternels que néonataux doivent être pris en considération. Les réunions d information d équipe auxquelles participent des obstétriciens, des anesthésistes, des médecins de famille, des infirmières, des sages-femmes S4 JANUARY JOGC JANVIER 2013

Liste de contrôle de la sécurité chirurgicale en obstétrique-gynécologie Figure 2 Liste de contrôle de la sécurité chirurgicale en obstétrique liste De contrôle De la SécuRIté chirurgicale Au SeIn De la SAlle D AccOucHement InStRuctIOnS Avant l induction de l anesthésie Analyse de l obstétricien / de son délégué (résident principal) : Matériel / fournitures supplémentaires nécessaires? Problèmes ou préoccupations à l égard du matériel? Degré d urgence? La patiente nécessite-t-elle un typage et un dépistage sanguin? Dans l affirmative, du sang est-il disponible? Échographie requise? Dans l affirmative, a-t-elle été menée? Analyse de l infirmière : La patiente a-t-elle confirmé son identité, l intervention et son consentement? (NB ligature des trompes) Stérilité confirmée? État fœtal confirmé? Préoccupations? La nécessité d un soutien néonatal a-t-elle été confirmée auprès du service de pédiatrie? Prophylaxie de la thromboembolie veineuse requise? Dans l affirmative, a-t-elle été menée? Analyse de l anesthésiologiste : Quelle est la classification ASA? Liste de contrôle de l anesthésie complétée? La patiente bénéficie-t-elle de toutes les mesures de surveillance requises? La patiente présente-t-elle une allergie connue? Risque d intubation difficile ou d inhalation? Dans l affirmative, matériel / aide disponible? Risque d hypothermie (opération >1h)? Dans l affirmative, dispositif de réchauffement requis? PAuSe Avant l incision de la peau À l initiative de l ob Tous les membres de l équipe se présentent (nom et rôle) Confirmation d une anesthésie chirurgicale adéquate Confirmation de l urgence Analyse de l infirmière : Confirmation : Nom de la patiente Intervention Allergies connues Antibioprophylaxie administrée? Le ou les fournisseurs de soins néonataux sontils présents? Dans la négative, aviser et remettre le rapport à l arrivée Dispositif de réanimation activé? Matériel de réanimation présent et en état de marche Analyse de l anesthésiologiste : Quelque préoccupation que ce soit À l initiative de l obstétric ien : Résumé Renseignements cliniques importants Événements cruciaux anticipés Demander aux membres de l équipe s ils ont des questions ou des préoccupations RetOuR SuR l InteRVentIOn Avant le retrait du champ opératoire l infirmière confirme auprès de l équipe : Le nom de l intervention à consigner L exactitude du décompte des instruments, des compresses et des aiguilles L étiquetage de tous les prélèvements nom de la patiente identification du contenu Y a-t-il des problèmes en ce qui concerne le matériel qui nécessitent un suivi? Analyse de l obstétricien, de l anesthésiologiste, du pédiatre et des infirmières : Tout besoin particulier de la patiente / du nouveau-né : devant faire l objet d une prise en charge? devant être communiqué? Lorsqu une césarienne d urgence s avère nécessaire, le chirurgien déclare ce qui suit : «Une césarienne d urgence s avère requise. Quelqu un souhaite-t-il faire part de ses préoccupations avant de procéder?» 14 et des pédiatres permettent à l équipe de se préparer aux difficultés chirurgicales potentielles et à la possibilité de devoir réanimer et offrir des soins au nouveau-né. L utilisation de la LCSC dans le cadre de cas obstétricaux complexes ou pouvant nécessiter la mise en œuvre de deux ensembles de préparatifs (comme en présence d un placenta prævia et d un placenta accreta) pourrait contribuer à assurer la sécurité de la patiente; toutefois, cela n a pas encore fait l objet d études. Bien que la LCSC actuelle puisse facilement être adaptée à la chirurgie gynécologique, certains pourraient faire valoir que le travail et l accouchement constituent un environnement hors du commun et que la LCSC ne répond pas aux besoins particuliers du domaine de l obstétrique. La liste de contrôle de la sécurité chirurgicale de l OMS ne prétend aucunement être exclusive ni exhaustive. Les ajouts et les modifications permettant de l adapter à la pratique locale sont non seulement permises, mais bien encouragées. Des exemples détaillés de la façon dont la LCSC peut être modifiée aux fins d une utilisation en obstétrique ont été publiés 9. De surcroît, certains hôpitaux canadiens ont conçu des versions de la LCSC particulièrement en vue d une utilisation en obstétrique (Figure 2). Recommandation 3. La liste de contrôle de la sécurité chirurgicale peut être modifiée et adaptée en vue d être utilisée pour des cas relevant de la chirurgie obstétricale. (II-2A) CAS D URGENCE Une attention particulière doit être portée à l utilisation de la LCSC dans des situations d urgence. L acuité accrue de l état de la patiente et l urgence de la situation entraînent la hausse du potentiel de commettre des erreurs et des omissions cruciales dans le cadre de la norme de JANUARY JOGC JANVIER 2013 S5

diligence établie. Une analyse de sous-groupe portant sur les chirurgies d urgence (effectuées dans les 24 heures de l évaluation) qui a été menée dans les huit hôpitaux de l étude d origine de l OMS a démontré que le lancement de la LCSC a mené à une baisse équivalant au tiers des complications (de 18,4 % à 11,7 %) 10. Toutefois, dans le cas des urgences obstétricales, le temps constitue un déterminant important de l issue fœtale. Dans de tels cas, le recours au discernement clinique s avère requis pour mettre en balance les risques d un court délai et les conséquences de l omission des vérifications chirurgicales. Une équipe chirurgicale qui utilise régulièrement la LCSC peut être en mesure de la compléter rapidement, et ce, même dans les cas d urgence (comme les cas de césarienne «prioritaires» dans le cadre desquels l intervention est menée aussi rapidement que possible). Déclaration sommaire 4. Les cas d urgence (comme les cas exigeant la tenue d une césarienne «prioritaire») nécessiteront l adoption d une approche modifiée en fonction du centre et de la situation. (III) PERSPECTIVES INTERNATIONALES ET NATIONALES Le Royal College of Obstetricians and Gynaecologists du Royaume- Uni sanctionne la mise en œuvre des listes de contrôle de la sécurité chirurgicale en vue d assurer la sécurité des patientes au sein des salles d opération 11. Le American Congress of Obstetricians and Gynecologists a publié un bulletin en venant à des conclusions semblables 12. L Institut canadien pour la sécurité des patients s est mérité le soutien de plusieurs organisations nationales dans ses efforts visant l adoption pancanadienne de la LCSC. Compte tenu du soutien dont bénéficie la LCSC et des données indiquant que son utilisation améliore la sécurité des patientes en salle d opération, la SOGC soutient l utilisation de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale dans le domaine de l obstétrique-gynécologie. Déclaration sommaire 5. La SOGC sanctionne l adoption de la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale dans le domaine de l obstétrique-gynécologie. (III) CONCLUSION La mise en œuvre de la LCSC à l échelle mondiale a donné lieu à une réduction significative de la fréquence des événements indésirables et constitue donc une amélioration remarquable dans le domaine de la sécurité des patients. L utilisation systématique de la LCSC permet d assurer l exécution des étapes cruciales de l opération, tout en préparant l équipe à la survenue de complications potentielles. La LCSC est facile à se procurer, sa mise en œuvre est peu dispendieuse et (avec le consentement de l équipe) elle est facile à utiliser. Enfin, la LCSC favorise la communication entre les membres de l équipe en exigeant d eux qu ils se présentent à la patiente et qu ils fassent part de leurs préoccupations à l égard de la chirurgie prévue. La LCSC est d une importance cruciale pour ce qui est de l amélioration de la sécurité de la patiente en salle d opération et devrait être mise en œuvre pour toutes les chirurgies du domaine de l obstétrique-gynécologie. RÉFÉRENCES 1. Kohn LT, Corrigan JM, Donaldson MS, réd. To err is human: building a safer health system. Washington, DC : National Academy Press; 2000. 2. Baker GR, Norton PG, Flintoft V, Blais R, Brown A, Cox J, et al. The Canadian Adverse Events Study: the incidence of adverse events among hospital patients in Canada. CMAJ 2004;170(11):1678 86. 3. de Vries EN, Ramrattan MA, Smorenburg SM, Gouma DJ, Boermeester MA. The incidence and nature of in-hospital adverse events: a systematic review. Qual Saf Health Care 2008;17(3):216 23. 4. 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